Madame la Présidente, je suis heureux de prendre part au débat depuis le centre de l'Alberta cet après-midi.
Lorsque la vice-première ministre et ministre des Finances a présenté l'énoncé économique de l'automne à la fin novembre, beaucoup de personnes se sont enfin rendu compte de l'extrême gravité de la situation financière du Canada. Hélas, bien peu de ces personnes, si tant est qu'il y en ait, font partie du gouvernement libéral, qui semble croire qu'il suffit de répandre de bonnes vibrations avec des banalités comme « rebâtir en mieux », « les budgets s'équilibrent d'eux-mêmes » et « l'économie reviendra en force » pour que les résultats souhaités se produisent.
En vérité, l'énoncé économique de l'automne révèle de graves motifs d'inquiétude, tout en proposant en grande partie de poursuivre dans la voie adoptée par le gouvernement libéral, celle de l'imprudence financière, sans offrir aucune des solutions nécessaires.
Au cours des 11 derniers mois, il a été absolument nécessaire de dépenser de l'argent pour soutenir les Canadiens. J'ai donné mon appui à certains programmes gouvernementaux visant à aider les familles et les entreprises, et les conservateurs ont joué un rôle déterminant pour améliorer ces programmes dans l'intérêt des Canadiens. Certes, les libéraux aiment sous-entendre que, parce que les conservateurs critiquent le niveau d'endettement atteint depuis leur arrivée au pouvoir, un gouvernement conservateur se serait montré moins généreux. Il s'agit là d'une rhétorique fallacieuse et d'un autre exemple où on fait passer la politique avant le bien-être des Canadiens.
La réalité, c'est que nous sommes dans cette situation en grande partie à cause d'une série de mauvaises décisions, y compris le fait d'avoir attendu avant de fermer les frontières, d'avoir fait davantage confiance aux données de l'Organisation mondiale de la santé qu'à l'avis des experts canadiens, et d'avoir compté sur la Chine pour notre premier lot de vaccins. Nous, les conservateurs, n'aurions jamais été assez naïfs pour prendre de telles décisions.
La mauvaise gestion dont on a fait preuve depuis le début semble être attribuable à l'absence de tout plan de lutte contre cette pandémie. Au début de la pandémie, le gouvernement avait déjà ajouté inutilement 100 milliards de dollars à la dette depuis 2015. Nous avions moins d'équipement de protection individuelle et d'autres fournitures essentielles à cause de la décision du gouvernement d'éliminer les réserves de fournitures d'urgence, et nous ne pouvions plus compter sur le système d'alerte rapide de pandémie, puisque le gouvernement avait mis fin au programme.
Nous, les conservateurs, nous n'aurions jamais eu à faire ce genre de compromis, parce que nous n'aurions jamais permis que le Canada se retrouve avec l'un des taux de chômage les plus élevés, le déficit le plus élevé et le plus faible taux de vaccination par habitant parmi les pays du G7. Je crois que nous sommes au 52e rang au chapitre de la vaccination. C'est lamentable. Sous le gouvernement libéral, nous payons davantage pour recevoir moins.
Il est peut-être injuste de dire qu'il n'y avait pas de plan. Selon le lieutenant-colonel à la retraite David Redman, ancien directeur de l'Agence de gestion des urgences de l'Alberta, quand le virus a fait ses premières apparitions au Canada, les gouvernements du pays semblent avoir délaissé les plans et les principes fondamentaux prévus en cas de pandémie pour plutôt repartir de zéro. Mentionnons, parmi les réalisations professionnelles de M. Redman, qu'il a eu la responsabilité de fermer la base militaire de Lahr en Allemagne, de diriger le retrait imprévu des troupes qui étaient dans l'ancienne Yougoslavie et de rétablir des bases d'étape dans la région, et de diriger l'élaboration de la stratégie antiterroriste de l'Alberta après le 11 septembre. Bref, c'est un homme sérieux et très qualifié, qui fait valoir depuis le début qu'il ne faut pas considérer la pandémie seulement comme une urgence de santé publique, mais bien comme une urgence publique en général, ce qui nécessite une autre façon d'intervenir.
