Madame la Présidente, aujourd'hui, je vais demander aux Canadiens à qui ils font confiance. Font-ils confiance à l'actuel gouvernement et à sa façon de gérer la pandémie, ou font-ils confiance au Parti conservateur? J'espère que nous gagnerons leur confiance dans le futur et que nous formerons le gouvernement.
J'ai pris connaissance de l'examen mené par le directeur parlementaire du budget sur l'énoncé économique de l'automne ainsi que du contenu de l'énoncé économique de l'automne présenté par le gouvernement, et je crois que la meilleure question à poser est: « À qui faites-vous confiance? »
J'adore les proverbes yiddish. Il en existe un qui dit: « Fie-toi à un œil plutôt qu'à deux oreilles ». J'ai entendu le débat tenu jusqu'à présent et les interventions de divers députés au sujet du contenu de l'énoncé, des conséquences qu'il aura au cours des prochains mois et de ce que le gouvernement entend faire.
Reconnaissons un certain nombre de faits. Le gouvernement n'a pas de garde-fous. On avait l'habitude de désigner ceux-ci « cibles budgétaires ». Il s'agit de mesures fiscales à l'aune desquelles le gouvernement compare les finances publiques du Canada afin d'éviter que celles-ci ne déraillent. Le gouvernement a commencé à parler de « garde-fous ». C'est le langage utilisé dans l'énoncé économique de l'automne. C'est aussi celui adopté dans l'examen du directeur parlementaire du budget. Dans cet examen, celui-ci affirme que des dépenses se chiffrant entre 70 et 100 milliards de dollars n'avaient rien à voir avec la pandémie, et que les libéraux ont plutôt consacré ces montants à des projets qui leur sont chers. Ces dépenses n'ont nullement servi à répondre à l'urgence sanitaire nationale.
Dans ce même énoncé économique de l'automne, le gouvernement propose 86,8 milliards de dollars en nouvelles mesures de dépenses, y compris pour la bonification de programmes existants, la création de nouveaux programmes et d'autres changements. Selon le directeur parlementaire du budget, la plus grande différence entre l'analyse des chiffres, les projections et la modélisation qui ont été effectuées est l'énorme diversité d'hypothèses économiques sur la vitesse à laquelle l'économie rebondira. La plus grande différence que nous constatons lorsque nous examinons les chiffres, c'est que le gouvernement a des projections très optimistes pour la croissance de l'emploi, la croissance économique et les chances des Canadiens et des habitants de ma circonscription de trouver un emploi après la pandémie, une fois que tout sera revenu à la normale. Ce retour à la normale ne cesse toutefois d'être repoussé parce que le gouvernement a bâclé la distribution des vaccins et n'a pas permis aux provinces d'acheminer les vaccins aux personnes qui veulent en recevoir. Un électeur de Lethbridge m'a envoyé une photo d'un centre de vaccination complètement vide. Le centre attendait de recevoir des doses de vaccin du gouvernement fédéral afin de pouvoir les administrer aux personnes qui en veulent. Voilà la situation dans laquelle l'Alberta se trouve. La province doit composer avec un gouvernement fédéral auquel elle ne peut se fier pour bien faire les choses, que ce soit parce qu'il manque d'intérêt ou manque de compétence.
Nous pouvons consulter les statistiques sur l'emploi présentées par le directeur parlementaire du budget. En juillet 2020, la CBC a indiqué, en se basant sur des données de Statistique Canada probablement issues de l'Enquête sur la population active, que le pays avait subi un recul de deux millions d'emplois. Deux millions de travailleurs canadiens ont perdu leur emploi durant la pandémie. Le taux de chômage a commencé à baisser pendant l'été, parce que davantage de Canadiens avaient trouvé un emploi ou retrouvé leur emploi précédent. Néanmoins, beaucoup de ces mêmes emplois ont été perdus à nouveau.
Au vu des chiffres en matière d'emploi que prévoit l'énoncé économique de l'automne, il faudra cinq années pour récupérer les emplois perdus au pays afin de retrouver le niveau d'emploi précédant la pandémie. Toutefois, ce portrait de la situation ne tient pas compte d'autres facteurs, notamment la croissance démographique. On fait totalement abstraction du fait que le taux de chômage était particulièrement élevé avant l'éclatement de la pandémie, en particulier en Alberta et chez les jeunes. Le taux de chômage s'élève officiellement à 9,4 % dans ma province, mais ce chiffre ne tient pas compte du fait que beaucoup de jeunes et d'étudiants demeurent sous-employés, et que bien des travailleurs ont été mis à pied provisoirement. Les travailleurs de ma circonscription sont confrontés à ce genre d'enjeux. Beaucoup ont conservé leur emploi, mais ne sont pas rémunérés, ou ne peuvent travailler qu'une seule journée par semaine. On ne peut pas élever une famille en ne travaillant qu'un jour par semaine. C'est la réalité, mais les statistiques officielles peinent à refléter cette réalité.
Selon l'énoncé économique de l'automne, il faudra attendre cinq ans avant que les chiffres relatifs à l'emploi retournent au niveau d'avant la pandémie de COVID-19, et ces données ne tiennent pas compte de la croissance de la population, y compris les gens qui vont immigrer au Canada pour trouver un emploi, stimuler l'économie et démarrer une petite entreprise. Voilà qui en dit long sur l'incapacité du gouvernement de proposer un plan qui puisse inspirer confiance à la population. Au bout du compte, les petites entreprises, les entrepreneurs et les grandes entreprises vont faire des investissements s'ils ont confiance dans l'économie et dans la possibilité de rentabiliser leurs activités en embauchant des gens qui fabriqueront de nouveaux produits et offriront de nouveaux services pour les Canadiens.
