Madame la Présidente, je suis très fier et très honoré de me lever à la Chambre aujourd'hui pour parler de ce projet de loi présenté par mes collègues du Bloc québécois.
Je suis fier d'être Québécois. Je suis fier de faire partie de cette nation qui, contre vents et marées, a toujours su démontrer non seulement une pugnacité, mais aussi une volonté de survivre aux épreuves avec honneur et dignité. J'aime l'histoire du Québec. J'aime les particularités du Québec. J'aime la culture du Québec. Je suis un Québécois, comme mes 77 autres collègues élus à la Chambre qui représentent avec moi les 78 circonscriptions du Québec.
Le Québec n'est pas un bloc monolithique. Le Québec puise sa force dans sa diversité. Qu'on soit souverainiste, comme mes amis du Bloc québécois, qu'on soit de gauche, comme le député de Rosemont—La Petite-Patrie, qu'on soit fédéraliste centralisateur comme mes amis du Parti libéral, ou qu'on soit conservateur, comme moi et mes neuf autres collègues, nous sommes tous des Québécois. Nous pouvons être fiers de cette nation, qui a d'ailleurs été reconnue par un gouvernement conservateur.
Ma fierté, puisque j'ai étudié dans ce domaine, me vient de l'histoire du Québec. Nous le savons tous, les Premières Nations ont existé et existent toujours sur le territoire du Québec depuis la nuit de temps.
Hier, j'ai célébré le 12e anniversaire de ma première élection. C'est avec fierté que, depuis 12 ans et 1 jour, je suis le représentant, à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des communes, des Hurons-Wendats. En d'autres temps, on appelait leur territoire le Village-Huron. Je suis très fier de représenter cette nation parce que nous devons toujours garder en tête que notre territoire a toujours été occupé, et ce, depuis la nuit des temps, par les Premières Nations.
Les premières personnes d'Europe sont arrivées pour venir coloniser, comme on le disait à l'époque, ce territoire. Il y a eu Jacques Cartier, en 1534, et Samuel de Champlain, en 1608. Le 3 juillet, ce dernier a fondé la ville de Québec, faisant en sorte que la fondation permanente de présence européenne sur le sol nord-américain s'inscrive dans l'histoire sous le régime français. Cet aspect français a toujours été incarné, et ce, depuis plus de 400 ans, avec honneur, fierté et dignité.
Des débats ont cours actuellement sur la préservation de la langue, qui est l'essence même de ce que nous sommes comme Québécois. Nous devons toujours nous rappeler que la langue fait partie de notre histoire, de notre héritage et qu'il nous appartient de la préserver pour pouvoir démontrer dans toute sa splendeur ce qu'est le Québec.
Durant les années 1759, 1760 et 1763, il y a eu l'arrivée de la Couronne britannique. Nous devons saluer le fait que, depuis plus de 260 ans, les francophones et les anglophones vivent sur le territoire québécois. Nous vivons aussi aux côtés de différents groupes qui sont arrivés au Québec. Dans les années 1840, en raison de la grande famine qui a frappé l'Irlande, le territoire québécois a accueilli des milliers d'Irlandais. Leurs descendants continuent de faire honneur au Québec. Ce n'est pas parce qu'ils sont nés dans un endroit qui n'a pas de lien avec la France qu'ils sont moins Québécois, bien au contraire. Trois premiers ministres québécois sont originaires de cette filière irlandaise. Je pense aux frères Johnson.
Nous avons de grands politiciens qui ont également fait leur marque et qui sont des descendants de cette filière irlandaise. Je pense entre autres à Gilles Duceppe. Il n'y a aucune honte à cela, au contraire. Nous sommes fiers de ce métissage qui s'est fait au fil des ans.
La Confédération de 1867 a été créée avec l'appui et le concours de ce qu'on appelait en d'autres temps les Canadiens français. George-Étienne Cartier et Sir John A. Macdonald ont constitué ce pays. C'est ce qui a fait en sorte que le Québec a pu vivre et assumer pleinement son destin à l'intérieur du Canada en étant régi par les lois du Canada. À la base, nous avons toujours su vivre ici en français, et nous devons préserver cela. C'est la marque de reconnaissance la plus forte pour le Québec.
Je parlais d'immigration. J'avoue que je suis en heureux et fier conflit d'intérêts, puisque je suis moi-même fils d'immigrant.
Mes parents ont été choisis et ont choisi de vivre ici en 1958, et je suis né en 1964. Le plus beau cadeau, c'est que mes parents, qui ont aujourd'hui 96 et 97 ans, m'ont élevé comme un Québécois. Ils n'ont pas passé leur temps à me raconter comment c'était à leur époque, dans leur pays d'origine. Ils m'ont plutôt raconté que nous pouvions vivre avec la fierté de l'héritage de nos ancêtres, ici, au Québec, au Canada. Je ne leur en serai jamais assez reconnaissant.
