Monsieur le Président, je remercie le député d'Edmonton-Centre d'avoir accepté de partager son temps de parole avec moi.
L'ensemble des députés, tous partis confondus, ont probablement deux choses en commun: nous sommes grassement payés par les contribuables et les gens de nos circonscriptions nous parlent des infrastructures pratiquement toutes les semaines. Quel est le lien entre ces deux réalités? Les Canadiens paient beaucoup de taxes et d'impôts et ils s'attendent à ce que le gouvernement travaille pour eux. Ils s'attendent aussi à ce que l'ensemble des députés, tous partis confondus, défendent les intérêts de la population à la Chambre.
Malheureusement, nous savons que le gouvernement ne travaille pas toujours pour les gens qui financent ses activités. Il en est de même chose pour la Chambre des communes. C'est pourquoi aujourd'hui, j'entends me battre. J'entends exiger des ministres qu'ils demandent à leurs ministères respectifs et à la fonction publique d'aller de l'avant, de bâtir les infrastructures et d'offrir les services dont l'ensemble des Canadiens ont besoin, et de le faire de façon transparente.
Comme mon collègue, le député de Mégantic—L'Érable, l'a mentionné dans sa motion, le directeur parlementaire du budget a indiqué que le budget de 2018 présente un compte rendu incomplet des changements apportés au plan de 186,7 milliards de dollars de dépenses du gouvernement dans les infrastructures, et que le DPB a exigé un nouveau plan, mais qu'il n'existe pas.
Le budget de 2020 comprendra-t-il un plan nouveau et transparent? Je peux dire que les députés de ce côté-ci de la Chambre ne se font pas trop d'illusions. Toutefois, je ne perds pas espoir. C'est pourquoi nous demandons au vérificateur général d'examiner immédiatement le plan Investir dans le Canada présenté par le gouvernement libéral. Le vérificateur général devra s'assurer que le plan respecte les objectifs et les promesses qui y sont énoncés, puis faire part de ses conclusions à la Chambre d'ici un an.
Dans ma circonscription, Mission—Matsqui—Fraser Canyon, le district de Mission travaille inlassablement pour remplacer des conduites d'eaux usées qui passent sous le fleuve Fraser et qui aboutissent à l'usine de traitement d'Abbotsford.
Près de 50 000 personnes dépendent de cette infrastructure essentielle. Les conduites sous pression actuelles ont plus de 30 ans, sont utilisées à pleine capacité et risquent à tout moment de faire défaut. Selon les ingénieurs de Mission, on ne se demande pas « si », mais plutôt « quand », ces conduites d'eaux usées vont se briser.
Les dégâts environnementaux que causerait alors l'écoulement d'eaux usées sur les rives du fleuve Fraser seraient sans précédent. Ils pourraient affecter des millions de Britanno-Colombiens, sans parler des conséquences dévastatrices sur nos cinq espèces emblématiques de saumon du Pacifique.
En 2017, les paliers supérieurs du gouvernement ont décidé d'accorder 6,9 millions de dollars au district de Mission dans le cadre du Fonds pour l'eau potable et le traitement des eaux usées. Toutefois, à l'instar d'autres projets d'infrastructure menés dans l'ensemble du pays, seulement une petite portion de ces fonds ont bel et bien été transférés au district.
Après des années de tergiversation de la part des libéraux, les coûts de construction sont montés en flèche. Les examens gouvernementaux à l'échelle fédérale et provinciale ont entravé le processus, notamment à cause de tracasseries administratives, et les gens sont vraiment frustrés.
Par conséquent, ce que je demande en ce moment, et j'ai remercié le secrétaire parlementaire à cet égard plus tôt aujourd'hui, c'est une injection immédiate de fonds et une intervention du gouvernement fédéral pour veiller à ce que le projet de franchissement de l'égout sanitaire de Mission soit mené à bien.
Les égouts sanitaires représentent un service essentiel pour les collectivités en expansion, peu importe leur emplacement, et ils assurent la protection de l'environnement pour les générations futures. Je ne saurais trop insister sur la nécessité de régler rapidement ce problème d'infrastructure.
Un autre grand problème dans ma circonscription, dans la collectivité d'Abbotsford plus précisément, est l'étroitesse de la route 1. Elle relie la vallée du bas Fraser et la vallée du Fraser au reste de la province et au pays, et elle a besoin d'être élargie depuis des décennies. Chaque jour, plus de 40 000 usagers empruntent ce tronçon de route à deux voies et le nombre d'accidents y a grimpé en flèche pour atteindre plus de 1 000 par année. Selon la société d'assurance de la Colombie-Britannique, entre 2015 et 2017, le nombre d'accidents de la route entre Langley et Chilliwack a doublé pour atteindre 1 100.
Avec un débit routier qui dépasse déjà la capacité limite, la route 1 représente un risque inquiétant pour les usagers, surtout en cas de catastrophe où l'aéroport international d'Abbotsford aurait à desservir toute la région en remplacement de l'aéroport international de Vancouver.
