Monsieur le Président, je tiens à revenir sur ce que la députée a mentionné, à savoir que la pandémie est et devrait être la priorité de l'ensemble des députés. Il n'y a aucun doute à ce sujet. C'est la position du gouvernement depuis le premier jour. En effet, dès le début de cette crise, nous avons travaillé avec les provinces, les territoires, les peuples autochtones, le secteur privé, les organismes à but non lucratif, ainsi que de nombreux autres intervenants, afin que la population comprenne les répercussions de la pandémie à travers le monde.
Nous avons pris cette question très au sérieux. Nous avons collaboré avec des entités politiques de toutes les allégeances et avec différents ordres de gouvernement. À l'occasion, en effet, nous avons constaté un esprit de coopération de la part des partis de l'opposition, même parfois des conservateurs, mais il ne fait aucun doute que le Parti conservateur du Canada se livre à des manigances politiques à la Chambre. Il n'y a absolument aucun doute là-dessus.
Ensuite, les conservateurs feignent l'innocence en prétendant qu'eux ne jouent pas de jeux parce qu'ils se concentrent sur la COVID-19. J'ai 30 ans d'expérience comme parlementaire. Je suis tout à fait capable de me rendre compte des jeux qui se jouent, comme les jeux actuels des conservateurs. Ils prétendent qu'il s'agit de la vie des gens. Effectivement, le gouvernement fédéral a sauvé des milliers de vies partout au Canada, en collaboration avec les gouvernements provinciaux et d'autres intervenants, grâce à l'approche Équipe Canada. Les gens se sont serré les coudes parce qu'ils ont bien entendu l'appel du premier ministre, qui nous disait qu'il fallait lutter contre la pandémie. C'est exactement ce que nous avons fait.
On peut se demander pourquoi nous débattons aujourd'hui d'un autre jeu du Parti conservateur. Je peux comprendre pourquoi le Bloc voudrait jouer son jeu. Je peux le comprendre. Les députés du Bloc n'aiment pas beaucoup la Confédération. J'espère que mes collègues néo-démocrates et mes amis du Parti vert comprendront le jeu que joue le Parti conservateur. Ce qui est vraiment intéressant, c'est leur manière de présenter les choses autrement. Ils essaient de dire que les libéraux cachent quelque chose. Ils disent que nous ne sommes pas « démocratiques ». Je me permettrai de développer quelques-uns de ces points.
Permettez-moi de citer la députée de Calgary Nose Hill, qui a présenté la motion à l'étude aujourd'hui. Je me réjouis de savoir qu'elle m'écoute très attentivement. Elle a dit: « [...] je crois qu'il incombe à tous les membres du Comité de ne pas oublier que le Comité est maître de son destin et que, par conséquent, nous avons la responsabilité d'étudier tout ce que nous voulons. » Ce sont les propos exacts de l'auteure de la motion. Je l'inviterais à regarder la définition du mot « hypocrisie » dans le dictionnaire.
Cette même députée arrive maintenant à la Chambre des communes avec une motion qui dicte au comité de la santé ce qu'il doit étudier. Aucune option n'est prévue. La motion ne tient pas compte de la composition du comité, ni du nombre de séances qu'il a déjà eues, ni du fait qu'il a déjà entendu plus de 100 témoins à propos de la COVID. Cela n'intéresse absolument pas les conservateurs. Ils cherchent à imposer leur programme: voilà leur objectif alors que nous sommes au milieu de la deuxième vague. Les députés devraient y réfléchir.
Les conservateurs demandent des renseignements vraiment exhaustifs. La motion qu'ils proposent pourrait donner lieu à 14 rapports, voire plus. L'un des députés d'en face disait, à juste titre, qu'ils devraient avoir honte. Pensez-y.
Quant à l'amendement à la motion, j'ai souligné à la députée qui l'a présenté qu'un paragraphe demandait l'ensemble des notes de service. C'est ce que les conservateurs souhaitent obtenir, et ce, dans les 14 jours. En fait, ils veulent que tous les fonctionnaires des secteurs qui ont travaillé sur ses dossiers interrompent immédiatement tout le travail en cours pour se concentrer sur cette demande.
