Monsieur le président, depuis le début de la crise, l'opposition officielle pose des questions au gouvernement et lui propose des politiques qui permettraient de soutenir les Canadiens aux prises avec la pandémie et de favoriser la reprise économique par la suite.
Le gouvernement refuse malheureusement d'écouter non seulement nos bonnes idées, mais aussi les supplications des Canadiens. Depuis le tout début de la crise, les nouveaux et les futurs parents qui ont perdu leur emploi à cause de la COVID-19 nous disent qu'ils n'accumuleront pas le nombre d'heures nécessaires pour avoir droit aux prestations parentales de l'assurance-emploi. Cette semaine, un de ces parents m'a dit qu'il lui manquerait huit heures.
Au cours des derniers mois, j'ai demandé à maintes reprises à la ministre pourquoi elle n'avait toujours pas réglé ce problème. Elle a déclaré qu'il serait réglé, peut-être, à un moment donné.
On ne parle pas d'un problème futur. Les gens ont des enfants maintenant, aujourd'hui même, et ils n'ont aucune certitude quant à leur admissibilité aux prestations parentales. Service Canada leur dit qu'ils n'y sont pas admissibles et qu'il faudrait un changement de politique pour qu'ils deviennent admissibles. Un nouveau parent s'est même fait dire abruptement par les fonctionnaires qu'il n'avait qu'à retourner travailler et il n'est peut-être pas le seul.
Imaginons un jeune parent, peut-être un parent seul, qui a déjà peur d'avoir un bébé pendant une pandémie et à qui il manque seulement 25 heures pour toucher des prestations.
On dit aux gens de retourner au travail, mais leur travail a encore disparu. Non seulement les nouveaux parents ont besoin de temps avec leur enfant, mais on leur demande de retourner au travail. De nombreux secteurs n'existent tout simplement pas en ce moment, et il n'y a pas de travail vers lequel retourner.
Avoir un enfant devrait être la partie la plus joyeuse de la vie, mais, en raison du refus du gouvernement de s'attaquer à ce problème, c'est devenu une période d'anxiété et de peur.
Si le gouvernement n'a pas l'intention de régler ce problème, il doit cesser de dire qu'il le fera et de susciter l'espoir des gens. Le gouvernement abandonne une génération de familles canadiennes, et nous n'arrêterons pas de nous battre en leur nom.
Autre grave problème, des bénéficiaires de la PCU qui peuvent maintenant retourner au travail en sont incapables si leur employeur a conclu un accord de travail partagé. Selon une telle entente, l'employeur et le gouvernement peuvent répartir les salaires des travailleurs pour que les gens puissent retourner au travail, et cette mesure fait partie du système d'assurance-emploi depuis un certain temps. Malheureusement, des bénéficiaires de la PCU apprennent qu'ils ne pourront pas bénéficier d'une telle entente jusqu'à ce que la ministre apporte un changement à la politique pour permettre cette transition.
Encore une fois, des employés de Service Canada disent aux employeurs et aux bureaux des députés que ce n'est que le bureau de la ministre qui retarde les choses.
Pourquoi le gouvernement ne veut-il pas apporter ce changement? C'est ahurissant. Ces gens ont des possibilités d'emploi. Ils veulent travailler, mais une formalité les en empêche, et la ministre peut régler le problème dès aujourd'hui.
Quand nous avons demandé aux employés de son bureau quand cela serait réglé, ils nous ont dit que le vrai problème était que le travailleur avait commis une erreur et demandé à tort la PCU au lieu de la prestation du Programme de travail partagé. Ils blâment les victimes et refusent de régler ce problème.
Fixation de congé parental et correction du Programme travail partagé sont des changements simples qui aident les gens maintenant. La ministre peut retourner à son bureau aujourd'hui et régler ces problèmes. J'espère qu'elle le fera.
L'opposition a proposé une solution importante: offrir une prime de retour au travail. La PCU est punitive, puisque toute aide est retirée dès que le bénéficiaire gagne plus de 1 000 $ par mois. Aucun programme gouvernemental ne devrait décourager le travail, mais c'est exactement ce que fait inutilement la PCU.
Nous avons proposé une solution parfaite qui rendrait le programme de la PCU plus généreux et plus souple tout en rendant le travail plus attrayant. Évidemment, le gouvernement n'en a pas du tout tenu compte. Les Canadiens ont besoin d'aide pour faciliter la transition vers le marché du travail et aider les entreprises locales à offrir des quarts de travail et à se rétablir.
Cependant, nous savons que la PCU est encore essentielle pour de nombreux Canadiens.
Notre reprise économique sera stimulée par le travail acharné, l'innovation et l'esprit d'entreprise des Canadiens. Nous nous sommes efforcés de nous assurer que les Canadiens bénéficiaient du soutien dont ils avaient besoin. Toutefois, le gouvernement a rejeté ces correctifs encore et encore, sans aucune explication.
Quelle a été sa réponse aux nouveaux parents? Le gouvernement n'a donné aucune réponse. Quelle a été sa réponse aux personnes souhaitant faire du travail partagé? Le gouvernement n'a donné aucune réponse.
Quelle a été sa réponse à une proposition visant à garantir que les gens puissent travailler davantage tout en conservant leurs prestations? C'est le silence radio.
Il se fend en quatre pour récompenser ses amis en leur attribuant des marchés publics de centaines de millions de dollars, alors qu'il ignore les Canadiens moyens ayant besoin d'aide pour se remettre sur pied. Le gouvernement libéral dit aux nouveaux parents qui le supplient de les aider de retourner au travail, alors qu'il donne des tonnes d'argent aux amis des libéraux.
