Madame la Présidente, je suis vraiment ravi d'intervenir cet après-midi au sujet du projet de loi C-20 et des mesures que le gouvernement a prises en réaction à la COVID-19. Je tiens d'abord à souligner que nous sommes réunis ici sur les terres ancestrales du peuple algonquin.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je signale que la Chambre ne siège généralement jamais en juillet et que cette semaine est très importante pour moi personnellement et pour l'ensemble de la communauté tamoule. Je prends donc un moment pour rappeler les terribles événements du « juillet noir » qui ont commencé le soir du 22 juillet 1983. Des bandes armées et munies d'une liste électorale des foyers tamouls sont allées de porte en porte à Colombo, au Sri Lanka. Ces truands ont battu et tué plus de 3 000 Tamouls et ont pillé foyers et entreprises.
Cette période, appelée juillet noir, a déclenché un conflit armé et un exode de Tamouls du Sri Lanka. Les pogroms contre la communauté tamoule ont forcé de nombreuses personnes, notamment ma famille, à se réfugier au Canada. À l'époque, le gouvernement de Pierre Trudeau avait mis en place des mesures spéciales qui ont aidé plus de 1 800 Tamouls à s'établir au Canada. Aujourd'hui, la communauté tamoule du Canada compte plus de 300 000 personnes d'un océan à l'autre, et je suis extrêmement fier d'en faire partie.
Cela dit, j'aimerais prendre un moment pour parler des plus vulnérables de notre société, surtout dans le contexte de la COVID-19. Je m'en voudrais de passer sous silence les réfugiés dans les nombreux camps autour du monde, qui en arrachent dans la promiscuité des tentes du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, ou qui errent, tout simplement. Il y a plus de 80 millions de personnes déplacées sur la planète et plus de 30 millions de réfugiés. J'ai une pensée pour ces personnes, ainsi que pour toutes celles qui s'occupent des réfugiés, tant ici qu'à l'étranger, et tout particulièrement pour les personnes vulnérables qui se trouvent au Canada, qui sont venues ici en quête de liberté, mais qui sont malheureusement aux prises avec la COVID-19, tout comme le reste de la population mondiale.
Cette pandémie a eu de très grandes répercussions sur nous tous, mais surtout sur nos aînés. J'aimerais parler des établissements de soins de longue durée de ma province, l'Ontario, et plus particulièrement de l'Altamont Care Community, dans Scarborough—Rouge Park. Nous y avons perdu 53 personnes, soit 52 résidents et un membre du personnel, aux mains de la COVID-19, et il ne s'agit là que d'un établissement. Il y en a quatre autres: l'Orchard Villa dans Pickering—Uxbridge, le Holland Christian Grace Manor dans Brampton-Sud, le Hawthorne Place Care Centre dans Humber River—Black Creek, et le Eatonville Care Centre dans Etobicoke-Centre. Les cinq députés de ces circonscriptions ont écrit au premier ministre ontarien Doug Ford ainsi qu'au premier ministre.
Nous demandons au premier ministre de lancer une enquête publique, similaire à celle d’Ipperwash, afin de nous assurer d’éviter de commettre les mêmes erreurs que celles que nous avons commises dans les établissements de soins de longue durée. Environ 80 % des personnes décédées par suite de la pandémie de la COVID-19 vivaient dans ces établissements. Ce sont nos aînés, et c’est une honte nationale. Je dirais que nous avons laissé tomber nos aînés, ceux qui vivent dans des établissements de soins de longue durée, et je suis triste de prendre la parole ici aujourd’hui pour même en parler. Le rapport des Forces armées canadiennes qui ont été déployées dans ces cinq résidences pour personnes âgées jette vraiment un éclairage sur ce que nous devons faire et je tiens à insister et à demander au premier ministre de l’Ontario de s’assurer que nous fassions bien les choses et que nous fassions toute la lumière sur cette situation.
De même, cinq collègues, dont moi-même, ont écrit au premier ministre pour demander des normes nationales pour les établissements de soins de longue durée. Je suis conscient que des défis se posent en ce qui concerne les champs de compétence. Le gouvernement fédéral n'est pas directement responsable de ces établissements. Néanmoins, à titre de gouvernement responsable des Canadiens et envers les Canadiens, il nous incomberait d’exercer un certain leadership et de veiller à ce que nous disposions de normes nationales pour tous ceux qui vivent dans des établissements de soins de longue durée. À titre de gouvernement, nous réglementons tout, des sacs en plastique au dentifrice et à toutes sortes de produits de consommation et je ne vois absolument pas pourquoi nous ne pouvons pas fixer des normes minimales pour les établissements de soins de longue durée.
