Madame la Présidente, j'ai le goût de commencer mon énoncé en lançant une boutade à mes collègues, en leur disant que, les Québécois, eux, c'est au Bloc québécois qu'ils font confiance. Heureusement, nous sommes ici pour parler de contenu, et c'est donc ce que je vais faire, parce qu'au Bloc, nous travaillons pour le monde.
Le Bloc québécois votera, bien sûr, en faveur du projet de loi C-14 parce qu'il contient des éléments positifs. Entre autres, il apportera une modification aux Allocations spéciales pour enfants afin d'offrir une augmentation ponctuelle, ce qui nous semble positif. Ensuite, un rajustement sera apporté à la Subvention d'urgence du Canada pour le loyer afin de rendre admissibles les sommes qui sont à payer; cela aussi, c'est positif.
Par contre, il manque encore des morceaux. Le Parti libéral aurait avantage à écouter les propositions constructives de l'opposition. Nous avons suggéré depuis longtemps de permettre aux gens qui sont propriétaires d'avoir accès à une aide, un élément toujours absent du projet de loi.
En ce qui concerne les exemptions des intérêts pour les étudiants, nous pensons aussi que c'est une bonne idée. C'est normal d'aider les étudiants. Par contre, le Québec a son propre programme, donc nous nous attendons à avoir une compensation équivalente.
Le projet de loi modifie la Loi sur les aliments et drogues pour faciliter essentiellement l'importation, le développement et l'approbation de vaccins pendant les phases de recherche. Nous pensons que c'est bien.
Par contre, il manque quelque chose d'important: il n'y a aucune modification de la Loi sur les brevets ni de facilitation de développement de vaccins à l'échelle locale. Nous savons tous et toutes qu'il est malheureusement trop tard cette fois-ci pour développer un vaccin en territoire local. Par contre, on pourrait travailler sur l'avenir et on pourrait tirer des leçons des erreurs épouvantables qui sont encore commises. Je prends l'exemple du Dr Gary Kobinger de l'Université Laval, qui a développé un vaccin très rapidement avec le premier million de dollars que le gouvernement lui a offert. Quand il a demandé un financement supplémentaire de 2 millions de dollars, cela lui a été refusé. En réponse à cela, le premier ministre a le culot de dire qu'il a été aidé avec le premier million.
À un moment donné, il faut faire les projets au complet et il faut faire confiance à notre monde. Est-ce parce qu'on ne veut pas qu'il y ait d'initiatives au Québec ni de sentiment de fierté? Préfère-t-on demeurer dépendant des pays étrangers? Les choses n'iraient-elles pas mieux si nous étions indépendants dans ce dossier? La réponse est assez claire. Le premier ministre du Québec trouve que le projet a de l'allure et il a décidé qu'il le finançait alors que ce n'est pas à lui de le faire. Le fédéral devrait s'occuper de ce qui le regarde et financer convenablement les projets dont il est responsable, plutôt que de mettre ses pattes dans les compétences des provinces et du Québec.
La prolongation du Fonds d’aide et de relance régionale est aussi un élément positif. Par contre, de tout cela, moins de 25 % seront accordés aux entreprises touristiques. J'en parlerai dans une minute.
En ce qui concerne la santé, on prévoit des versements supplémentaires, notamment dans les soins de longue durée. On sait ce dont le Québec a besoin. Ce ne sont pas des versements supplémentaires ponctuels; ce sont des versements permanents, des transferts dans les services de santé.
Pour ce qui est du montant d'emprunts et des prévisions financières, cela commence à être inquiétant. Le directeur parlementaire du budget a d'ailleurs fait part de ses inquiétudes quant au fait que la ministre des Finances a une énorme capacité d'emprunter encore davantage d'argent. Nous nous questionnons sur les 100 milliards de dollars qui sont prévus pour la relance. Nous ne savons toujours pas à qui les sommes seront accordées et comment ils y parviendront. Nous n'avons aucun détail là-dessus.
À cet égard, le Bloc québécois a des idées. J'invite les gens du Parti libéral à prendre notre petit document bleu qui s'appelle « Plan de relance COVID-19 », qui a été rédigé à l'automne. Durant l'été, nous avons parlé avec du vrai monde sur le terrain, tout en prenant nos précautions, bien sûr. Il est important de mentionner que les besoins sont réels. La relance sera une occasion intéressante de régler des problèmes qui traînent depuis longtemps.
Je donnerai un exemple particulier, celui de la crise de la pyrrhotite dans la région de la Mauricie. Pour faire suite aux travaux d'un comité de travail qui a réuni des gens du gouvernement du Québec et des représentants du bureau du ministre fédéral, le gouvernement du Québec a annoncé, juste avant Noël, deux nouvelles mesures d'aide pour les victimes de la pyrrhotite. Or le fédéral était absent de cette annonce. J'espère que dans le plan de relance il y aura des sommes prévues pour des programmes comme ceux-là afin de régler les problèmes qui causent de la souffrance humaine et qui durent depuis bien trop longtemps.
Il y a plus de deux mois déjà, on a annoncé un programme de crédits pour les secteurs durement touchés. Encore une fois, nous ne sommes pas capables d'obtenir de détails. Cela n'a aucun sens. Les gens du tourisme, de l'hôtellerie, des arts, de la culture et des grands événements ont besoin d'aide et nous posent des questions. Nous n'avons pas de réponses à leur donner, parce que nous n'obtenons pas de réponses de la part du gouvernement. Nous sommes là pour collaborer. Encore une fois, mon discours en est un d'ouverture et de mains tendues, mais le gouvernement doit nous aider s'il veut que nous l'aidions. Développons ces besoins rapidement.