En raison de la bonne croissance et de l'augmentation de la capacité des ports, le nombre de camions sur la route a augmenté tout comme le nombre de navetteurs, et tous les jours, les gens sont paralysés dans la circulation. J'entends plus parler de la congestion sur la route que de tout autre problème dans ma circonscription.
Soit dit en passant, le gouvernement libéral avait promis et annoncé dans le budget de 2016 qu'on procéderait rapidement. À la phase 1 de son nouveau plan d'infrastructure, le gouvernement était censé se concentrer sur la relance de l'économie à court terme. Eh bien, nous sommes en 2020 et il ne s'est rien produit. En fait, mes collègues et moi-même avons rencontré hier le personnel du directeur parlementaire du budget, qui nous a appris, constat lamentable, que non seulement les principaux objectifs du gouvernement n'ont pas été atteints, mais que les libéraux n'ont aucun moyen de suivre la progression des dépenses en infrastructures.
Des localités dans toute ma circonscription en Colombie-Britannique ont fait des demandes de financement pour des infrastructures, dont un grand nombre dans le cadre du Programme d'infrastructures communautaires, culturelles et récréatives, dont la date butoir tombait le 23 janvier 2019, il y a plus d'un an.
Comment peut-on dans le cadre de programmes d'infrastructures censés stimuler immédiatement l'économie prendre un an pour traiter les demandes? Que font au juste les ministères fédéraux et provinciaux? Combien de fois des demandes sont-elles renvoyées d'un bureau à Victoria à un bureau à Ottawa et vice-versa?
Le district de Lillooet m'a demandé de l'aide pour qu'il puisse apporter les améliorations nécessaires à sa patinoire de hockey. Il doit remplacer le système de réfrigération à l'ammoniac de son centre de loisirs par un système au dioxyde de carbone plus sûr. Cache Creek se remet encore des inondations dévastatrices de 2017. Harrison Hot Springs a besoin de moderniser sa station de relèvement de la rivière Miami, un autre projet d'assainissement des eaux usées. Agassiz a besoin d'aide pour une piscine intérieure. Sa seule piscine est à l'extérieur et a 40 ans. Le village de Lytton et, en fait, toutes les collectivités rurales que je représente dans la circonscription de Mission—Matsqui—Fraser Canyon ont besoin de l'infrastructure nécessaire pour offrir un accès Internet à haute vitesse. La liste des projets d'infrastructure qui nécessitent une aide fédérale est longue, et je sais que c'est également le cas dans toutes les autres circonscriptions.
Malheureusement, le méli-mélo de programmes, de formalités administratives et d'obstacles bureaucratiques est incroyablement difficile — voire impossible — à gérer pour les petites municipalités et les municipalités rurales. Le directeur parlementaire du budget signale que le plan Investir dans le Canada comprend plus de 50 programmes de financement gouvernementaux individuels administrés par 32 ministères et organismes gouvernementaux. Il constate qu'en se basant sur les documents publics, il est littéralement impossible de retracer les dépenses faites avec les deniers publics alloués. Comme je l'ai mentionné plus tôt, quand il a été invité à décrire la situation, le directeur parlementaire du budget l'a comparée à une pieuvre qui couvre l'ensemble du gouvernement, mais qui laisse d'énormes trous, où l'information manque. En outre, bon nombre des priorités des libéraux pour ce financement défient toute logique.
Prenons par exemple la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures: le gouvernement libéral a accordé plus de 256 millions de dollars à cette entité contrôlée par Pékin. Plus près de nous, on peut penser à la Banque de l'infrastructure du Canada. Le ministre Morneau, ministre des Finances, a confirmé que les petites municipalités comme celles que je représente n'en profiteront pas, puisque les investisseurs internationaux ne s'intéressent qu'aux vastes projets novateurs qui créent une source de revenus et leur permettent d'obtenir un taux de rendement élevé sur leur investissement. Les petites et moyennes municipalités rurales du pays doivent tout de même composer avec la facture de 15 milliards de dollars qu'a nécessitée cette banque.
En conclusion, on constate aujourd'hui l'échec du supposé « plan d'infrastructures » des libéraux de Trudeau, et le directeur parlementaire du budget prévoit que cet échec se poursuivra. Les déficits atteignent des niveaux vertigineux et pourtant, le compte économique de l'infrastructure, publié par Statistique Canada, montre que les dépenses en infrastructures ont à peine augmenté au pays. Entre 2015 et 2018, les dernières années pour lesquelles nous avons des données, les investissements annuels dans les infrastructures sont passés de 70,7 à 71,5 milliards de dollars, si on ajuste les chiffres en fonction de l'inflation. L'augmentation annuelle n'était donc que de 0,8 milliard de dollars, alors que des dépenses en infrastructures totalisant 35 milliards de dollars, une somme faramineuse, ont été octroyées sur une période de trois ans. Les Canadiens méritent mieux. Ils méritent de savoir où va leur argent et de savoir qu'il sert réellement à améliorer leur sort et ne se perd pas dans un fouillis bureaucratique.
Laissons le vérificateur général faire son travail. Laissons-le mener un audit du programme d'infrastructures et montrer avec plus de transparence comment les fonds publics servent à améliorer nos collectivités.