Madame la Présidente, je souhaite débuter en soulignant quelques principes clés que tous les parlementaires devraient, selon moi, garder à l’esprit.
Tout d’abord, toutes les recommandations fédérales relatives à la COVID-19 doivent se fonder sur les meilleures données scientifiques disponibles, en plus de tenir compte de la situation de la pandémie et du rythme du déploiement des vaccins partout au Canada.
Ensuite, les membres du Nouveau Parti démocratique au Canada comprennent qu’il est impossible de sacrifier des vies pour maintenir les moyens de subsistance. Nous savons qu’aucune reprise économique ne sera possible tant que nous ne maîtriserons pas la pandémie de COVID-19, et non l’inverse.
Troisièmement, le gouvernement fédéral devrait fournir aux Canadiens une voie claire, en diffusant un plan exhaustif qui permettra de laisser la pandémie derrière nous et de commencer le processus de reprise.
Enfin, nous pensons que le gouvernement fédéral ne devrait pas attendre la fin de la pandémie pour commencer à tenir compte des leçons essentielles déjà retenues. Par exemple, le NPD croit qu’il est temps d’offrir un congé de maladie payé à tous les travailleurs canadiens, d’adopter des normes nationales pour les soins de longue durée, en plus d’avoir un fabricant public de vaccins et de médicaments. Il s’agit d’énormes lacunes dans le tissu économique et des soins de santé au Canada qui, nous le savons, doivent être comblées. Rien ne nous empêche de commencer à résoudre ces questions.
Même si la planification est toujours judicieuse, nous ne devons pas assouplir prématurément les mesures essentielles qui sont cruciales pour assurer la sécurité des Canadiens. Je vais souligner certaines des raisons principales expliquant pourquoi c’est si important.
Premièrement, selon l’Agence de la santé publique du Canada, en raison de la hausse continue des variants préoccupants, le maintien des mesures de santé publique et des précautions individuelles est crucial pour réduire les taux d’infection et éviter toute nouvelle accélération rapide de l’épidémie et de ses répercussions graves, dont les hospitalisations et les décès.
Le variant préoccupant B.1.1.7, qui a tout d’abord été décelé au Royaume-Uni, se propage rapidement partout au Canada pendant que nous parlons aujourd’hui de cette question. Il fait en sorte que les médecins et les experts sonnent l’alarme quant à l’apparition d’une troisième vague d’infections à la COVID-19. Des provinces ont assoupli les restrictions lorsque le nombre de cas a commencé à diminuer partout au pays à la fin de janvier. À la mi-février, le variant B.1.1.7 a commencé à se propager de manière considérable.
Au 22 mars, l’Alberta, l’Ontario et la Colombie-Britannique faisaient état de plus de 1 000 cas cumulatifs du variant B.1.1.7. En fait, sur une base cumulative partout au Canada, on compte maintenant 4 861 cas du variant B.1.1.7. De plus, 244 cas du variant B.1.351, décelé en premier en Afrique du Sud, ont été signalés partout au Canada. Enfin, 104 cas du variant P.1, décelé en premier au Brésil, ont été signalés partout au Canada. On observe donc une propagation accrue des variants.
Deuxièmement, nous entrons clairement dans une troisième vague. Le 15 mars, l’Association des hôpitaux de l’Ontario a lancé un sombre avertissement, affirmant que la province était entrée dans une troisième vague en raison d’une forte augmentation des cas de nouveaux variants et une hausse des admissions dans les unités de soins intensifs. Il y a quelques jours à peine, le Dr David Williams, médecin hygiéniste de l’Ontario, a confirmé que la province est maintenant au cœur d’une troisième vague de la pandémie de COVID-19.
En Ontario, les cas de variants préoccupants dépassent maintenant la moitié de tous les cas. Le 22 mars, la Dre Bonnie Henry, l’administratrice de la santé de la Colombie-Britannique, a confirmé que la province connaît une troisième vague d’infections à la COVID-19. Elle a souligné l’augmentation de la moyenne mobile de sept jours des nouveaux cas quotidiens au cours des dernières semaines, ce qui annonce l’arrivée de la troisième vague en Colombie-Britannique. Enfin, selon l’Agence de la santé publique du Canada, l’activité de la COVID-19 s’est stabilisée à un niveau élevé au pays depuis la mi-février et le nombre moyen de cas quotidiens est maintenant à la hausse. Les plus récentes données nationales font état d'une moyenne de 3 297 nouveaux cas quotidiens sur sept jours.