Je pense qu’il est plus que temps que cette conversation ait lieu. Je suis impatient de travailler avec le gouvernement et avec nos amis d’en face pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus.
Je tiens aussi à souligner que le gouvernement a récemment annoncé 19 milliards de dollars pour un programme de relance en toute sécurité. Cela fait partie de la réponse de notre gouvernement à la COVID-19. Ces 19 milliards de dollars serviront, en partie, à soutenir les établissements de soins de longue durée, en particulier à combler les lacunes exposées dans le rapport des Forces armées canadiennes. Nous espérons que l’intervention immédiate, au cas où il y aurait une deuxième ou une troisième vague, sera atténuée par l’aide financière supplémentaire que notre gouvernement accorde aux provinces, laquelle, au bout du compte, devrait parvenir aux établissements de soins de longue durée.
Je tiens aussi à aborder une autre question qui m’a beaucoup troublé, celle du racisme systémique. J’en ai parlé à maintes reprises dans cette Chambre et avec nombre de mes collègues, y compris des collègues d’en face. Je tiens à reconnaître qu’il y a quelques semaines, bon nombre d’entre nous se sont réunis et ont rédigé une lettre que de nombreux députés ont signée, sous l’impulsion du député de Hull—Aylmer et, bien sûr, avec l’appui de personnes comme mon ami de Hamilton-Centre, dans laquelle nous avons souligné que le gouvernement devait s’attaquer aux problèmes de racisme systémique.
La crise de la COVID-19 a fait ressortir une chose, son impact sur les personnes racialisées. Qu’il s’agisse de gens travaillant en première ligne comme employés dans des hôpitaux, comme caissiers ou dans la restauration, par exemple, la COVID-19 a un impact considérable sur les personnes racialisées.
Dans des pays comme les États-Unis et l’Angleterre, nous disposons de chiffres précis qui illustrent ce fossé racial, mais au Canada, nous ne tenons pas ce genre de statistiques. Je crois que parmi les choses que nous devons vraiment faire, nous devons collecter ces données et nous assurer d’établir des liens entre la race, la pauvreté et les services de santé. J’espère que nous avons là une occasion d’apprendre et, encore une fois, d’atténuer l’impact d’une éventuelle deuxième vague.
Quant au racisme systémique en général, il est très évident que le racisme touche de nombreuses personnes et les affecte différemment. Le racisme envers les Noirs est profond dans notre histoire. Il perdure. Les résultats sociaux sont très évidents. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, pour ainsi dire. Qu’il s’agisse des déterminants sociaux de la santé, des problèmes liés à l’incarcération ou des problèmes liés à la segmentation de l’éducation, les effets sur la communauté noire du Canada sont profonds, tout comme sur les Autochtones qui, depuis la Confédération, ont été relégués au rang de citoyens de deuxième classe sous tous les rapports.
Cette conversation a été déclenchée par le meurtre tragique de George Floyd aux mains de la police de Minneapolis, mais bien sûr, au Canada, nous avons eu notre part de tragédies de cette nature, y compris l’attaque brutale contre le chef Allan Adam aux mains de la GRC, et le décès de Chantel Moore.
Nous avons vu des appels lancés aux gouvernements à tous les niveaux pour qu’ils réimaginent ce à quoi ressembleront les services de police, l’interaction entre les policiers et les citoyens, en particulier ceux qui ont des problèmes de santé mentale et ceux qui font partie de communautés racialisées. Je crois qu’il nous appartient de saisir l’occasion et de veiller à nous attaquer aux problèmes systémiques qui ont abouti à ces résultats dévastateurs. J’espère que nous pourrons travailler en collaboration pour faire progresser ces dossiers dans les mois à venir.
Notre gouvernement s’emploie depuis le début à soutenir les Canadiens handicapés. Nous avons mis en œuvre plusieurs mesures pour soutenir tous les Canadiens, et j’en parlerai à la fin. Cependant, en ce qui concerne ce projet de loi, il aidera directement les personnes handicapées en versant un paiement qui n’a pas à être déclaré de 600 $ à toutes les personnes admissibles qui reçoivent le crédit d’impôt pour personne handicapée.
