Madame la Présidente, je suis heureux de participer au débat d'aujourd'hui. En tant que producteur agricole et ancien exportateur vers les États-Unis et le Mexique, je suis fier de l'importance que revêt le libre-échange pour les conservateurs. Le libre-échange est d'ailleurs l'héritage que nous avons laissé en tant que Parti conservateur. En effet, c'est un ancien premier ministre conservateur, M. Mulroney, qui a négocié le premier ALENA. Avant cela, il y avait l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis.
Avoir cette grande vision et s'assurer de faire du commerce font partie des valeurs fondamentales des conservateurs et du parti. Je suis également fier du bilan qui a été le nôtre sous l'ancien premier ministre Stephen Harper. Notre ancien ministre du Commerce, le député d'Abbotsford, a fait un travail phénoménal dans la négociation de toutes sortes d'accords de libre-échange.
Je pense en particulier aux plus de 40 pays avec lesquels nous avons négocié un accord, et à l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne qui est en place et qui a été négocié par le député d'Abbotsford. Je suis ravi que les libéraux l'aient finalement signé.
Nous savons que le Partenariat transpacifique a été négocié par le ministre de l'Agriculture de l'époque, Gerry Ritz, ainsi que par le député d'Abbotsford, lorsqu'il était ministre du Commerce. Le texte de l'accord a entièrement été rédigé sous sa direction. Encore une fois, je sais gré aux libéraux de l'avoir signé. Nous nous attribuons tout le mérite de ces deux accords majeurs et de ceux que nous avons signés avec 40 pays.
Nous avons également négocié un accord de libre-échange avec l'Ukraine. Heureusement, les libéraux l'ont finalement signé et il est maintenant en vigueur.
Toutefois, je tiens à ce qu'il soit très clair que la première fois que les libéraux ont eu la chance de mener le jeu et de compter, ils n'ont fait qu'accumuler les erreurs.
Lorsqu'ils ont négocié avec l'administration américaine et celle du Mexique pour élaborer le nouvel ALENA, que nombre de personnes appellent l'ALENA 0.5, les libéraux ont cafouillé à maintes occasions, notamment en s'en prenant au président Trump et en quittant la table de négociations. Nous avons dû sauver la situation à plusieurs reprises.
Le Canada compte certains des meilleurs négociateurs commerciaux au monde. Steve Verheul jouit d'une réputation d'excellence sur la scène internationale, mais il n'a pas eu les coudées franches parce que dans leur manque de vision nos dirigeants lui ont imposé toutes sortes de contraintes. Bref, le Canada a dû accepter l'entente que le Mexique et les États-Unis ont négociée. Nous n'avons pas obtenu une entente pour le Canada. Voilà ce qui est vraiment préoccupant. Lorsqu'on s'entretient avec les gens de diverses industries qui sont désavantagées par ce nouvel ALENA, on est plutôt tenté de l'appeler « ALENarnaque ».
Alors que la Chambre examine ce qui s'est passé, des scieries partout au Canada, et particulièrement en Colombie-Britannique, ferment leurs portes. Les libéraux ont-ils abordé la question du bois d'œuvre dans le cadre de ce nouvel accord? Absolument pas, et les emplois continuent à disparaître. Bref, les collectivités canadiennes subissent les conséquences du manque de leadership du gouvernement.
Lorsqu'on examine la situation dans divers secteurs, notamment ceux de l'automobile, des produits laitiers et de la volaille, on constate que les libéraux soit limitent la croissance, soit cèdent l'accès à notre marché. Je donnerai plus de détails à ce sujet. Dans le secteur de l'aluminium par exemple, dont le député de Thornhill vient tout juste de parler, le Canada n'est plus assuré que d'une part de marché de 70 % alors qu'il en avait la totalité dans le cadre de l'ancien ALENA.
Le nouvel accord donne indirectement à la Chine accès à notre marché par l'entremise d'autres agrégateurs qui peuvent importer des granules d'aluminium et les transformer. Il va sans dire qu'une telle pratique nuirait aux alumineries canadiennes, qui sont les plus écologiques au monde. Encore une fois, les libéraux ont laissé tomber le secteur de l'aluminium.
Le plus grand employeur privé de ma circonscription est Gerdau steel. Bien que nous aimions parler des mesures de contrôle et de protection dont jouissent les aciéries dans le cadre de l'industrie automobile, nous ne parlons pas de la manière dont elles peuvent être assujetties aux politiques d'achat protectionnistes des États-Unis.
