Monsieur le président, je suis ravi d'être en personne à la Chambre pour représenter les citoyens de ma circonscription, les formidables gens de Cowichan—Malahat—Langford.
En rétrospective, je doute que qui que ce soit parmi nous, au moment de formuler ses résolutions du Nouvel An en janvier, aurait pu prédire la tournure que prendraient les événements cette année. Certes, l'année 2020 est une année de grands bouleversements, de grande incertitude et de grande anxiété. Nous sommes ici pour faire état fidèlement des difficultés que vivent beaucoup de petites entreprises et de particuliers en cette période tumultueuse. Comme eux d'ailleurs, les gens de ma circonscription, Cowichan—Malahat—Langford, sont toujours aux prises avec les conséquences sociales et économiques de la pandémie de COVID-19.
Cette pandémie fait vraiment ressortir les lacunes de notre filet de sécurité sociale. Elle nous fait réaliser à quel point nous dépendons des travailleurs essentiels qui s'acquittent du travail de première ligne, compromettant leur propre santé et celle de leurs proches, souvent pour un faible salaire. Le pays compte plusieurs catégories de travailleurs, et ceux qui gagnent le moins et qui travaillent le plus d'heures par semaine sont souvent ceux qui s'exposent au danger. L'année 2020 a également mis en évidence l'inégalité systémique, la pauvreté et, bien sûr, le racisme, ce qui nous a forcés à réfléchir à des solutions pour remédier à ces problèmes.
L'objectif du NPD, durant cette pandémie, est d'apporter plus d'aide à un plus grand nombre de personnes, et ce, plus rapidement. Lorsque le gouvernement a mis en œuvre ses programmes, ils étaient bien souvent inadéquats au premier abord. Grâce aux commentaires formulés par les députés de l'opposition, nous avons pu améliorer ces programmes. Oui, il existe encore des lacunes. Cependant, en comparaison des programmes qui étaient offerts à la fin mars et au début avril, je crois que nous avons obtenu des succès et des améliorations mesurables, ce qui témoigne de l'excellent travail des députés de l'opposition. Cela témoigne aussi des efforts des électeurs qui ont informé leurs députés de ce qui fonctionnait et de ce qui ne fonctionnait pas, ainsi que du fait que nous avons pu faire entendre leurs voix à la Chambre et obtenir les changements dont ils avaient grandement besoin.
Hélas, il y a quelques semaines, le scandale lié à l'organisme UNIS a éclaté et a pris toute la place dans la sphère politique. Les Canadiens s'attendent à ce que nous nous concentrions sur eux et sur les efforts de relance; malheureusement, le ministre des Finances et le premier ministre se trouvent encore une fois dans une situation difficile qu'ils ont eux-mêmes créée.
Le plus important document qu'un ministre devrait lire lorsqu'il entre en fonction est la Loi sur les conflits d'intérêts. Cette loi dit clairement qu'une personne doit se récuser dans les situations qui pourraient supposer des avantages pour elle, les membres de sa famille ou ses amis et que les ministres ne doivent pas accepter de voyages gratuits dans l'exercice de leurs fonctions, surtout d'un organisme qui pourrait bénéficier de contrats et de services gouvernementaux. Malheureusement, comme les libéraux ont le don de s'empêtrer dans tous les problèmes d'éthique possible, nous devons nous occuper de cette affaire alors que nous pourrions nous pencher sur des questions importantes pour les gens de nos circonscriptions.
Ainsi, la situation est très difficile pour de nombreuses petites entreprises de ma circonscription et du pays en général. Si on examine les chiffres de la Chambre de commerce de la Colombie-Britannique par exemple, on constate que la plupart des entreprises interrogées ont signalé une baisse de revenus qui a entraîné des pertes d'emploi. Chacun de ces employés est une autre personne qui n'a pas pu subvenir aux besoins de sa famille et qui a dû trouver une façon de joindre les deux bouts. De nombreuses personnes se sont retrouvées dans ce genre de situation difficile.
Je peux citer deux exemples particuliers au sein de ma circonscription. Je pense d'abord à V2V Black Hops Brewing, située à Langford. Il s'agit d'une brasserie de type social qui consacre une partie de ses bénéfices à l'aide aux anciens combattants, notamment ceux qui sont sans abri. C'est une cause très noble, car même si le gouvernement a reçu l'argent du Parlement pour résoudre les problèmes qui affligent les anciens combattants, il y a malheureusement toujours un gros problème pour leur fournir des prestations et des services adéquats.
