Je n’irais pas jusqu’à dire que j’ai de « graves préoccupations » à exprimer au sujet de cet amendement, mais comme je l’ai déjà dit, je ne suis pas en faveur de la recommandation, parce que j'ai l'intime conviction qu’elle dépasse la portée de notre rapport. Quand on examine des situations futures, on ne devrait jamais le faire dans le contexte de la situation en cours.
Je n’insisterai pas là-dessus. Je ne répéterai pas tout ce que j’ai déjà dit.
Cet amendement est très dangereux. Je peux comprendre pourquoi M. Turnbull ne partage pas ces préoccupations, mais je vais quand même vous faire part de mes réserves. À l’heure actuelle, le gouvernement est minoritaire. J’ai eu le privilège, si je puis m'exprimer ainsi, de servir dans quatre contextes différents au Parlement. J’ai été membre d’un gouvernement minoritaire. J’ai fait partie d’un gouvernement majoritaire. J’ai fait partie de l’opposition à un gouvernement majoritaire, et je siège maintenant dans un Parlement minoritaire à titre de député de l’opposition. Par conséquent, j’ai vu tous les différents modes de fonctionnement d'un Parlement.
On peut comprendre qu’en situation de gouvernement minoritaire, ce qui est manifestement la seule expérience de M. Turnbull, on ne s’inquiète pas autant du type de motion qu’il vient de présenter relativement à cet amendement, mais j’ai siégé dans l'opposition à un gouvernement majoritaire et au sein d’un tel gouvernement, un gouvernement majoritaire qui a été accusé de tous les maux par les députés du parti de M. Turnbull et d’autres, et je sais que s’il parlait à certains de ses collègues qui étaient là à ce moment, ils lui diraient probablement qu’ils auraient été terrorisés d’imaginer que le gouvernement puisse disposer de ce pouvoir.
J’ai eu le privilège ou l'occasion de servir dans l’opposition à l’actuel premier ministre, et un certain nombre de ses comportements me préoccupent beaucoup, notamment quand il cherche à obtenir des pouvoirs supplémentaires afin d’éviter d'avoir à rendre des comptes. Pour cette raison, je serais effrayé d’imaginer qu’il puisse disposer du pouvoir d’un vote majoritaire, s’il devait de nouveau diriger un gouvernement majoritaire, pour invoquer une telle mesure. Nous devrions tous, peu importe où nous siégeons actuellement, au gouvernement ou dans l’opposition, ou quel que soit le type d’expérience que nous avons comme députés, savoir que ce genre de pouvoir peut être extrêmement dangereux.
Au risque d'avoir l'air d'un conspirationniste, c'est ce type de pouvoir qui s'obtient sans l’accord des autres partis qui fait que les démocraties s’érodent, au point où elles ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. Je ne donnerai pas d'illustres exemples de ce qui s’est produit dans le passé, mais il en existe un grand nombre. Nous devrions tous être extrêmement prudents et très réticents à emprunter cette voie très risquée.
J’ai exprimé mon opposition à la recommandation initiale qui a été présentée ici au pied levé. Toutefois, si la majorité des membres du Comité veulent l'adopter, c’est évidemment ce que nous ferons. Par contre, celle-ci est si incroyablement dangereuse que je serais prêt à m’y opposer aussi longtemps que je le devrai pour convaincre les autres du danger qu'elle représente, si c’est ce qu’il faut faire. Elle est extrêmement dangereuse.
Pour ce qui est de la recommandation principale en soi, sans cet amendement, je continue de m’y opposer parce que j'estime que c’est une erreur. Toutefois, je ne sentirais pas le besoin de m’y opposer avec autant de ferveur.
Il est tellement important que nous protégions notre démocratie que je serais prêt à tout pour empêcher que ce pouvoir d'un vote majoritaire soit accordé.