Je trouve que les données sont accablantes. Elles indiquent que les gens ne font pas confiance au gouvernement ni à ce qui est présenté dans l'énoncé économique de l'automne. Les chiffres ne leur inspirent pas confiance, pas plus que les plans proposés. Comme ils n'ont pas confiance dans l'avenir, ils ne vont pas investir beaucoup d'argent.
J'aimerais mentionner quelque chose dont le député d'Abbotsford a déjà parlé auparavant, car je crois qu'il a vu juste. Le 16 février 2021, le chef de notre parti a reçu une lettre de la ministre des Finances disant que nous retardions l'adoption du projet de loi C-14. Or, en examinant les comptes rendus des travaux de la Chambre, j'ai constaté que le projet de loi n'a été débattu qu'une seule fois cette semaine; une fois seulement.
C'est le gouvernement qui établit le programme. C'est lui qui choisit les projets de loi dont on débattra. Si le projet de loi C-14 est une priorité, alors le gouvernement devrait donner aux députés la chance de débattre du bien-fondé du projet de loi, de présenter les faits, d'examiner les chiffres et de faire part de l'avis des gens de nos circonscriptions au lieu d'affirmer que nous retardons les travaux.
Nous avons déjà vécu une situation semblable pendant la pandémie. Nous avons été assez raisonnables. Notre chef dit même que nous avons été excessivement raisonnables. Lorsque c'était nécessaire, à chaque occasion, nous avons veillé à ce que le gouvernement puisse adopter les mesures législatives d'urgence prévoyant des programmes d'aide pour les Canadiens. Nous avons même siégé le samedi de Pâques pour adopter un projet de loi. Nous avons permis que le projet de loi C-20 soit adopté, malgré nos nombreuses interrogations sur la façon dont les différentes périodes de déclaration allaient être traitées. Nous l'avons adopté en juillet 2020. Ensuite, après coup, nous avons dû réparer les erreurs, sinon le gouvernement aurait eu à trouver des moyens réglementaires de combler les différentes lacunes du projet de loi.
Or, maintenant, encore une fois, on nous dit de précipiter les choses. Peut-être qu'un député ministériel prendra la parole pour dire que puisque nous avons voté en faveur de tous les programmes, nous devrions continuer de voter en leur faveur. Nous avons été d'accord pour les mettre en œuvre. Si le gouvernement enlève aux Canadiens leur capacité de gagner leur vie, il leur doit une indemnité, mais il s'agit d'une appropriation réglementaire. Nous vivons une urgence sanitaire nationale; nous devrions la prendre au sérieux. Je suis d'accord avec ces idées et ces concepts.
Il est important d'adopter une mesure législative adaptée aux gens qui en ont besoin. Toutefois, le gouvernement prétend que nous retardons l'adoption du projet de loi, alors que nous voulons simplement jouer notre rôle à titre d'opposition, rôle qui consiste à examiner le projet de loi attentivement et à faire valoir les opinions de nos électeurs. Les gens en ont assez d'être confinés. Dans de nombreux cas — l'ampleur des restrictions variant d'une province à l'autre —, ils le sont depuis bientôt un an. Les gens veulent voir une lumière au bout du tunnel. Ils veulent savoir quel est le plan et à quoi ressemblera la nouvelle normalité lorsque la pandémie sera terminée. C'est une question légitime.
Beaucoup de députés de ce côté-ci de la Chambre ont aussi fait remarquer que les taux de chômage actuels ont atteint un sommet depuis le quatrième trimestre de l'exercice de 2015. Voilà à quel point la situation s'est détériorée. Nous sommes derrière les pays du G7. Nous sommes aussi derrière de nombreux pays du G20, qui sont nos principaux concurrents pour les nouveaux débouchés, ainsi que pour l'industrie manufacturière, la construction d'usines et les services. Nous sommes à la traîne.
Pour ce qui est de la confiance, beaucoup de gens de ma circonscription qui travaillent dans le secteur de l'énergie, du pétrole et du gaz possèdent des compétences qui pourraient servir sur le marché, mais ils n'arrivent tout simplement pas à trouver du travail. J'ai fait la tournée des entreprises, petites et grandes, de ma circonscription pour savoir ce que le gouvernement fédéral pourrait faire pour les aider et les épauler. Les entrepreneurs ne veulent pas de subventions. Ils veulent simplement pouvoir gagner leur vie en offrant un service ou un produit dont les gens ont besoin.
Enfin, à ceux qui prétendent que nous ne faisons que retarder inutilement l'adoption du projet de loi, je répondrai que nous faisons simplement preuve de la diligence nécessaire. Cet énoncé économique de l'automne est extrêmement important, car il met à jour les chiffres en vue du budget qui sera présenté. Il est extrêmement important parce que la façon dont le pays sortira de la pandémie déterminera si des millions de Canadiens seront en mesure de trouver un emploi ou non.
La question qu'il faut se poser est la suivante: les Canadiens font-ils confiance au gouvernement libéral? Pas moi.