Madame la Présidente, je suis ravi que nous ayons pu nous rendre à ce point-ci. Je suis préoccupé et déçu, même en tenant compte de la dernière demi-heure. Nous devons nous rendre compte que même si les conservateurs disent vouloir allonger la période des débats, rien ne pourrait être plus loin de la vérité. Je soutiens que, ces derniers temps, les conservateurs mettent vraiment des bâtons dans les roues à la Chambre des communes. J'aimerais expliquer pourquoi il est si important d'adopter la motion présentée à l'instant par la ministre de l’Approvisionnement.
La pandémie a créé toutes sortes de défis pour nous tous. Nous avons dû trouver de nouvelles façons de procéder pour accomplir le travail que les Canadiens attendent, plus que jamais, de nous. Nous avons graduellement instauré des séances hybrides pour que tous les députés puissent participer au débat peu importe où ils se trouvent au Canada. Nous tenions à avoir une approche inclusive qui conviendrait à tous les députés, qu'ils soient dans le Nord du pays, sur la côte Ouest, sur la côte Est ou au centre du pays, comme moi qui suis à Winnipeg. Nous avons trouvé des façons de faire qui ont permis à la Chambre de débattre et d'adopter des lois qui allaient aider les Canadiens pendant la pandémie. La Chambre a adopté beaucoup de projets de loi parce qu'elle tenait à ce que des millions de Canadiens aient assez d'argent pour faire l'épicerie, payer le loyer, payer l'hypothèque et ainsi de suite.
La Chambre est actuellement saisie de plusieurs projets de loi dont certains qui sont en suspens parce que les conservateurs trouvent plus important de se livrer à de petits jeux politiques que de servir les intérêts des Canadiens. Je nommerai quelques-uns de ces projets de loi, à titre d'exemple, puis j'expliquerai pourquoi la motion à l'étude est nécessaire.
Nous avons déjà vu des motions de cet ordre. Cela fait maintenant 30 ans que je suis parlementaire et j'ai vu de telles motions au niveau provincial comme au niveau national. Tous les partis politiques reconnaissent qu'il est parfois nécessaire de prolonger les heures de séance. Un des principaux objectifs est de permettre plus d'heures de débat et de permettre l'adoption de projets de loi importants. Voilà le but premier de la motion.
Si je me fie aux résultats du vote qui vient d'avoir lieu, il semble que les députés bloquistes, néo-démocrates et verts sont d'accord avec les membres du caucus libéral pour dire qu'il faut prolonger les séances. J'implore les conservateurs de cesser leurs petits jeux partisans et de se mettre au travail.
Il n'y a rien de mal à siéger jusqu'à minuit deux à quatre fois d'ici la mi-juin. Stephen Harper l'a fait. Il ne se gênait aucunement pour proposer de telles motions. Oui, nous siégerons également un peu plus longtemps le vendredi après-midi. J'estime que les Canadiens ne s'attendent à rien de moins de la part des députés.
Lorsque les Canadiens ont décidé de confier un nouveau mandat, quoique minoritaire, au gouvernement, ils ont transmis un message clair au parti au pouvoir et à l'ensemble des députés. L'opposition conservatrice a un rôle à jouer qui va au-delà de ce dont nous sommes témoins depuis novembre ou décembre derniers. J'irais même jusqu'à dire qu'il ne s'agit pas d'une opposition officielle responsable.
J'ai passé bien plus de 20 ans dans l'opposition. Avec son attitude nuisible, le Parti conservateur empêche le gouvernement actuel et d'autres députés que les ministériels de faire avancer l'étude de projets de loi. J'exhorte l'opposition officielle à reconnaître qu'il faut vraiment aller de l'avant avec ces projets de loi, mais aussi que, au bout du compte, nous voulons prolonger les heures de séance pour débattre davantage.
Ce que je crains, c'est que les conservateurs continuent de s'adonner à des manœuvres politiques partisanes qui coûteront très cher aux Canadiens. Par exemple, en ce qui concerne l'étude du projet de loi C-30, il reste à franchir l'étape du rapport et l'étape de la troisième lecture. Nous étions censés débattre de ce projet de loi aujourd'hui, mais nous risquons de ne pas pouvoir le faire. Nous n'avons pas pu étudier d'autres projets de loi à cause des tactiques de l'opposition officielle, ou du Parti réformiste-conservateur, comme je l'appelle souvent.
Le dernier projet de loi d'exécution du budget était le projet de loi C-14. La première femme à occuper le poste de ministre des Finances du Canada a présenté une mise à jour économique en novembre, et le projet de loi a été présenté en décembre. Pendant des jours, les conservateurs nous ont empêchés de l'adopter. Ce projet de loi visait à aider les Canadiens d'une foule de façons, mais les conservateurs ont cru bon de faire de l'obstruction systématique. Le projet de loi C-30 sera adopté. C'est le projet de loi d'exécution du budget. C'est indispensable pour le gouvernement.
