Monsieur le Président, avant de commencer, je tiens simplement à informer la Chambre que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue le député de Rosemont—La Petite-Patrie.
Comme de nombreux députés présents à la Chambre aujourd'hui, j'entends les inquiétudes et les craintes de mes concitoyens. Les résidants de ma circonscription voient des entreprises fermer leurs portes, sont mis à pied et restent à la maison pour s'occuper de leur famille. Ils posent aussi des questions sérieuses au gouvernement. Ils doivent savoir que nous allons agir rapidement pour leur fournir l'aide dont ils ont désespérément besoin.
Les néo-démocrates sont favorables à une bonification de la subvention salariale. En fait, c'est ce que nous réclamons depuis plusieurs semaines. Toutefois, nous pensons aussi qu'il serait utile que, dans le cadre de ce rappel de la Chambre, nous nous employions à combler les lacunes très graves relevées dans la Prestation canadienne d'urgence. Je suis heureuse de constater que, dans la motion demandant le consentement unanime de la Chambre, on commence à répondre à nos préoccupations à cet égard.
Aujourd'hui, je veux que mes concitoyens de London sachent que, ensemble, nous pouvons faire en sorte que les programmes et les mesures d'aide dont ils ont besoin leur soient fournis. Mon personnel et moi avons parlé avec un grand nombre de gens qui se demandent comment le gouvernement veillera à ce qu'ils soient protégés, logés, nourris et employés. J'ai le devoir d'exprimer leurs préoccupations à la Chambre. Mon équipe a travaillé sans relâche pour mettre à jour nos médias sociaux et communiquer avec les gens par courriel et par téléphone afin de leur fournir toutes les informations que nous pouvons. Je lui en suis très reconnaissante. Même dans les périodes plus calmes, mon bureau de circonscription est occupé comme en temps normal.
De nombreuses personnes peinent à obtenir le soutien dont elles ont besoin maintenant et trop de personnes vulnérables n'y auront même pas droit. Il existe des lacunes dans le système, et c'est pourquoi les néo-démocrates continuent de demander que les prestations d'urgence soient universelles. Chaque semaine, mon bureau reçoit des milliers d'appels, de courriels et de messages de personnes qui ont besoin de soutien. Malheureusement, les programmes annoncés jusqu'à présent ne répondent pas à leurs besoins.
Je reçois constamment des communications de personnes âgées et de personnes handicapées qui ressentent les répercussions financières de la COVID-19 en raison de l'augmentation du coût de la nourriture, de la hausse des frais de livraison de biens tels que l'épicerie et de la réduction de la quantité maximale de médicaments qui peut être dispensée, qui est passée de la limite habituelle de 90 jours à 30 jours. Cela signifie qu'elles doivent dépenser trois fois plus en honoraires de pharmaciens, un coût intenable pour les personnes à revenu fixe.
De nombreuses organisations pour nos anciens combattants ont peine à joindre les deux bouts, notamment la 427e Escadre de l'Association de l'Aviation royale canadienne, à London. Cette institution de la circonscription de London—Fanshawe me tient beaucoup à cœur. Non seulement elle offre des services aux anciens combattants et un lieu où ils peuvent se réunir, mais elle héberge aussi les musées Secrets of Radar et Spirit of Flight. L'immeuble en soi mérite d'être considéré comme un joyau du patrimoine bâti de London. Avec la fermeture temporaire en raison de la COVID-19, les recettes ont chuté drastiquement. J'ai bien peur que cette fermeture ne devienne permanente et que nous ne perdions un lieu important pour préserver notre histoire et soutenir nos anciens combattants. Ces institutions ont besoin de notre aide.
En ce qui concerne la COVID-19, les conséquences touchent tout le monde, y compris les étudiants. Alors que la subvention salariale de 75 % protégera les emplois de nombreux Canadiens, de nombreux jeunes espèrent simplement commencer leur carrière et se trouver un emploi d'été. Avec plus d'un million d'emplois perdus depuis l'éclosion de la COVID-19, les perspectives d'emploi sont peu reluisantes. Habituellement, les étudiants n'ont pas d'économies pour les temps gris et nombre d'entre eux terminent leurs études en croulant sous les dettes. La pandémie actuelle réduit leurs possibilités de gagner de l'argent afin de subvenir à leurs besoins et de rembourser leurs prêts étudiants. C'est inacceptable et nous pouvons faire mieux. Les néo-démocrates demandent aussi au gouvernement de prolonger indéfiniment l'exonération des intérêts sur les prêts étudiants. Le gouvernement ne devrait pas faire des profits au détriment des étudiants et sacrifier leur avenir. Pas maintenant. Jamais.