Il serait difficile de prétendre que la pandémie n'a pas eu de répercussions sur presque toutes les facettes de notre vie. Ces conséquences vont au-delà de la santé respiratoire des gens et de l'ensemble du système de santé qui nous soutient quand nous en avons besoin. Je comprends que le statu quo, fait de confinements et de restrictions des libertés civiles, réconforte beaucoup de gens parce que, bien qu'il soit difficile et que tout le monde semble le détester, il donne à certains l'impression de maîtriser la situation.
Pendant ce temps, il faudra des années, voire des générations, avant de savoir combien ces mesures nous auront coûté. Même si elles offrent un peu de réconfort à des gens, la situation financière du pays, quant à elle, appelle à un réexamen de notre façon de lutter contre la pandémie. Comme mon ami le député de Carleton l'a bien expliqué dans son discours, la situation actuelle ressemble à ce qui a déjà eu lieu dans d'autres pays, et une crise de l'endettement nous guette réellement.
Les échecs des libéraux ont plongé le Canada dans une situation très précaire. Nous avons été obligés d'abandonner le ratio dette-PIB comme point de repère financier: il a dépassé 100 % en tenant compte de la dette gouvernementale seulement. Pendant la crise de l'endettement des années 1990, notre ratio dette-PIB n'était que de 92 %. À l'époque, l'inflation élevée et la montée des taux d'intérêt ont presque mené le Canada à demander une aide financière auprès du Fonds monétaire international. Les déficits étaient néanmoins plus petits qu'actuellement.
Le déficit de l'exercice de 2021 est de 381,6 milliards de dollars, un montant qui dépasse le total des dépenses fédérales pour tout l'exercice précédent. La dette fédérale a atteint 1,2 billion de dollars en 2020, et on s'attend à ce qu'elle continue de grimper dans les prochaines années jusqu'à un sommet qui risque d'atteindre 1,6 billion de dollars d'ici 2025. Le gouvernement compte sur l'hypothèse que les taux d'intérêt resteront faibles dans un avenir prévisible pour arriver à gérer le fardeau de la dette.
C'est uniquement grâce à ces faibles taux que le Canada est en mesure de garder la tête hors de l'eau en ce moment. Beaucoup de pays profitent de ces bas taux d'intérêt, mais cela n'est pas sans risque. En effet, certaines banques internationales parient que le Canada sera obligé d'augmenter ses taux d'intérêt avant bon nombre de ses pays partenaires, ce qui nous porte à croire que le Canada est plus susceptible d'être touché par les pressions inflationnistes. Si les taux d'intérêt dépassent les taux de croissance économique, nous aurons de très sérieux problèmes. Quand on considère que la croissance moyenne du PIB du Canada était d'environ 1,7 % entre 2015 et 2019, on constate à quel point on joue avec le feu.
Je suis heureux que le gouverneur de la Banque du Canada ait l'intention de garder les taux d'intérêt à leurs niveaux actuels pour un certain temps, certes, mais il n'en demeure pas moins que la banque doit réagir au marché comme tout le monde. Les taux ne resteront pas faibles éternellement, et nous avons besoin d'une croissance économique vigoureuse et soutenue si nous voulons être mieux préparés à une hausse inévitable des taux.
L'Énoncé économique de l'automne n'aborde pas non plus la question de la croissance économique, qui a l'air d'une considération secondaire dans ce document, ce qui n'est pas surprenant puisque les sujets épineux comme une économie forte semblent toujours avoir une importance marginale aux yeux du gouvernement, par rapport aux concepts véhiculés par les adeptes de la conscientisation, concepts sur lesquels le gouvernement fait des annonces qui ne mènent nulle part. Cette tendance ne peut pas se maintenir si nous voulons éviter une crise financière après la pandémie. Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre.
