Madame la Présidente, je vous remercie de m'accorder l'honneur de participer à ce débat.
Je tiens à remercier les députés d'être à l'écoute de mes réflexions dans le présent débat.
Depuis le début de la pandémie, nous nous servons des outils dont dispose le Parlement pour améliorer le sort des Canadiens. Dans les négociations actuelles sur nos travaux à venir, c'est ce que nous devrions continuer d'avoir comme objectif. Pour les néo-démocrates, c'est très clair. Tous nos efforts visent à faire en sorte que la Chambre soit au service de la population.
Nous avons réussi à obtenir des améliorations qui aident les Canadiens. Nous nous sommes battus pour accroître l'accès à la Prestation canadienne d'urgence, c'est-à-dire pour en élargir la portée et inclure les étudiants, qui avaient été ignorés par le gouvernement libéral, de même que les personnes âgées, qu'il avait complètement négligées. Nous nous sommes battus pour que de l'aide soit apportée aux Canadiens handicapés. Nous avons réussi à faire passer le montant de la prestation de 1 000 $ à 2 000 $ et le taux de la subvention salariale d'urgence de 10 % à 75 %.
Tous ces gains, nous les avons faits pour les Canadiens, pour qu'ils conservent leur lien avec leur emploi, pour qu'ils obtiennent l'assistance dont ils ont besoin et pour que personne ne soit laissé pour compte. Malheureusement, beaucoup trop de gens sont encore abandonnés à leur sort. C'est pourquoi nous devons continuer à nous servir du Parlement pour que les Canadiens s'en sortent encore mieux.
En ce qui concerne la façon dont nous nous réunissons au Parlement, nous avons établi un certain nombre de critères. D'abord et avant tout, nous voulons que tous les députés puissent se faire entendre. Nous voulons que les préoccupations et les voix des milliers de personnes qu'ils représentent soient entendues au Parlement. À cette fin, nous tenons à ce que le Parlement soit accessible aux députés qui ne peuvent pas se rendre à Ottawa et qui sont peut-être plus vulnérables à la COVID-19. De plus, nous souhaitons que les députés qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants à la garderie en ce moment, comme bien des Canadiens, aient également accès au Parlement.
Des millions de Canadiens et de Canadiennes utilisent la technologie pour travailler et rester à la maison.
Pour s'occuper de leurs enfants et de leur santé, les députés peuvent faire la même chose. Il est également important que nous ne passions pas trois semaines sans demander au gouvernement de rendre des comptes.
L'approche des autres partis, en particulier la motion du Parti conservateur, ne permettait pas aux députés de participer virtuellement ou au Parlement de tenir des séances d'été afin de demander des comptes au gouvernement. C'est pourquoi nous pensons que la motion préparée avec la participation de notre leader parlementaire — que je salue chaleureusement — et toute notre équipe est une motion qui nous permettrait de continuer à nous battre pour les Canadiens.
Pour quoi nous battons-nous? Aujourd'hui, nous avons dit très clairement que notre appui à la motion dépend de deux choses très précises. D'abord, nous appuierons la motion seulement si le gouvernement, le premier ministre et le Parti libéral s'engagent clairement à offrir des congés de maladie payés à tous les Canadiens. Nous sommes heureux et encouragés de voir que le gouvernement a annoncé qu'il donnera suite à notre demande d'accorder un minimum de deux semaines de congé de maladie payé à tous les Canadiens.
Nous savons que c'est une question d'une importance vitale et nous l'avons déjà soulevée auparavant. Pour que les gens retournent au travail, il leur faut trois choses. Ils ont besoin de savoir que leur milieu de travail est sûr, et nous continuerons à faire pression pour assurer la sûreté de tous les milieux de travail. Ils ont également besoin d'équipement de protection individuelle, et ils ont besoin de pratiques de travail qui assurent la sécurité des travailleurs.
Ensuite, les travailleurs doivent pouvoir prendre des congés de maladie payés. Aucun travailleur ne devrait avoir à s'inquiéter s'il commence à se sentir malade, ou s'il ressent des symptômes liés à la COVID-19. S'ils sont inquiets, qu'ils soient malades ou non, ils ne doivent pas hésiter un instant à rester chez eux. Or, pour le moment, il s'agit vraiment d'un choix difficile pour les travailleurs qui ne bénéficient pas de congés de maladie payés. Doivent-ils se présenter au travail malade, sans savoir s'ils ont contracté la COVID-19 même s'ils affichent certains symptômes, et risquer ainsi de contaminer leurs collègues? Ou bien doivent-ils rester chez eux, ne sachant pas s'ils pourront payer les factures à la fin du mois parce qu'ils n'ont pas de congés de maladie payés? Aucun Canadien ne devrait se retrouver face à pareil dilemme.