Nous soulevons des besoins ponctuels à la Chambre. Je pense à une pourvoirie de chez nous qui n'avait pas accès à la Subvention salariale parce que ses locaux avaient souffert des inondations en 2019. J'ai soulevé le cas à la Chambre, j'ai collaboré avec le cabinet de la ministre des Finances, mais, en fin de compte, malgré les beaux discours et le bel accueil positif à la Chambre, cela n'a pas donné grand-chose. Des propriétaires de terrains de camping et de cabanes à sucre n'ont toujours pas accès à cette subvention non plus et leur secteur connaît de sérieuses difficultés.
Rien n'a encore été fait pour l'industrie aérospatiale. L'objectif du gouvernement est-il de détruire cette industrie? Sommes-nous conscients que la région de Montréal est l'un des seuls endroits au monde où l'on peut construire un avion de A à Z? Essayons-nous de démanteler ce secteur comme nous l'avons fait avec l'industrie pharmaceutique, ce qui nous rendrait encore une fois dépendants de l'extérieur?
J'ai parlé d'indépendance dans ce discours. Si le Québec pouvait gérer ses affaires, il le ferait de façon plus efficiente. À l'heure actuelle, en n'agissant pas, le gouvernement fédéral nuit à tout le monde en aérospatiale. Il n'a pas encore forcé le remboursement des billets d'avion de gens qui avaient acheté des voyages de bonne foi, mais dont les économies se retrouvent maintenant à financer des compagnies multinationales sous forme de prêts sans intérêt. D'un autre côté, le gouvernement fédéral n'aide pas l'industrie aérospatiale, qui en a pourtant besoin. Il y a quelque chose qui ne marche pas.
Je reviens sur les transferts en santé. Au départ, le fédéral payait 50 % des coûts en santé, mais n'en paie plus maintenant que 22 %. C'est complètement ridicule. Dans l'Énoncé économique de l'automne 2020, le gouvernement a annoncé près de 1 milliard de dollars pour les CHSLD, à condition que ces derniers présentent des prévisions détaillées de dépenses. Il n'en est pas question! La santé est une compétence provinciale. Le gouvernement fédéral doit signer le chèque et l'envoyer à Québec, et ce sera au Québec et aux provinces de s'en occuper, n'en déplaise aux gens centralisateurs du NPD ou du Parti libéral. J'invite mes collègues à lire le contrat constitutionnel qui a été signé sans le Québec.
Toujours en lien avec les CHSLD, je reviens sur le rapport des Forces armées canadiennes, lequel était très clair: tout aurait dû bien se passer, mais le problème était que les institutions ne pouvaient pas faire respecter les normes en vigueur par manque de personnel, de ressources et d'argent. La solution ici serait l'augmentation des transferts en santé et je ne sais pas combien de fois il faudra le répéter. Les gens des secteurs les plus touchés ont besoin d'aide rapidement. Comme je l'ai mentionné, le fédéral n'a pas à émettre de conditions et le rapport de l'armée au sujet des CHSLD est clair.
J'en viens maintenant à l'industrie touristique. Pour bien faire comprendre aux gens du gouvernement l'importance qu'elle a, elle emploie 400 000 travailleurs et travailleuses et elle pèse 15 milliards de dollars dans l'économie québécoise. Cette industrie a besoin de soutien et il faut bouger. Parmi les modifications à apporter, j'ai parlé tantôt de l'aide au loyer commercial, mais il y a aussi le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes. Nous avons déjà soulevé le cas des agriculteurs qui avaient engagé des dépenses à l'automne 2019 et qui ne sont pas admissibles à ce compte d'urgence. Cela n'a aucun bon sens, cela fait des mois qu'on le rappelle, mais rien n'a encore été fait. Je pense que ce n'est pas raisonnable.
Tant qu'à parler d'agriculture, je vais évoquer plusieurs dossiers, dont celui des compensations découlant de la signature des nouveaux accords commerciaux. En temps de pandémie et en temps de crise, les entreprises ont besoin de liquidités, lesquelles leur feraient du bien. Comment est-il possible que les transformateurs laitiers en soient rendus à publier des publicités dans les journaux pour supplier à genoux d'avoir l'argent qui leur avait été promis? J'en ai justement vu une tantôt, dans le Record, un journal de Sherbrooke, où ces gens disent être essentiels et avoir obtenu des promesses de la part du gouvernement.
Les producteurs horticoles demandent une protection en cas de faillite qui ne coûterait rien au gouvernement, mais ce dernier fait la sourde oreille. Les entreprises agricoles ont besoin de liquidités et la solution facile et simple serait d'injecter 5 % dans Agri-investissement sans contrepartie ni besoin de créer un nouveau programme, mais le gouvernement fait la sourde oreille. Le Fonds d'urgence pour la transformation offert au secteur agroalimentaire ne contenait pas assez d'argent, mais comportait des critères précis, avec pour résultat que des entreprises y ont investi, mais n'ont rien pu en obtenir en fin de compte.
Le gouvernement laisse tomber ces entreprises et il faut que ces dossiers avancent. En conclusion, je rappelle que le Bloc québécois demande encore la création d'un comité qui étudierait les dépenses en lien avec la pandémie de la COVID-19. On se souvient tous de l'affaire UNIS. Nous voulons tous aider les gens, mais nous voulons justement que l'argent aide les gens, pas des amis.