Monsieur le Président, c'est pour moi un grand honneur et un grand plaisir de prendre la parole aujourd'hui au nom des résidants de Courtenay—Alberni. Je tiens à les remercier de m'avoir réélu avec un mandat si fort. Je tiens également à vous féliciter, monsieur le Président, de votre récente nomination.
J'aimerais exprimer tout particulièrement ma reconnaissance aux leaders des Nuu-chah-nulth, les Ha'wiih, qui sont les chefs héréditaires des Nuu-chah-nulth. Ils m'ont donné le nom ciqh-sii cet automne, qui veut dire porte-parole des chefs héréditaires des 14 nations des Nuu-chah-nulth. Je suis profondément touché et honoré de pouvoir me faire leur porte-parole ici, à la Chambre des communes.
J'aimerais également rendre hommage à ma famille, car on n'arrive pas à la Chambre sans l'aide de sa famille. Je pense tout particulièrement à ma grand-mère de 94 ans, qui est décédée seulement le mois dernier. Elle était la fille du regretté chef Solomon Mallett, de Fish River. Elle était la dernière membre de la famille qui parlait cri.
Je lui ai promis, ainsi qu'à toute ma famille, de lutter pour les langues autochtones afin d'en conserver les locuteurs — comme ma grand-mère, Mabel Lazar — pour éviter que nous ne perdions leurs langues. Nous devons faire tout en notre pouvoir pour soutenir les langues autochtones.
Nous sommes ici aujourd'hui pour parler du discours du Trône. À l'heure actuelle, des Canadiens ordinaires nous disent qu'ils ont besoin d'aide. Si le discours du Trône est tout ce que les libéraux sont prêts à nous offrir, nous leur disons que ce n'est simplement pas assez pour nos concitoyens.
Le discours du Trône était l'occasion, pour les libéraux, de prendre réellement l'engagement d'aider les Canadiens à surmonter les difficultés actuelles. Au lieu de cela, ils ont totalement ignoré le message que les sentiments que les Canadiens ont exprimé lors des élections. La législature vient tout juste de commencer, et le gouvernement est déjà en train de rompre ses promesses. Les belles paroles ne suffisent pas. Il nous faut des mesures concrètes. Les Canadiens s'attendent à davantage.
Près de la moitié des Canadiens de tous les coins du pays sont à 200 $ près de ne plus pouvoir payer leurs factures.
Par ailleurs, nous pouvons constater, autour de nous, les effets de la crise climatique et toute l'urgence de cette crise. Les jeunes manifestent dans les rues. Ils s'inquiètent de l'avenir. La semaine dernière, au centre-ville de Courtenay, le groupe Youth Environmental Action a exhorté le gouvernement à agir de toute urgence. Au lieu d'actions immédiates, le gouvernement propose une plateforme qui vise l'année 2050.
Ce groupe espérait, comme nous tous, que le gouvernement reconnaisse l'urgence de la situation, puisque le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a recommandé de réduire les émissions de 45 % d'ici 2030. Le gouvernement n'a rien dit à ce sujet. Au lieu de collaborer avec nous afin d'améliorer la vie des Canadiens, les libéraux se sont bornés à offrir de belles paroles, sans la moindre trace d'un geste concret.
Par ailleurs, les députés libéraux parlent d'un programme d'assurance-médicaments, mais il n'y a aucune mention officielle d'un programme universel, complet ou public, ni d'un budget ou d'une échéance.
Des gens de ma circonscription communiquent avec moi. Je pense par exemple à une jeune mère dont l'enfant est atteint de fibrose kystique. Elle n'a tout simplement pas les moyens d'acheter les médicaments nécessaires. Quand les enfants d'un pays aussi riche que le Canada sont privés des médicaments dont ils ont besoin à cause d'un manque d'argent, c'est un échec lamentable.
En ce qui concerne l'environnement, les libéraux ont donné des milliards de dollars en subventions à l'industrie des combustibles fossiles au lieu d'investir dans l'énergie renouvelable et la création d'emplois. Aucune mesure plus ambitieuse n'est prévue pour réduire les émissions d'ici 2030 et pour résoudre le problème pressant auquel nous devons maintenant faire face. Au lieu de cela, les libéraux continuent d'accorder d'énormes subventions à l'industrie pétrolière et gazière.
Les libéraux n'ont pas su travailler avec nous pour que les ultrariches paient un peu plus. Au lieu de cela, ils ont continué de renoncer à des milliards de dollars que les sociétés doivent aux Canadiens. Ils auraient pu travailler avec nous pour qu'on cesse de profiter des Canadiens qui peinent encore à rembourser leurs propres dettes.
Pour ce qui est de la réconciliation, les libéraux continuent d'affirmer que la relation la plus importante est celle qu'ils ont avec les Autochtones. Or, ils s'obstinent à traîner les enfants autochtones devant les tribunaux. Ils refusent de s'engager à abandonner l'appel interjeté contre une décision juste envers les enfants autochtones. Ils manquent aussi à leurs obligations en refusant de régler les lacunes du système d'aide à l'enfance.
À la Chambre, les députés m'ont entendu parler des 19 millions de dollars que le gouvernement a dépensés, juste en honoraires d'avocats, afin de contester le droit de la nation des Nuu-chah-nulth de pêcher et de vendre du poisson. La nation a eu gain de cause à deux reprises devant la Cour suprême du Canada.
Au lieu de respecter la décision des tribunaux, le gouvernement continue de se battre contre cette nation aux frais des contribuables. Les Nuu-chah-nulth veulent partager. Ils veulent se montrer solidaires. Ils veulent pouvoir pêcher comme ils ont l'habitude de le faire.
