D'accord.
Le Royaume-Uni est le cinquième partenaire commercial du Canada. Les exportations canadiennes vers le Royaume-Uni étaient de près de 20 milliards de dollars en 2019, et les importations, de 9 milliards de dollars. C'est une balance positive de 10,6 milliards de dollars. Il s'agit d'un partenaire très important.
Dans la foulée du Brexit, l'accord économique ne s'appliquera plus aux échanges entre le Canada et le Royaume-Uni après le 31 décembre 2020. On comprend pourquoi un accord commercial intérimaire devrait être conclu rapidement, d'ici la ratification d'un nouvel accord de libre-échange global entre les deux pays. Je devrais plutôt parler d'un accord d'échange global et non pas de libre-échange global.
Pour l'instant, presque toutes les mesures de l'accord européen ont été reconduites. C'est possiblement la solution la plus sensée dans les circonstances et compte tenu des courts délais, mais la suite des choses n'est pas aussi simple.
Comme pour les échanges de marchandises, la balance du commerce agricole entre le Canada et le Royaume-Uni est positive depuis plusieurs années. Les exportations de denrées agricoles du Canada vers le Royaume-Uni s'élevaient à 307 millions de dollars en 2019, contre des importations de 65 millions de dollars. Il y a donc une balance positive dans les échanges des denrées agricoles, mais lorsqu'on ajoute les échanges agroalimentaires, soit les produits transformés, la balance s'inverse. Les exportations agricoles canadiennes vers le Royaume-Uni étaient de 456 millions de dollars, alors que les importations étaient de 608 millions de dollars. C'est une balance commerciale négative.
On observe le même phénomène avec les 28 pays de l'Union européenne. La balance agricole est positive, mais la balance agroalimentaire entre l'ensemble des pays d'Europe, incluant le Royaume-Uni, et le Canada est négative et s'élève à 2,8 milliards de dollars.
Les données précédentes démontrent que nos échanges agricoles et agroalimentaires avec le Royaume-Uni sont inégaux. En effet, les exportations agroalimentaires canadiennes vers le Royaume-Uni comportent principalement des produits agricoles, alors que les importations canadiennes comptent en majorité des produits transformés. Ce portrait est similaire à celui de nos échanges avec l'Europe.
Lorsqu'on regarde l'évolution récente des exportations agricoles canadiennes vers les pays d'Europe, on constate que, entre 2016 et 2019, les exportations agricoles canadiennes ont crû seulement de 10 %, alors que les importations agricoles canadiennes ont augmenté de 30 % pendant la même période. Dans une lettre transmise au premier ministre canadien en septembre, cinq anciens premiers ministres provinciaux ont dénoncé le manque d'ouverture de l'Europe à l'endroit des exportateurs agroalimentaires canadiens.
Analysons d'un peu plus près les raisons de cet état de choses. L'accord avec l'Europe n'a pas tenu ses promesses. C'est le constat qu'ont aussi fait les cinq anciens premiers ministres provinciaux. L'accord n'a pas tenu ses promesses à l'égard de nos exportateurs agroalimentaires.
La Commission européenne et les États membres de l'Union européenne continuent d'imposer de multiples barrières, notamment pour le porc, le bœuf, le canola, le sucre et les céréales. La réduction ou l'élimination prévue dans l'AECG de plusieurs barrières au commerce ont été reléguées aux oubliettes. À titre d'exemple, il y a la réglementation italienne sur l'étiquetage d'origine des pâtes, qui est préjudiciable aux exportateurs de blé canadien. De plus, elle est contraire aux engagements pris par l'Union européenne dans le cadre de l'AECG et contraire aux lois de l'Union européenne. Pire encore, la manœuvre risque d'être copiée pour d'autres produits ailleurs en Europe.
Au mois d'octobre, la ministre canadienne de l'Agriculture, Marie-Claude Bibeau, a donné raison aux anciens premiers ministres en déclarant qu'elle aimerait voir le Canada profiter de l'AECG, ce qui n'est pas encore le cas. La ministre a aussi indiqué que l'Accord avait quand même permis de remporter quelques victoires — elles sont très peu nombreuses —, par exemple pour les exportations de canola et de biocarburant. Elle aimerait que l'Accord soit plus équilibré.
Nous pouvons vous donner quelques autres exemples de ce déséquilibre. En 2019, les producteurs de bovins ont exporté moins de 3 % des 19 580 tonnes de bœuf frais qu'ils avaient le droit d'exporter vers l'Europe sans tarif douanier. La situation est encore pire pour le bœuf congelé, où il n'y a eu aucune exportation du Canada vers l'Europe. Les Européens, de leur côté, ont exporté 99 % des volumes de fromages fins auxquels ils avaient droit et 71 % des volumes de fromages industriels. Ces hausses d'importations au Canada touchent particulièrement le Québec, qui produit 65 % des fromages fins faits au Canada.
