Monsieur le Président, je voudrais commencer par reconnaître que je m’adresse à vous depuis le territoire d’un grand nombre de Premières Nations, notamment les Mississaugas de Credit, les Anishinabes, les Chippewas, les Haudenosaunees et les Wendats.
Je compte partager le temps qui m’est imparti avec mon secrétaire parlementaire.
Je vais reprendre point par point la motion qui a été présentée, car je pense, et tout le monde sera d’accord avec moi, que nous devons nous en tenir aux faits et rester clairs quand on discute de questions aussi importantes que la stratégie canadienne en matière de vaccins. Malheureusement, la motion contient plusieurs informations incomplètes et incorrectes avant d’aboutir à une conclusion malhonnête et trompeuse.
Premièrement, le préambule de la motion souligne que 2,7 % des Canadiens sont entièrement vaccinés, ce qui signifie qu'ils ont reçu deux doses de l'un des vaccins actuellement approuvés dans ce pays.
Bien que je ne conteste pas ce chiffre, il ne tient pas compte du fait que 31 % de tous les Canadiens ont reçu au moins une dose de vaccin, ce qui place le pays au troisième rang des pays du G20.
Je reviendrai dans un instant sur la situation actuelle des approvisionnements en vaccins au Canada.
L’opposition voudrait nous faire croire que toute notre campagne de vaccination se résume à la période de trois semaines pendant laquelle les fournisseurs, au début de l’année, ont réoutillé leurs usines pour accroître leur production. Il est vrai que le Canada a connu des interruptions de la chaîne d’approvisionnement, et j’en ai d’ailleurs fait part aux Canadiens dès que j’en ai moi-même été informée par nos fournisseurs.
Cependant, alors que l'opposition continuait de dire que le Canada ne se remettrait jamais de ce retard temporaire, mon équipe et moi avons continué à faire pression et à travailler durement chaque jour pour que nos fournisseurs respectent leur contrat. Prenons le temps de constater où ce dur labeur nous a menés.
À l'époque, nous avions déclaré que nous étions en bonne voie d'atteindre notre objectif trimestriel de 6 millions de doses. En fait, nous avons dépassé cet objectif de plus de 50 % et avons plutôt reçu 9,5 millions de doses au cours de la première partie de cette année.
Jusqu’à présent, près de 15 millions de doses de vaccin ont été livrées au Canada, dont près de 13 millions ont été administrées par les provinces et les territoires. En négociant avec les fournisseurs, nous avons pu faire avancer les dates de livraison de 28 millions de doses. Le Canada fait partie des trois pays du G20 qui affichent le meilleur bilan en ce qui concerne le nombre total de doses administrées par rapport à la population, le nombre de doses administrées quotidiennement et le pourcentage de la population ayant reçu au moins une dose. Malgré cela, l’opposition continue de prétendre que nous n’aurons pas de doses avant 2030.
Grâce à des approvisionnements réguliers, nous allons continuer sur notre lancée. À partir de la semaine prochaine, Pfizer va nous livrer 2 millions de doses par semaine pendant le mois de mai, et 2,4 millions de doses par semaine pendant tout le mois de juin. Voilà ce qui est convenu. Au total, le Canada recevra entre 48 et 50 millions de doses d’ici la fin juin, et des dizaines de millions de plus d’ici la fin septembre.
J’aimerais maintenant parler de l’intervalle entre les deux doses. Quand ils étaient au gouvernement, les conservateurs bâillonnaient les scientifiques. Aujourd’hui qu’ils sont dans l’opposition, ils vont encore plus loin: ils nient leur existence.
Pour ce qui est des fausses informations que contient cette motion, entendons-nous bien: ce n’est pas le gouvernement fédéral qui décide à quelles personnes les doses sont administrées et quand elles sont administrées. Ce sont des médecins et des immunologistes qualifiés qui, en se fondant sur les meilleures données scientifiques disponibles, font des recommandations dans le but d’obtenir les meilleurs résultats sanitaires, étant bien entendu que les avis donnés par le Comité consultatif national ne sont rien de plus que des avis.
C’est à chaque province et à chaque territoire qu’il incombe de décider de la logistique et de l’administration des vaccins. C’est ce que prévoit la Constitution. Selon la plupart des experts en santé publique, il vaut beaucoup mieux avoir deux personnes protégées à 80 % que d’en avoir une protégée à 90 % et une autre sans aucune protection. D’autres pays ont suivi la même approche, notamment le Royaume-Uni. Personnellement, je trouve cet argument convaincant.
