Madame la Présidente, ce sont de grands souliers à chausser que de suivre ma collègue de Shefford, qui est toujours éloquente et très pertinente. Je la félicite à mon tour pour son discours.
C'est incroyable. Je suis un peu sidéré de voir nos collègues libéraux qui prennent la parole dans ce débat sur le projet de loi C-19 en parler avec autant de passion. Je pense que, s'il avait su qu'ils étaient aussi passionnés du sujet, le premier ministre y aurait peut-être réfléchi à deux fois avant d'imposer un bâillon là-dessus. J'ai l'impression qu'ils ont vraiment besoin d'en parler.
Je crois que nous sommes tous d'accord pour dire qu'en temps de pandémie, ce n'est pas le moment de tenir des élections. La motion proposée par le Bloc québécois relève du gros bon sens, aujourd'hui. Elle rappelle simplement que des élections se sont tenues en octobre 2019, que 1,3 million de Canadiens, dont près de 360 000 Québécois, ont été atteints de la COVID-19, que 25 000 personnes en sont décédées et que, de l'avis de la Chambre, tenir des élections en temps de pandémie serait simplement irresponsable et le gouvernement doit tout faire pour éviter que cela se produise. C'est une motion qui relève du gros bon sens.
Je comprends que le gouvernement veut être prêt au cas où les partis de l'opposition voudraient le faire tomber. C'est l'excuse facile que le gouvernement se donne, mais nous ne sommes pas naïfs, et les Québécois non plus. La seule raison pour laquelle les libéraux veulent faire adopter le projet de loi C-19, c'est qu'ils prévoient des élections dans les prochains mois. Je pense que c'est aussi simple que cela.
Je trouve quand même assez irresponsable de la part de ce gouvernement de penser à des élections et, surtout, de tout faire pour en faire porter l'odieux aux partis de l'opposition. Il me semble que c'est le comble de la couardise. C'est vrai que, si la situation avait été normale, il y aurait probablement eu des élections cette année, et peut-être même avant, parce que les libéraux, franchement, ont de la misère à être à la hauteur. Ils semblent un peu indignes de la confiance qui leur a été donnée par les électeurs.
Il y a quelques exemples assez récents. On reconnaît certainement celui de la ministre de la Défense, qui n'a pas agi concernant les allégations d'inconduite sexuelle contre l'ancien chef d'état-major de la Défense, ainsi que celui de la ministre du Développement économique et des Langues officielles qui, elle, n'a pas agi pour sauver les programmes francophones de l'Université Laurentienne. Elle a même dit que son gouvernement allait agir pour inverser l'anglicisation actuelle du Québec. On est toujours en attente. Pendant ce temps-là, Québec a eu le temps de déposer sa réforme de la loi 101 aujourd'hui même.
Un autre exemple qui me tient particulièrement à cœur, c'est celui du ministre de l'Environnement et du Changement climatique, qui a de la misère à synchroniser ses bottines et ses babines en matière de réduction des gaz à effet de serre. En fait, par ses actions, il encourage plutôt les entreprises à augmenter leurs émissions. Je donne l'exemple des dérogations qu'il a accordées aux compagnies DuPont et Owens Corning, qui sont des géants. Ces dérogations leur permettent de ne pas respecter les nouvelles normes établies par son propre ministère pour la fabrication de panneaux d'isolation XPS. J'en parle parce que cela se fait au détriment d'entreprises comme SOPREMA, qui est bien installée dans ma circonscription, Drummond, et qui subit des conséquences financières énormes juste parce qu'elle a convenu de se conformer à ces nouvelles normes.
Il y a aussi le ministre du Patrimoine canadien, qui est souvent sur la sellette, ces temps-ci. Il n'a toujours pas proposé de solution pour régler le problème urgent de nos médias écrits, qui souffrent depuis des années à cause des GAFAM, lesquelles s'approprient des revenus publicitaires sur le dos de nos créateurs de contenu journalistique. C'est sans parler de l'impasse actuelle sur le projet de loi C-10 et de la gestion du gouvernement dans ce dossier.
En fait, le seul ministre qui a agi et qui a assumé pleinement ses responsabilités, c'est l'ancien ministre des Finances. Je parle évidemment du moment où il a donné sa démission.
Ce gouvernement, s'il savait comment collaborer, écouter et gouverner en contexte minoritaire, il n'aurait pas autant de difficulté à nous convaincre de sa bonne foi. Au lieu de cela, au lieu d'être à l'écoute des critiques et des commentaires des partis de l'opposition, il préfère agir comme un enfant de deux ans.
On sait que la période du non chez les enfants, vers l'âge de deux à trois ans, les libéraux sont bons là-dedans. Ils disent non aux transferts en santé en province. Ils disent non à l'augmentation de la pension de vieillesse à partir de 65 ans. Ils disent non à la déclaration de revenus unique pour le Québec. Ils disent non à l'application de la taxe sur les services numériques à Netflix, à Amazon Prime et aux entreprises qui fonctionnent par abonnement et qui diffusent du contenu en continu. Ils disent non aux médias écrits, dont je viens de parler.
En fait, ils disent non aux bonnes propositions du Bloc québécois, mais ces bonnes propositions deviennent probablement plus alléchantes quand les élections s'en viennent, parce qu'on sait que le Bloc québécois a fait des propositions qui représentent les intérêts et les demandes du Québec.
Cette période du non, je l'ai vécue. J'en ai, des enfants. Ils sont passés par là. N'est-ce pas insupportable? N'est-ce pas fatigant et contreproductif? Ils sont tellement obstinés qu'il n'y a pas moyen de leur faire entendre le gros bon sens. Ça, c'est à l'âge de deux ans. Nous sommes donc pris avec un gouvernement qui est dans sa phase du non.
