Monsieur le Président, mes pensées accompagnent ceux qui ont perdu un être cher au cours des dernières semaines. Beaucoup d'entre eux n'ont pas eu l'occasion de se rendre à l'hôpital. J'ai passé les huit ou neuf dernières semaines, soit depuis mon retour à la maison le 13 mars, au téléphone avec des gens de ma circonscription.
Je me souviens d'une conversation que j'ai eue au début d'avril. Je téléphonais à des gens et, lorsque je me suis identifié en tant que député de Saskatoon—Grasswood, une dame m'a dit qu'elle avait perdu son mari à la fin de mars. « Il y a une semaine », m'a-t-elle dit lorsque je lui ai parlé au début d'avril.
Elle a poursuivi en disant qu'elle et son mari avaient été mariés 62 ans, et qu'elle n'avait pas pu lui dire au revoir. Il a quitté la maison et a passé quelques jours à l'hôpital Royal University, à Saskatoon. Soixante-deux ans de mariage et elle n'a pas pu faire ses adieux à l'être aimé.
Voilà les histoires que nous entendons au pays. Malheureusement, il y a eu huit décès en Saskatchewan. C'est huit décès de trop. Le gouvernement de notre province a fait du bon travail, à mon avis, pour répondre à la pandémie.
Cette période est très difficile pour beaucoup de personnes. Parfois, dans nos conversations qui portent sur la distanciation sociale, sur aplatir la courbe, et sur toutes les expressions que nous avons employées depuis que nous avons quitté la Chambre, le 13 mars, c'est facile d'oublier ces histoires. Or, il ne s'agit pas de simples chiffres. Il s'agit de personnes. Quand je songe à la catastrophe que j'ai vue au Canada et aux milliers de personnes qui meurent à cause de cette pandémie, je n'en reviens pas. Je pense à l'Ontario, au Québec et, aujourd'hui, au rapport sur les foyers de soins de longue durée. Nous avons décidément beaucoup de travail à faire au Canada. Nous avons laissé tomber les gens qui ont bâti ce pays. C'est maintenant que nous devons tous avoir une bonne réflexion sur ce que nous pourrions faire pour redresser la situation.
Cela dit, je dois passer à la question qui nous occupe. Bien sûr, nous allons discuter du retour permanent au Parlement, et pas sous la forme d'un comité plénier. Nous parlons d'une véritable reprise des travaux parlementaires et de ce à quoi cela pourrait ressembler.
Les séances virtuelles sont peu efficaces. Ce sera intéressant, car les libéraux veulent toujours convoquer des gens devant les comités. Lorsque nous reprendrons le cours normal des choses dans les comités, je vais surveiller les libéraux. Ils font la promotion des séances virtuelles, mais qu'ils ne fassent pas venir des gens par avion chaque semaine pour parler devant les comités. Nous allons garder l'œil ouvert.
De ce côté-ci de la Chambre, bien avant la pandémie, nous militions pour des séances virtuelles pour les comités. Nous voyons quantité de personnes être convoquées pour chaque comité. Elles se font payer des billets d'avion, des nuitées à l'hôtel, des repas, elles prennent la parole pendant sept ou huit minutes devant le comité, puis elles repartent. Nous allons surveiller les libéraux et le gouvernement lorsque nous reviendrons à l'automne pour constater à quel point ils aiment les séances virtuelles, parce qu'un grand nombre d'entre elles n'ont pas été efficaces.
De ce côté-ci de la Chambre, nous avons parlé des journées, des motions, des projets de loi et des déclarations de l'opposition à la Chambre, mais je souhaite parler des projets de loi d'initiative parlementaire. Lorsque nous nous réunissons tous les quatre ans pour les choisir, c'est un grand moment à la Chambre des communes. Je connais certains députés qui, en 14 ou 15 ans, n'ont jamais pu présenter leur projet de loi d'initiative parlementaire. Cette année, les conservateurs, les libéraux, les bloquistes, les néo-démocrates et les verts se sont réunis, et qu'est-il arrivé? Les conservateurs ont obtenu 6 des 10 premières places, 9 des 15 premières places et 12 des 20 premières places. Y a-t-il une conspiration? Je viens d'indiquer les chiffres: 6 sur 10. Je suis le numéro sept. Mon projet de loi donnerait un immense espoir au tourisme au pays: le projet de loi C-218.
J'ignore si j'aurai un jour la chance d'en reparler. La première lecture a eu lieu en mars, comme pour beaucoup d'autres projets de loi d'initiative parlementaire, mais je ne suis pas convaincu qu'il pourra se rendre jusqu'à la deuxième lecture.
Le projet de loi du député de Calgary Confederation, sur les dons d'organes, a été adopté à la Chambre des communes durant la 42e législature. Mon collègue a perdu son épouse il y a de cela un certain nombre d'années, mais de son vivant, elle priait avec lui pour que ce projet de loi reçoive l'aval du Parlement. C'est ce qui est arrivé pendant la 42e législature, et voilà que, cette année, le député a été pigé en premier. Il y a vraiment quelqu'un qui veille sur lui.
