Monsieur le Président, merci beaucoup de cette intervention. Il y a beaucoup de choses à apprendre, surtout pour les nouveaux députés.
Comme je le disais, les attentes rendent les négociations difficiles. Nous en sommes aux dernières semaines avant la ratification de cet accord. Le Mexique a fait tout son travail à l'avance et les États-Unis ont consacré plusieurs semaines à la ratification de leur côté. Nous voici en ce 3 février en train d'essayer de ratifier l'accord que nous ont présenté les libéraux. Le gouvernement libéral vient de se rendre compte qu'il est minoritaire et a besoin de l'appui de l'opposition pour faire adopter le projet de loi.
Comme à bien des personnes ici, on m'a posé de nombreuses questions à propos du nouvel ALENA pendant la campagne électorale. La plupart de ces questions portaient sur l'industrie laitière ou les produits sous gestion de l'offre. J'y reviendrai un peu plus loin. J'aimerais d'abord donner quelques chiffres sur les exportations de la Nouvelle-Écosse à destination des États-Unis. Ces chiffres portent sur les années 2015, 2017 et 2018.
En 2015, 69,39 % des exportations de biens de la Nouvelle-Écosse vers l'étranger ont pris la direction des États-Unis. Les États-Unis sont de loin le premier partenaire commercial de la Nouvelle-Écosse. L'Europe, avec environ 10 %, et d'autres pays, avec environ 20 %, ont reçu le reste des exportations de la Nouvelle-Écosse en 2015.
Quatre régions des États-Unis ont reçu environ 85 % des marchandises expédiées par la Nouvelle-Écosse dans ce pays en 2015. Comme on pouvait s'y attendre, quelque 37 % des marchandises ont été envoyés en Nouvelle-Angleterre, dans l'Est du pays. Environ 24 % ont été exportées dans la région du Sud-Est, 15 % dans la région des Grands Lacs et quelque 8 % dans la région du Centre-Est. Les 14,77 % restants ont été répartis entre d'autres régions des États-Unis.
En 2015, le caoutchouc ou les pneus de Michelin et les produits de la pêche ont constitué environ 55 % des exportations totales de la Nouvelle-Écosse. Il s'agissait des principales exportations de cette province vers les États-Unis. Le papier, les combustibles minéraux et le plastique ont représenté 17 % des exportations vers les États-Unis. Les 28 % restants étaient constitués de divers autres biens.
En 2018, les produits de la pêche ont représenté 24 %, soit 883,5 millions de dollars, des exportations totales de la Nouvelle-Écosse vers les États-Unis. Les crustacés, les homards, les crabes et autres ont constitué environ 69 %, soit 605 millions de dollars, de ce groupe de produits.
Les exportations de la Nouvelle-Écosse continuent de se diversifier en fonction de leur destination. Si on compare les mois de janvier et février 2018 à ceux de 2017, on constate que les exportations vers les États-Unis ont diminué d'environ 0,6 % alors que les exportations vers d'autres destinations ont augmenté d'environ 31 %. C'est également le cas de nombreuses autres provinces canadiennes. Les exportations du Nouveau-Brunswick, du Québec, du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta, où la croissance des exportations vers les États-Unis a dépassé celle des exportations vers d'autres destinations, sont devenues de plus en plus axées sur les États-Unis.
Les recettes provenant des exportations de la Nouvelle-Écosse vers les États-Unis ont diminué d'environ 3,4 millions de dollars, car la baisse de la valeur de l'énergie, des produits forestiers, de l'électronique, des véhicules et des pièces automobiles, des avions et autres équipements de transport ainsi que des biens de consommation a plus que contrebalancé les gains réalisés dans les secteurs de l'agriculture, de la pêche, des aliments intermédiaires, des minerais métalliques, des métaux, des produits minéraux, des produits chimiques, des plastiques, du caoutchouc et des machines.
Soit dit en passant, le coronavirus crée énormément de problèmes pour les exportateurs canadiens. La Chine est la deuxième destination en importance pour les exportations de la Nouvelle-Écosse. Si on compare les mois de janvier et février 2018 à ceux de 2017, la valeur des exportations de la Nouvelle-Écosse a augmenté d'environ 36 millions de dollars, surtout en raison des gains réalisés dans le domaine des produits forestiers et des biens de consommation.