S'il y a des élections en temps de pandémie, cela veut dire que toutes les mesures qui ont été annoncées dans le budget étaient probablement destinées à devenir des promesses électorales. Il n'y a rien de concret. Ce ne sont que des annonces et il n'y a pas de suite. Les libéraux nous ont habitués à cela bien avant les élections de 2019.
Entre autres, on peut penser à l'augmentation insuffisante de la pension de la Sécurité de la vieillesse, que le gouvernement promet pour 2022. Le mot d'ordre semble être le suivant: pourquoi le faire maintenant quand on peut le faire plus tard?
On a annoncé 1,3 milliard de dollars pour venir en aide aux secteurs de la culture et du tourisme. Le gouvernement avait l'occasion d'inclure dans le projet de loi portant exécution de certaines dispositions du budget plusieurs mesures proposées en vue d'appuyer les secteurs de la culture et du tourisme. Ainsi, les industries culturelle et touristique auraient enfin vu la couleur de cet argent; elles en ont urgemment besoin. Or il ne l'a pas fait.
Le premier ministre promettait, il y a deux ans, que son gouvernement allait planter deux milliards d'arbres d'ici 2030. Cela équivaut à planter 200 millions d'arbres par année. C'est une belle annonce, mais je ne suis pas sûr que beaucoup d'arbres ont été plantés jusqu'à maintenant. En fait, je ne suis pas sûr que beaucoup de pelles ont été salies depuis 2019.
Puisque l'on ne peut pas compter sur les libéraux pour cela, je me suis dit que les 184 députés de l'opposition pourraient leur donner un petit coup de main. J'ai fait le calcul: si nous décidions de faire le travail à leur place, chaque député devrait planter 10 869 565,2 arbres. Je ne veux pas me vanter, mais j'en ai déjà planté deux dans ma cour, et je pense que mon collègue de Longueuil-Saint-Hubert en a planté un ou deux lui aussi. Nous avons pris de l'avance. Les députés vont devoir nous rattraper, car il y a du chemin à faire.
Comme l'écrivait Nicolas Machiavel, dans son livre Le Prince, gouverner, c'est faire croire. Les libéraux, ils ont lu le livre et ils appliquent la formule.
Selon un sondage mené pour Global News et publié le 18 avril dernier, 57 % des électeurs croient qu'une élection en temps de pandémie ne serait pas juste, ne serait pas équitable. Un autre sondage, celui de Léger, démontre que 60 % des Canadiens affirment vouloir une élection, mais qu'elle se déroule plus tard, au moins après l'automne.
Il n'y a pas que les partis de l'opposition qui sont contre la tenue d'élections en temps de pandémie, il y a plus de 22 millions de Canadiens qui ont la même opinion. Cela fait un moment que les libéraux se préparent pour des élections. Dans un article du Devoir, le journaliste Boris Proulx a écrit que, à l'automne 2020, les candidats pressentis ont reçu une invitation à se présenter sous la bannière libérale, sous forme de lettre qui leur était adressée. Dans le même article, il est écrit que, dans une entrevue de fin d'année à la télévision publique de CBC, le premier ministre a laissé échapper un lapsus, évoquant « l'élection de l'an prochain », c'est-à-dire cette année. C'est son inconscient qui lui joue des tours ou le plan est fait.
Qu'est-ce qui presse autant le gouvernement à vouloir des élections? J'emploie le mot « presse », parce que cela fait quatre mois que le projet de loi C-19 traîne sur le coin d'un bureau, et, tout à coup, le leader du gouvernement l'inscrit au programme, avec seulement quatre heures de débat et un bâillon. Nous ne sommes pas les seuls à nous poser des questions là-dessus. D'ailleurs, les médias ont souvent parlé de l'intention, de la pertinence ou de l'opportunisme des libéraux à vouloir déclencher des élections.
En janvier 2021, Louis Lacroix, animateur à Cogeco Média, disait que s'il était le premier ministre, il voudrait des élections le plus vite possible, parce qu'une fois que le vaccin aura commencé à faire son effet, soit dans quelques mois, et que la pandémie va commencer à être derrière nous, on va avoir le temps d'analyser tous ces programmes et de trouver les erreurs qui ont été commises, ce qui reviendra au visage du premier ministre.
Le gouvernement aimerait bien qu'il y ait des élections, parce que cela va de mieux en mieux. En effet, la vaccination se déroule généralement bien et l’on commence à voir la lumière au bout du tunnel.
En terminant, je reprendrai les paroles de Bernard Drainville, animateur au 98.5. Lundi matin, il a dit que lorsqu'on veut toucher à la loi électorale, on doit viser le plus large consensus possible. Il a aussi rappelé que, à Québec, on l'avait fait voter à l'unanimité.
Ce que le Bloc québécois propose, c'est que les chefs des quatre partis se réunissent et discutent de la bonne façon de faire les choses en vue d'en arriver à un consensus, comme l'exige un sujet aussi important pour les citoyens que nous représentons. C'est du juste du gros bon sens.
Le Bloc québécois a toujours été clair sur ses attentes pour les Québécois. Quand on nous reproche d'avoir voté contre le budget, cela me laisse un sourire un peu amer, car nous avons toujours dit publiquement que nous allions appuyer le budget si celui-ci incluait l'augmentation de la pension pour les aînés dès l'âge de 65 ans et la hausse des transferts en santé, comme demandé unanimement par le Québec et par les provinces. Le gouvernement savait que, sans cela, il n'aurait pas l'appui du Bloc québécois.
Quand le Bloc vote contre un budget qui ne contient pas les exigences qu'il a annoncées à l'avance, en toute transparence, à qui doit-on adresser les reproches? Est-ce au Bloc québécois? Je ne le pense pas.