Si j'en parle, c'est parce que ma ville a perdu un grand artiste cette semaine, M. Hugo Alvarado. Il m'avait appelé en février pour réclamer le retour des projets de loi d'initiative parlementaire. Je rappelle que le projet de loi du député de Calgary Confederation portait sur les dons d'organes. Hugo, lui, avait besoin d'une double transplantation des poumons. Il avait 71 ans. Il s'était rendu à Edmonton pour attendre le téléphone de l'hôpital, et pendant qu'il attendait, en février, il m'a appelé afin de prier la Chambre des communes de reprendre l'étude des projets de loi d'initiative parlementaire.
J'ai parlé à Hugo il y a une dizaine de jours. Il m'a encore demandé ce que nous faisions à Ottawa. Il y a des centaines de personnes qui meurent dans l'attente d'une transplantation. Dix jours plus tard, Hugo Alvarado est mort parce qu'il n'a pas pu obtenir les poumons dont il avait besoin.
C'est de ce genre de choses qu'on parle à la Chambre des communes. C'est important. Les comités pléniers sont merveilleux: nous réduisons le nombre de députés. Cependant, pour un député, une des tâches les plus importantes est de présenter des projets de loi d'initiative parlementaire — ses propres idées — à la Chambre des communes.
J'en parle parce que six projets de loi parmi les dix premiers sont des projets de loi conservateurs, et nous espérons avoir l'occasion d'en débattre à la Chambre des communes. Il existe de très bons projets de loi d'initiative parlementaire — de tous les partis — qui doivent être envoyés au Sénat, mais nous ne pouvons pas le faire, maintenant. Ces projets de loi sont bloqués.
C'est ce qu'il faut expliquer aux Canadiens: le comité plénier, ce n'est pas la Chambre des communes. Il manque un des outils les plus importants d'un député, soit le projet de loi d'initiative parlementaire, puisqu'une telle mesure lui tient à cœur, et ses 337 collègues peuvent l'adopter ou la rejeter.
Je ne sais pas ce que nous ferons pendant l'été. Je ne sais pas s'il sera même question des projets de loi d'initiative parlementaire. Le sujet n'avait même pas été soulevé jusqu'à ce que j'en parle. Pour un député, avoir la possibilité de présenter une idée de mesure législative à la Chambre des communes, qu'elle soit adoptée ou non, compte énormément. Maintenant, à cause de la formule en comité plénier qui a fait l'objet d'un accord entre les libéraux et les néo-démocrates, nous n'aurons probablement pas cette chance en 2020. Nous perdrons une année complète parce que l'adoption de tels projets de loi prend du temps à la Chambre des communes et au Sénat.
J'ai une dernière histoire à raconter, puis je passerai à autre chose. Nous avons tous parlé de cas de fraude. Une femme m'a envoyé un courriel pour m'informer que sa mère de 92 ans avait reçu trois chèques de la Prestation canadienne d'urgence d'une valeur totale de 6 000 $. Elle est âgée de 92 ans, et elle reçoit ces chèques. J'ai demandé à l'auteure du courriel si elle était sérieuse. Elle a fait des photocopies des chèques, et elle les a envoyées à mon bureau. Voilà pourquoi nous devons reprendre les travaux parlementaires. Le gouvernement est en train de distribuer des centaines de milliers, voire des millions, de dollars par mois.
Je viens de donner un exemple. Une femme de 92 ans reçoit 6 000 $, alors qu'elle n'a pas travaillé depuis des décennies. Sa fille m'a téléphoné pour me demander ce qu'elle devait faire avec les chèques. Je lui ai dit de ne pas les encaisser.
N'est-ce pas une histoire qu'il faut raconter? C'est une situation qui s'est produite à Saskatoon et qui se reproduira dans toutes les villes canadiennes. C'est pourquoi le Parlement doit reprendre ses travaux. L'opposition doit obliger le gouvernement à rendre des comptes.
Mr. Speaker, my thoughts are with those who have lost loved ones in the last number of weeks. Many of them never had the opportunity to go to the hospital. I have spent the last eight or nine weeks, since returning home on March 13, phoning my constituents.
I remember one conversation I had at the beginning of April. I was phoning houses and, when I identified myself with my name as the member of Parliament for Saskatoon—Grasswood, one lady told me she had lost her husband in late March. “A week ago”, she said when I talked to her in early April.
She went on to say that she and her husband had been married for 62 years and she did not have the opportunity to say goodbye to him. He left the house and spent a number of days at RUH, Royal University Hospital, in Saskatoon. It was 62 years and she never had the chance to say goodbye to her loved one.