Ce serait vraiment un euphémisme que de dire que le commerce avec les États-Unis est important pour le Canada et que l'accord commercial qui l'appuie est primordial.
Puisque je parle beaucoup de l'industrie de la pêche dans la circonscription de Nova-Ouest qui, comme on peut le voir, exporte presque tous ses produits à l'extérieur du pays, j'ai décidé de consacrer le reste de mon intervention à l'industrie agricole. Elle n'exporte peut-être pas autant, mais elle a été grandement touchée par les modifications apportées aux mesures de protection des produits soumis à la gestion de l'offre. Il semble que ces produits sont touchés chaque fois que le Canada négocie un accord de libre-échange.
Il y a quelques années, en 2005, alors que j'étais ministre provincial de l'agriculture, j'ai assisté aux négociations de l'Organisation mondiale du commerce à Hong Kong. À l'époque, il y a eu une longue discussion sur le soutien que le Canada continuait d'apporter aux produits de base soumis à la gestion de l'offre ainsi que sur la pression exercée par l'Union européenne et les États-Unis. À ce moment-là, le gouvernement libéral du jour était prêt à ouvrir les portes aux autres pays.
Ce n'est que lorsque les ministres libéraux, conservateurs et néo-démocrates des provinces ont uni leurs forces, avec le soutien des associations nationales de producteurs, que l'équipe de négociation a finalement renoncé à cette idée. J'étais un défenseur des produits de base du Canada bien avant tout cela. Je le suis plus que jamais maintenant que je représente la plus grande région agricole de la Nouvelle-Écosse.
La communauté agricole de la Nouvelle-Écosse est petite comparativement à celle des autres provinces, mais les produits laitiers et la volaille en sont l'épine dorsale. Sans eux, les autres produits auraient du mal à continuer. C'est pourquoi toute perte de marché a des conséquences plus grandes en Nouvelle-Écosse. Une perte de 3,6 % du marché laitier nuit véritablement aux petites exploitations agricoles de la Nouvelle-Écosse. Voilà pourquoi les compensations sont nécessaires pour permettre une meilleure rentrée de fonds malgré ces changements du marché.
Je crois fermement à l'importance d'écouter la population. Nous devons écouter les gens de nos circonscriptions. Je tiens à souligner ce qu'ont exprimé certains joueurs dans ce dossier.
L'ACCAA, l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire, a déclaré:
L'ACCA se réjouit de l'annonce de la conclusion des négociations sur la fin des négociations de l'accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.
Nous attendons avec impatience de recevoir la confirmation que les changements n'auront pas d'impact négatif sur nos membres.
Depuis la conclusion des négociations initiales il y a bien plus d'un an, les discussions nécessaires pour l’obtention de l’appui du Congrès américain ont miné la certitude du commerce et des affaires.
L'ACCAA attend des réponses sur ce que sera la décision finale.
Pierre Lampron, président de la Fédération canadienne des producteurs de lait, a dit que, dans un système parlementaire, « les projets de loi, incluant ceux qui visent à ratifier les accords internationaux, sont soumis à une révision afin de permettre de les bonifier, et cet accord gagnerait à l’être, non seulement pour le secteur laitier, mais aussi pour les travailleurs du secteur de l’aluminium ».
J'espère que tous auront l'occasion de s'entretenir avec les producteurs laitiers qui viendront sur la Colline du Parlement au cours des prochains jours.
L'accord de libre-échange nord-américain est extrêmement important pour les producteurs de ma circonscription, mais ils ne veulent pas n'importe quel accord. Il nous en faut un qui soit avantageux pour nos secteurs d'activités et qui ne tient pas pour acquise une région du pays, comme nous le voyons pour l'enjeu de l'aluminium. Le gouvernement doit nous prouver et, mieux encore, prouver aux Canadiens, qu'il fait les choses comme il se doit. C'est maintenant à lui de jouer.