Madame la Présidente, j'interviens aujourd'hui pour parler de l'accord commercial dont la Chambre a été saisie. Au cours des derniers jours, j'ai eu l'occasion de m'exprimer à quelques reprises à la Chambre, mais il s'agit aujourd'hui de mon premier discours en tant que tel.
Je tiens à remercier tous les résidants de ma circonscription qui m'ont aidée à me faire élire pour servir mes concitoyens à la Chambre dans le cadre d'un deuxième mandat. Lorsqu'une élection générale est déclenchée, il est étonnant de constater le nombre de personnes qui sont prêtes à faire de l'excellent travail bénévole dans la collectivité.
Je tiens aussi à remercier les membres de ma famille qui m'ont aidée à me faire élire, plus particulièrement ma sœur Mary. Même si elle est mère de trois petits enfants, elle n'a pas hésité à prendre l'avion pour pouvoir passer les derniers jours de la campagne électorale en ma compagnie. Je lui en suis extrêmement reconnaissante.
Je tiens également à remercier les bénévoles de tous les partis. En fin de compte, la démocratie est essentielle pour notre pays. Il est important de souligner l'excellent travail réalisé par tous les bénévoles auprès des candidats qu'ils ont soutenus.
J'ai des doutes concernant cet accord et je suis très partagée, en ce qui concerne ce sujet. Je suis bien consciente que les échanges commerciaux sont cruciaux pour notre pays et sa prospérité. Nous vivons dans une économie mondialisée. J'ai quand même beaucoup de réserves quant à la manière dont tout cela fonctionne.
Les États-Unis représentent le plus important partenaire commercial du Canada. Ce sont nos amis et nos voisins. Parfois, nous avons des divergences d'un point de vue politique avec les États-Unis, mais il y a beaucoup d'échanges entre nos deux pays. Il est donc essentiel d'essayer de trouver des moyens de travailler avec les Américains.
En définitive, il faut quand même que les échanges commerciaux soient équitables et que tous les Canadiens soient traités avec respect tout au long du processus.
Je vis dans une région rurale et éloignée. La circonscription de North Island—Powell River fait un peu moins de 60 000 kilomètres carrés. Il y a plusieurs traversiers. Elle se trouve à la fois sur l'île de Vancouver et sur le continent. Une des choses qui me préoccupent en ce qui concerne notre processus commercial — et je parlerai de la transparence de ce processus —, c'est que nous oublions souvent certaines de nos collectivités rurales éloignées et les difficultés auxquelles elles sont confrontées quand nous n'envisageons pas les échanges commerciaux sous cet angle.
Il y a plusieurs fermes laitières dans ma circonscription. Comme on a pu le constater, les derniers accords commerciaux ont nui à la gestion de l'offre. Selon moi, la gestion de l'offre est réellement menacée. Je comprends que lorsqu'on fait du commerce, il y a des difficultés à surmonter, mais la gestion de l'offre est tellement importante. Elle permet aux Canadiens de savoir que les produits qu'ils consomment sont bons et fiables. J'encourage tout le monde à aller visiter une ferme laitière canadienne. Les fermes laitières sont des endroits remarquables et beaucoup plus sains et exceptionnels qu'on le pense. Nous pouvons avoir confiance en leurs produits.
Il est essentiel de protéger les collectivités rurales et éloignées. La gestion de l'offre permet à nos petites fermes locales de prospérer et de créer évidemment des emplois directs à la ferme, mais aussi plusieurs emplois indirects, notamment chez les fournisseurs de services, et c'est important.
Les fermes Viewfield, Daldas et Lloydshaven occupent une place importante dans la vie des habitants de ma circonscription. Elles offrent non seulement des emplois et d'excellents produits, mais elles utilisent également les services dans leur collectivité pour gérer leur ferme, leurs produits laitiers et leurs vaches.
En ce qui concerne la gestion de l'offre, on constate que dans le cadre des négociations de l'ACEUM, du PTPGP et de l'AECG, ces secteurs ont perdu environ 10 % des parts du marché, ce qui rend la situation encore plus difficile pour ces exploitations. J'ose espérer que nous ne mettrons pas davantage l'accent sur la centralisation, car ce processus favorise les grands centres au détriment des petites collectivités rurales et éloignées. C'est donc important.
L'autre aspect qui m'inquiète, c'est que cet accord commercial contient une disposition qui vise à donner aux États-Unis un droit de regard sur l'administration du système laitier canadien, ce qui compromet notre souveraineté et notre capacité à gérer notre produit. C'est plutôt le produit des États-Unis qui devrait nous préoccuper. En effet, nous savons que le secteur laitier américain utilise l'hormone de croissance bovine, qui augmente la production laitière jusqu'à 25 %. Il n'existe aucune étude sur les effets de cette hormone sur les consommateurs.