Cet excellent programme est géré à Langford par V2V Black Hops Brewing. Malheureusement, l'entreprise n'était admissible ni à la Subvention salariale d'urgence du Canada ni à l'Aide d'urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC) en raison de problèmes avec l'ARC. Mon bureau a essayé à plusieurs reprises d'obtenir l'aide de la ministre du Revenu national dans ce dossier, mais jusqu'à présent, c'est le silence radio.
Je songe également au détaillant Sports Traders Duncan, détenu et géré par Richard et Maureen Ellis depuis 1995. Bien entendu, leur chiffre d'affaires a chuté rapidement en raison de l'absence d'événements de sports d'équipe. Personne ne vient acheter d'équipements sportifs, ce qui a entraîné une perte considérable de revenus. Ce fut une chute catastrophique pour une entreprise établie au sein de ma collectivité depuis environ 25 ans. Leur locateur ne voulait pas demander l'AUCLC, et malheureusement, les libéraux ont conçu ce programme de manière à ce que l'adhésion du locateur soit nécessaire.
Que fait une entreprise quand son locateur ne coopère pas? Même si j'ai porté cette question à l'attention de plusieurs ministres, il n'y avait aucune autre solution. Malheureusement, cette entreprise, qui est un pilier de ma circonscription depuis de nombreuses années, se retrouve maintenant acculée à la faillite. Même si elle appartient à deux personnes exceptionnelles de ma circonscription, elle fermera probablement ses portes pour de bon.
Je tiens à souligner les efforts déployés par deux membres de notre caucus: le député de New Westminster—Burnaby, qui est le porte-parole du NPD en matière de finances, et le député de Courtenay—Alberni, qui est le porte-parole du NPD pour la petite entreprise et le tourisme. Ces deux députés ont demandé maintes fois au gouvernement d'améliorer le programme. Malheureusement, l'inaction est la seule réponse qu'ils ont reçue.
Voilà les problèmes qu'il faut régler. Les petites entreprises continuent à compter sur leurs représentants à la Chambre pour trouver des moyens de se rétablir alors que nous entrons dans les dernières étapes de la lutte contre la pandémie.
Je viens de la Colombie-Britannique et je m’en voudrais de ne pas parler de la crise des opioïdes qui sévit et qui continue de faire des ravages dans ma circonscription. La Colombie-Britannique a connu un nombre record de décès au cours des derniers mois. Malheureusement, c’est à cause de la vente dans la rue de drogues toxiques que nous continuons de voir ces cas de mort par surdose.
Je félicite le gouvernement fédéral et celui de la Colombie-Britannique d'avoir mis en œuvre des projets pilotes, dans le cadre du programme de lutte contre la toxicomanie, pour tenter de s’attaquer à ce problème et de fournir un approvisionnement de drogues sûres aux usagers de façon à ce qu’ils ne soient plus exposés à ces substances toxiques. Toutefois, il est temps que le gouvernement fédéral passe à la prochaine étape. Il faut que le gouvernement fédéral assume ses responsabilités et se joigne à l’Association canadienne des chefs de police, à des responsables de la santé d’un peu partout au pays et au premier ministre de la Colombie-Britannique pour enfin mettre en place les mesures de décriminalisation dont nous avons besoin. Le plus grand obstacle demeure la criminalisation de la possession d’une petite quantité de drogue. Nous devons trouver un moyen d’amener les gens à parler de leurs problèmes et à demander l’aide dont ils ont besoin sans craindre l’intervention du système de justice pénale.
Je ne parle pas de légaliser les drogues. J’estime qu’il faut continuer d’imposer des sanctions aux trafiquants et aux vendeurs de drogues, mais que ceux qui souffrent de leur dépendance aux drogues ne sont pas du ressort du système de justice pénale. Ce sont plutôt aux services sociaux et aux services de santé d’intervenir pour s’attaquer à ce problème persistant et très profond.
Durant la minute qui me reste, je dirai que notre société a été mise sur « pause ». Collectivement, nous avons eu le temps et l’espace pour réfléchir à ce que nous avons été, à ce que nous sommes actuellement et à ce vers quoi nous voulons aller dans l’avenir. Il est très évident que nous ne pourrons pas reprendre les choses comme elles étaient auparavant, non seulement à cause des déficiences du filet de sécurité sociale, des lignes de faille existantes et des inégalités profondes observées. Il est temps pour nous de réfléchir réellement aux mesures que nous pouvons mettre en place, non seulement aux projets prêts à démarrer, mais aux projets qui méritent d’être entrepris, en veillant vraiment à nous occuper des gens, à leur donner un revenu approprié pour vivre et à investir dans des projets d’énergie et d’infrastructure qui répondront réellement aux besoins du Canada du XXIe siècle.