Pour autant, je dirai franchement que mon opinion sur la question de l’intervalle entre les doses n’a aucune importance. Il ne s’agit pas d’une décision politique, mais plutôt d’un avis médical dispensé par des professionnels et des experts de l’immunisation et de la santé publique, qui eux-mêmes se fondent sur des faits et des données scientifiques. Le gouvernement n’a pas ordonné aux médecins de tirer certaines conclusions, et nous ne leur avons certainement pas ordonné de modifier des avis pour des raisons politiques. Franchement, après tout ce que nous avons enduré pendant cette pandémie, je trouve inquiétant que l’opposition laisse entendre que les médecins ont été écartés des décisions pour des raisons partisanes.
L'opposition semble mal comprendre le fonctionnement de notre pays. Services publics et Approvisionnement Canada, conseillé par le groupe de travail sur les vaccins et par Santé Canada, a poursuivi une stratégie d'approvisionnement dynamique afin d'assurer que nous disposons d'un portefeuille diversifié de vaccins, ainsi que des produits nécessaires comme des seringues et des aiguilles, le tout dans le but de bien positionner le Canada dans la lutte contre la COVID-19.
Santé Canada vérifie que les vaccins sont correctement testés pour s'assurer de leur sécurité et de leur efficacité. Le Comité consultatif national de l'immunisation examine les données réelles, au Canada et ailleurs, et fournit des conseils sur les meilleures pratiques et utilisations des différents vaccins. Le major-général Dany Fortin et son équipe du Centre national d'opérations continuent d'assurer dans les provinces et territoires la distribution en temps opportun des vaccins et des équipements de vaccination.
Une fois que les doses sont livrées, c’est aux provinces et aux territoires qu’il incombe de décider comment les vaccins seront administrés et de déterminer les populations prioritaires, les centres de vaccination et les calendriers. Je crois savoir que les conservateurs ont leurs entrées auprès de certains premiers ministres provinciaux, et je leur conseille donc, s’ils ne sont pas d’accord avec la façon dont les vaccins sont administrés, d’en parler eux-mêmes avec ces premiers ministres.
Au point iv) de la motion, qui constitue le dernier point du préambule, il est dit que les Canadiens, de la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse, où j’habite, vivent une augmentation des restrictions à cause de la troisième vague. Là-dessus, je suis d’accord. C’est exact et pertinent. Nous ne devons jamais oublier qu’au final, les décisions que prennent les gouvernements, les promesses qu’ils font et les messages qu’ils envoient ont un impact considérable sur la population, et c’est la raison pour laquelle nous devons être précis, réalistes et directs. Malheureusement, la conclusion de la motion est loin de répondre à cette définition.
Étant donné que l’opposition a largement fait la preuve de son incapacité à comprendre la situation mondiale en matière de production de vaccins, le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement, les données scientifiques qui déterminent l’intervalle entre les doses, et les rôles du fédéral et des provinces, il n’est pas étonnant que cette même opposition conclue sa motion en demandant au gouvernement de faire en sorte que la campagne de vaccination la plus massive de toute l’histoire du Canada se termine la longue fin de semaine de mai, date qu’elle a arbitrairement fixée.
Réfléchissons un instant à ce qu’une telle proposition aurait comme conséquences dans la réalité. À une époque où les vaccins contre la COVID-19 sont les produits les plus recherchés au monde, et où le Canada fait partie des pays qui se sont procuré le plus de ces vaccins, les conservateurs proposent, sans expliquer comment atteindre cet objectif, que le Canada termine la plus vaste campagne de vaccination de toute l’histoire du Canada d’ici trois semaines.
Depuis le printemps de l’an dernier, je n’ai cessé de me démener pour obtenir des doses de vaccins pour les Canadiens et pour accélérer leur livraison. Je me suis entretenue avec les hauts dirigeants de presque tous les grands laboratoires de vaccins du monde. Notre équipe pangouvernementale s’est adressée à nos partenaires canadiens et étrangers pour trouver des vaccins.
Dire que cette motion n'est que de la mise en scène politique relève de l'euphémisme. Elle est complètement détachée de la réalité et même carrément irresponsable.