Monsieur le Président, c'est toujours pour moi un plaisir de prendre la parole à la Chambre afin de mettre en avant ce qui me semble être nécessaire pour véritablement lutter contre les changements climatiques, réduire les gaz à effet de serre et protéger l'environnement.
Je remercie mon collègue d'York—Simcoe de son travail pour l'environnement. Dans une certaine mesure, il est rassurant de voir des députés du Parti conservateur être réellement préoccupés par la question environnementale.
Cela dit, tout comme son parti, on voit que le projet de loi C-204 demeure un peu timide. D'ailleurs, il montre que le Parti conservateur ne veut malheureusement pas se mouiller en matière d'environnement pour probablement ne pas déplaire à sa base électorale de l'Ouest.
Pourtant, les éléments que j'avancerai dans cette intervention montrent que la transition vers des énergies vertes est non seulement essentielle, mais elle peut être une extraordinaire occasion de création de richesse et d'emplois. C'est une chose à garder en tête pour nos amis de l'Ouest pour qui le gouvernement fédéral aurait intérêt à tout déployer pour protéger des milliers d'emplois en les redirigeant vers une économie à faible teneur en carbone.
Il ne faut pas se méprendre: ce projet de loi est très important. Le Bloc québécois ne peut qu'être en accord avec un projet de loi qui veut renforcer l'interdiction d'exporter des déchets plastiques pour qu'ils soient éliminés. Les produits plastiques exportés destinés au recyclage doivent être mieux triés et labellisés et leur traçabilité doit être assurée. Ils ne doivent pas servir de combustible à l'étranger et, en aucun cas, se retrouver dans l'environnement.
Cependant, il serait absolument malhonnête de ne pas aller un peu plus loin. Autant l'interdiction de l'exportation des déchets est importante, autant il faut repenser nos façons de produire. Je pense essentiellement à la production de certains produits à usage unique. Je vais me permettre d'être on ne peut plus clair: il faut repenser la manière dont est organisé le cycle des matières dans l'économie. Si le gouvernement en place désire véritablement agir dans ce dossier et se montrer aussi vert qu'il le dit, il aurait tout intérêt à transférer des sommes sans condition — et j'insiste sur l'absence de conditions — aux provinces qui, à l'instar du Québec, se sont déjà engagées dans une stratégie de mise en œuvre de l'économie circulaire et dans la responsabilisation élargie des producteurs.
Le fédéral doit agir maintenant pour que les entreprises de recyclage du Québec aient les moyens de recycler des produits plastiques plus complexes. Il apparaît que la limite du projet de loi C-204 est qu'il ne va pas assez loin. Il ne s'attaque pas au fond du problème qui est, selon moi, la façon dont nous produisons en général pour nous assurer de diminuer nos déchets.
L'urgence de réduire notre production et notre consommation de plastiques à usage unique est bien réelle. Lorsque je disais qu'il fallait repenser la manière dont était organisé le cycle des matières, il faut comprendre que nous devons nous tourner vers l'économie circulaire. Pour la forme, pourquoi ne pas faire un petit retour sur ce qu'est l'économie circulaire?
En résumé, c'est une façon de produire, d'échanger et de consommer des biens et des services en optimisant l'utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie des biens et des services. Dans une logique circulaire, on vise donc à réduire l'empreinte environnementale tout en contribuant au bien-être des invididus et des collectivités. L'objectif de l'économie circulaire est donc double, à savoir repenser nos modes de production et de consommation pour en venir à moins consommer de ressources et, ainsi, protéger les écosystèmes qui les génèrent.
Comment peut-on optimiser les ressources circulant déjà dans nos sociétés?
Cela se fait en trois étapes: en utilisant les produits plus fréquemment, en prolongeant la durée de vie des produits et des composants et en donnant une nouvelle vie aux ressources.
L'économie circulaire propose un ensemble de stratégies et de modèles d'affaires qui optimisent l'utilisation des ressources pourvu que l'on privilégie les circuits les plus courts et les plus locaux. Que ce soit sur le plan économique, social ou environnemental, l'économie circulaire apporte plusieurs avantages et retombées positives. Elle permet de créer de la richesse en donnant de la valeur à nos matières, en gardant nos matières chez nous, en favorisant l'économie locale et en développant des entreprises performantes.
Elle constitue un levier de croissance économique en favorisant l'essor de nouveaux modèles d'affaires et le développement de technologies et de produits ayant une faible empreinte environnementale. C'est une solution durable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les impacts environnementaux liés notamment au transport et à la production.
Bref, on gagne sur tous les plans en donnant de la valeur à nos matières à chaque étape de leur cycle de vie. Les déchets des uns peuvent devenir la matière première des autres. Par exemple, au Québec, la poudre de verre peut remplacer jusqu'à 30 % du ciment dans le béton en plus de réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre et d'offrir un important débouché au verre recyclé.
Le Québec est notamment déjà engagé par le truchement de l'expertise de RECYC-QUÉBEC et de ses entreprises de recyclage à mettre en place des systèmes de production, d'échange et de consommation sur le modèle de l'économie circulaire. Le gouvernement fédéral doit encourager le Québec et les provinces à aller dans ce sens grâce à davantage de transferts d'argent. Ce sont des initiatives bénéfiques à tous les niveaux.
C'est donc une roue qui tourne. Il faut moins produire et s'assurer de transformer nos déchets en d'autres produits, leur donner une seconde vie, chez nous, au lieu de les envoyer outre-mer aux fins d'élimination. Le gouvernement a sa part de responsabilité à cet égard.
Une façon de produire moins de déchets, c'est de produire moins de plastiques à usage unique.