Peu importe s'ils doivent communiquer avec les provinces ou s'adresser à d'autres instances et peu importe s'ils sont déjà occupés à faire d'autres recherches. C'est ce que souhaite le Parti conservateur. Or, ce n'est qu'une seule des dispositions, et ils auraient 14 jours pour s'exécuter:
u) un ordre de la Chambre soit émis pour la production de l’ensemble des notes de service, courriels, documents, notes ou autres dossiers du Cabinet du premier ministre, du Bureau du Conseil privé, du Cabinet du ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, du Cabinet de la ministre de la Santé, de Santé Canada et de l’Agence de la santé publique du Canada, relatifs aux options, aux plans et aux préparatifs du RMISP depuis le 1er janvier 2018;
Ce n'est qu'un seul aspect. Les conservateurs se fichent bien de ce que les membres du comité de la santé souhaitent débattre ou étudier. Ils s'en moquent. Tout ce qui compte pour les conservateurs, c'est de marquer des points, et ils sont persuadés de pouvoir convaincre en un clin d'œil tous leurs collègues qu'il s'agit d'une façon constructive et utile de procéder alors que le Canada est plongé dans une crise.
Selon moi, le Parti conservateur fait fausse route, ou alors ce sont ses dirigeants qui ont tout faux. J'ai écouté les interventions de certains de mes collègues et j'ai bien l'impression qu'un certain nombre de conservateurs pourraient se sentir quelque peu mal à l'aise par cette façon de faire.
Nous avons un comité permanent, ce qui est crucial. Les conservateurs affirment que les libéraux font de l'obstruction dans les comités. Pauvre Parti conservateur du Canada: le Parti libéral ne veut pas distraire les fonctionnaires avec ses balivernes, du moins pas de la manière souhaitée par les conservateurs. Pas de doute: il s'agit de questions importantes à beaucoup d'égards, mais les conservateurs veulent que l'on accède à leur demande, et ce, dès maintenant. Tout le monde devrait abandonner ce qu'il fait pour faire parvenir au comité les renseignements réclamés.
Nous avons des comités qui nous demandent d'attendre. Ils sont prêts à étudier les questions importantes. Ils veulent se pencher sur les problèmes liés au coronavirus auxquels les Canadiens doivent faire face.
On a mentionné l'exemple de la santé mentale. Imaginez les répercussions de la pandémie de coronavirus sur la santé mentale au pays. Je crois que cela est digne d'une étude. Ce n'est pas à moi de déterminer ce qui devrait et ne devrait pas être étudié. J'estime que le comité de la santé est beaucoup mieux placé pour le faire.
Les conservateurs sont frustrés parce qu'ils ne peuvent pas obtenir ce qu'ils veulent au comité de la santé. Comme ils veulent absolument obtenir ce qu'ils demandent, si les libéraux ne le leur donnent pas au comité, alors ils vont l'exiger à la Chambre. Les conservateurs pensent pouvoir l'emporter sur le comité et l'obliger à faire cette étude.
Cependant, il y a quelques années, les conservateurs, y compris la députée qui a présenté cette motion, ont parlé de l'importance de respecter les comités permanents. Nous voyons qui sont ceux qui ne les respectent pas aujourd'hui. Nous voyons qui sont ceux qui ne sont pas prêts à protéger les intérêts des fonctionnaires à qui on demande de fournir les meilleurs services possible aux Canadiens, que ce soit en fournissant des recommandations, en participant à des conférences, en faisant des travaux scientifiques ou de recherche ou en faisant quoi que ce soit d'autre.
Les conservateurs veulent plutôt que les comités obtiennent des documents. Ils veulent des milliers de documents de toutes sortes. Ils cherchent un mot en particulier, que ce soit le mot « libéral », le nom du premier ministre ou celui d'un autre ministre. Ensuite, ils diront qu'il y a une grande conspiration, un autre scandale lié à l'éthique, et ils insisteront constamment là-dessus.
