Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de participer à l'important débat d'aujourd'hui sur la motion de notre parti, qui demande au gouvernement fédéral de nous présenter une démarche claire en vue de relancer l'économie après la COVID‑19. En tant que Néo-Brunswickois, je suis bien placé pour dire que la situation dans le Canada atlantique est unique comparativement à celle dans la majorité du pays. Il y a toutefois une chose qui demeure constante: l'absence de certitude de la part du gouvernement fédéral relativement à un plan d'action pour l'avenir.
En tant que député de la circonscription de Fundy Royal, j'aimerais parler pendant quelques minutes de la situation à laquelle sont confrontées les entreprises du secteur touristique. Il y a à Fundy Royal de nombreux attraits touristiques, notamment le sentier Fundy, le parc provincial Hopewell Rocks et le parc national Fundy. La plupart des entreprises du secteur touristique dans ma circonscription sont de petites entreprises locales indépendantes qui ont réussi à prospérer au fil des ans. Il s'agit de petites entreprises qui dépendent du tourisme. Dans de nombreux cas, le succès du secteur touristique a permis à des familles de continuer à habiter dans les collectivités où elles ont grandi ou a offert à des nouveaux arrivants la possibilité de réaliser leurs rêves, souvent dans des collectivités rurales où ils ont toujours voulu s'installer.
Dans certains cas, ces entreprises sont dirigées par des Néo-Brunswickois qui commencent à se faire vieux, mais ils continuent de travailler parce que c'est ce qu'ils ont toujours fait. C'est ce qui les garde jeunes et qui les occupe. Dans d'autres cas, ces entreprises touristiques sont dirigées par de jeunes parents qui ont besoin de ce revenu pour nourrir leur famille et assurer l'avenir de leurs enfants au Nouveau-Brunswick.
Tout cela pour dire que la dernière année a été particulièrement dévastatrice pour ceux qui travaillent dans l'industrie du tourisme. Bon nombre de ces entrepreneurs ont dû sacrifier les économies d'une vie pour garder leur entreprise à flots l'été dernier dans l'espoir de se retrouver avec une solution de relance complète pour l'été 2021. Or, si le président américain Joe Biden a affirmé qu'il croyait que le 4 juillet serait en quelque sorte une journée de l'indépendance face au virus, cela semble malheureusement fort improbable au Canada en raison de la mauvaise gestion dont a fait preuve le gouvernement libéral quand est venu le temps de faire l'achat hâtif de vaccins.
Le gouvernement provincial du Nouveau-Brunswick a créé un programme d'incitatifs financiers visant à encourager les Néo-Brunswickois à voyager à l'intérieur de la province pour tenter d'aider les entreprises du secteur touristique. Plusieurs propriétaires d'entreprises de ma circonscription m'ont dit que ce programme était utile, mais, évidemment, il ne leur permettra pas d'atteindre le chiffre d'affaires qu'ils réalisent habituellement. Ces entrepreneurs comptaient sur un revenu accru cette année pour compenser les pertes du très mauvais été qu'ils ont connu en 2020.
Ces exploitants d'entreprises cherchent à obtenir un certain degré de certitude du gouvernement fédéral concernant la voie à suivre. Je crains fort que nous voyions des entreprises touristiques fermer leurs portes parce qu'elles seront incapables de passer à travers la saison qui arrive en raison de l'incertitude considérable quant à la voie à suivre. Ils n'ont aucune idée du moment où les choses retourneront à la normale. Les messages du gouvernement fédéral ont été au mieux contradictoires. Ces propriétaires d'entreprises doivent prendre des décisions qui changeront leur vie en fonction de scénarios qui changent constamment. L'incertitude de la voie à suivre et même de la tournure que prendront les choses l'année prochaine est décourageante pour ces propriétaires d'entreprises.
Je me suis entretenu dernièrement avec Carole Alderdice, la présidente et directrice générale de l'Association de l'industrie touristique du Nouveau‑Brunswick. Elle a fait remarquer l'incidence qu'a eue l'absence de navires de croisière sur l'Administration portuaire de Saint John et toutes les entreprises touristiques de la région. Cela comprend tous les types d'entreprises, des restaurants aux petites boutiques, en passant par les entreprises d'autocars. Bien entendu, la plupart ne s'attendaient pas à voir des navires de croisière faire escale au Canada l'été dernier ou même l'été prochain, mais en raison de la distribution rapide des vaccins aux États‑Unis et de l'annonce du premier ministre selon laquelle les Canadiens seraient vaccinés d'ici septembre, certains acteurs de l'industrie ont été consternés d'apprendre que les navires de croisière seraient interdits d'entrée au Canada jusqu'au 28 février 2022.
Plus préoccupant encore: qu'arrivera-t-il si ces navires de croisière ne reviennent pas à l'été 2022? Cela aurait un effet désastreux pour bon nombre de localités de la côte Est. À titre de comparaison, en 2019, 320 000 passagers ont visité Halifax. Cela s'est traduit par des avantages économiques considérables pour les entreprises, les restaurants et l'industrie touristique régionale. Les administrations portuaires de Charlottetown, de Sydney, de St. John's, de Saint John et de plusieurs autres localités du Canada atlantique espèrent tous le retour en 2022 de ces navires dont dépendent les entreprises locales.