Nous arrivons maintenant au sujet de l'avenir de l'assurance-emploi. Le gouvernement a annoncé que la PCU prendrait fin et que les gens pourraient réclamer de l'assurance-emploi. Les millions de Canadiens qui ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi obtiendront probablement autre chose, mais qui sait ce que ce sera?
Tout ce que les Canadiens ont reçu de ce gouvernement est incertain, et ils manquent d'information. Assurer aux gens qu'ils pourront payer leur loyer et subvenir aux besoins de leur famille est certainement un champ politique dans lequel le gouvernement veut semer autant d'ambiguïté que possible.
Quand j'ai eu l'honneur d'être nommé à mon poste actuel au sein du cabinet fantôme, j'ai assisté à une série de séances d'information avec le personnel d'Emploi et Développement social Canada. Il y a notamment été question de l'avenir du régime d'assurance-emploi. La personne responsable de ce dossier, qui est experte en la matière, m'a dit que même si tout se déroule bien, il faudra peut-être une décennie pour passer à un régime d'assurance-emploi nouveau et moderne. Le personnel du ministère a également affirmé que tout changement à l'assurance-emploi prendrait 16 mois à mettre en œuvre. Or, le premier ministre semble dire qu'une telle transition se produira le mois prochain et que, même si le gouvernement ne peut fournir aucun détail, les Canadiens n'ont qu'à tenir bon.
La Prestation canadienne d'urgence prend fin alors qu'il y a encore des millions de demandes actives et que la ministre a elle-même dit plus tôt cette année que le gouvernement avait instauré cette prestation parce que le régime d'assurance-emploi ne pouvait pas traiter autant de demandes. Toutefois, les libéraux veulent maintenant que la population leur fasse confiance, en se contentant de soutenir que tout ira bien, sans fournir aucune preuve que des améliorations ont été apportées.
Cette semaine, le ministre a annoncé qu'il établirait le taux de chômage en baisse de 13 % partout au pays puisque les jeunes auront besoin de travailler moins d'heures pour être admissibles aux prestations régulières de l'assurance-emploi dans les régions où le chômage est moins élevé. Selon moi, il s'agit d'une solution technique provisoire pour inciter le système désuet à accepter que les candidats travaillent moins d'heures. Il ne s'agit donc pas d'un nouveau système. Il s'agit du même système qui est tombé en panne en mars, nécessitant la mise en œuvre de la PCU, sur laquelle il n'y avait aucun contrôle. Tout comme les congés parentaux, ce n'est pas un problème à venir, c'est un problème actuel, et les jeunes ont peur.
La professeure Tammy Schirle de l'Université Wilfrid Laurier a posé la question hypothétique ci-après qui, selon moi, illustre également une sérieuse préoccupation. Voici sa question: « Joe a été mis à pied à la mi-mars et a immédiatement présenté une demande d'assurance-emploi et il a obtenu la PCU. Ces prestations seront-elles calculées comme entrant dans les 26 semaines de prestations? Ou est-ce que la transition à l'assurance-emploi est considérée comme une nouvelle demande? » Les gens qui ont obtenu la PCU lorsqu'ils ont fait une demande d'assurance-emploi ont vraisemblablement un dossier à l'assurance-emploi. Les dossiers des prestataires seront-ils transférés à l'assurance-emploi? Comment le système sait-il que la période de prestations au titre de la PCU n'est pas déduite de la période de prestations d'assurance-emploi s'il s'agit de la même personne? Le gouvernement n'a-t-il pas affirmé que toutes les prestations au titre de la PCU seront transférées à l'assurance-emploi sans aucun problème?
Quelle preuve le gouvernement peut-il donner aux Canadiens que cela se fera en douceur, qu'ils peuvent être assurés qu'il n'y aura pas d'attente? Le gouvernement n'en a donné aucune. Il a fallu quelques jours pour toucher la PCU mais les personnes qui ont fait une demande d'assurance-emploi ont dû attendre presque un mois avant de recevoir des prestations. Les gens devront-ils attendre un mois à compter du transfert avant de recevoir de l'argent? Si c'était le cas, de nombreuses personnes seraient privées de soutien financier pendant plusieurs mois.
Je ne pose pas ces questions pour inquiéter les gens ou pour donner l'impression que c'est la catastrophe. Je les pose simplement parce que nous n'avons aucune preuve que le gouvernement se penchera sur cet enjeu en ce moment où les Canadiens ont vraiment besoin de certitude.
Je n'ai pas abordé certains aspects importants de ce dossier. Le gouvernement assure qu'il y aura une mesure pour les gens qui ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi. Devront-ils faire une demande d'assurance-emploi? L'Agence du revenu du Canada administrera-t-elle un programme comparable à celui de la PCU ou cette tâche incombera-t-elle à Emploi et Développement social Canada? Les participants à ce programme recevront-ils un montant fixe ou un pourcentage de leur salaire comme dans le cas de l'assurance-emploi? Ce sont des questions importantes pour lesquelles nous méritons d'avoir des réponses.
Les Canadiens méritent des réponses.
Pour l'instant, le gouvernement se contente de dire aux gens d'attendre et que tout ira pour le mieux.
Nous, de l'opposition officielle, exigerons que le gouvernement rende des comptes et donne de vraies réponses. Les Canadiens ne méritent rien de moins.