Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec mon estimé collègue de La Prairie, sans cela, je vais me retrouver avec plus de temps.
J'ai une petite crainte que le sujet soulevé ce matin n'ait pas été traité avec le sérieux que la situation mérite. Dans le fond, j'ai une petite crainte que les libéraux nous trouvent sympathiques, au Bloc, de collaborer et que peut-être ils n'écoutent pas trop ou pas tant que cela. J'ai vu des réponses dans les médias au sujet des travailleurs étrangers qui ne sont pas du tout satisfaisantes, même pas proche d'être un peu satisfaisantes.
Quand j'étais plus jeune, j'ai travaillé à la ferme plusieurs années. J'ai payé mes études comme cela. C'était une autre époque, bien sûr, les choses ont beaucoup changé. Il y a une chose qui n'a pas changé. Si je m'impose à moi-même une quarantaine comme un collègue l'a fait, je vais avoir une chambre dans ma maison, une salle de bain, une cuisine, un poêle et un réfrigérateur. Je vais trouver cela long deux semaines, mais je vais avoir toutes les installations nécessaires. S'il y a 2, 3, 5 ou 12 travailleurs étrangers sur une exploitation agricole au Québec, il n'y aura pas 12 salles de bain, 12 cuisines, 12 réfrigérateurs et 12 chambres fermées. Ce n'est pas vrai que, si on reste à six pieds d'une personne, il n'y aura pas de problème. Ce ne sera pas simple de même. Il va falloir qu'on prenne cela bien davantage au sérieux.
Avant que la transmission communautaire se soit implantée, on avait dit pendant longtemps que les déplacements à l'étranger étaient le plus haut facteur de risque pour la propagation. Je réitère que nous voulons accueillir ces travailleurs. Ils sont très importants pour l'économie québécoise et canadienne et pour nos régions. Nous voulons qu'ils viennent.
Il est déjà confirmé que potentiellement 2 500 personnes vont arriver essentiellement du Guatemala et du Mexique pour venir travailler au Québec. Je le répète et cela ne peut pas être plus clair. Je le dis pour les médias et pour les collègues: ils n'auront pas été testés pour la COVID-19 avant de monter dans l'avion ni placés en quarantaine pendant 14 jours.
Quand ils vont débarquer, ils ne subiront pas de test de la COVID-19 et ne seront pas placés en quarantaine pendant 14 jours. Une organisation qui ne relève ni de la santé publique ni de l'État va les faire monter dans des autobus et les amener à des points de chute qui, selon toute vraisemblance, ne sont pas équipés pour faire cela d'une façon adéquate. Ce n'est pas une petite affaire.
« Ça va bien aller », c'est correct quand on fait des arcs-en-ciel dans les fenêtres, mais ce n'est pas correct lorsqu'on accueille des milliers de personnes qui, dans leur propre intérêt, devraient faire l'objet d'un meilleur encadrement. Je me permets d'insister.
Imaginons le risque. Selon les différents scénarios, il y aura entre 30 et 70 % des gens sur un territoire donné qui vont à un moment donné contracter la COVID-19. Le fait d'être un travailleur étranger ou d'être sur le territoire canadien ou québécois est difficilement une immunité. En conséquence, il risque d'y avoir des cas.
Notre devoir est de minimiser le risque qu'il y ait en effet des cas. La façon scientifiquement démontrée non pas d'assurer qu'il n'y en aura pas, mais bien de réduire la probabilité, c'est la quarantaine et le dépistage. Même lorsque ces derniers sont combinés, cela ne donne pas de certitude, mais donne une probabilité acceptable. Alors, minimalement, je reste profondément convaincu que les jolies phrases ne sont pas un remède et ne sont pas une prévention contre la COVID-19. Cela va prendre des mesures et des gestes concrets.
Imaginons qu'il y ait un cas dans une exploitation agricole quelconque. Un travailleur étranger testé positif est en contact relativement étroit avec d'autres. Ensuite apparaissent deux ou trois cas. L'appareil médiatique va s'emparer de cela, bien sûr, et les inquiétudes vont se propager plus vite que la maladie. Ces travailleurs vont subir un préjudice dans l'opinion publique à cause de l'inquiétude des gens. Les entreprises agricoles doivent non seulement payer pour cela, mais vont aussi subir un préjudice. Ainsi, l'État canadien va se faire dire, s'il n'a rien fait dans l'intervalle, qu'il n'a pas fait son travail.
