Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec l'excellent député de Langley—Aldergrove. J'ai bien hâte d'entendre ses commentaires.
J'aurais préféré commencer mon discours sur une note plus positive. Le monde traverse une période très triste. Cette semaine, le milieu du sport a perdu un grand athlète, Kobe Bryant, dont la fille est aussi décédée dans le même accident. Le monde pleure cette perte.
En songeant à cet événement, je me suis mise à réfléchir au milieu du sport en général et au discours que je devais prononcer aujourd'hui à la Chambre des communes. J'ai pensé d'abord à un de mes films préférés, qui traite également de sport. Il s'agit de Jerry Maguire, un film qui remonte à ma prime jeunesse.
J'aime beaucoup ce film. Il porte sur un agent d'athlètes professionnels qui, un jour, décide de quitter la grande entreprise où il travaille parce qu'il s'interroge sur son sens de l'éthique. Malheureusement, il ne réussit à trouver qu'un seul client. Les députés se rappellent peut-être qu'il s'agit du personnage très sociable et hardi joué par Cuba Gooding Jr. Une réplique célèbre tirée du film me vient à l'esprit alors que nous débattons de cette motion de l'opposition aujourd'hui, soit: « Montrez-moi l'argent. »
Certes, les Canadiens ont fait les frais des déficits records. Selon le budget de 2017-2018, la dette fédérale s'élevait à 671,3 milliards de dollars, ce qui n'est pas un montant négligeable. J'aurais aimé dire que cette somme n'a pas augmenté depuis, mais hélas, en 2018-2019, elle est passée à 696,5 milliards de dollars.
Le déficit fédéral prévu dans le budget de 2019-2020 devrait atteindre 19,8 milliards de dollars, comme le soulignent non seulement l'Institut Fraser, mais aussi le magazine Maclean's. C'est énorme. Par conséquent, qu'attendons-nous du gouvernement, maintenant qu'il a imposé toutes ces taxes? Nous nous attendons à ce qu'il nous montre l'argent.
Examinons d'abord un peu les exemples où l'argent n'est pas au rendez-vous. Je crois que c'est assez évident à la lumière des conclusions du directeur parlementaire du budget.
En 2017, le directeur parlementaire du budget a constaté que les libéraux n'avaient dépensé que la moitié des fonds qu'ils avaient promis de consacrer aux infrastructures. En 2018, lorsque le directeur parlementaire du budget a demandé le plan d'infrastructure des libéraux, il a découvert qu'en fait, ce plan n'existait pas. En 2019, lorsque le directeur parlementaire du budget a demandé une liste de tous les engagements liés à des projets précis dans le cadre du plan Investir dans le Canada, le gouvernement libéral n'a pas été en mesure de fournir les données. Il s'agit d'un plan de 186,7 milliards de dollars, et le gouvernement est incapable de nous montrer l'argent. Je crois que c'est ce que réclament les Canadiens. Ils veulent que le gouvernement nous montre l'argent.
Le directeur parlementaire du budget a constaté que les libéraux n'avaient même pas débloqué les fonds qu'ils avaient eux-mêmes prévus pour les infrastructures et que 60 % des dépenses liées aux infrastructures avaient été repoussées au cours des deux premières années. C'est terrible. Quand l'ancien ministre de l'Infrastructure s'est fait demander à la Chambre à quoi avaient servi les 187 milliards de dollars réservés aux infrastructures, il a dit avoir acheté quelques autobus.
Les libéraux prétendent que les dépenses en infrastructures feront grimper le PIB de 0,3 % en moyenne par année, mais en réalité, le directeur parlementaire du budget estime qu'au mieux, le gouvernement a manqué sa cible d'environ 67 %.
En vérité, personne ne sait trop combien d'argent le gouvernement consacre aux infrastructures. Le premier ministre l'ignore, le directeur parlementaire du budget aussi, tout comme le ministère des Finances. Même le ministère de l'Infrastructure est dans le noir.
Nos collaborateurs ont en effet demandé au directeur parlementaire du budget de s'adresser directement au ministère de l'Infrastructure pour savoir combien d'argent le gouvernement consacre aux infrastructures, mais même lui a été incapable de répondre.
Selon le directeur parlementaire du budget, le plan du gouvernement en matière d'infrastructures n'existe tout simplement pas, ce qui prouve que le plan Investir dans le Canada est un modèle d'incurie et d'improvisation et que la motion d'aujourd'hui a toute sa raison d'être.
