Madame la Présidente, je suis ravi d'intervenir aujourd'hui au sujet du projet de loi d'exécution du budget. Pour qualifier ce budget, je m'inspire du film de Rick Moranis intitulé Chérie, j'ai réduit les enfants, mais je modifie le titre comme ceci « Chérie, j'ai coulé les enfants ». J'ai songé à utiliser un autre verbe que « couler », mais il appartient au vocabulaire non parlementaire.
Pourquoi ce titre? Il est à propos à cause de l'énorme dette que nous laissons aux générations futures sans vraiment penser aux conséquences qu'elles auront pour nos enfants et nos petits-enfants. La situation est-elle si catastrophique? En fait, la dette s'est alourdie de 500 milliards de dollars en à peine 2 ans et s'alourdira de 700 milliards de dollars au cours des 5 prochaines années.
D'ici la fin de mon intervention de 10 minutes et de la période de questions et réponses de 5 minutes qui s'ensuivra, 7,3 millions de dollars se seront ajoutés à la dette qui pèse sur les Canadiens. Les gens de mon âge se rappelleront Lee Majors qui incarnait le personnage de Steve Austin dans L'Homme de six millions. Au rythme actuel des dépenses du gouvernement, il faudrait environ juste 13 minutes pour le rebâtir en mieux.
En tant qu'originaire d’Edmonton, en Alberta, ce qui me déplaît le plus dans ce budget, c’est qu’il n’offre presque rien aux Albertains. Dans les plus de 700 pages qu'il contient, on n’y trouve presque rien pour notre province. Chez nous, les gens disent que ce budget est une gifle aux Albertains.
En parcourant le budget, j’ai vu qu’il y est question de pipelines à plusieurs reprises. Merveilleux! Mais il s’agit d’un pipeline de talents, d’un pipeline de vaccins, et nous savons comment le gouvernement a échoué à cet égard. On y parle d’un pipeline de talents en génomique, d’un pipeline d’innovation et d’un pipeline d’équipement de protection individuelle. Nous verrons demain, dans le rapport du vérificateur général sur l’équipement de protection individuelle, comment le gouvernement a acheminé l’argent des contribuables à des gens liés au Parti libéral et à d’autres proches, mais dans le budget, il parle d’un pipeline d’équipement de protection individuelle. Et un pipeline de pétrole et de gaz? Eh bien non, il n’en est pas question.
Nous avons vu ce qui se passe actuellement dans le Michigan avec la canalisation 5. Si le Michigan ferme celle-ci, Sarnia, l’Ontario et d’autres régions perdront des dizaines de milliers d’emplois, et le prix de l’essence doublera probablement. Mais il n’y a rien dans le budget pour régler ce problème.
On ne mentionne pas non plus le fait que l’industrie pétrolière et gazière de l’Alberta est le plus grand employeur des travailleurs autochtones. Au comité des opérations, nous avons mené une étude sur les marchés publics pour les Autochtones, et tous les témoins de la communauté autochtone ont affirmé que l’industrie pétrolière et gazière est la seule qui fasse son travail et non le gouvernement fédéral, qui a échoué. L’industrie pétrolière et gazière amenait la richesse et la prospérité aux collectivités autochtones. Dans ce budget, nous n’avons rien.
Nous avons entendu dire à maintes reprises dans ma circonscription que les petites entreprises qui ont ouvert leurs portes juste avant ou pendant la pandémie n’ont pas été admissibles aux soutiens, notamment le soutien salarial et le soutien au loyer. Elles n’avaient rien fait pour mériter cela. J’ai travaillé dans le secteur hôtelier, et je sais qu’il faut maintenant un an, deux ans ou même plus pour construire un hôtel, à cause de tous les règlements. Les gens qui ont eu le malheur d’investir avant le début de la COVID ont été privés de l’appui du gouvernement.
Nous avons demandé à maintes reprises à la Chambre et au comité que le gouvernement se penche sur ce problème. Chaque fois, les libéraux disent, la main sur le cœur, que les petites entreprises sont l’épine dorsale de l’économie, mais ils ne font rien. Il n’y a rien dans le budget pour régler ce problème.
Un de mes amis dans ma circonscription, Rick Bronson, tient un Comédie Club dans le West Edmonton Mall qui s’appelle The Comic Strip. Il a près de 100 employés. Il en a ouvert un nouveau en Colombie-Britannique juste avant la COVID. Il est exclu du programme gouvernemental, et pourtant il n’a rien fait de mal. Je le répète, nous avons demandé à maintes reprises d’aider les petites entreprises, mais il n’y a rien pour elles.
En Alberta, nous avions deux demandes principales dans le budget, l’une étant de l’argent pour la recherche sur la séquestration du carbone. Le premier ministre de la province a visé la lune en demandant des milliards de dollars, alors je m’attendais donc à peut-être avoir un milliard de moins. Non, nous nous sommes retrouvés avec un plan proposant des incitatifs pour la séquestration du carbone, mais seulement si l’argent n’est pas utilisé pour la récupération assistée des hydrocarbures. Nous nous sommes entretenus avec tous les acteurs du secteur, grands et petits, et ils ont tous dit la même chose. Il n’existe pas de solution économique pour la séquestration du carbone sans la récupération assistée des hydrocarbures.