Cela a toujours été le but des conservateurs. C'était déjà le cas avant que le premier ministre n'occupe son poste actuel. C'est pourquoi, lorsque j'ai participé au débat mardi, j'ai parlé des priorités des conservateurs et des jeux qu'ils jouent, même en temps de pandémie. Je leur ai demandé de suspendre cette tactique. Le parti de l'opposition a bien d'autres voies qui s'offrent à lui. Je le sais, j'ai été dans l'opposition pendant plus de 20 ans. Ils pourraient faire toutes sortes de choses pendant une pandémie.
J'aurais cru que l'équipe de direction du Parti conservateur l'aurait compris. Les conservateurs ont parlé de la prorogation du Parlement en demandant quels étaient les motifs de cette décision. Pour les gens qui suivent le débat, je souligne que la Chambre n'avait pas siégé l'été depuis 1988. Nous avons siégé en juillet et en août. C'est vrai, il ne s'agissait pas de séances habituelles de la Chambre, mais elle a siégé pour répondre aux questions. Les partis de l'opposition — en fait, tous les députés — ont pu poser des centaines de questions sur toutes sortes de sujets. Les députés qui voudraient savoir quels types de questions ont été posées peuvent consulter le hansard. Il est accessible à tous, et je les invite à s'y plonger.
Il y a eu plus de jours de séance pendant l'été qu'il n'y a eu de jours perdus en raison de la prorogation. On n'en aurait aucune idée si on se fiait à la propagande des conservateurs. On croirait que la démocratie est en train de s'effondrer. En réalité, le Parti conservateur est prêt à reconnaître les faits seulement lorsque cela fait leur affaire.
Quant à l'obstruction au sein des comités, mon dieu, quelqu'un a-t-il déjà été témoin du genre d'obstruction que se permettent les conservateurs dans les réunions des comités? J'ai déjà eu droit à des discours passablement ennuyeux des conservateurs qui voulaient faire de l'obstruction. J'ai déjà entendu un discours de 14 heures du député de Carleton à la Chambre au sujet du budget pendant lequel il a parlé du moindre brin d'herbe de la Colline. Cela a duré 14 heures. N'était-ce pas un exemple parfait d'obstruction? Je crois qu'il s'est finalement tu pendant la dernière demi-heure pour qu'un député du NPD ou d'un autre parti puisse prendre la parole, mais il avait empêché à peu près tout le monde de parler.
Je sais reconnaître l'obstruction, et les conservateurs savent bien comment en faire. Ils sont passés maîtres dans cet art, mais lorsqu'ils n'en sont pas à l'origine, l'obstruction est automatiquement une mauvaise pratique antidémocratique. Si mes collègues conservateurs ne veulent pas que les dialogues et les discussions qui ont présentement lieu au sein de ces comités se poursuivent, alors ils devraient peut-être s'asseoir et tenter d'arriver à une entente sur les questions qu'ils voudraient aborder.
J'ai déjà été membre de divers comités et, en règle générale, on s'entend sur l'ordre du jour et sur les études que le comité devrait entreprendre. Les députés libéraux membres de ce comité sont très inquiets. Ils voudraient pouvoir étudier certaines répercussions très graves qu'a le virus de la COVID-19. La santé mentale en est un exemple.
Puis, il y a les soins à domicile. Regardons le pourcentage d'aînés qui sont morts des suites de la COVID-19 dans les établissements de soins de longue durée. Cela devrait inquiéter grandement les députés libéraux et, je l'espère, tous les autres députés. Il est peut-être temps que le Comité permanent de la santé se concentre sur cette question. Ce ne sont là que des idées qui me viennent à l'esprit. Je soupçonne que, si nous sondions les membres du Comité, nous constaterions qu'il existe de nombreuses idées différentes.