C'est une situation que personne n'aurait pu prévoir et à laquelle personne n'aurait pu se préparer, et je suis certaine que tous les députés conviendront avec moi que personne ne devrait perdre son logement, ce qui est un droit de la personne fondamental pendant cette période. Du point de vue de la santé publique, pour que les Canadiens puissent suivre les directives des autorités sanitaires quant à la pratique de la distanciation sociale et de l'auto-isolement, ils doivent avoir un logement dans lequel ils peuvent se mettre en quarantaine. Les travailleurs malades ne doivent pas se sentir obligés de continuer à travailler et risquer d'infecter d'autres personnes par crainte de perdre leur revenu et leur toit. Compte tenu de la crise des sans-abri qui existe déjà au Canada, nous devons non seulement mettre en place des mesures pour loger correctement tout le monde, mais aussi faire tout notre possible pour empêcher une augmentation du nombre d'itinérants.
Pour protéger les locataires, il est essentiel de mettre en place un moratoire national sur toutes les expulsions pendant la pandémie. De plus, une période de gel temporaire des loyers doit également être imposée afin de protéger les locataires contre la pratique de prix abusifs pendant cette période précaire. Mes collègues du NPD et moi-même entendons des citoyens qui viennent de recevoir un avis d'augmentation de loyer et qui sont extrêmement angoissés par la perspective de devoir trouver un autre logement en ce moment.
Qu'il s'agisse de personnes âgées, de personnes handicapées, d'anciens combattants, d'étudiants, de travailleurs ou de propriétaires de petites entreprises, nous voyons des gens qui cherchent de l'aide, mais n'en trouvent pas. À l'heure actuelle, on estime que 862 000 Canadiens qui ont besoin d'aide n'obtiendront rien de l'assurance-emploi ou au moyen de la prestation d'intervention d'urgence du gouvernement. La semaine dernière, chaque jour, le premier ministre et le gouvernement ont mis en évidence des lacunes dans les mesures d'aide, mais, grâce au travail effectué ici aujourd'hui, il faut espérer que davantage de Canadiens ne passeront pas entre ces mailles du filet. Toutefois, le gouvernement doit fournir immédiatement une aide directe à tous les Canadiens. Le NPD demande au gouvernement d'envoyer immédiatement un chèque de 2 000 $, avec un supplément de 250 $ par enfant, à chaque Canadien.
Comme beaucoup de députés et moi-même l'avons mentionné à la Chambre à maintes reprises, 46 % des Canadiens sont à 200 $ ou moins de l'insolvabilité. Beaucoup d'habitants de London—Fanshawe sont dans cette situation. En leur offrant un soutien direct, nous pouvons faire en sorte que la crise ne tourne pas à la catastrophe.
Ceux qui dépendent de prestations et de programmes gouvernementaux, comme la prestation pour la garde d'enfants, doivent d'abord soumettre une déclaration de revenus pour obtenir de l'aide financière, faute de quoi ils risquent d'en être privés. Il en est ainsi avec les programmes qui sont fondés sur les moyens plutôt qu'universels. Souvent, cela cause plus de lourdeurs administratives et de retards, et prive des gens d'aide. Je me réjouis que le gouvernement ait annoncé qu'il reportait la date limite pour produire les déclarations de revenus.
Je dirige un comptoir de préparation de déclarations par des bénévoles depuis mon bureau de circonscription. Nous voyons des centaines de gens qui ont besoin d'aide pour produire leur déclaration de revenus. Dans ma collectivité, les comptoirs de ce genre ont été fermés, malheureusement, mais nous devons fournir ce service essentiel. Au nom des habitants de ma circonscription, je demande au gouvernement de songer à reporter une fois de plus la date limite, pour que nous puissions aider le plus de gens possible à produire leur déclaration de revenus. Autrement dit, une prolongation d'un mois ne suffit pas.
Non seulement des gens sont en difficulté, mais de nombreuses petites entreprises sont également en crise. Je ne peux imaginer le désespoir que les propriétaires doivent vivre après avoir tout misé sur leur entreprise, après y avoir investi d'innombrables heures, après avoir sacrifié le temps qu'ils auraient pu passer en famille ainsi que leurs économies pour bâtir leur rêve. Ce rêve risque maintenant de disparaître. Ils ferment leurs portes, mais font tout leur possible pour continuer à payer leurs employés. Avec la baisse des revenus et l'accumulation des factures, cette situation devient impossible à gérer.
