Merci. Bonjour, monsieur le président, bonjour, chers membres du Comité.
Je m'appelle Keith Sullivan, et je témoigne aujourd'hui au nom de l'organisation syndicale Fish, Food and Allied Workers-Unifor. La FFAW représente près de 15 000 femmes et hommes qui travaillent à Terre-Neuve-et-Labrador. La plupart de nos membres sont employés par l'industrie de la pêche, et ils sont répartis dans plus de 500 collectivités de l'ensemble de la province. Environ 10 000 de nos membres sont des pêcheurs, et quelque 3 000 d'entre eux sont employés dans des usines de transformation du poisson.
La COVID-19 a eu de graves répercussions sur l'industrie de la pêche de notre province. Certaines pêches ont été retardées de plus d'un mois, au début de ce qui aurait été de lucratives saisons de pêche du crabe des neiges et du homard, en raison de problèmes de sécurité liés à la pandémie.
Maintenant que la pêche est opérationnelle à Terre-Neuve-et-Labrador, les difficultés du marché ont de graves répercussions sur les revenus. Pour replacer les choses dans leur contexte, l'année dernière, la pêche a rapporté 1,5 milliard de dollars à l'économie provinciale. La pêche du crabe des neiges valait 350 millions de dollars en 2019. Des pêcheries entières, comme celle de la crevette nordique, sont en péril en raison des répercussions de la COVID-19. Les pertes liées à la pandémie pourraient s'élever à des centaines de millions de dollars. Pour les petites collectivités côtières, cette situation a des effets dévastateurs.
Les travailleurs de la pêche continuent de s'inquiéter de leur sécurité au travail et des conséquences qu'une saison écourtée aura sur leurs revenus. Les pêcheurs et les ouvriers des usines de transformation du poisson comptent sur l'assurance emploi pour accroître leurs revenus pendant la saison morte.
Comme la plupart des pêcheurs s'attendent à une baisse significative de leurs revenus cette année, bon nombre d'entre eux craignaient à juste titre de ne pas être admissibles aux prestations d'assurance-emploi une fois la saison terminée, et ils ont été soulagés d'entendre l'annonce du gouvernement fédéral concernant les changements qui ont été apportés aux prestations d'assurance-emploi de pêcheur afin que les pêcheurs puissent utiliser les revenus de l'année précédente pour se prévaloir de ces prestations en 2020. Cette annonce s'ajoute à celle de la nouvelle subvention salariale et de la subvention pour les propriétaires d'entreprises de pêche.
Malheureusement, depuis l'annonce que le gouvernement fédéral a faite le mois dernier, aucun autre renseignement n'a été communiqué sur les changements apportés aux prestations d'assurance-emploi de pêcheur ou sur les autres programmes de prestations pour les pêcheurs. Cela a causé beaucoup de frustrations et d'anxiété aux pêcheurs. Chaque jour, notre syndicat reçoit maints et maints appels de la part de nos membres qui recherchent des renseignements ou des précisions sur ces programmes. Nous comprenons que les changements à l'assurance-emploi et la mise en place de ces programmes ne se feront pas du jour au lendemain, mais les difficultés que notre industrie affronte ont des répercussions sur les pêcheurs en ce moment. Ils ne peuvent pas attendre plus longtemps pour savoir comment ces programmes les aideront, eux et leurs familles.
À l'heure actuelle, la plupart des propriétaires-exploitants indépendants d'entreprises de pêche de notre province ne peuvent pas se prévaloir du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes. Il faut remédier à cette situation. Il y a de jeunes pêcheurs qui viennent d'investir d'énormes sommes d'argent, parfois des millions de dollars, dans des engins et des bateaux, par exemple, et qui, maintenant, ne peuvent avoir accès à un programme qui les aiderait à traverser l'année 2020, afin de pouvoir participer à la reprise économique.
Les travailleurs du secteur de la transformation du poisson affronteront des difficultés semblables. Ces travailleurs dépendent des prestations saisonnières de l'assurance-emploi et ont été laissés pour compte dans l'annonce fédérale relative au soutien des pêcheurs. Tout comme les pêcheurs, les ouvriers des usines de transformation du poisson et des autres secteurs de la pêche travaillent en première ligne, en fournissant des produits de la mer frais et de grande qualité aux marchés nationaux et internationaux, en nourrissant les collectivités côtières et en soutenant les familles de pêcheurs.