Nous savons également que l'impossibilité d'avoir des congés de maladie payés frappe surtout les travailleurs les moins bien rémunérés, ceux qui occupent un emploi précaire, et ceux qui sont déjà les plus vulnérables, par exemple dans le secteur des services. Ces personnes qui se retrouvent en première ligne sont souvent celles qui risquent le plus de propager la maladie. Il s'agit donc d'une bonne stratégie, non seulement en matière de justice et d'équité pour les travailleurs, mais aussi en termes de santé publique.
Imaginons un serveur de restaurant qui ne travaille plus depuis des mois. Maintenant que les restaurants ouvrent leurs portes, il retourne au travail. Cependant, il présente de légers symptômes. Il doit alors faire un choix. Soit il reste à la maison en raison de ces symptômes, ce qui l'empêchera de recevoir un salaire et des pourboires pour gagner sa vie et payer les factures, soit il fait fi de ses symptômes ou il les camoufle, et il retourne au travail.
Je ne veux aucunement laisser entendre qu'un travailleur prendrait la mauvaise décision, mais c'est un choix impossible à faire pour un travailleur. C'est pour cette raison que les congés de maladie payés sont très importants, et c'est pour cela que nous les réclamons depuis si longtemps. C'est pour cela que nous avons fait valoir qu'offrir des congés de maladie payés est une première étape nécessaire avant le retour au travail.
Nous savons que, pour récupérer et reprendre le travail en toute sécurité, les gens doivent être encouragés à rester chez eux lorsqu'ils sont malades et à se faire tester. Le fait de ne pas avoir de congés de maladie payés va à l'encontre de ce conseil de santé publique.
Nous avons exposé très clairement plusieurs approches que le gouvernement fédéral pourrait adopter à cet égard. Maintenant que le premier ministre a annoncé son engagement concernant les congés de maladie payés, il nous tarde d'entendre les détails à ce sujet.
Je vais présenter quelques-unes des options possibles. Nous pouvons faire en sorte que les entreprises reçoivent la subvention salariale à condition qu'elles offrent des congés de maladie payés. C'est une manière de forcer les entreprises à offrir de tels congés. Par ailleurs, nous pouvons et nous devons travailler avec les provinces, en commençant par la Colombie-Britannique. Le premier ministre John Horgan a appuyé cette idée sans réserve.
Nous pouvons travailler à la conception d'un plan fédéral-provincial en vue de mettre en place des mesures qui aideraient les employeurs à offrir des congés de maladie payés. Nous continuerons de travailler avec les premiers ministres des autres provinces et territoires pour que ce genre de mesures soient mises en place partout au Canada. Nous savons que, en période de pandémie, la mise en place d'un régime de congés de maladie payés est la mesure responsable à prendre, et je suis convaincu que les dirigeants de l'ensemble des provinces et des territoires appuieront l'idée de concevoir un régime à long terme.
Le gouvernement fédéral dispose d'outils à court terme, comme la Prestation canadienne d'urgence ou une version modifiée de l'assurance-emploi. Il existe des façons de mettre en œuvre cette mesure sur-le-champ grâce au soutien du fédéral. Toutefois, l'objectif à long terme, qui constitue la vision des néo-démocrates, est de rendre désormais pérenne partout au pays le principe des congés de maladie payés. Voilà notre vision, et nous sommes fiers d'avoir réussi à prendre un premier pas audacieux en vue de créer un nouveau programme social national qui changera la façon dont nous travaillons.
Aller travailler alors qu'on est malade ne devrait plus être considéré comme un signe de courage. En réalité, la chose responsable à faire quand on est malade est de rester chez soi, ce qu'on peut faire seulement si on nous en donne les moyens.
Nous pouvons aussi faire preuve d'un certain leadership international et national en présentant une mesure législative pour modifier le Code canadien du travail afin de fournir deux semaines de congés de maladie payés à l'échelon fédéral, qui s'appliqueraient expressément aux gens qui côtoient constamment le public, comme ceux qui travaillent dans les transports, pour une compagnie aérienne ou dans une banque.