D'après l'analyse du directeur parlementaire du budget, toutes les dépenses du premier ministre n'ont pas eu d'impact différentiel sur les infrastructures au Canada. En 2017 et en 2018, 40 % des fonds prévus par le premier ministre pour les infrastructures seraient restés inutilisés. On parle de fonds promis qui ne sont jamais sortis des coffres. Selon les estimations du directeur parlementaire du budget, 40 % des fonds affectés aux infrastructures de 2016-2017 à 2018-2019 ne seront pas utilisés. C'est pourquoi aujourd'hui, au nom des Canadiens, je demande au gouvernement de nous montrer l'argent.
Selon le compte économique de l'infrastructure de Statistique Canada, les dépenses en infrastructures n'ont presque pas augmenté. Entre 2015 et 2018, la dernière année pour laquelle des données sont disponibles, le montant annuel des investissements dans les infrastructures, en dollars constants, est passé de 70,7 à 71,5 milliards de dollars. C'est un tout petit 0,8 milliard annuellement malgré la somme faramineuse de 35 milliards de dollars que le premier ministre a affectée aux infrastructures sur cette période. Encore une fois, je demande au gouvernement de me montrer l'argent.
Je me suis dit que si nous ne voyions pas la trace de cet argent dans les grands bureaux du Parlement et du gouvernement du Canada, je pourrais trouver les preuves des dépenses près de chez moi. Hélas, je n'ai pas trouvé l'argent là non plus. Je me suis penché, par exemple, sur le cas du pipeline de 4,4 milliards de dollars, dont ma province a désespérément besoin à l'heure actuelle. Je comprends que les travaux ont débuté en décembre, mais nous devons nous projeter franchement très loin dans le futur, jusqu'au deuxième ou troisième trimestre de 2022, pour y trouver la date prévue d'achèvement la plus optimiste. Cela veut dire dans trois ans. C'est donc trois autres années perdues pour l'Alberta. Encore une fois, je demande au gouvernement de me montrer l'argent.
J'ai approfondi davantage la recherche, toujours près de chez moi, en examinant un projet que tous les habitants de Calgary ont à cœur: la ligne verte. Après plusieurs années de tergiversations et de revirements, nous avons finalement obtenu un engagement du gouvernement fédéral. Cependant, pour quand prévoit-on la réalisation de cet engagement? Ce sera en 2026. J'aurai alors plus de 50 ans. J'espère que mon fils aura un permis d'apprenti d'ici là. Je demande à nouveau au gouvernement de me montrer l'argent.
Je peux dire qu'il y a deux endroits où nous pouvons voir l'argent. Le premier, c'est dans le coût d'administration de la Banque de l'infrastructure. Rien n'a été construit, mais des fonds ont été affectés à cet égard. En 2019, un montant de 11,376 millions de dollars a été réservé, ce qui comprend les salaires du personnel, les honoraires professionnels et les frais de voyage, mais il n'y a pas un seul projet d'infrastructure. Quelqu'un devrait appeler le député de Nouveau-Brunswick-Sud-Ouest et demander à rétablir le rapport sur le gaspillage, car nous voyons que l'argent est là, mais il n'y a aucune infrastructure.
Il y a un autre endroit où nous voyons l'argent, mais malheureusement, ce n'est pas au Canada. C'est en Asie, plus précisément dans la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures. Grâce à une contribution de 256 millions de dollars sur une période de cinq ans, nous détenons 1 % des actions, ce qui est très impressionnant. Trois projets de pipeline sont en cours là-bas. Il n'y en a aucun ici, mais on en trouve trois là-bas. De plus, comme mon collègue de la belle circonscription de Calgary Shepard l'a indiqué aujourd'hui, le gouvernement fait passer ce montant, qui se veut un cadeau, comme un investissement; autrement dit, le gouvernement n'est même pas transparent dans la façon dont il consigne les montants, et encore moins la façon dont ils sont utilisés. Je ne veux même pas parler de l'initiative la Ceinture et la Route qui est menée un peu partout dans le monde et à laquelle nous contribuons au moyen de ces investissements.
Le gouvernement a maintenu son programme qui consiste à imposer et à dépenser... oh, je ne peux même pas parler de dépenses parce que l'argent n'a pas été investi. J'aurais bien aimé pouvoir dire que c'est un gouvernement porté sur les impôts et les dépenses, mais il ne reste plus que les impôts. Il continue de s'emparer de notre argent en alourdissant le fardeau fiscal, en contractant des dettes et en enregistrant des déficits, comme je l'ai dit au début de mon discours.
En conclusion, au nom des habitants de Calgary, des Albertains, des braves gens de Calgary Midnapore et de l'ensemble des Canadiens, je demande au gouvernement de nous montrer l'argent.