N'est-ce pas notre devoir de demander quelles sont les ressources nécessaires, compte tenu de l'ensemble des ressources qui, de toute façon, sont déployées, pour ne pas qu'une proverbiale faille dans le système vienne détruire une partie des résultats autrement obtenus par les efforts en santé publique? J'insiste pour que davantage soit fait. Non, les belles paroles, ce ne sera pas assez. Nous restons tout à fait disponibles pour participer à une rencontre par vidéo à très court terme et nous entendre sur des mesures.
Je veux revenir rapidement sur un autre sujet. J'ai dit ce matin de bon cœur, en toute sincérité, que je pense que le gouvernement peut aisément et qu'il devrait soutenir les emplois dans l'industrie pétrolière au niveau où ils étaient avant la crise. Ce pétrole se vend. On en utilise. D'ailleurs, pour ceux qui prétendent que nous prenons cela sur la Lune ou en Arabie saoudite, c'est de l'Ouest canadien et de l'Ouest américain que provient notre pétrole au Québec. Nous le payons d'ailleurs. On ne nous le donne pas et on ne nous offre même pas une entente particulière. Nous pensons que les emplois devraient être rétablis au même niveau qu'avant, mais que tout nouveau projet, tout accroissement de la production énergétique devrait se faire dans des secteurs liés à l'énergie renouvelable. Nous pensons que beaucoup d'argent aurait dû éventuellement être déployé dans cette perspective. Or cet argent est sorti beaucoup plus vite, pour d'autres raisons. On devrait en profiter pour investir dans les énergies renouvelables. Je comprendrais très bien que l'essentiel de cet argent serve à soulager la situation économique en Alberta, dans l'Ouest canadien et à Terre-Neuve-et-Labrador, qui subissent ce contrecoup davantage que d'autres, je le reconnais.
Pour la suite, il faut envisager de faire une transition énergétique, surtout en soutenant les régions du Canada qui sont les plus touchées par cette crise. En effet, ce sont les régions qui sont productrices de pétrole. Je pense aussi qu'il faudrait considérer des programmes particuliers pour stimuler toutes les entreprises de partout au Québec et au Canada qui développent des technologies à caractère environnemental, des solutions de rechange au système actuel. Il y aura un marché mondial énorme pour cela et c'est la chose responsable à faire. Je pourrais en nommer 25. Ce sont des sujets qui méritent que nous continuions à les envisager et à en débattre préférablement, de mon point de vue, de façon virtuelle, en ne venant ici que lorsque vient le temps de voter.
Il y a un autre élément sur lequel il faudra agir. Nous n'en avons pas assez parlé. Je n'en ai pas assez parlé et je veux en parler davantage. L'invitation a été lancée. Nous avons proposé une série de mesures destinées à venir en aide aux aînés, qui sont les victimes les plus vulnérables de cette crise, celles qui souffrent le plus de l'isolement et celles pour lesquelles les enjeux économiques pourraient s'avérer les plus douloureux à la fin de l'exercice. Nous avons déjà demandé des mesures d'augmentation de la pension de la Sécurité de la vieillesse; l'amélioration du Supplément de revenu garanti; l'accès à Internet haute vitesse pour briser l'isolement; la baisse du prix des médicaments; la protection des régimes de retraite des entreprises qui risquent de tomber dans la crise et d'être achetées par d'autres entreprises qui ne voudront pas prendre en charge les régimes de retraite; et l'élimination complète des restrictions relatives à ce qu'on doit assortir à un régime de retraite personnel. Le rendement de ces régimes est négatif à l'heure actuelle. Je demande qu'on envisage cet ensemble de mesures le plus rapidement possible. Ces mesures ont, de surcroît, été élaborées en collaboration avec la FADOQ et les associations qui représentent les personnes plus âgées de notre société. Encore une fois, c'est de bonne foi que nous faisons ces propositions. Nous espérons que cela va donner des résultats, mais ne présumons pas de l'infinité de notre patience. Nous voulons des résultats rapides, mesurables et concrets. C'est ce dont les travailleurs étrangers, les fermes et les aînés ont besoin maintenant.