Pour ce qui est du logement, les libéraux n'ont pas présenté de plan concret. Nous avons besoin de 500 000 logements maintenant pour compenser les 25 dernières années. Il nous faut des logements coopératifs. J'ai vécu dans ce type de logements, et nous en avons désespérément besoin.
À Courtenay, on discute actuellement de la nécessité de construire des logements coopératifs et d'obtenir de l'aide fédérale. Le gouvernement a promis de mettre fin à l'itinérance parmi les vétérans. Or, il n'en fait aucune mention dans le discours du Trône. Nous savons également que les conditions de logement de nombreux Autochtones sont épouvantables.
J'ai entendu ma collègue de Vancouver-Est parler de la crise des opioïdes et de la nécessité de mettre en place un projet pilote sur l'accès à des médicaments sans danger. En effet, plus de 12 000 Canadiens ont perdu la vie inutilement à cause de médicaments empoisonnés.
Nous avons besoin de communautés thérapeutiques de rétablissement comme celles qui existent en Italie et au Portugal, deux pays qui ont réussi à réduire leur nombre de décès par surdose. Au Canada, surtout en Colombie-Britannique, les gens sont 79 fois plus susceptibles de mourir d'une surdose. Si c'était sept fois plus, ce serait déjà suffisant pour faire un constat d'échec, mais un taux 79 fois plus élevé nous oblige à nous demander qui est responsable d'une telle situation. Il est urgent d'agir.
Pour la côte Ouest, je dois dire que l'élément le plus important qui manque dans le discours du Trône est la situation urgente du saumon; on n'en parle pas du tout. Hier, le député de West Vancouver—Sunshine Coast—Sea to Sky Country a parlé pendant 20 minutes et il n'a pas dit un mot sur la situation urgente du saumon.
J'ai eu le privilège aujourd'hui de discuter avec la nouvelle ministre des Pêches et des Océans et je lui ai demandé d'agir. La situation est aussi critique qu'un incendie de forêt dans le Nord de l'Alberta ou qu'une inondation dans l'Est du Canada. Le saumon représente des retombées économiques d'un milliard de dollars en Colombie-Britannique, toutefois ce n'est pas seulement l'économie qui est en jeu. C'est notre sécurité alimentaire, notre culture et notre mode de vie. Tout est lié à notre écosystème.
Cette année, on a observé le plus faible retour vers le fleuve Fraser depuis que ces données sont compilées. Il n'était pas seulement faible: il était la moitié du nombre le plus bas jamais observé. La rivière Skeena a enregistré des creux historiques. On attendait 60 000 saumons kétas dans la rivière Alouette; seulement 450 sont revenus. Il y a eu le glissement de terrain de Big Bar. Nous apprenons maintenant que la majorité des poissons ont péri.
C'est une période catastrophique. Le gouvernement ne veut pas être celui qui verra le saumon de la côte Ouest et du Pacifique dépérir comme la morue de l'Atlantique. Le gouvernement doit agir avec le sentiment d'urgence que nécessite la situation actuelle sur la côte Ouest. Je fais appel aux libéraux. Il ne s'agit pas de trouver des coupables pour les couvrir de honte. Il s'agit de faire ce qui s'impose immédiatement. Le temps est à l'action.
Le gouvernement a annoncé ses fonds de restauration pour le saumon, qu'il s'agisse du fonds de restauration pour le saumon de la Colombie-Britannique ou du Fonds pour la restauration côtière. L'argent n'est tout simplement pas versé. De nombreux bénévoles tentent de faire le travail qui s'impose, mais ils ne voient pas les fonds promis.
Samedi dernier, plus de 60 personnes se sont jointes à la Central Westcoast Forest Society aux baies Clayoquot et Barkley, à Ucluelet. Elles ont enlevé 23 000 tonnes de plastique et de débris dans les cours d'eau afin de permettre le retour des poissons. Une simple enveloppe de 102 millions de dollars de la part du gouvernement fédéral n'est pas suffisante. Nous avons besoin de 500 millions de dollars dès maintenant, et ce n'est que pour les projets de restauration.
Les groupes de mise en valeur n'ont pas vu d'augmentation en plus de 29 ans alors qu'il y a urgence. Il est interdit de capturer et de garder les poissons marqués. Cela n'a aucun sens. Nous devrions marquer tous les poissons de toutes les écloseries et veiller à ce que les adeptes de la pêche sportive puissent garder les poissons. Cela contribuera à la conservation.
Le gouvernement s'est engagé à retirer les élevages de saumon d'ici 2025. Il n'y a rien dans le discours du Trône à ce sujet et ce, même si nous observons une quantité record de poux du poisson.
Le gouvernement permet encore le transfert de poissons infectés par le réovirus pisciaire, un agent infectieux. Nous avons vu des disparitions massives causées par la prolifération d'algues le long des voies de migration de saumoneaux, et le gouvernement joue les agents doubles. Il fait fonction d'agent pour l'industrie tout en disant qu'il est là pour protéger nos stocks sauvages. La Commission Cohen a dit que le gouvernement ne pouvait pas faire les deux.
Sauf indication contraire, le gouvernement permet l'ouverture immédiate de la pêche au hareng. C'est fondamental, car tout est interconnecté. C'est l'espèce essentielle pour le saumon et les épaulards résidents du Sud. C'est une pêche minotière et c'est insensé. Les néo-démocrates demandent au gouvernement d'écouter le savoir local et autochtone.
Le gouvernement doit déclarer que la situation du saumon en Colombie-Britannique est critique et l'annoncer immédiatement. Il doit intervenir sur le terrain.