Les producteurs et les transformateurs de lait de chèvre et de brebis ont également subi des pertes dues à des importations supplémentaires de fromage. Cette production jeune et en développement au Canada peine à concurrencer une industrie européenne bien établie qui bénéficie d'importantes aides gouvernementales. Au Québec, les importations de fromage se chiffraient à près de 152 millions de dollars en 2019. De ce montant, 6,6 millions de dollars provenaient du Royaume-Uni.
Les producteurs agricoles canadiens doivent respecter des normes qui ne sont pas toujours appliquées aux produits importés européens. En effet, il n'y a pas de réciprocité des normes, notamment dans le cas des fromages importés de l'Europe, pour l'utilisation des cuves en cuivre, par exemple, qui sont permises en Europe, mais interdites au Canada, l'affinage des fromages au lait cru, l'ajout de certains additifs et le seuil de tolérance à l'égard de certaines bactéries. Autrement dit, c'est plus facile et il y a moins de restrictions en Europe qu'au Canada, et on n'impose pas les restrictions canadiennes aux produits importés européens. C'est tout à fait inéquitable. Comme on a reconduit presque intégralement les imperfections de l'accord avec le Royaume-Uni, la situation va perdurer si rien n'est fait pour les corriger dans l'accord permanent à venir. Les erreurs de l'AECG seront simplement reproduites.
Aux imperfections de l'AECG s'ajoute un soutien agricole plus important en Europe qu'au Canada. Comme le tableau suivant le démontre, en 2019, l'OCDE estimait l'aide européenne à 19 % des recettes agricoles totales. Pour le Canada, elle était de 8,8 %. Malgré le Brexit, ce soutien va continuer d'être accordé aux producteurs agricoles du Royaume-Uni jusqu'en 2022. Le tableau permet de démontrer que la majorité des pays de l'OCDE offrent un soutien des prix de marché, comme le fait le Canada avec la gestion de l'offre.
Je vous ai parlé de l'Union européenne, mais lorsqu'on compare le Canada avec les autres pays, même avec les États-Unis, le soutien accordé aux producteurs canadiens est inférieur. De là viennent nos démarches récentes auprès de Mme Bibeau pour améliorer les programmes de gestion des risques en agriculture au Canada. On peut signer beaucoup de traités avec les autres pays, mais si le soutien du gouvernement canadien n'est pas comparable au soutien que reçoivent les producteurs des pays que nous voulons concurrencer, ces accords ne profiteront pas au Canada.
Je vous présente donc nos demandes. Tout d'abord, le Canada doit être plus ferme dans ses négociations avec le Royaume-Uni pour éviter de simplement reconduire les imperfections de l'accord avec l'Europe. Le Royaume-Uni doit réduire et même éliminer ses barrières non tarifaires pour respecter ses engagements. Le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire canadien ne doit pas faire les frais du Brexit. Si des ajustements doivent être faits quant aux échanges commerciaux, des redistributions de volumes doivent être réalisées entre le Royaume-Uni et l'Europe.
Par ailleurs, le Canada ne doit pas céder de nouvelles parts de marché pour ses produits sensibles, plus spécifiquement ceux assujettis à la gestion de l'offre, notamment dans ses négociations avec le Royaume-Uni, mais également dans ses négociations dans le cadre du Mercosur.
En outre, un ajustement doit être apporté aux frontières afin de pouvoir mieux identifier les importations de fromage selon les types de lait et ainsi avoir une meilleure analyse de l'incidence de l'ouverture de nos marchés à l'Europe, notamment pour les fromages de chèvre et de brebis, comme je l'ai mentionné plus tôt. Les codes SH utilisés actuellement se basent sur une classification des types de fromage, comme le cheddar, le parmesan, le romano, et le reste. Avec ce système, il est donc difficile, voire impossible, de repérer le commerce des fromages à base de lait de chèvre et de brebis.
Enfin, le Canada doit aussi apporter un soutien compétitif, tant financier que réglementaire, à ses entreprises agricoles équivalent à celui offert aux secteurs agricoles de ses principaux partenaires commerciaux.
Je suis prêt à répondre à vos questions.
Okay.
The United Kingdom is Canada's fifth-largest trading partner. Canadian exports to the United Kingdom were approximately $20 billion in 2019, and its imports from the UK totalled $9 billion, for a positive trade balance of $10.6 billion. It's a key partner.
One of the outcomes of Brexit is that the trade agreement will no longer apply to trade between Canada and the United Kingdom after December 31, 2020. That's why an interim trade agreement should be signed quickly before the ratification of a new comprehensive free trade agreement between the two countries. I should have said a comprehensive trade agreement and not a comprehensive free trade agreement.
For the time being, virtually all the measures in the European agreement have been renewed. In view of the tight deadlines, this may be the most sensible solution under the circumstances, but things will not be as simple going forward.
As with trade in goods, the balance for agricultural trade between Canada and the United Kingdom has been positive for several years. Exports of agricultural commodities from Canada to the United Kingdom totalled $307 million in 2019, compared to imports of $65 million. There is therefore a positive trade balance for agricultural commodities, but when agri-food trade is included, namely processed products, the balance is reversed. Canadian agricultural exports to the United Kingdom were $456 million, whereas imports totalled $608 million, for a negative trade balance.