Même si mon père n'était pas capable de se tenir debout sur des patins plus de quatre secondes avant de tomber, parce qu'il n'avait jamais patiné de sa vie, il pouvait parler de Maurice Richard, Jean Béliveau et Guy Lafleur avec un enthousiasme qui me gênerait aujourd'hui, tellement il était capable de parler avec passion de notre sport national. Je le caricature à peine. Je sais qu'ici, à la Chambre, parmi tous les partis, il y a de belles histoires d'immigration réussie, et celle de mes parents en est une.
Puisqu'on parle d'immigration, la spécificité québécoise s'est manifestée dans toute sa splendeur, au fil de toutes ces années, avec les mesures qui ont été prises de concert avec l'État fédéral sur l'immigration. On n'a qu'à penser à l'Entente Lang-Cloutier, en 1971, alors que le Québec avait des représentants en matière d'immigration dans les ambassades, à l'Entente Andras-Bienvenue, en 1975, alors que le rôle de sélection du Québec était désormais défini, ou bien à la fameuse Entente Cullen-Couture, en 1978, où le Québec définissait clairement les critères de sélection pour ses immigrants.
J'arrive directement au sujet qui nous intéresse aujourd'hui, soit la question du multiculturalisme, puisqu'en 1991, il y a eu l'entente Gagnon-Tremblay-McDougall sur le rôle précis du Québec concernant la sélection des immigrants. Tout cela s'est fait à l'intérieur du Canada et selon les lois du Canada, notamment la Loi sur le multiculturalisme canadien, qui a été instaurée en 1988. Il y a eu évidemment des politiques qui ont été mises en place sous le 15e premier ministre du Canada, le très honorable Pierre Elliott Trudeau, mais la loi telle que nous la connaissons, celle de 1988, a obtenu la sanction royale sous Brian Mulroney, le « p'tit gars de Baie-Comeau ».
Je sais qu'il n'est pas le seul Québécois à avoir dirigé le pays. Il faut mentionner Wilfrid Laurier, Louis St-Laurent, nom que porte la circonscription que je représente aujourd'hui, le 15e premier ministre, M. Trudeau, ainsi que son fils, le premier ministre actuel, et Paul Martin, qui a également été député du Québec. Cependant, je pense pouvoir dire sans me tromper qu'on peut être très fier de Brian Mulroney, de cet homme québécois qui a dirigé le Canada, du « p'tit gars de Baie-Comeau ». En 1988, s'il avait eu quelque inquiétude que ce soit au sujet de la Loi sur le multiculturalisme canadien, il ne serait pas allé là.
Nous, les conservateurs, nous reconnaissons les droits des Premières Nations. Nous, les conservateurs, reconnaissons que le français et l'anglais sont les langues fondatrices, nationales et officielles de ce pays, qui permet au Québec d'assurer pleinement sa distinction au Canada avec le français. Pour nous, tous les Canadiens ont un statut égal et ont les mêmes droits, les mêmes pouvoirs et les mêmes avantages. Nous partageons et adoptons des valeurs communes comme l'égalité, la démocratie et la primauté du droit.
L'article 2 de la Loi sur le multiculturalisme canadien permet justement des ententes particulières entre l'État fédéral et les provinces. C'est pourquoi je peux comprendre que les souverainistes soient inquiets quand on parle de cela avec le gouvernement actuel, qui est très centralisateur et qui pense qu'Ottawa sait ce qui est bon pour les provinces. Nous, nous faisons exactement le contraire.
C'est nous, les conservateurs, qui avons reconnu le Québec comme étant une nation. C'est nous, les conservateurs, qui avons donné un siège au Québec à l'UNESCO. C'est nous, les conservateurs, qui avons donné plus de pouvoirs au Québec en matière d'immigration. C'est nous, les conservateurs, qui sommes ouverts à l'idée de donner plus de pouvoirs au Québec en matière de culture et d'immigration. C'est nous qui sommes ouverts à l'idée de la déclaration d'impôt unique. Surtout, c'est nous qui souhaitons l'application de la loi 101 aux entreprises de compétence fédérale. C'est nous, les conservateurs, qui respectons de façon très sérieuse la loi 21, parce que, techniquement, elle a été faite exactement dans le champ de compétence des provinces.
Si on veut que le Canada continue à prospérer et à s'affirmer comme il le fait si bien depuis plus de 400 ans, cela passe par un gouvernement conservateur, qui sera respectueux des lois, des champs de compétence et de la distinction du Québec.