Au début de mon intervention, j'ai fait remarquer à la Chambre que nous avons utilisé le Parlement afin d'amener le gouvernement à en faire plus pour les gens. Puis, nous nous sommes assurés qu'il remplissait véritablement ses engagements. Nous avons obtenu du gouvernement qu'il n'oublie pas les étudiants. Après beaucoup d'insistance de notre part, il a mis sur pied la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, une mesure très importante. Il ne suffit pas d'obtenir un engagement de la part du gouvernement. Nous devons continuer de faire pression sur lui. D'autres militants et organisateurs communautaires en font autant, et nous obtenons des résultats.
Il n'en reste pas moins qu'un certain nombre de Canadiens sont encore laissés pour compte. Notons parmi eux, en particulier, les Canadiens handicapés. En votant pour la motion que nous avions présentée et qui a été adoptée à l'unanimité, le gouvernement s'est engagé à aider les Canadiens handicapés, qui doivent supporter des coûts supplémentaires actuellement, en plus des autres difficultés qu'ils doivent déjà surmonter dans notre société, qui n'est pas exempte d'obstacles.
En outre, les problèmes et les défis qu'entraîne la COVID-19 compliquent encore plus la vie des personnes handicapées, qui, par conséquent, ont besoin d'aide aussi. Nous nous engageons à faire en sorte que le gouvernement concrétise sa promesse à cet égard. Nous avons bon espoir que les Canadiens handicapés recevront bientôt de l'aide.
Tout au long de la crise, nous avons parlé de ses différentes phases. La première consistait à prendre des mesures urgentes pour freiner la propagation de la COVID-19. Nous devons faire tout en notre pouvoir pour restreindre l'épidémie par la distanciation physique et la mise en application des conseils des experts en santé publique.
Tandis que les gens retournent au travail, je répète qu'il faut offrir des congés payés pour que les travailleurs puissent aller travailler tout en sachant que s'ils ont quelque symptôme que ce soit, ils peuvent demeurer à la maison et être mesure de payer leurs factures tandis qu'ils se rétablissent ou subissent un test de dépistage.
De plus en plus, la garde des enfants est un problème de taille, qui suscite beaucoup d'inquiétude. La question du retour en classe est gérée différemment selon les administrations, et la garde des enfants cause des difficultés aux parents, qui essaient de trouver une solution leur permettant de travailler tout en prenant soin de leurs enfants. Il faut que le fédéral prenne des engagements et fasse des investissements pour appuyer la garde d'enfants.
En dernier lieu, la sécurité au travail devrait aller de soi, mais ce n'est pas le cas. Nous allons continuer de faire pression sur le gouvernement pour qu'il veille à ce que tous les lieux de travail soient sécuritaires, qu'ils offrent l'équipement de protection personnelle approprié et qu'ils disposent de politiques permettant d'assurer la sécurité des travailleurs. Dans les faits, ces trois éléments ne sont toujours pas en place. Le premier ministre a fait une annonce positive à ce sujet aujourd'hui, mais ce n'est pas suffisant. Nous devons aussi pouvoir constater la prise de mesures concrètes. Nous gardons toutefois espoir que ces mesures se concrétiseront bientôt.
Nous savons aussi qu'il faut effectuer beaucoup plus de tests et de recherche des contacts pour réagir à la COVID-19. D'autres administrations, d'autres pays l'ont déjà fait, et nous devons accélérer la cadence ici, au Canada.
J'aimerais prendre un instant pour parler des sacrifices immenses consentis par les Canadiens au cours des derniers mois. Des gens ont perdu leur emploi et d'autres, des êtres chers.
Je tiens à prendre un instant pour rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie à cause de cette crise et promettre aux membres de leur famille que nous ferons tout notre possible pour qu'un tel nombre de décès ne se reproduise plus jamais, en particulier dans les établissements de soins de longue durée. Nous savons que ces établissements ont été l'épicentre des ravages causés par la COVID-19. Il est tout simplement inexcusable que les aînés, ceux qui sont les plus vulnérables, soient les plus touchés par cette maladie.
Nous savons que bien des gens ont perdu leur emploi, mais que bien d'autres ont aussi perdu leur entreprise, une entreprise qu'il leur a fallu toute une vie pour bâtir. Nous en sommes conscients et nous voulons trouver des façons d'aider ceux qui traversent une période difficile.
Trop nombreux sont ceux qui ont perdu un être cher sans le réconfort de pouvoir le serrer dans leurs bras ou de lui tenir la main une dernière fois. Ces sacrifices seront vains si nous n'en sortons pas mieux préparés pour arrêter la propagation de la maladie.