Le projet de loi C-12 concerne la carboneutralité. Si les députés sondent les résidants de leur circonscription, ils se rendront compte que peu importe où ils vivent au Canada, ceux-ci se préoccupent de l'environnement et ils souhaitent que tous les députés en fassent davantage à ce sujet. Le projet de loi C-12 sur la carboneutralité est très important. Il répond en grande partie aux demandes des Canadiens d'un océan à l'autre.
Jusqu'à un certain point, on a constaté un changement dans l'attitude de certains conservateurs depuis l'arrivée de leur nouveau chef. Certains membres de leur caucus ne sont pas d'accord, mais le chef convient qu'il faut une tarification de la pollution. Ils semblent se rallier à cette idée, même s'ils ont cinq, six ou sept ans de retard. Ils reconnaissent sûrement la valeur du projet de loi C-12, qui est bloqué au comité.
Qu'en est-il du projet de loi C-10? Ce projet de loi mettrait à jour une loi qui ne l'a pas été depuis 30 ans, soit depuis 1990 ou 1991. Pensons à ce qu'était Internet en 1990. Je me revois à l'Assemblée législative du Manitoba en train d'entendre la sonnerie, le bourdonnement, puis la tonalité. C'était vraiment lent.
Je dirai aux députés conservateurs que les choses ont changé. Il se passe maintenant toutes sortes de choses sur Internet. Ce projet de loi est important. Le NPD, le Parti vert et le Bloc l'appuient. Quant à eux, les conservateurs invoquent un faux argument, ils se braquent, puis ils disent qu'on ne leur accorde pas assez de temps. Pourtant, ils n'hésitent pas à gaspiller le temps dont ils disposent.
Heureusement, grâce au Bloc, nous avons pu imposer certaines limites au comité afin que le projet de loi puisse franchir cette étape. Si le Bloc n'était pas d'accord avec le gouvernement et n'accordait pas son consentement, il ne franchirait jamais l'étape de l'étude en comité. Rien ne laisse croire que les conservateurs ont l'intention de voir le projet de loi C-10 adopté à l'étape du comité.
Si les députés ont écouté les débats de la Chambre sur le projet de loi C-6, ils auront compris que c'est une autre mesure législative à laquelle les conservateurs s'opposent. Ils disent qu'ils ne sont pas en faveur des thérapies de conversion obligatoires, et ils utilisent la définition pour justifier leur position vis-à-vis de la mesure législative. Une fois de plus, ils sont le seul groupe politique à la Chambre des communes qui la bloque ou la met en péril. Il se peut que le chef du Parti conservateur pense autre chose, mais le fait est que le positionnement du Parti conservateur laisse le sort du projet de loi C-6 en suspens.
Je pourrais parler du projet de loi C-21, le projet de loi sur les armes à feu. Les députés savent que les conservateurs se servent des armes à feu comme outil depuis de nombreuses années. Même lorsque j'étais député provincial au milieu des années 1990, le Parti conservateur utilisait les armes à feu comme outil, et rien n'a vraiment changé. Le projet de loi en est toujours à l'étape de la deuxième lecture. Rien n'indique que les conservateurs sont prêts à voir cette mesure législative adoptée. Il n'y a qu'à aller voir ce que pensent les collectivités et les parties prenantes qui demandent et supplient non seulement le gouvernement, mais aussi les partis de l'opposition, d'adopter cette loi.
C'est sans parler du projet de loi C-22, sur la réforme de la justice pénale. C'est une autre mesure législative que le Parti conservateur, encore une fois, n'a pas l'air de vouloir laisser aller où que ce soit.
Une autre mesure législative qui est importante non seulement pour moi, mais qui devrait l'être pour tous les députés, c'est le projet de loi C-19. Je crois comprendre que le comité en sera saisi demain, mais si la situation dont nous avons été témoins à l'étape de la deuxième lecture se répète à l'étape de l'étude en comité, nous ne sommes pas au bout de nos peines. Le projet de loi en question donnerait à Élections Canada des pouvoirs supplémentaires pour lui permettre d'organiser des élections en assurant la santé et la sécurité des électeurs et de ses travailleurs. Il s'agit d'un bon projet de loi. Si je suis un peu au courant, c'est en raison de mon rôle de secrétaire parlementaire auprès du ministre, qui, je le sais, a travaillé très fort pour pouvoir présenter le projet de loi et qui souhaite son adoption. D'ailleurs, les conservateurs ont dit que nous devrions en débattre davantage.
