Monsieur le Président, j'aimerais profiter de l'occasion pour vous remercier d'avoir accepté la demande de débat d'urgence du NPD.
Je pense que le débat de ce soir transcende la partisanerie. En tant que parlementaires, nous devons réfléchir à cette situation. J'ai écouté le député de Sudbury et j'ai senti beaucoup d'émotion dans son discours. Cela se passe dans sa cour et dans son environnement. Comme il le mentionnait, il représente les concitoyens de Sudbury; ses amis et les membres de sa famille qui étudient ou travaillent encore à l'Université Laurentienne ne savent pas ce qui les attend.
Je remercie le Président d'avoir accepté la demande du député de l'autre parti de l'opposition. C'est tout à son honneur, et je tenais à le souligner.
J'ai une pensée pour mon collègue de Sudbury. Lors de son discours, j'ai appris qu'il ne se représentera malheureusement pas à la prochaine élection. J'ai eu la chance de travailler sur plusieurs dossiers avec lui. C'est un homme que j'apprécie beaucoup. Malheureusement, nous n'allons peut-être pas nous recroiser en présentiel. S'il m'écoute ce soir, je lui présente mes salutations, à lui et à sa conjointe.
Je veux revenir sur l'importance et les critères d'un débat d'urgence. L'article 52 du Règlement de la Chambre des communes indique ceci au sujet d'une demande d'autorisation:
(1) Pour proposer l'ajournement de la Chambre en vue de la discussion d'une affaire déterminée et importante dont l'étude s’impose d'urgence, il faut en demander l'autorisation après l'achèvement des affaires courantes ordinaires comme il est stipulé aux paragraphes (3) et (4) de l'article 30 du Règlement.
Monsieur le Président, je ne veux pas m'éterniser sur les remerciements, mais je veux encore vous dire merci d'avoir autorisé le débat de ce soir.
Je trouve triste que les gens de cette région, en plus de faire face à la pandémie, vivent une perte et une diminution de services. On vient d'ébranler les colonnes du temple du fait français dans le Nord de l'Ontario. C'est triste parce qu'ils n'ont pas à vivre cela en plus de la pandémie. Je pense qu'il faut être sensible à cela et se mobiliser pour trouver des solutions à cette situation.
Voici ce qui arrive lorsqu'un gouvernement n'a pas de vision depuis plus de cinq ans. La ministre des Langues officielles est en poste depuis 2015. J'ai du respect pour la ministre. D'ailleurs, je le lui ai dit hier au Comité permanent des langues officielles. Or elle n'agit pas. Elle mène des consultations. Tout à l'heure, sa collègue disait qu'elle faisait la promotion du fait français et des deux langues officielles et qu'elle était très présente. Cependant, elle est toujours en réaction. On dirait que le gouvernement attend que la maison soit en feu avant de réagir.
Récemment, au mois de décembre dernier, on nous a proposé un livre blanc sur les langues officielles. Le livre blanc fait qu'on pellette par en avant, encore une fois, et qu'on doit encore mener des consultations afin de s'assurer que ce qu'on va peut-être mettre un jour en place sera efficace. Le jour où l'on va mettre quelque chose en place, il sera peut-être trop tard; on va être obligés de recommencer les consultations. C'est important d'agir. Ce livre blanc n'est pas une solution.
J'ai rencontré les gens de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, l'ACPPU. Ils dénonçaient la situation d'insolvabilité depuis le 1er février. C'est la première fois qu'une université publique canadienne se place en situation d'insolvabilité. Les représentants de l'ACPPU m'ont fait des commentaires. Ils exhortent le gouvernement fédéral à collaborer avec la province de l'Ontario pour, d'une part, verser dans les meilleurs délais les fonds dont l'Université Laurentienne a besoin et, d'autre part, pour aider les établissements postsecondaires bilingues et francophones. Étant donné le rôle vital que ces établissements postsecondaires jouent pour relever les défis actuels et futurs du Canada, ils recommandent que le gouvernement fédéral élabore une stratégie nationale avec les territoires et les provinces, afin de prévoir des fonds constants et suffisants en vue de promouvoir un enseignement postsecondaire de qualité.
J'ai rencontré ces gens le 17 février. Ils se sont placés sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité le 1er février. Nous sommes le 14 avril. La ministre des Langues officielles a peut-être un plan et il y aura peut-être des solutions dans le budget qui sera présenté lundi prochain. Toutefois, le 1er février, ces gens se sont placés sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité. À titre de député, j'ai rencontré les représentants des professeurs le 17 février. On a réagi le lundi 12 avril. Comme je le disais tout à l'heure, on attend que la maison soit en feu avant de réagir.
Monsieur le président, cet automne, nous vous avons demandé de permettre la tenue d'un débat d'urgence sur le déclin du fait français au Québec, en particulier à Montréal. Nous sommes ici ce soir pour discuter de l'Université Laurentienne, qui a des problèmes financiers. Qu'est-ce qui nous attend demain?
J'ai le privilège de siéger au Comité permanent des langues officielles. Hier, nous y recevions la ministre ainsi que d'autres intervenants. Les intervenants mentionnaient qu'on ne pouvait pas attendre la mise à jour de la Loi sur les langues officielles. Si l'Université Laurentienne éprouve des problèmes aujourd'hui, d'autres universités canadiennes auront des problèmes également à l'avenir, demain ou après-demain.
Est-ce que le gouvernement souhaite laisser tomber les institutions postsecondaires qui enseignent aux minorités linguistiques? Si c'est le cas, qu'on nous le dise. On n'agit pas, et cela me pose problème. Je suis obligé de mentionner ce que le Parti conservateur du Canada a fait. Je n'en parle pas par opportunisme. Dès la nomination de notre nouveau chef, nous avons présenté un plan clair: dans les 100 premiers jours d'un gouvernement conservateur, nous aurons investi l'argent nécessaire pour soutenir nos institutions, pour défendre le fait français et pour défendre les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Il est important que nous nous regroupions aujourd'hui, parce que le problème est plus grand que ces 28 programmes délestés. C'est un problème de société. Tant et aussi longtemps que le Canada aura deux langues officielles, et tant et aussi longtemps que les citoyens de Portneuf—Jacques-Cartier vont me faire confiance, je vais me lever à la Chambre pour défendre le fait français. Nous devons nous retrousser les manches pour trouver des solutions afin que les citoyens canadiens et les citoyennes canadiennes aient accès à l'enseignement en français.
Nos professeurs et nos étudiants sont malheureusement brimés. Cela a un effet multiplicateur qui étouffera notre langue française, ou qui la fera jaillir.
En terminant, j'aimerais lire une petite section du préambule de la Loi sur les langues officielles:
[...] de respecter les garanties constitutionnelles sur les droits à l’instruction dans la langue de la minorité et de faciliter pour tous l’apprentissage du français et de l’anglais [...]
C'est ce qu'on peut lire dans le préambule de la Loi sur les langues officielles. Alors, je pense que la ministre doit agir maintenant.