Merci beaucoup, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité, de m'avoir invité à m'adresser à vous aujourd'hui.
Il est assez fréquent que les intervenants fassent ressortir la nature critique d'une étude donnée, et je pense que celle-ci arrive à point nommé. Le commerce international est crucial pour le Canada, tout comme nos relations avec les États-Unis et le Royaume-Uni.
J'aimerais aborder trois questions dans mes remarques préliminaires cet après-midi. Premièrement, la COVID-19 a eu un impact considérable sur le commerce international, qui a certainement fait ressortir la nécessité de renforcer la résilience de la chaîne d'approvisionnement. Je pense que nous le savons et le reconnaissons tous. Je pense que la plupart des commentaires ont oublié de souligner que la résilience de la chaîne d'approvisionnement n'est pas monolithique — chaque secteur de l'économie, et peut-être chaque entreprise, a des besoins différents en ce qui concerne la situation de sa chaîne d'approvisionnement.
Et chose très importante, nous sommes une économie de marché. En général, les gouvernements ne sont pas propriétaires des chaînes d'approvisionnement; ils favorisent plutôt le comportement du secteur privé et créent les conditions propices aux affaires. Notre approche des chaînes d'approvisionnement doit tenir compte des intérêts des consommateurs et des entreprises, non seulement pour ce qui est de leur capacité de fournir les intrants et les produits qu'il faut produire nous-mêmes ou importer, mais encore pour ce qui est d'aider les exportateurs. Cela va dans les deux sens.
C'est aussi beaucoup plus que la production de biens matériels. Les services dans les différents modes d'approvisionnement jouent un rôle essentiel dans les chaînes d'approvisionnement, qu'il s'agisse des éléments d'amont, comme la recherche-développement, l'ingénierie et la conception, ou le service après-vente de l'équipement, ou le transport et la logistique.
Cette semaine, la Chambre de commerce a publié son énoncé de position sur la résilience de la chaîne d'approvisionnement, que j'ai remis au personnel du Comité. J'espère que vous avez eu la chance d'en prendre connaissance. En bref, nous croyons que les gouvernements doivent adopter une approche holistique de la façon dont la politique intérieure et internationale saura appuyer la résilience de la chaîne d'approvisionnement.
Le document est assez long, et je vais seulement attirer votre attention sur quelques-uns des outils internationaux qui nous semblent devoir constituer un élément essentiel de l'effort.
Le premier s'intitule « accords sur la sécurité de l'approvisionnement ». Nous avons vu que le contrôle des exportations d'équipement médical s'est révélé être un problème majeur au début de la pandémie. Nous demandons au gouvernement d'adopter une approche positive avec nos alliés les plus dignes de confiance et de trouver un moyen de circonscrire et de resserrer la façon dont les pays peuvent restreindre les exportations.
Nous ne sommes pas naïfs et nous comprenons certainement qu'il y aurait seulement un très petit groupe de pays avec qui nous pourrions le faire. Nous saluons le travail que le gouvernement a fait par l'entremise du Groupe d'Ottawa et nous pensons que cela pourrait être une bonne façon de prendre ce travail, en appliquant la transparence, limitant la durée et maintenant les proportions, et de le porter au niveau suivant de façon tangible.
Deuxièmement, il faut mettre un accent beaucoup plus net sur la question des subventions à l'industrie. Ce problème date de bien avant la pandémie, mais il va empirer à mesure que les gouvernements du monde entier injecteront d'énormes capitaux dans leurs industries nationales. Cela va fausser les règles du jeu, encore plus que ce n'est déjà le cas, au détriment des entreprises canadiennes, et nous devons certainement endiguer les excès des autres pays en recourant pour cela à des outils multilatéraux ou bilatéraux.