Le gouvernement a tenté de faire adopter cette mesure législative il y a longtemps. Il a essayé de la renvoyer au comité il y a un bon bout de temps. Un jour, j'étais tout à fait prêt à parler du projet de loi C-19, mais la tactique des conservateurs à ce moment-là a été de présenter une motion d'adoption, parce qu'ils pouvaient ainsi empêcher le débat sur le projet de loi C-19. C'est ce qu'ils ont fait, et ce n'était pas la première fois. Le Parti conservateur ne reconnaît même pas la valeur du projet de loi. Nous sommes dans un contexte de gouvernement minoritaire. Nous ne savons pas quand les prochaines élections seront déclenchées. La chose responsable à faire, me semble-t-il, c'est d'adopter le projet de loi C-19. Comme je l'ai dit, cette mesure législative se trouve aujourd'hui à l'étape de l'étude en comité. J'espère que le Parti conservateur verra l'utilité de l'adopter après l'étape de l'étude en comité.
Au début de la pandémie, l'esprit de collaboration semblait plus fort. Dès le départ, le premier ministre a été très clair: la grande priorité pour lui et le gouvernement était de minimiser les répercussions de la pandémie de COVID-19 et d'être là de façon concrète pour les Canadiens. Il y aurait là matière à un autre discours où je parlerais en détail de cet argument soulevé par le premier ministre.
Nous pouvons faire avancer d'autres dossiers. Nous l'avons vu pour certaines des mesures législatives que nous avons prises. Comme je l'ai dit, au début, il y avait un fort esprit de collaboration, et la Chambre des communes avait adopté l'approche Équipe Canada. Les conservateurs ont commencé à déraper en juin dernier. Un an plus tard, rien n'indique que le Parti conservateur reconnaît la valeur de la collaboration.
Je rappelle à mes amis conservateurs que nous avons un gouvernement minoritaire, ce dont les députés ministériels sont bien conscients. Avec l'aide de 12 diplômés de l'école secondaire Sisler ou de tout autre établissement du Nord de Winnipeg, que ce soit le Maples Collegiate, l'école secondaire Children of the Earth, l'école secondaire de formation professionnelle R.B. Russell ou l'école secondaire St. John's, je pourrais empêcher le gouvernement d'adopter un projet de loi. Nul besoin d'être un génie pour y arriver.
Nous avons besoin que l’opposition coopère, et le Parti conservateur se montre réticent. Il n’a pas voulu collaborer ces derniers mois et je trouve cela déplorable. Il est évident que les conservateurs n’écoutent pas ce que leur disent les Canadiens. En réalité, ils ne font que créer des retards successifs, à tel point que cela devient de l’obstruction.
Les conservateurs ont fait obstruction au travail de la Chambre lors du débat sur le projet de loi C-14. Je pourrais comparer le projet de loi C-14 et le projet de loi C-3. Le projet de loi C-14 est vital pour nous tous. Les Canadiens avaient besoin que ce projet de loi soit adopté, mais nous ne pouvons que regretter les nombreuses discussions et l’obstruction provoquées par l’opposition officielle.
En revanche, le projet de loi C-3 était aussi une mesure législative très importante. Tous les partis l'ont appuyé. En fait, c'est Rona Ambrose, ancienne cheffe du Parti conservateur, qui en a eu l'idée au départ. Tout le monde a appuyé le projet de loi. Nous avons passé de nombreuses heures à débattre de la mesure législative, alors que nous aurions pu débattre d'autres mesures législatives. Je ne dis pas que les autres mesures législatives n'étaient pas importantes, mais nous savons tous qu'il n'existe pas d'autre processus que l'attribution de temps pour faire adopter les projets de loi du gouvernement. Cela s'applique dans une situation normale, où le parti de l'opposition reconnaît l'importance de débattre des éléments du programme du gouvernement, qu'il devrait adopter, mais il ne l'a pas fait. Les conservateurs préfèrent plutôt débattre de la présente motion.
Nous avons présenté des motions visant à prolonger les séances par le passé pour tenir des débats supplémentaires. Je dois dire, surtout à mes collègues conservateurs, que s'ils se comportent de cette façon, ils ne devraient pas reprocher au gouvernement de ne pas avoir accordé suffisamment de temps pour débattre des projets de loi. Ce sont des balivernes. Les conservateurs ne peuvent pas jouer sur les deux tableaux. J'exhorte le Parti conservateur à se concentrer sur ce qui est important. Les conservateurs devraient travailler pour les Canadiens. Voyons voir si nous pouvons apporter une contribution plus positive et commençons à collaborer dans l'intérêt de tous.