Nous avons travaillé d’arrache-pied depuis le début de cette pandémie pour soutenir les Canadiens vulnérables et faire en sorte que le plan d’intervention n’oublie personne. Nous devons veiller à ce que les Canadiens handicapés qui doivent supporter des coûts supplémentaires liés à la pandémie reçoivent le soutien dont ils ont besoin. Ce paiement serait aussi versé aux personnes admissibles à d’autres prestations d’invalidité ou mesures de soutien pour personnes handicapées, comme les prestations d’invalidité du Régime de pensions du Canada, les prestations pour invalidité du Régime de rentes du Québec ou l’une des mesures de soutien pour les personnes handicapées qu’offre Anciens Combattants Canada. Cette mesure profiterait à environ 1,7 million de Canadiens handicapés qui font face à des dépenses supplémentaires en raison de la pandémie de la COVID-19.
Selon l'Enquête canadienne sur l'incapacité menée en 2017, 22 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus s'identifient comme ayant un handicap. Ce taux augmente avec l'âge, avec 38 % des Canadiens de plus de 65 ans et 47 % des Canadiens de plus de 75 ans. Nous savons que parmi les Canadiens handicapés en âge de travailler, plus de 1,5 million, soit 41 %, sont au chômage ou totalement absents du marché du travail. Parmi les personnes gravement handicapées, le taux passe à plus de 60 %.
Ces Canadiens font face à des défis au quotidien, et ils le font avec détermination. Ils méritent le soutien de leur gouvernement. Notre gouvernement a travaillé en étroite collaboration avec la communauté des personnes handicapées pendant cette période de crise, notamment avec le Groupe consultatif sur la COVID-19 en matière des personnes en situation de handicap, qui conseille la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l'Inclusion des personnes handicapées. Le groupe a partagé des détails sur les expériences vécues par les personnes handicapées pendant la pandémie, ainsi que sur les questions spécifiques au handicap, les lacunes systémiques et les réponses possibles. Le gouvernement continuera à travailler fort pour augmenter l'accessibilité pour les personnes handicapées et pour supprimer les obstacles. En outre, le gouvernement demeure déterminé à adopter une approche inclusive par rapport aux personnes handicapées lors de l'intervention et de la relance liées à la pandémie.
Je tiens à prendre un instant pour souligner certains des merveilleux organismes de Scarborough qui s'efforcent d'aider les personnes handicapées au cours de la pandémie. Je veux d'abord remercier le South Asian Autism Awareness Centre, qui fait un travail magnifique auprès des jeunes atteints d'un trouble du spectre de l'autisme. Le Wellspring Centre, que j'ai pu visiter la semaine dernière, est un établissement de soins de répit qui vient de rouvrir. J'ai pu rencontrer l'équipe du centre et certains de ses clients. Il s'agit d'un organisme relativement nouveau, mais il est très prometteur et il aidera vraiment beaucoup de personnes handicapées.
Community Living en est un autre exemple. Community Living a d'importants bureaux dans la circonscription de nombreux députés. Il y en a plusieurs dans la mienne, et je suis toujours impressionné par le travail qu'accomplit cet organisme et par l'engagement de ses employés et de ses bénévoles à aider les personnes handicapées. Le Centre de santé communautaire TAIBU est situé dans Scarborough-Nord, soit la circonscription voisine de la mienne. C'est le seul centre de santé communautaire en Amérique du Nord qui a comme vocation de traiter les Noirs. Cet organisme fait de l'excellent travail, surtout pour aider les personnes atteintes de drépanocytose et celles qui ont d'autres problèmes liés à la communauté noire, et je tiens à le remercier de son travail.
Le prochain point de mon intervention d'aujourd'hui porte sur l'élargissement de l'accès à la Subvention salariale d'urgence du Canada. Elle est maintenant l'un des piliers du plan d'intervention économique pour répondre à la COVID-19 du gouvernement. La Subvention salariale d'urgence du Canada a été instaurée pour prévenir d'autres pertes d'emplois, encourager les employeurs à réembaucher rapidement les travailleurs mis à pied à cause de la COVID-19 et nous assurer que le Canada sera en meilleure position pour rebondir dans la reprise post-pandémique.