Le troisième aspect de la résilience de la chaîne d'approvisionnement est le commerce numérique et le commerce électronique. À mesure que d'autres activités passent au direct, nous devons veiller à ce que nos règles commerciales restent pertinentes dans l'économie de 2020, qu'il s'agisse de circuits transfrontaliers de données ou de mesures de facilitation du commerce qui appuieront le commerce électronique.
Le deuxième point dont je veux dire un mot concerne les États-Unis. Nous applaudissons très fort à l'entrée en vigueur de l'ACEUM et nous remercions les négociateurs comme M. Verheul et son équipe, qui ont fait un travail phénoménal jusqu'au fil d'arrivée. Cependant, notre principal message ici est qu'il est trop tôt pour lever le proverbial flambeau de la mission accomplie, étant donné qu'il reste plusieurs enjeux commerciaux à régler avec les États-Unis. Le spectre des droits tarifaires dits nationaux sur les métaux et les bobines électriques est encore bien présent. Nous sommes fermement opposés à ce que les États-Unis les utilisent et nous travaillons de près avec nos homologues officiels américains et invitons le gouvernement à prendre le dossier en main. Par ailleurs, nous n'avons pas encore d'accord sur le bois d'œuvre. Nous espérons que l'ACEUM créera une bande passante qui permettra de reprendre et de régler le problème.
Le dernier élément que je veux aborder dans ma déclaration préliminaire est notre relation avec le Royaume-Uni. En l'absence d'une nouvelle conjoncture, les entreprises canadiennes partent généralement du principe que le Royaume-Uni abandonnera son statut de transition avec l'Europe d'ici la fin de 2020 et qu'il adoptera son régime tarifaire global en janvier 2021, comme il l'a annoncé plus tôt cette année.
Cela signifie essentiellement que le temps passe. Étant donné qu'il y a des discussions en cours depuis un certain temps entre le Royaume-Uni et le Canada, nous sommes d'avis que nous devons conclure à la première occasion les efforts pour transposer l'AECG dans un accord bilatéral et enclencher les processus nécessaires de mise en œuvre, surtout ici au Canada.
Étant pleinement conscient de la situation, je sais que cette opinion place la Chambre de commerce du Canada dans une position légèrement différente de certains autres, mais notre position repose sur plusieurs facteurs.
Premièrement, les entreprises ont déjà connu plus que leur part de perturbations des chaînes d'approvisionnement depuis quelques mois. Donnons-leur la certitude dont elles ont besoin et assurons-nous qu'elles ne se verront pas infliger des droits de douane sur leurs exportations vers le Royaume-Uni, peut-être dès janvier prochain.
En second lieu, d'après les reportages des médias, la Commission européenne a dit au sujet de l'état des discussions entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, qu'elles pourraient s'étirer jusqu'en octobre. Il est certain que c'est très près de la fin de l'année, et compte tenu de notre calendrier parlementaire, si nous décidons d'attendre d'être absolument certains du résultat des pourparlers entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, cela ne laissera pas grand temps aux entreprises pour planifier, surtout dans le contexte de la COVID-19.
Le troisième facteur, c'est qu'en concluant un accord bilatéral avec le Royaume-Uni, sur le modèle de l'AECG, nous serons très bien placés pour faire avancer la relation commerciale à un autre niveau. Sur les 28 pays de l'Union européenne, le Royaume-Uni est probablement celui où nous pourrons probablement avoir la relation commerciale la plus avancée possible. Cela comprend, par exemple, l'approfondissement des services, le travail de réglementation et les règles du commerce numérique. Cela envoie aussi un important message au Canada, à savoir que nous sommes le seul pays du G7 à avoir des accords de libre-échange exhaustifs avec tous les autres pays du G7.
La Chambre de commerce du Canada représente le Canada dans un certain nombre de forums d'affaires, ce qui est une source de grande fierté dans nos pourparlers avec nos homologues lorsque nous représentons le Canada à l'étranger.
Je m'arrête ici, mais je serai certainement très heureux de répondre aux questions des membres du Comité pendant les tours de questions et réponses.