Madame la Présidente, le Bloc québécois se consacre au renforcement du développement des régions du Québec, particulièrement en activant les moyens de l'État fédéral canadien et en respectant les principes reconnus du développement d'un écosystème économique performant avec l'État national québécois, les acteurs du milieu et la population de toutes les régions du Québec.
Le Bloc québécois doit encore, comme les nationalistes québécois de notre histoire, se battre pour défendre sans compromis les intérêts du développement des régions du Québec contre le gouvernement fédéral canadien, qui s'ingère constamment dans les champs de compétence du Québec.
Par contre, le Bloc québécois assure à la Chambre qu'une coopération avec le gouvernement fédéral canadien est possible lorsque ce dernier s'engage à faire des investissements dans le cadre d'un programme ou d'un dossier ciblé qui répond aux attentes du gouvernement du Québec. Voici des exemples qui touchent une circonscription rurale comme la vôtre, madame la Présidente.
Tout d'abord, prenons l'exemple des infrastructures sportives. Les citoyens qui vivent dans des capitales régionales comme Rouyn-Noranda et Thetford Mines n'ont pas accès à des installations sportives de qualité. Chez nous, à Rouyn-Noranda, il y a un projet de complexe multisports qui n'a pas vu le jour. Celui-ci comprenait un terrain de soccer, une piscine et d'autres infrastructures. Le fédéral ne faisait pas partie de ce projet et ce dernier est tombé à l'eau. Nous avons également un projet de piscine au Témiscamingue.
Comme un député l'a évoqué plus tôt, en région rurale, où la population est moins concentrée, les citoyens n'ont pas les mêmes moyens et, forcément, de tels projets ne peuvent pas aussi facilement se réaliser. Il faut donc que le fédéral établisse des conditions d'admissibilité qui correspondent aux réalités de chaque région. Une fois les objectifs établis avec le fédéral, il appartient au Québec et aux municipalités de réaliser leurs projets.
J'aimerais maintenant parler des infrastructures municipales et plus particulièrement du traitement des eaux usées. Certaines municipalités bordant le fleuve Saint-Laurent n'ont pas les infrastructures nécessaires pour traiter leurs eaux usées, qui sont donc parfois non traitées et déversées dans le fleuve Saint-Laurent, comme on en a entendu parler. Plusieurs municipalités du Québec déversent leurs eaux usées dans les lacs et les rivières. Cela est inacceptable et il faut donner des moyens aux municipalités pour améliorer l'état des infrastructures existantes.
Au sujet de l'eau, je veux aussi donner l'exemple de la municipalité d'Angliers, au Témiscamingue, qui n'a pas d'infrastructure de captage d'eau potable. Ses citoyens doivent utiliser de l'eau embouteillée, qui est distribuée par camion. C'est inacceptable. Cette réalité est aussi présente dans trop de communautés autochtones qui ne peuvent pas s'approvisionner en eau à l'aide d'infrastructures modernes.
Puisqu'on parle d'infrastructures qui touchent les communautés autochtones, parlons du logement, une question très importante dont découlent beaucoup de problèmes sociaux. Les Autochtones font malheureusement partie des personnes les plus mal logées au Québec et au Canada. Leurs logements sont trop petits et en mauvaise condition. Cela a un effet sur leur développement.
Les transferts pour les infrastructures de logement social sont donc primordiaux. C'est aussi vrai ailleurs. À cet égard, le gouvernement fédéral doit transférer des montants d'argent pour réaliser des projets de construction de logements sociaux et remettre en état ceux qui sont en place. Qui plus est, il doit le faire en laissant la gestion au Québec et aux municipalités et sans imposer de conditions. Les taux d'inoccupation des logements au Québec sont très bas en ce moment, comme un peu partout. À Rouyn-Noranda, le taux d'inoccupation est de 1 %. On manque grandement de logements sociaux en Abitibi-Témiscamingue. Encore une fois, les critères ne sont pas adaptés aux régions et on doit attendre l'argent pour réaliser les projets.
Par ailleurs, la pénurie de logements abordables accentue les problèmes de logement et d'itinérance. Parfois, les logements sont plus chers que ceux des grandes villes. L'inflation est ressentie partout au Québec. Le manque de logements abordables accentue également la pénurie de main-d'œuvre, puisque cela nuit grandement à notre capacité d'attirer de nouveaux arrivants, qu'ils soient du Québec ou d'ailleurs, et d'aider nos entreprises à être compétitives et à lutter contre cette pénurie de main-d'œuvre. Cela soulève à nouveau la question de l'attractivité.