Les libéraux tendent une carotte d’une main, et de l’autre, ils frappent les gens avec un bâton. Le budget prévoit de l’argent pour la recherche sur la séquestration du carbone, soit 20 millions de dollars l’an prochain et jusqu’à 220 millions de dollars au cours des cinq prochaines années.
Réfléchissons à cela. Le pétrole et le gaz, même à des prix réduits, demeurent nos principaux produits d’exportation. Ce secteur domine complètement l'industrie automobile et l’industrie aérospatiale, et pourtant nous n’obtenons que des miettes pour la recherche technologique. Pour mettre les choses en contexte, le gouvernement a versé aux riches propriétaires d’automobiles Tesla 100 millions de dollars en subventions pour l’achat d’automobiles Tesla, soit la moitié de ce qu’il a donné à l’ensemble du secteur des hydrocarbures pour la séquestration du carbone. Cela démontre clairement que le gouvernement actuel ne se soucie pas de l’Alberta et que, quand vient le temps d’agir, il ne se soucie pas de l’environnement.
Les libéraux n’ont pas corrigé le plafond injuste établi pour le Programme de stabilisation fiscale qui pénalise l’Alberta parce que les ressources sont incluses dans le calcul. Ils l’ont modifié au profit du Québec et de l’Ontario, mais ils continuent de traiter l’Alberta de façon discriminatoire en imposant un nouveau plafond si les revenus générés par les ressources pétrolières et gazières y sont intégrés. Depuis 2014, les Albertains ont versé plus de 110 milliards de dollars net au Trésor fédéral. Et tout ce que nous avons en retour, c’est une gifle en plein visage.
Pour revenir à la séquestration du carbone, le budget prévoit 20 millions de dollars l’an prochain pour la recherche dans ce domaine. Il prévoit également 22 millions de dollars pour un programme de reconnaissance des travailleurs du nucléaire dans les années 1950, à l’époque de la guerre de Corée. C’est merveilleux de reconnaître la contribution faite par ces travailleurs il y a 70 ans, mais le budget prévoit autant d’argent pour le programme de reconnaissance de leur contribution dans les années 1950 qu’il en prévoit pour la recherche essentielle sur la séquestration du carbone. Encore une fois, cela démontre que la priorité de l’actuel gouvernement n'est pas les travailleurs, et certainement pas ceux de l’Alberta.
Sur les 840 pages de ce budget, les pipelines ne sont mentionnés que cinq fois. On y trouve environ 1 000 occurrences de l'expression « mesures de soutien », et environ 1 300 du mot « prestations ». Par contre, le mot « productivité » n’apparaît que 39 fois, et le mot « compétitivité » seulement 13 fois.
Qu’obtenons-nous pour cette dette supplémentaire de 700 milliards pour les cinq prochaines années? Le gouvernement prévoit, dans son propre budget, que le taux de croissance ralentira chaque année à compter de 2022 pour atteindre 1,7 % en 2025. Réfléchissons à cela. La dette passera à 700 milliards de dollars et tout ce que nous obtiendrons en retour, c’est un taux de croissance médiocre de 1,7 %.
Robert Asselin, l’ancien directeur des politiques et du budget de Bill Morneau et conseiller en politiques auprès du premier ministre, a dit au sujet du budget qu'« il est difficile d’y trouver un plan de croissance cohérent [...] après avoir dépensé près de 1 billion de dollars, ne rien faire pour stimuler la croissance à long terme [...] serait le pire héritage possible de ce budget. »
Dave Dodge, ancien gouverneur de la Banque du Canada, a déclaré que le budget ne met pas l’accent sur la croissance et qu’il ne s’agit pas d’un plan raisonnablement prudent.
Le titre du budget annonce toutefois qu’il s’agit d’un plan de relance pour la croissance, mais nous savons ce qui est en croissance. Ce n’est pas l’économie, mais bien les impôts. Dans ce budget, les impôts perçus par le gouvernement actuel devraient augmenter de 28 % de 2019-2020 à la fin de 2025.
Les intérêts que nous payons aux banquiers de Bay Street et de Wall Street pour cette dette que les libéraux accumulent devraient eux aussi connaître une croissance. Nous allons payer 40 milliards de dollars d’intérêts par année pendant cinq ans. Songeons à ce que nous pourrions faire avec ces 40 milliards de dollars. Nous pourrions investir 40 fois le montant du scandale UNIS et garder les amis du premier ministre en affaires pendant un certain temps. Plus important encore, songeons aux soins de santé dans lesquels nous pourrions investir ces 40 milliards de dollars. Tous les premiers ministres provinciaux ont demandé une augmentation des transferts au titre des soins de santé. Ils n’ont rien reçu, mais nous avons 40 milliards de dollars pour les riches banquiers.
Nous pourrions investir dans la population vieillissante et dans les forces armées. Le budget prévoit 51 millions de dollars pour la participation à l’OTAN. Il y a la montée de la Chine avec son comportement agressif et il y a la Russie, et nous investissons 51 millions de dollars, soit à peine le double de ce que nous prévoyons pour un programme de reconnaissance des travailleurs du secteur de l’énergie atomique d’il y a 70 ans.
Il est clair que ce budget n’est pas destiné à la croissance de l’économie. Il n’est pas conçu pour les gens d’Edmonton-Ouest, et certainement pas pour les Albertains. Il ne s’adresse pas aux générations futures. Ce budget est un échec et une honte, et c’est pourquoi je ne l’appuierai pas.