La Subvention salariale d'urgence du Canada peut continuer à protéger les emplois en aidant les entreprises à garder leurs employés et en les encourageant à réembaucher les travailleurs mis à pied au début de la pandémie. Grâce à la réembauche des employés, nous observons déjà une baisse du taux de chômage. La subvention salariale offre une plus grande souplesse aux employeurs pour qu'un grand nombre d'entre eux puissent en profiter. Les employeurs de toutes les tailles et de tous les secteurs de l'économie peuvent y être admissibles.
Depuis que nous avons lancé ce programme au printemps dernier, la Subvention salariale d'urgence du Canada a soutenu l'emploi d'environ trois millions de travailleurs canadiens, et ce nombre ne cesse d'augmenter. Dans le but d'aider ceux-ci, le projet de loi restructurerait la Subvention salariale d'urgence afin qu'elle réponde aux besoins d'un plus grand nombre d'entreprises. En vertu de ce projet de loi, le programme serait prolongé jusqu'à la fin de 2020 pour soutenir davantage les Canadiens.
L'admissibilité à la Subvention salariale d'urgence serait accrue en permettant à tous les employés de toucher la subvention de base, dans la mesure où ils satisfont aux critères d'admissibilité et qu'ils ont subi une perte de revenus, peu importe le montant. Ainsi, les petites et grandes entreprises qui éprouvent des difficultés depuis le début de la pandémie pourraient avoir accès à cette mesure de soutien pour la première fois, aidant par le fait même un plus grand nombre de travailleurs canadiens. Cela éliminerait toutes les barrières à la croissance pour les entreprises qui ont actuellement recours à la Subvention salariale d'urgence du Canada. Le seuil d'admissibilité étant annulé, les entreprises canadiennes sauront qu'elles sont appuyées dans leurs démarches pour réembaucher des employés, croître et investir.
Le gouvernement propose également d'instaurer une subvention complémentaire pour les employeurs admissibles qui sont les plus durement touchés par la crise de la COVID-19. La subvention salariale restructurée contribuerait à ce que les employeurs et les travailleurs soient en meilleure posture pour stimuler la croissance durant la phase de redressement après la pandémie.
En parlant de ce programme, j'aimerais faire le lien avec mon vécu pendant la crise financière de 2008. Je venais d'ouvrir un bureau d'avocats quelques années auparavant. J'avais une dizaine d'employés. Une des choses les plus difficiles que j'ai dû faire à ce moment-là a été de mettre des employés à pied en raison du ralentissement économique. J'ai perdu de très bons employés que je n'ai jamais pu récupérer.
D'après mon expérience, il est essentiel pour la viabilité à long terme de l'économie canadienne de soutenir les entreprises pour qu'elles puissent garder leurs employés. C'est très important que les Canadiens puissent continuer à travailler et à recevoir une rémunération, car, au bout du compte, c'est la meilleure sorte de soutien que le gouvernement puisse offrir. Je suis heureux de dire que ce programme a aidé des dizaines d'organismes dans ma circonscription et sans doute aussi dans celles des autres députés.
Ce n'est qu'une partie des mesures que nous avons prises pour riposter à la COVID-19. J'aimerais maintenant dire un mot ou deux sur la relance. Je sais que la conseillère municipale du district 25, Jennifer McKelvie, le maire de Toronto, John Tory, et plusieurs autres nous parlent depuis des semaines des difficultés budgétaires de la Ville et du fait que les 19 milliards de dollars que le gouvernement fédéral a promis aux provinces devraient nécessairement les aider à relancer l'économie. Je les remercie de leur excellent travail. Ils représentent bien leur ville.
Les autres programmes que nous avons créés sont, comme chacun sait, la Prestation canadienne d'urgence, la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants, le remboursement de la TPS d'avril, les compléments à la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti et le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes. Il s'agit d'autant de manières dont nous sommes venus en aide aux Canadiens afin qu'ils puissent surmonter les obstacles financiers qui se dressent sur leur chemin depuis quatre mois.
En terminant, j'aimerais remercier tous les travailleurs de première ligne, dont les efforts ont été tout simplement héroïques. Ils n'ont jamais demandé à être des héros, mais c'est bel et bien ce qu'ils sont. Je remercie également les membres des Forces armées canadiennes du travail qu'ils ont accompli dans ma circonscription, de même que les travailleurs de première ligne, ceux des hôpitaux, mais aussi ceux qui travaillent dans une épicerie ou qui conduisent un camion de marchandises. C'est sans oublier la directrice de la santé publique de la Ville de Toronto, la Dre Eileen de Villa, qui a su faire preuve d'un grand sens du leadership.