The same is true for the 28 countries of the European Union. The agricultural balance is positive, but the agri-food balance between the countries of Europe, including the United Kingdom, and Canada is negative and totals $2.8 billion.
The above data show that our agricultural and agri-food trade with the United Kingdom is uneven. Indeed, agri-food exports from Canada to the United Kingdom mainly consist of agricultural commodities, whereas Canadian imports are primarily processed products. The pattern is similar to our trade with Europe.
A glance at recent developments in exports of Canadian agricultural goods to Europe shows that between 2016 and 2019, Canadian agricultural exports grew by only 10%, whereas Canadian agricultural imports increased by 30% over the same period. In a letter to the Prime Minister of Canada in September, five former provincial premiers condemned Europe's lack of openness towards Canadian agri-food exporters.
Let's look a little more closely at this state of affairs. The agreement with Europe did not turn out as well as expected. That's also what the five former provincial premiers said. The agreement did not meet its commitments to our agri-food exporters.
The European Commission and its member states continue to erect all kinds of barriers, for example for pork, beef, canola, sugar and grain. The expected reduction or elimination in CETA of several trade barriers were shelved. For example, there is the Italian regulation on labels of origin for pasta, which will be harmful to Canadian wheat exporters. This is inconsistent with the European Union's commitments under CETA and European Union law. Worse still, the ploy is likely to be copied for other products elsewhere in Europe.
In October, the Canadian Minister of Agriculture, Marie-Claude Bibeau, agreed with the former premiers by saying she would like to see Canada benefit from CETA, but we're still waiting. The minister added that the agreement had in some respects been beneficial—though in very few instances—for example, exports of canola and biofuel. She would like the agreement to be more balanced.
We could mention a few other examples of this imbalance. In 2019, cattle producers exported less than 3% of the 19,580 tons of fresh beef it was entitled to export to Europe without any customs duties. The situation is even worse for frozen beef, with no exports from Canada to Europe. On the other hand, Europeans exported 99% of the specialty cheese volumes to which they were entitled and 71% of industrial cheese volumes. These increased imports to Canada have affected Quebec in particular, because it produces 65% of specialty cheeses made in Canada.
Producers and processors of goat's milk and sheep's milk also suffered losses owing to additional cheese imports. This young but developing area of production in Canada is having trouble competing with a well-established European industry that receives significant government assistance. In Quebec, cheese imports totalled approximately $152 million in 2019. Of this amount, $6.6 million came from the United Kingdom.
Canadian farm producers must comply with standards not always applied to imported European products. Indeed, there is no reciprocity in terms of standards, particularly for cheese imported from Europe, such as the use of copper vats, which are allowed in Europe but prohibited in Canada, the maturation of unpasteurized milk cheeses, the use of certain additives, and the threshold value for certain bacteria. In other words, it's easier and there are fewer restrictions in Europe than in Canada, and we don't place restrictions in Canada on products imported from Europe. It's utterly unfair. As nearly all of the flaws in the agreement with the United Kingdom have been renewed, the situation will continue if something is not done in the eventual permanent agreement. The errors of CETA will simply be reproduced.
Added to the flaws in CETA is the fact that there is more agricultural support in Europe than in Canada. As the following table shows, in 2019, the OECD estimated European assistance at 19% of total farm revenue. For Canada, the figure was 8.8%. Despite Brexit, this support will continue for United Kingdom agricultural producers until 2022. The table shows that most OECD countries provide market price support, as Canada does with supply management.
I spoke about the European Union, but when Canada is compared to other countries, even to the United States, support for Canadian producers is lower. Hence our recent efforts with Ms. Bibeau to improve risk management programs in agriculture in Canada. We can sign all kinds of treaties with other countries, but if Canadian government support is not comparable to the support received by producers in the countries we want to compete with, they won't be of any benefit to Canada.
This, then, is what we're asking for. First of all, Canada needs to be firmer in its negotiations with the United Kingdom to avoid simply renewing the failings in the European agreement. The United Kingdom must reduce and perhaps even eliminate its non-tariff barriers to meet its commitments. The Canadian agriculture and agri-food sector should not take the hit for Brexit. If trade adjustments are needed, then volume redistributions have to be made between the United Kingdom and Europe.
And Canada should not give up further market share for its sensitive products, more specifically those subject to supply management, including in its negotiations with the United Kingdom, and also in its Mercosur negotiations.
Adjustments are also required at the border to better identify cheese imports by type of milk, particularly goat's milk and sheep's milk, as I mentioned earlier, to allow a more accurate analysis of the impact of opening our markets to Europe. The HS codes currently in use are based on a classification by type of cheese, such as cheddar, Parmesan, and Romano. With this system, it's difficult if not impossible to track trade in goat's milk and sheep's milk cheese.
Lastly, Canada needs to provide a competitive level of support, both financial and regulatory, to its agricultural enterprises, and it should be equivalent to the support received by the agricultural sectors of its main trading partners.
I can now take any questions you may have.