C'est pourquoi nous sommes heureux que le gouvernement ait écouté les néo-démocrates, les syndicats et les associations d'entreprises en décidant de renforcer cette subvention salariale. Nous l'avons demandé avant la dernière séance à la Chambre, et je suis ravie de constater que certains des changements adoptés aujourd'hui permettront d'aider les petites et moyennes entreprises, les organismes de bienfaisance et les organismes sans but lucratif. Toutefois, nous devons remédier aux lacunes de ce projet de loi, par exemple en éliminant l'exigence liée à la baisse de 30 % des revenus pour les PME de moins de 50 employés, afin que davantage d'entre elles puissent demander une subvention salariale. Nous devons également retirer les limites salariales sur le prêt de 40 000 $ accordé par l'intermédiaire du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes et offrir immédiatement des subventions de 10 000 $ pour aider un groupe diversifié d'entreprises et garantir aux entreprises une aide plus rapide.
Je suis bien soulagée de voir que le gouvernement a adopté le changement réclamé par les néo-démocrates. Ainsi, les organismes locaux peuvent verser de maigres allocations à leurs bénévoles sans que ces personnes perdent leur admissibilité au programme de prestations d'urgence alors qu'elles se retrouvent sans emploi.
Les néo-démocrates sont prêts à améliorer l'ensemble des prestations pour tous les Canadiens et ils maintiendront leurs efforts pour éviter que les entreprises transforment l'argent destiné aux travailleurs en de généreuses primes pour des PDG. Il faut qu'il en soit question dans la mesure législative. Il y a toujours un risque que les grandes sociétés utilisent cette crise à leur avantage. C'est pourquoi l'accord que le gouvernement du Canada a conclu avec Amazon pour la distribution d'équipement de protection individuelle et des fournitures qu'il achète suscite autant d'inquiétudes. Les travailleurs des postes n'ont pas été consultés avant cette annonce, et la décision du gouvernement alourdira le fardeau d'employés qui sont déjà mal protégés. Amazon a recours à de nombreux sous-traitants pour l'ensemble de ses livraisons. Les travailleurs dans les entrepôts sont aussi exposés à des risques. Ils subissent des pressions pour continuer à travailler même lorsqu'ils sont malades.
Alors que la crise de la COVID-19 se poursuit, les nombreux travailleurs de première ligne méritent nos remerciements. Les camionneurs, les employés des épiceries, de la chaîne de production alimentaire et des pharmacies, le personnel des services médicaux d'urgence et les fournisseurs de soins de santé dans les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée sont des héros. Toutes ces personnes doivent avoir accès à de l'équipement de protection individuelle, et leurs droits en tant que travailleurs doivent être respectés.
Parmi les travailleurs de première ligne, on compte également les travailleurs sociaux, dont les clients ont du mal à composer avec l'absence de soutiens sociaux et de soutiens en matière de santé mentale, ce qui exacerbe l'anxiété. Les travailleurs sociaux tentent aussi de faire respecter la distanciation sociale au travail et dans les refuges. Beaucoup de refuges au Canada manquent de place dans les meilleures circonstances. Comment les gens peuvent-ils maintenir une distance sociale lorsqu'ils n'ont pas de chez-soi? Comment peut-on maintenir les services aux centres d'amitié et aux haltes-accueils alors que l'on est censé limiter les contacts? Cette crise fait ressortir de nombreuses lacunes dans le système actuel, en particulier en ce qui concerne les personnes les plus vulnérables. Les banques alimentaires ont aussi désespérément besoin d'aide. Nous sommes prêts à collaborer avec le gouvernement pour mettre en place les soutiens nécessaires afin d'aider les gens dans le besoin.
En conclusion, nous devons trouver un moyen de faire en sorte que tout le monde au Canada puisse surmonter cette période sans précédent en disposant de suffisamment d'argent pour payer les factures, en ayant un emploi qui les attendra lorsque les choses reviendront à la normale et en ayant un lieu sûr où vivre. Nous devons agir le plus rapidement possible. Unissons-nous pour adopter ce projet de loi afin de mettre en place les soutiens qui nous permettront de nous entraider. Engageons-nous à nous serrer les coudes pour traverser cette épreuve et prenons des mesures pour renforcer les services publics et les programmes sociaux à l'intention de l'ensemble de la population.