L'incapacité des libéraux de faire bouger le dossier des marchés publics aux États-Unis en raison des restrictions protectionnistes américaines aurait pu être éliminée dans le cadre des négociations s'ils avaient fait preuve de plus de leadership. Les libéraux n'ont pas réussi à faire retirer les politiques privilégiant l'achat de biens américains du nouvel ALENA.
Je viens de rencontrer des représentants de l'industrie laitière, et les agriculteurs de ma circonscription sont mécontents. Ils comprennent la nécessité du libre-échange. Dans ma circonscription, les producteurs de céréales et d'oléagineux et les producteurs de bœuf et de porc sont tous des exportateurs. Ils savent que ce qui est cultivé au Canada quitte le pays et qu'une grande partie de cette production est exportée au sud de la frontière.
Cependant, la restriction de l'accès aux marchés et la renonciation à des parts de marché nuisent aux familles des agriculteurs. De telles mesures limitent la croissance et les revenus possibles dans ces communautés et ces exploitations agricoles. Aujourd'hui, la part des importations dans le marché intérieur du lait, en particulier, dépasse déjà 18 %, mais les libéraux poursuivent l'érosion de ce marché.
Outre le refus de négocier de bonne foi et de consulter les industries laitière, avicole et ovocole, la chose la plus aberrante que les libéraux ont faite est de permettre aux États-Unis d'avoir leur mot à dire sur la quantité de produits laitiers que nous pouvons exporter dans le monde.
Le Canada exporte actuellement plus de 55 000 tonnes de produits laitiers partout dans le monde. Dans le cadre du nouvel ALENA, ou de l'ALENarnaque, les exportations sont maintenant limitées à 35 000 tonnes. Les libéraux renoncent à une part du marché canadien de façon à ce que 3,6 % du marché soit maintenant accessible aux producteurs laitiers américains et les États-Unis limitent maintenant nos exportations à 35 000 tonnes.
C’est censé être un accord de libre-échange. Nous devrions bénéficier d'un meilleur accès. On aurait pensé pouvoir vendre plus de produits laitiers aux États-Unis, mais non. Le plus triste, c'est que cette mesure, en plus de faire passer les exportations de 55 000 à 35 000 tonnes, une réduction de 20 000 tonnes, touche aussi les exportations mondiales.
Comment pourrons-nous vendre nos délicieux fromages, nos crèmes glacées, nos protéines de lait et nos autres produits quand les libéraux permettent dorénavant aux États-Unis de nous interdire de les exporter? C’est ridicule et c’est nocif. C’est une chose dont il faut débattre en comité et ici, à la Chambre.
Mon collègue, le député de Chicoutimi—Le Fjord, mène la charge pour ce qui va se passer dans le secteur de l’aluminium. Je sais qu’il est très fâché que les libéraux n’aient pas su protéger la production d’aluminium au Québec, en Colombie-Britannique et dans tout le Canada. Les libéraux ne voient pas que la Chine peut recourir à des sociétés fictives pour faire entrer sur nos marchés de manière détournée son aluminium bon marché, dont la production est contrôlée par l'État. Elle peut notamment passer en douce par le Mexique. Cette situation doit nous inquiéter au plus haut point.
Il y a aussi le secteur de l’automobile. Le libre-échange est censé favoriser la prospérité et la création d'emplois. Les libéraux ont un bilan désastreux dans le secteur de l’automobile. Les usines ferment les unes après les autres et les chaînes de production déménagent au sud de la frontière. Les libéraux ont aussi mis un plafond sur la croissance canadienne dans le secteur de l’automobile, un plafond de 2,6 millions de voitures et de 32 milliards de dollars en pièces.
Un examen des chiffres révèle que notre production s'élève à seulement 20 milliards de dollars et que nous sommes bien loin des 2,6 millions de voitures. Cela dit, pourquoi les investisseurs ou les constructeurs d’automobiles installeraient-ils des usines pour faire croître leur industrie s'il y a un plafond, surtout quand on pense au montant de 32 milliards de dollars? Les pressions inflationnistes à elles seules suffiraient à atteindre ce plafond en une décennie.
C’est une entrave à l’investissement et à l’expansion de notre secteur manufacturier, surtout dans le Sud de l’Ontario, mais aussi dans le reste du pays. Cela décourage l’investissement étranger. C’est une entrave à l’expansion et à la création d’emplois bien rémunérés.
Je suis très déçu de la façon dont les libéraux ont géré les négociations. Je suis très déçu de voir ce à quoi ils ont renoncé et le peu de gains qu'ils ont faits. Je suis très déçu d'avoir maintenant à accepter un accord boiteux.