Those are the stories that we are dealing with in this country. We have had, unfortunately, eight deaths in our province of Saskatchewan. That is eight too many. Our provincial government has done a very good job, in my estimation, of dealing with this pandemic.
This time has been very difficult for many. Sometimes, in our conversations about social distancing and flattening the curve and all the words that we have used since we left here on March 13, it is easy to forget about these stories. These are not numbers. They are people. When I look at the catastrophe that I have seen in this country with thousands dying from this pandemic, I just shake my head. I look at Ontario and Quebec and today, the long-term care home report. Wow, we have a lot of work to do in this country. We have let down the people who have built this country. This is the time that all of us in the House need to do heavy reflection on how we can correct this.
That being said, I have to move on with the matter at hand. Of course, we are going to talk about the permanent return to Parliament, not a committee of the whole but the return to Parliament and what that will look like.
Virtual sittings have worked a bit. It is going to be interesting, because the Liberals in committees always want to bring people in. When we get back to real business in the committees, I am going to watch the Liberals. They want to champion virtual sittings, and they had better not be bringing people into committees on airplanes every week. We are going to watch that.
We were advocates on this side, long before this pandemic, for virtual sittings in committees. We see people coming in by the droves for every committee. They get airplanes, hotels and meals, sit in a committee for a seven- or eight-minute conversation, and then leave. We are going to watch the Liberals and the government when we get back in the fall, to see how much they love virtual sittings, because a lot of virtual sittings have not worked.
On this side of the House, we have talked about opposition days, or motions, or legislation or statements in the House, but I want to talk about the private members' bills. When we all gather around for the selection, every four years, of private members' bills, it is a big moment in the House of Commons. I know of some MPs who, in 14 or 15 years, have never had a private member's bill. This year, Conservatives, Liberals, Bloc members, New Democrats and Greens gathered around, and guess what? The Conservatives got six out of the first 10 spots, nine out of the first 15 and 12 out of the first 20. Is there a conspiracy? I just shared the numbers: six of 10. I am number seven. My bill would give tremendous hope for tourism in this country: Bill C-218.
I do not know if I will ever get a chance to present it again. It had first reading in March, like many others, but I am not sure the bill will get to second reading.
The member for Calgary Confederation got his bill passed in the House of Commons, in the 42nd Parliament, on organ donation. The member for Calgary Confederation lost his wife a number of years ago and she had prayed with him to bring this bill to Parliament. It passed in the 42nd Parliament. Guess what happened? He got picked number one overall. There was somebody looking over the member for Calgary Confederation.
I bring this up because we lost Hugo Alvarado, an artist in my city, this week. He phoned me in February with a plea that Parliament start private members' business. Recall that the member for Calgary Confederation had a bill on organ donations. Hugo, at 71, needed a double lung transplant. He drove to Edmonton and waited, and during that time he phoned me in February with a plea that the House of Commons start the process on private members' bills.
I talked to him 10 days ago. Hugo asked again what we were doing in Ottawa. There are hundreds of people who need transplants, who are dying. Ten days later, Hugo Alvarado died because he did not get his transplant.
This is the sort of thing we are talking about in the House of Commons. It is important. Committees of the whole are great: we bring down certain numbers of MPs. However, as a member of Parliament, one of the biggest factors is presenting a private member's bill, one's own idea, in the House of Commons.
I bring this up because six out of the first 10 happen to be Conservative bills, and we are hoping we can debate them in the House of Commons. There are some very good private members' bills from all parties that need to be moved to the Senate, but we cannot do that now. We are locked down.
This is what Canadians should know: The committee of the whole is not Parliament. We are missing one of the most important features of a member of Parliament, the private member's bill, because it comes from the heart and 337 others have a say as to whether a private member's bill is accepted or not.
I do not know what we are going to do over the summer. I do not know if we are even going to talk about private members' bills. It was not even going to be brought up until I brought it up in a conversation. It means everything to a member of Parliament to get a chance to present an idea for legislation in the House of Commons, whether it passes or not. Now, because of the committee of the whole that the Liberals and NDP agreed to, we will probably not get the chance in 2020. We are going to miss a whole year because it takes some time to get passed in the House of Commons and the Senate.
I have one other story, and then I am going to move on. We have all talked about fraudulent cases. I got an email from a woman informing me that her 92-year-old mother received three CERB cheques worth $6,000. She is 92 years old and getting these cheques. I said, “Really?” She photocopied them and sent them to my office. This is why we need to come back to Parliament. Hundreds of thousands of dollars, maybe even millions, per month are being handed out by the government.
I just gave one example. This woman is getting $6,000. She is 92 years old and has not worked in decades. Her daughter phoned me and asked what she was to do with them. I told her not to cash them.
Is this not a story? This is a story in Saskatoon, and it will be a story in every city in this country. That is why Parliament needs to come back. There has to be opposition to keep the government accountable.