Nous savons que c'est vraiment mauvais pour les vaches. Elles subissent plus de stress, et l'incidence des infections du pis, de l'enflure des pattes et des morts prématurées est plus élevée. Il y a de quoi s'inquiéter à l'heure où nous ouvrons notre marché à la production laitière des États-Unis. Les Canadiens doivent être renseignés au sujet de cette production. Comme je l'ai dit tout à l'heure, les gens qui visitent les fermes canadiennes en ressortent avec une bonne impression des produits laitiers. Les éleveurs prennent soin de leurs vaches.
La protection de l'environnement et la lutte contre les changements climatiques constituent un autre domaine qui est important à mes yeux, en particulier de nos jours. Les négociations commerciales sont une bonne occasion pour le Canada de réfléchir aux mesures qu'il prend contre les changements climatiques. Nous devons considérablement améliorer notre bilan à cet égard. Toutefois, les négociations sont aussi l'occasion d'amener d'autres pays à prendre davantage leurs responsabilités. J'aimerais que les accords commerciaux contiennent plus souvent des obligations et des dispositions pleinement exécutoires relativement à l'environnement et aux changements climatiques. L'accord ne contient rien de tel.
L'accord commercial qu'on nous propose actuellement de mettre en œuvre devrait être conforme aux obligations internationales du Canada et en faire une question centrale. Pourtant, on n'a aucunement tenu compte de l'accord de Paris. Je ne vois rien dans l'accord commercial à ratifier qui puisse nous aider à atteindre les objectifs importants pour l'environnement et la lutte contre les changements climatiques.
Il y a une autre chose qui me dérange. Nous avons parlé de la ratification de cet accord ici même le printemps dernier. À de nombreuses reprises, le NPD a demandé pourquoi le gouvernement voulait aller si vite, a dit qu'il fallait laisser aux démocrates du Congrès américain le temps de faire leur travail et d'améliorer l'accord, ce qu'ils ont fait. Or, on nous répétait que le Canada avait négocié le meilleur accord possible. Puis, le gouvernement est retourné à la table et est revenu en disant qu'on avait un meilleur accord.
Il est important que le gouvernement comprenne qu'il a l'obligation de conclure le meilleur accord possible, de faire tout ce qu'il peut pour veiller aux intérêts des travailleurs canadiens et au respect des travailleurs des autres pays, d'examiner les répercussions de l'accord sur les entreprises et l'économie canadienne, les régions urbaines et les régions rurales éloignées. Je suis contente que le travail ait été fait, mais cela me dérange d'avoir à constamment revenir sur ces points.
Je suis ravie que le chapitre 11 de l'ALENA, qui portait sur le règlement des différends entre investisseurs et États, soit enfin disparu. À cause de ce mécanisme, de nombreuses poursuites ont été intentées contre le Canada, ce qui le rendait vulnérable. Je suis contente qu'on ait éliminé ce chapitre.
Cependant, après avoir lu l'Accord, je crains que certains des mécanismes soient enchâssés dans son libellé. C'est quelque chose qui devrait nous préoccuper et que nous devrions surveiller attentivement.
Au fond, l'une des choses qui m'exaspèrent le plus dans les accords commerciaux, c'est le manque de transparence du processus de négociation. C'est un problème qui doit être abordé et qui, je l'espère, sera corrigé bientôt.
Tous les Canadiens doivent comprendre l'objet et les motifs de nos négociations. Comme je l'ai dit plus tôt, il y a trois fermes laitières dans ma circonscription. Les exploitants de ces fermes voulaient notamment savoir quel pourcentage des quotas de la gestion de l'offre nous allions sacrifier. Ils étaient contrariés par le manque de clarté sur cette question cruciale, ainsi que sur l'absence de communication à cet égard.
Notre pays est énorme et on y trouve des économies diverses. Il y a aussi beaucoup de collectivités rurales et éloignées, comme la mienne, qui peinent à s'adapter à un monde et à une économie en évolution. Il faut le reconnaître quand il est question de commerce et chercher des manières de collaborer pour que ces gens ne soient pas laissés pour compte.
Je prie le gouvernement de comprendre qu'un processus plus transparent est nécessaire. Je comprends qu'en cours de négociation, on ne veut pas mettre toutes ses cartes sur la table. Toutefois, il y avait tellement peu d'informations que les différents secteurs des collectivités au Canada n'ont pas eu la possibilité de se faire entendre et d'exprimer leurs préoccupations. Aux États-Unis, même Trump a clairement fait connaître ses objectifs. Le gouvernement devrait faire de même.
J'ai hâte de discuter davantage de ces questions. Je suis ravie que le projet de loi soit renvoyé au comité, pour que nous puissions étudier les problèmes de manière plus approfondie.