Lorsque l'on songe à ceux qui ont été touchés et à ceux qui ont été épargnés, on pense en particulier aux municipalités qui ont perdu une grande partie de leurs revenus. Le manque à gagner de nombreuses villes aura deux conséquences. La première — que l'on constate déjà et qui nous inquiète énormément —, les pertes d'emploi; la seconde, les perturbations que ces emplois perdus pourraient entraîner sur les services essentiels fournis par les municipalités, tels que les transports publics, le ramassage des ordures et le traitement de l'eau.
Nous avons demandé au gouvernement fédéral d'apporter une aide directe aux villes. Notre porte-parole a également écrit directement aux personnes concernées pour faire valoir les aides directes susceptibles d'être fournies aux municipalités qui doivent actuellement faire face à un défi très difficile.
Ce sont des services essentiels qui influencent notre vie quotidienne: amener les gens au travail, assurer la sécurité de nos communautés, et offrir des loisirs lorsque la vie reprendra son cours.
Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent soutenir les villes et les municipalités dès maintenant.
Alors que de nombreuses entreprises ont connu une période difficile, je tiens à souligner que d'autres ont réalisé des profits records et que certaines d'entre elles ne paient même pas d'impôts au Canada. Je pense ici à Amazon, à Netflix, à Google et à un certain nombre d'autres entreprises qui ont vu leurs revenus augmenter, mais nous ignorons si elles paient des impôts ou contribuent financièrement au Canada. Dans de nombreux cas, nous savons qu'elles ne le font pas.
D'énormes entreprises comme Amazon, Netflix et Google réalisent d'énormes profits présentement et ne paient toujours pas leur juste part d'impôts. Netflix a recruté 16 millions de nouveaux abonnés depuis le début de la pandémie, mais ne paie pas d'impôts au Canada.
Jeff Bezos, le propriétaire d'Amazon, est sur le point de devenir le premier « trilliardaire » du monde. Ce n'est pas une bonne chose, car cela représente un échec de nos politiques. Il n'est pas clair que sa compagnie paie des impôts au Canada. En plus, ce gouvernement enrichit encore plus Amazon en lui donnant un contrat.
Nous avons vu que, en période de crise, ce sont les travailleurs, les gens ordinaires, les vrais Canadiens qui écopent le plus, tandis que les riches sont épargnés, voire profitent de la crise.
Selon un sondage récent, la grande majorité des Canadiens appuient l'idée d'augmenter l'impôt des personnes très riches pour que nous disposions des recettes voulues pour aider la population à se remettre sur pied.
J'aborde un dernier point. Lorsque nous parlons de programmes sociaux, il faut savoir que certains soulèveront des préoccupations à l'égard de la dette et du déficit. Évidemment, il est important que nous dépensions et gérions les finances de manière responsable. Toutefois, en période de crise, si nous n'investissons pas dans les gens, nous les abandonnons à leur sort, et la reprise économique n'en sera que plus difficile. Les plus riches trouveront un moyen de multiplier leurs profits, l'écart entre les riches et les pauvres se creusera davantage, le Canadien moyen aura encore plus de mal à joindre les deux bouts et l'iniquité s'aggravera.
La bonne chose à faire en ce moment est d'investir dans les gens, d'investir dans des programmes qui donnent un coup de pouce aux gens. Investir dans les programmes sociaux, comme les soins de santé et les congés de maladie payés, et les soutenir est la bonne chose à faire. Nous devons également nous assurer de deux choses: premièrement, de ne pas verser de l'argent à des sociétés ouvertes qui ne respectent pas le système, par exemple celles qui utilisent les paradis fiscaux et qui ne paient pas leur juste part, et, deuxièmement, d'examiner sérieusement la situation des plus nantis, des entreprises les plus prospères, les personnes qui ont les plus gros revenus, ceux qui ont les plus grandes fortunes, afin de nous assurer qu'ils paient leur juste part. Ce sont les plus riches qui profitent des échappatoires et des paradis fiscaux que les gens ordinaires n'utilisent tout simplement pas, et nous devons mettre fin à ces échappatoires et à ces paradis fiscaux afin d'accroître les revenus et faire en sorte d'éliminer les inégalités dans notre société.
Nous traversons une période de crise vraiment tragique, mais nous avons aussi une chance unique. Si nous faisons les bons choix maintenant, nous pouvons nous attaquer aux inégalités, donner un coup de pouce aux gens et faire en sorte que les plus riches paient leur juste part et ainsi bâtir un meilleur avenir.