Troisièmement, nous devons examiner le rythme de la vaccination. Au 22 mars, le Royaume-Uni avait entièrement vacciné 3,3 % de sa population, ce qui représente 44 doses pour 100 personnes. Aux États-Unis, 13,2 % de la population est entièrement vaccinée, ce qui représente 37 doses pour 100 personnes. En comparaison, seulement 1,7 % de la population canadienne est entièrement vaccinée, ce qui représente 10 doses pour 100 personnes.
Quatrièmement, si nous comparons les stratégies, l’administration Biden ouvrira la vaccination à tous les adultes américains au plus tard le 1er mai. Dès que la vaccination sera ouverte à tous les Américains, l’administration Biden veillera à ce que chaque adulte puisse se faire vacciner en augmentant le nombre de sites de vaccinations et de préposés à la vaccination, en fournissant des outils pour faciliter l'accès aux vaccins et en donnant des consignes claires aux Américains vaccinés. Les États-Unis aident aussi le personnel scolaire à se faire vacciner. Le président a mis au défi les 50 États de faire vacciner d’ici la fin du mois le personnel des écoles et des garderies de la maternelle à la douzième année.
Le Royaume-Uni a adopté une stratégie similaire. La vitesse à laquelle l’Angleterre sortira du confinement dépendra de quatre critères clés: la façon dont se déroule la vaccination, l’influence des vaccins sur les hospitalisations et les décès, le maintien des taux d’infection à un bas niveau et la garantie que les nouveaux variants n'auront pas d'effets sur les trois autres critères.
Que disent les autorités de la situation actuelle? Une déclaration commune du Fonds monétaire international et de l’Organisation mondiale de la santé affirme: « à première vue, il faudrait faire le choix entre sauver des vies et sauver l’économie. C’est un faux dilemme: il faut absolument contrôler la propagation du virus pour pouvoir sauver l’économie ».
Beaucoup de gens au Canada sont de cet avis.
Tyler Shandro, le ministre albertain de la Santé, déclare:« il n’y aura pas d’assouplissement des restrictions pour le moment. C’est une mesure de précaution, et c’est ce qu’il faut faire, étant donné la situation dans notre province, car nous devons absolument éviter une troisième vague qui ferait encore plus de victimes et qui aggraverait les pressions sur le système hospitalier ».
Le Dr Peter Juni, directeur scientifique de l’Ontario COVID-19 Science Advisory Table, déclare: « c’est la présence de cas contaminés par les nouveaux variants qui est alarmante […] [La] courbe est en train de monter en flèche […] il faut donc resserrer les restrictions ».
Le premier ministre du Québec, Francois Legault, déclare: « lorsqu’on voit ce qui se passe en Ontario, dans l’État de New York, dans l’État du New Jersey et en France, on a de bonnes raisons de s’inquiéter. Il faut être très prudent ».
Enfin, la Dre Caroline Colijn, titulaire de la chaire de recherche Canada 150 à l’Université Simon Fraser, déclare: « nous n’allons probablement pas gagner la course entre la vaccination et le variant B.1.1.7 pour la simple raison que le variant est déjà là, qu’il circule et qu’il se propage rapidement, ce qui le rend plus difficile à contrôler. C’est le défi que nous allons devoir relever au cours des prochains mois ».
Chers collègues, je veux dire par là que nous ne pouvons pas nous permettre de lever les restrictions pour l’instant. Nous devons les maintenir, et même les resserrer, car il serait prématuré de les lever aujourd’hui. Si nous ne les maintenons pas, cela coûtera la vie à encore plus de personnes et cela augmentera le taux de contamination que nous avons pourtant essayé de contenir avec beaucoup d’effort.
Je vais faire une courte pause pour parler des congés de maladie au Canada.
Une forte proportion des cas de COVID-19 sont survenus sur les lieux de travail parce que, dans certains cas, les travailleurs n’ont pas droit à des congés de maladie. Nous savons que la Colombie-Britannique et le Yukon, par exemple, ont mis en place des aides supplémentaires, mais nous savons aussi que ces aides ne sont pas offertes à tous les travailleurs du pays. Les néo-démocrates demandent au gouvernement libéral de corriger les lacunes de son programme actuel afin qu’il soit plus facile aux Canadiens d’y avoir accès et d’obtenir de l’aide plus rapidement.
Je propose de modifier la motion en ajoutant, après un point virgule: « et que, afin de faciliter la levée des restrictions, le plan prévoie que tous les travailleurs canadiens aient accès à 10 jours de maladie payés, en commençant par modifier le Code canadien du travail pour qu'il prévoie 10 jours de congé de maladie pour tous les fonctionnaires fédéraux ».