Monsieur le Président, nous célébrons aujourd'hui la Journée du chandail orange, une journée qui vise à souligner la résilience des enfants, des petits guerriers, qui ont été enlevés de leurs communautés et envoyés dans les pensionnats autochtones. Certains enfants ont pu retourner à la maison tandis que d'autres sont décédés dans ces établissements. Ces derniers ont laissé un héritage de bouleversements culturels et sociaux. Nombre de survivants ont eu peine à retrouver leur identité et à trouver où est leur place ainsi que celle de leurs proches. Les pensionnats autochtones ont été le théâtre de violations flagrantes des droits de la personne dont les séquelles continuent de se faire sentir dans les familles et les communautés autochtones aujourd'hui.
Il n'y a pas de réconciliation possible sans justice, ce qui exige que l'on fasse preuve d'écoute et que l'on mette en œuvre tous les appels à l'action énoncés dans la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
Cette violence à l'égard de nos communautés a été perpétrée dans l'unique but de briser notre identité autochtone, avec toute sa beauté et sa grâce, ainsi que notre mode de vie. Ces actes de violence ont été commis contre nos enfants, dont l'esprit résistant a enduré des sévices inimaginables. Ces enfants sont aimés et estimés. J'aimerais honorer leur force, leur résilience et leur courage aujourd'hui, et je sais que notre caucus et des milliers d'autres personnes se joindront à moi.
J'ai entendu d'innombrables témoignages au sujet de la douleur que les parents de ces enfants ressentaient quand leurs petits leur étaient enlevés chaque mois de septembre et que le silence s'installait dans les communautés. L'angoisse revenait année après année. On n'entendait plus les rires d'enfants ni le son des jeux. Aujourd'hui, j'offre ma solidarité aux familles de ceux et celles qui se sont fait enlever leurs enfants de cette manière si injuste et cruelle. Le silence est assourdissant.
Il y a des guerriers qui sont gentils, résilients, aimants et patients, comme mon partenaire, Romeo Saganash. Alors que nous cherchons à avancer, apprenant à nous aimer et à nous faire confiance mutuellement, les choses peuvent être compliquées. La colonisation a compliqué les relations, mais nous progressons avec compréhension, compassion, amour et plaisir, notamment en parcourant le pays, en nous battant pour le projet de loi C-262, car nous souhaitons l'adoption et la mise en œuvre intégrales de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
J'ai été touchée par une histoire que Romeo m'a racontée il y a presque cinq ans. Pendant plus de 20 ans, alors qu'il était à Québec, il allait tous les samedis chez la fleuriste du coin pour acheter des fleurs. Le manège a duré jusqu'à l'élection de 2011, moment où il a annoncé à la propriétaire du magasin qu'il déménageait et qu'il ne passerait plus lui acheter des fleurs. Elle a dit que c'était dommage et qu'elle était certaine que les fleurs allaient manquer à celle pour qui il les achetait. Il lui a dit que les fleurs étaient pour lui, que personne ne lui avait jamais acheté de fleurs. La propriétaire du magasin a été si touchée qu'elle s'est mise à pleurer, et c'est aussi ce que j'ai fait en entendant cette histoire. Je lui ai dit que je lui achèterais toujours des fleurs, et j'ai tenu ma promesse. Les fleurs lui procurent de la joie.
J'ai aussi publié un poème afin d'exprimer mon amour profond pour lui:
Jamais de fleurs il n'a reçuesUn cœur ouvertUne orchidée à chérir Jamais de fleurs il n'a reçues Dans les pensionnats Son âme presque abattue Derrière les mursCroissait l'ivraie du génocide Aucune fleur nulle partOn n'avait pas de fleursPour l'esprit d'un artisteDont la bonté nourrissait l'imaginaireJamais de fleurs il n'a reçuesEsprit si digne d'un accueilTendre et aimantVoici une fleur pour toiQue son parfum se répandeComme la grâce de ton noble cœur
Je tiens à exprimer mon amour pour mon partenaire, ma famille, mes amis et tous les guerriers des pensionnats autochtones que je n'ai pas eu l'honneur de connaître et les pensionnaires qui ne sont jamais retournés chez eux. Je leur offre cette fleur. Que son parfum se répande comme la grâce de leur noble cœur.
Mr. Speaker, today is Orange Shirt Day, a day to honour residential school warriors who were kidnapped from their communities and shipped off to residential schools. Some made it home and some perished in the schools, a legacy of cultural and social disruption that left many survivors struggling to regain identity and place for themselves and their loved ones, a violent violation of human rights with impacts that continue to reverberate in our communities and families today.
There is no reconciliation in the absence of justice, which includes heeding and legislating all the calls to action by the Truth and Reconciliation Commission of Canada.
This attack against our communities was perpetrated for no other reason than because of who we were in all our beauty and grace, living out who we were as indigenous peoples; violence perpetrated against our little children whose resilient spirits experienced unimaginable violence. They are loved and valued. I, along with our caucus and with thousands and thousands of others, honour their strength, resiliency and hearts today.
I have heard countless stories about the heartache parents felt when our communities fell silent each September, when our children were robbed away. Once again there was anguish. There was no more laughter or play. Today I honour the parents of those who had their kids wrongfully taken away. There is deafening silence.
There are warriors who are kind, resilient, loving and patient, like my partner Romeo Saganash. As we figure out our way forward, learning how to love and trust in a relationship, it is messy. Colonization has made relationships messy, but we move forward with understanding, compassion, love and fun, including travelling across the country, fighting for Bill C-262, to realize the full adoption and implementation of the United Nations Declaration on the Rights of Indigenous Peoples.
I was touched by a story Romeo told me almost five years ago about how, for over 20 years, he would frequent the local flower shop every Saturday in Quebec City to buy flowers, up until the 2011 election when he informed the flower shop owner that he was moving and would not be by for flowers. She said that it was too bad, that “I am sure she will miss getting flowers.” He told her that the flowers were for him, that nobody had ever bought him flowers. The store owner was so touched that she proceeded to cry and so did I upon hearing that story. I told him that I would always buy him flowers, and I have kept that promise. Flowers give him joy.
I also accompanied this gesture with a poem I published to share the very deep love I have for him:
He said he never received flowers A blossomed heartAn orchid to be cherishedHe said he never received flowersA spirit they tried to break In residential schoolBehind wallsThat grew weeds of genocideThere were no flowersThey had no flowers For an artist's spirit Whose creativity was born out of kindness He said he never received flowers A spirit so worthy to be embraced By kindness and love So here is your flower Let the smells fill your room With the beauty of your sacred heart.
I extend my love to my partner, my relatives, my friends, all the residential school warriors who I have not had the honour to know and the attendees of residential schools who never made it home from these schools. Here is their flower. Let the smells fill the room with the beauty of their sacred heart.