Compte tenu du début tardif de la saison des pêches et des difficultés du marché qui limitent la quantité de produits de la mer que nous allons transformer et exporter cette année, de nombreux travailleurs de la transformation du poisson n'auront pas accumulé suffisamment d'heures pour bénéficier d'une assurance-emploi adéquate, ou les prestations qu'ils recevront pour assurer leur subsistance jusqu'à l'année prochaine seront extrêmement faibles.
Ces travailleurs auront besoin que le gouvernement fédéral les soutienne soit en modifiant les prestations saisonnières de l'assurance-emploi, d'une façon semblable aux modifications qu'il a apportées récemment aux prestations d'assurance-emploi de pêcheur afin de s'assurer que l'admissibilité des pêcheurs reposerait sur les heures assurables de l'année dernière, soit en rajustant le programme en fonction de la pandémie. Par exemple, le gouvernement fédéral pourrait réduire le nombre de meilleures semaines qui entrent dans le calcul des prestations.
En ce qui concerne les autres politiques fédérales qui, selon moi, protégeront la pêche côtière, la nouvelle Loi sur les pêches offre certaines possibilités à cet égard.
Pour ce qui est de Terre-Neuve-et-Labrador, il n'est pas exagéré de dire que la politique de séparation des flottilles et la politique du propriétaire-exploitant sont deux des politiques de développement économique qui revêtent la plus grande importance pour nos collectivités côtières. Ces politiques ont permis de maintenir en place une flotte côtière viable et ont apporté une richesse importante aux collectivités de tous les coins de notre province.
Grâce à ces politiques, des recettes de plusieurs milliards de dollars ont été engendrées et sont demeurées dans les collectivités côtières. Ces politiques permettent d'assurer une distribution à grande échelle des revenus de la pêche et jouent un rôle essentiel dans notre industrie du tourisme, en soutenant un tissu culturel et social dynamique dans les régions rurales de Terre-Neuve-et-Labrador.
Toutefois, des sociétés, tant nationales qu'étrangères, ont exercé une influence sur l'application de la politique de séparation des flottilles et de la politique du propriétaire-exploitant ou elles ont entravé leur mise en œuvre. En conséquence, ces sociétés ont pris le contrôle des permis de pêche, et elles siphonnent la richesse de nos collectivités côtières et les bénéfices de la pêche côtière dont elles jouissent.
À la lumière de la COVID-19, il importe plus que jamais d'appliquer ces politiques, notamment en raison de l'incertitude économique à laquelle les pêcheurs font face.
Les modifications à la Loi sur les pêches que le Parlement a adoptées l'année dernière donnent force de loi à ces politiques du propriétaire-exploitant. L'application de la loi sera plus rigoureuse et aura désormais des conséquences juridiques. En transformant cette politique en loi, le gouvernement fédéral a reconnu le principe selon lequel la pêche côtière doit être guidée par ce qui bénéficie le plus aux propriétaires-exploitants indépendants et aux collectivités côtières, et non aux sociétés. C'est un principe que nous devons protéger aujourd'hui plus que jamais. Des mesures doivent être prises dès maintenant pour éradiquer ces accords de contrôle clandestins qui nuisent à nos collectivités côtières et à notre économie.
La pêche côtière est le principal moteur économique dans la majorité des collectivités côtières de Terre-Neuve-et-Labrador. Les emplois dans le secteur de la pêche assurent de bons revenus à la classe moyenne des collectivités rurales, et c'est la raison pour laquelle il est crucial de soutenir l'industrie à court terme.
La protection et la promotion d'une pêche qui sert les collectivités, relève les défis de la sécurité alimentaire et offre de bons salaires et des lieux de travail sûrs — voilà ce que doivent être les priorités de tous les ordres de gouvernement et de tous les intervenants de notre industrie, si vous voulez avoir des collectivités côtières dynamiques et durables et une économie où personne n'est laissé pour compte au sortir de cette pandémie.
Merci.