Nous devons aider les Canadiens à retourner au travail en toute sécurité. Nous devons aider le secteur privé, des petites entreprises aux très grandes, à créer des emplois et à assurer la prospérité au Canada, au lieu de laisser tout ce capital partir vers d'autres cieux. Nous devons offrir aux promoteurs éventuels de projets d'infrastructure un environnement prévisible pour les investissements, de sorte qu'ils aient envie d'investir dans de grands projets au Canada, qu'il s'agisse de projets d'extraction, de pipelines, de ressources renouvelables ou d'autre chose. Dans le monde entier, les pays rivaliseront à qui mieux mieux pour attirer les investissements et bénéficier de la création d'emplois et des revenus supplémentaires qui en résultent. Sans un effort concerté pour faire du Canada le pays par excellence pour investir et créer des emplois, ces aubaines nous passeront sous le nez.
Le gouvernement ne peut pas continuer à modifier les règles et à donner l'impression qu'il ne souhaite pas que des entreprises de certains secteurs offrant des emplois bien rémunérés s'installent au Canada, en se basant simplement sur son penchant idéologique. Le secteur énergétique a déjà permis au Canada de se sortir du pétrin financier et il sera en mesure de contribuer fortement à la relance encore cette fois-ci, pourvu qu'il ne soit pas enchaîné par les politiques gouvernementales.
Il faut également donner aux petites entreprises les moyens de réussir. Au cours des 11 derniers mois, on a demandé à plusieurs d'entre elles de se plonger dans un coma économique. Ces entreprises arrivent à peine à joindre les deux bouts, et un trop grand nombre de commerces locaux qui avaient pignon sur rue et qui faisaient notre bonheur ne rouvriront tout simplement pas. Cela représente non seulement une perte économique pour notre pays, mais aussi un exemple de rêves brisés pour les entrepreneurs, de même qu'un rappel des choix difficiles, mais pas nécessairement impossibles, que des familles se voient forcées de faire.
Selon un sondage réalisé récemment par la chambre de commerce de la ville et du district de Red Deer, plus de 70 % des propriétaires d'entreprise s'attendent à ce que leur chiffre d'affaires se contracte ou demeure le même au cours des 12 prochains mois et seulement 27 % s'attendent à une augmentation. D'après ce même sondage, près de 42 % des entreprises admettent avoir dû recourir à des mises à pied, 55 % ont vu leur revenu diminuer considérablement et plus de 20 % craignent ne pas pouvoir survivre aux restrictions mises en place par les autorités de la santé publique. Ces statistiques sont très inquiétantes. Les libéraux ne cessent de dire qu'ils tentent de faire en sorte que notre économie puisse revenir en force. Or, les propriétaires de petite entreprise eux-mêmes doutent que cela se produise. Nous devons réunir des conditions propices à leur réussite, chose que l'énoncé économique de l'automne ne fait pas.
À la fin janvier, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante a publié l'édition 2021 de son Rapport sur la paperasserie au Canada. Ce rapport montre que, pour une entreprise de moins de cinq employés, en comptant le propriétaire, la réglementation entraîne des coûts de plus de 7 000 $ par employé. Pour une entreprise comptant de 5 à 19 employés, ces coûts passent à 3 380 $ par employé. Pour les entreprises comptant de 20 à 50 employés, on parle de 2 600 $ par employé. Ces chiffres ne tiennent pas compte des coûts associés à la réglementation en lien avec la COVID-19. Les auteurs estiment que 28 % de ce fardeau réglementaire constituent de la paperasserie et pourraient être éliminés sans nuire à l'intérêt public.
Nous comprenons tous l'importance de la santé, de la sécurité et de la réglementation environnementale, mais il est évident qu'une grande quantité de formalités administratives pourraient être éliminées sans que cela entraîne une augmentation des risques. Le rapport prévoit des économies possibles de près de 11 milliards de dollars par année, soit l'équivalent de 205 millions d'heures de travail ou 105 000 postes à temps plein. La réduction des formalités administratives représente à elle seule une occasion phénoménale.
Les conservateurs espèrent que l'approvisionnement en vaccins organisé par les libéraux retrouvera son erre d'aller. La réussite de cette campagne profitera à tous les Canadiens. Cela dit, il ne faut pas compter sur les vaccins comme étant la panacée.
Je vois que le temps qui m'était accordé tire à sa fin. Je suis prêt à répondre aux questions. Il faut que le Canada se relève. Il faut que les Canadiens recommencent à travailler.