La députée de Calgary Nose Hill, qui a présenté la motion à l'étude, a affirmé que ce sont les comités permanents qui établissent leur ordre du jour, et elle a raison. Nous devons les laisser faire leur travail, mais ce n'est pas ce que veut la députée. Ce n'est pas ce que souhaite faire maintenant le chef du Parti conservateur. Pourquoi? C'est parce que cela ne correspond pas vraiment aux désirs des conservateurs.
Je pense que les conservateurs cachent leurs véritables intentions lorsqu'ils nous font des propositions. Ils cherchent à donner l'impression qu'ils défendent les intérêts des Canadiens alors que, en réalité, leurs priorités n'ont pas du tout changé depuis l'époque où Stephen Harper était premier ministre, qui s'est terminée lorsqu'ils ont perdu le pouvoir, il y a cinq ans.
J'en ai été témoin lorsque je faisais partie du troisième parti et que le premier ministre actuel a été élu chef du Parti libéral. À l'époque, le Parti conservateur a dépensé des centaines de milliers de dollars dans une campagne publicitaire pour tenter de ternir la réputation du chef libéral auprès des Canadiens. Rien n'a changé. Les conservateurs continuent de faire cela. C'est ce qui me porte à croire qu'ils n'ont aucune crédibilité dans ce dossier.
Même aujourd'hui, combien d'entre eux veulent parler de scandales? Comme l'ensemble des Canadiens, je fais beaucoup plus confiance au commissaire à l'éthique qu'au Parti conservateur. Le Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique est nouveau parmi les mandataires indépendants du Parlement. Imaginons s'il avait existé à l'époque du scandale des transferts de fonds ou lorsqu'un député conservateur a été mis en détention, menottes aux poings? Que dire de l'incident des Airbus?
Les conservateurs se plaisent à dire: « Oh, ces libéraux et le commissaire à l'éthique! » Ce dernier fait le travail que nous attendons de lui. Les choses vont changer à mesure que le commissaire à l'éthique nous éduque tous par rapport à nos responsabilités.
Les conservateurs ont mentionné Frank Baylis. Je connais Frank. À en croire les conservateurs, on penserait qu'un contrat a été conclu entre Frank Baylis et le gouvernement du Canada. Ce n'est tout simplement pas vrai, mais ils vont tout de même continuer de le répéter parce qu'ils veulent inciter CTV, CBC et tous les autres réseaux de télévision à penser qu'il y a un énorme conflit d'intérêts sur lequel il faut enquêter. Les conservateurs n'ont pas le moindre scrupule à exagérer, à répandre des rumeurs et à faire d'autres choses du genre. Voilà leur priorité.
Comme l'a dit le premier ministre l'autre jour, nous n'allons pas continuer de permettre au Parti conservateur de poursuivre ses manœuvres d'obstruction et d'essayer d'empêcher les fonctionnaires de faire ce qu'ils ont à faire et font avec compétence, à savoir servir les Canadiens dans le but de nous assurer une économie et une société en meilleure santé et capable de bien fonctionner.
En tant que gouvernement, nous avons l'obligation de fournir aux Canadiens le soutien dont ils ont besoin. Oui, le gouvernement est en situation minoritaire et nous allons continuer de travailler avec les partis de l'opposition, même ceux avec lesquels il est difficile de le faire la plupart du temps, mais nous persévérons. Je rappelle aux députés que, s'il est important que le Parti libéral soit conscient qu'il est en situation minoritaire, il est également important de reconnaître que les partis de l'opposition ont eux aussi une responsabilité.
Je propose, appuyé par le député de Glengarry—Prescott—Russell, que l'on modifie l'amendement en supprimant tous les mots de « procès-verbaux » à « comités » et en les remplaçant par « documents ou renseignements qui constituent des documents confidentiels du Cabinet, ou qui pourraient compromettre la santé et la sécurité des Canadiens, selon le greffier du Conseil privé »; et, en y ajoutant, après les mots « sept jours », les mots « à la fois ».