Je souhaite aussi aborder la question de la suspension des vols dans une grande partie du Canada atlantique. Le président de l'Association des aéroports du Canada atlantique a affirmé à la fin de 2020 que l'industrie ne pouvait pas survivre et fonctionner dans de telles conditions et qu'on voyait s'amorcer le pire scénario possible. Au Nouveau-Brunswick, le nombre de vols a beaucoup diminué, surtout les vols à destination de Saint John et de Fredericton. On craint aussi que ces coupes deviennent permanentes et que les activités de ces aéroports ne reprennent pas après la pandémie, ce qui entraînerait des pertes d'emplois permanentes et aurait des répercussions considérables sur les gens de la région.
D'autres communautés sont aux prises avec des répercussions et des inquiétudes semblables, notamment à Charlottetown, à Gander et à Sydney. Si les vols suspendus ne sont pas rétablis, leur élimination aura des répercussions considérables sur les communautés à long terme. Ces conséquences toucheraient fortement, par exemple, les travailleurs en rotation. Ainsi, si un travailleur en rotation atterrit à Halifax alors qu'il vit à North Sydney, au Cap-Breton, il devra faire plus de quatre heures de route après l'atterrissage, alors que le vol a déjà été très long dans bien des cas. Ce long trajet routier suscite des inquiétudes légitimes en matière de sécurité, et on peut aussi se demander si les gens décideront de quitter leur communauté d'origine pour ne plus avoir à faire ces longs allers-retours. Les Canadiens de l'Atlantique m'ont dit craindre que les suspensions de vols deviennent permanentes et aient, par le fait même, des effets permanents.
Les conservateurs demandent au gouvernement fédéral un plan incluant le rétablissement des liaisons régionales au Canada. Il faut que les députés du gouvernement libéral s'engagent à faire le nécessaire pour assurer la reprise de ces liaisons régionales. Sans elles, nos collectivités sont en danger.
Je veux maintenant parler de la politique du gouvernement à l'égard de la quarantaine obligatoire dans des hôtels et du fiasco que cela a entraîné. Nous avons entendu parler des conditions terribles dans lesquelles certains Canadiens se sont retrouvés à cause de cette politique lamentable. De surcroît, il a eu des problèmes d'accès aux lignes téléphoniques destinées à réserver les chambres de ces hôtels surpeuplés. Bien que mes collègues aient demandé au gouvernement fédéral des données justifiant que ces hôtels de quarantaine s'avéraient plus efficaces pour prévenir la propagation de la COVID‑19, le gouvernement s'est montré incapable de fournir quelque donnée que ce soit.
Un habitant de ma circonscription a récemment communiqué avec mon bureau, car il était très inquiet à propos du retour de sa famille au Canada au début mai. Il s'agit de Brodie, un joueur de hockey professionnel, qui s'est rendu au Danemark pour le travail, en compagnie de son épouse et de leurs enfants de 5 ans et de 3 ans, en plus de leur bébé né en février. Il a expliqué qu'au moment où la quarantaine obligatoire à l'hôtel a été annoncée à la fin de janvier, il était trop tard pour que son épouse revienne au Canada avant l'entrée en vigueur de la nouvelle mesure. Brodie avait d'abord suivi les règles d'isolement avec sa famille au Nouveau-Brunswick. Il le ferait à nouveau sans hésiter si le gouvernement fédéral le lui permettait, mais, comme son permis de travail arrive à échéance, Brodie et sa famille devront faire la quarantaine dans une chambre d'hôtel. Tous les parents de jeunes enfants sont en mesure de comprendre à quel point il est ridicule d'essayer d'enfermer deux adultes, deux bambins et un bébé dans une chambre d'hôtel.
En outre, nous savons tous selon de nombreuses sources que les Canadiens qui séjournaient dans ces chambres d'hôtel n'ont pas reçu de produits de première nécessité. Évidemment, le fait d'avoir un nourrisson rend la situation encore plus difficile, car beaucoup plus de ressources sont nécessaires. Je demande que l'on fasse preuve de jugement et que l'on permette aux Canadiens de vivre simplement leur mise en quarantaine chez eux, comme Brodie et sa famille l'ont fait par le passé. Le programme gouvernemental de la quarantaine à l'hôtel n'a été rien de moins qu'un fiasco absolu et devrait être aboli.
En tant que ministre du cabinet fantôme en matière de justice et des affaires du procureur général, je veux parler brièvement des répercussions de la COVID‑19 sur le système judiciaire. L'an dernier, au début de la pandémie, j'ai demandé au gouvernement des précisions sur la manière dont les tribunaux pourraient répondre aux retards accrus causés par la COVID. En particulier, je suis préoccupé par les arriérés dans le travail des tribunaux et leur lien avec l'arrêt Jordan de la Cour suprême du Canada.
Le ministre de la Justice a déclaré que lui et ses homologues des provinces et des territoires surveillaient la question de près. Il a évoqué un mécanisme agissant comme une soupape de sûreté pour les circonstances exceptionnelles, mais on ignore exactement combien de temps cela s'appliquera, tandis que le Canada se rétablira de la COVID, comme nous l'espérons, et que les arriérés des tribunaux demeureront. Comme le ministre le sait, les tribunaux étaient déjà aux prises avec des arriérés avant la pandémie.
Je conclurai en disant qu'il faut que le gouvernement fédéral présente un plan aux Canadiens pour qu'ils sachent à quoi s'attendre. Voilà ce qui est demandé dans la motion dont nous débattons aujourd'hui. Pour bien des Canadiens, les années 2020 et 2021 ont été difficiles, mais nous devons apporter notre contribution. Les Canadiens s'attendent à ce qu'on fasse preuve de leadership en indiquant la marche à suivre, et j'exhorte le gouvernement fédéral à s'occuper d'abord de concevoir une feuille de route pour l'ensemble des Canadiens.