Toujours au sujet de l'infrastructure, une autre question qui touche la région de l'Abitibi-Témiscamingue, mais aussi la circonscription de Laurentides—Labelle, c'est la fameuse route 117, parfois affectueusement surnommée « sang 17 ». C'est l'une des routes les plus meurtrières au Québec, en raison des conditions souvent dangereuses et de la circulation des camions lourds. Il y a peu d'espace pour dépasser les autres véhicules, ce qui occasionne parfois des comportements dangereux. C'est une infrastructure du ministère des Transports du Québec, mais c'est aussi une route transcanadienne. Par le passé, on a vu le fédéral investir 11 millions de dollars dans la réfection de différents segments de cette route, notamment pour un pont.
Est-ce qu'il pourrait y avoir une réflexion en ce sens?
En ce qui a trait aux infrastructures routières, le village de Moffet veut remettre en service le pont de Grassy-Narrow. Ce projet sera fait en collaboration avec la communauté autochtone anishinabe de Long Point First Nation. Le projet vise à désenclaver cette partie de l'Est du Témiscamingue, à améliorer les conditions d'exploitation forestière pour les compagnies et à donner accès aux usagers du territoire, que ce soit des plaisanciers ou des touristes.
La question des infrastructures pour nos producteurs agricoles est aussi une question qui me touche, notamment en ce qui a trait aux abattoirs. L'Abitibi-Témiscamingue compte plusieurs producteurs. Le gouvernement fédéral peut-il contribuer à ce que l'on puisse consommer de la viande produite localement? Une contribution du gouvernement fédéral peut faire la différence en finançant les initiatives qui émergent du milieu. La réalité, c'est que nos bœufs et nos autres animaux doivent parcourir 800 kilomètres avant de se faire abattre. C'est donc un enjeu de fraîcheur, de qualité de vie des animaux et de notre capacité à consommer des produits locaux.
Une solution existe peut-être dans la circonscription de mon collègue de Timmins—Baie James, notamment dans la municipalité de Belle-Vallée. Est-il possible d'avoir une entente pour que nos producteurs puissent faire abattre leurs animaux à trois kilomètres de la frontière du Témiscamingue plutôt que de faire plus de 600 kilomètres de route? Est-ce que le Québec, l'Ontario et le Canada peuvent s'asseoir ensemble pour régler cette situation si une initiative ne peut pas être financée dans la région? Il faut trouver des solutions afin de désenclaver la région, notamment en diminuant les coûts de transport de l'abattage.
Nous nous demandons aussi pourquoi on ne redonne pas à la communauté les immeubles fédéraux qui ne servent plus. On pourrait ensuite y installer des projets novateurs, comme des CPE, des logements ou des organismes communautaires. Les édifices du gouvernement du Canada dans la région ne sont pas juste un éléphant blanc, ils sont aussi l'éléphant dans la pièce. Ces édifices ne sont plus occupés et la qualité des services qui pourraient y être offerts est un manque dans la région.
La desserte numérique est un autre problème. Il faut adapter les programmes pour toutes les régions, et particulièrement en milieu rural. Nous n'avons pas une aussi grande population qu'à Vancouver, Toronto ou Montréal. L'investissement est donc moins intéressant pour les compagnies. Il faut agir sur ce plan. L'occupation du territoire a un coût, mais ne pas l'occuper en a également un. La modernisation du réseau numérique est aussi importante pour l'agriculture de proximité et pour attirer de jeunes familles, entre autres choses.
Une initiative régionale existe, soit le projet du GIRAT, et elle est très intéressante. Le projet Mobile A-T, d'une valeur de plus de 13 millions de dollars, est actuellement réalisé sans investissement du gouvernement fédéral, alors que les télécommunications relèvent de la compétence fédérale.
Parlons des transports en commun. Il n'y a pas que Montréal, Québec, Ottawa ou Toronto qui a besoin de transports en commun. Il serait intéressant que les programmes permettent la mise en place d'infrastructures afin de faciliter le développement des régions. Je pense également aux régions comme Drummondville qui veulent aussi bonifier leur desserte avec un train. Évidemment, la question du coût est en jeu, mais également celle de la fréquence des passages.
Les occasions d'affaires deviennent un enjeu. Il faut avoir accès à un transport aérien de qualité. Beaucoup d'investissements sont faits dans les aéroports, mais le problème des infrastructures est important. La fréquence des vols et l'effet sur les coûts sont également des enjeux. Tout cela est interrelié.
Il y a d'autres exemples. Pensons à NAV CANADA quand il est question d'une infrastructure sur place qui permet d'assurer la qualité de notre desserte et la sécurité des gens. Tous les projets d'incubateurs sont également intéressants pour les acteurs de développement économique.
Si le gouvernement fédéral n'est pas capable de s'occuper de ses infrastructures dans les régions, en Abitibi-Témiscamingue et ailleurs au Québec, alors que ces infrastructures sont absolument nécessaires à notre développement, nous l'invitons à nous transférer les fonds à cet égard.