Ce gouvernement libéral s'était engagé à bannir les plastiques à usage unique, mais cette promesse s'est vue retardée par la pandémie que nous vivons. Cette pandémie montre d'ailleurs toute l'urgence d'agir alors qu'elle fait revenir les objets de plastique à usage unique au goût du jour, et ce, malgré l'engagement du gouvernement de les interdire en 2021.
Les masques chirurgicaux, les gants, les visières, les lingettes désinfectantes ou encore les ustensiles pour les plats à emporter; la liste de plastiques COVID-19 a bouleversé la tendance au bannissement des polymères synthétiques.
En juin 2019, Ottawa annonçait un plan visant à interdire les articles en plastique à usage unique pour 2021. Malheureusement, l'interdiction ne couvre que six articles: les sacs en plastique, les pailles, les bâtonnets à mélanger, les porte-cannettes, les ustensiles et les récipients alimentaires fabriqués à partir de plastique difficile à recycler. C'est bien, mais plusieurs autres articles auraient dû se retrouver sur cette liste. On est encore loin de l'objectif zéro déchet plastique auquel le gouvernement s'est engagé pour 2030.
Je dois dire que l'action environnementale des libéraux est absolument incohérente. Le premier ministre a le culot d'annoncer une contribution de millions de dollars pour la protection de la biodiversité dans le monde et, quelques heures plus tard seulement, d'autoriser 40 forages exploratoires dans une région maritime reconnue par les Nations unies pour son importance écologique et biologique.
Comme si ce n'était pas assez, Ottawa a aussi choisi d'accélérer l'approbation des projets en abolissant le processus d'évaluation environnementale jusqu'ici en vigueur. Ironiquement, cela se produit au même moment où on débute la Décennie des sciences océaniques pour le développement durable, telle que déclarée par les Nations unies, et où on prend conscience collectivement que 2021 est l'année où l'on ne doit pas manquer le bateau en matière de protection de l'environnement. Avec des annonces comme celle-là, j'ai mal à ma planète.
Le gouvernement en place a complètement raté le bateau en matière environnementale cette année. Il avait l'occasion d'amorcer un vrai virage écologique en investissant massivement les sommes prévues pour la relance économique dans la transition énergétique pour notamment s'éloigner du pétrole, mais non. Il n'a rien compris. On ne peut dissocier la crise sanitaire actuelle et la crise environnementale. L'inaction de nos gouvernements depuis des décennies en matière d'environnement est indissociable de cette pandémie. Il faut en prendre acte et il faut agir maintenant.
En fait, la pandémie est, à l'instar des hivers de plus en plus doux, le reflet de la nature qui change. Il a fait -3 degrés Celsius en Gaspésie cette semaine, en plein mois de janvier. Non seulement la COVID-19 et la nature sont liées, mais les décisions politiques que nous prenons les lient toujours davantage. L'inaction écologique prépare un monde où les risques d'épidémies feront partie du quotidien. Toute la question est donc de savoir comment nos sociétés vont gérer ces risques.
Le problème, c'est que ce gouvernement est incohérent. Tout en promettant de planter 2 milliards d'arbres d'ici 10 ans, il investit des milliards de dollars pour permettre l'élargissement de l'oléoduc Trans Mountain. Il veut lutter contre les changements climatiques, mais il continue d'investir à coup de millions de dollars dans des projets pétroliers. Ce même gouvernement affirmait sans rire en mars 2020 que l'oléoduc cadrait avec le plan de lutte contre les changements climatiques du Canada. Ce gouvernement libéral ne voit pas d'incohérence climatique entre l'extension de l'industrie pétrolière et l'atteinte de la cible de réduction des gaz à effet de serre. Cela ne s'invente pas.
Le plastique non recyclable finit dans nos cours d'eau, se décompose et finit dans notre air, ainsi que dans nos aliments. Ce sont de graves menaces pour la santé humaine. Nous devons penser à l'impact à long terme d'un trop grand nombre de ces plastiques.
Jusqu'à maintenant, le gouvernement a rejeté l'idée d'interdire les exportations de déchets plastiques. Il préfère adhérer à l'exportation du plastique aux fins de recyclage. Toutefois, en juin 2019, avant d'être élu, le député libéral de Laurier—Sainte-Marie affirmait s'inquiéter des exportations de plastique. Il a dit:
Dans certains cas, c'est recyclé, mais pas au sens où on l'imagine. On sait que la Chine va utiliser une partie de ce plastique-là comme combustible parce que les besoins énergétiques sont très importants plutôt que d'utiliser d'autres formes de combustibles.
L'argument du gouvernement selon lequel il ne faut pas empêcher les matières d'être recyclées à l'étranger ne tient pas la route. Le député de Laurier—Sainte-Marie a reconnu que la situation actuelle équivaut à exporter nos problèmes ailleurs. Nous pouvons, et, surtout, nous devons faire mieux. J'espère sincèrement qu'il saura en convaincre son gouvernement.
Mr. Speaker, I am always pleased to speak in the House in order to share what I believe is necessary to truly fight climate change, reduce greenhouse gases and protect the environment.
I thank my colleague from York—Simcoe for his work on the environment. In a way it is reassuring to see members of the Conservative Party truly concerned about the environment.
That being said, we see that, like his party, Bill C-204 is somewhat ineffectual. In fact, it shows that, regrettably, the Conservative Party does not want to stick its neck out when it comes to the environment, likely to not upset their base in western Canada.
The points I want to raise in this intervention show that the transition to green energy is not only essential, but may provide an extraordinary opportunity to create wealth and jobs. It is something to keep in mind for our friends in western Canada for whom the federal government would do well to do everything it can to protect thousands of jobs by steering them to a low-carbon economy.
Make no mistake: This bill is very important. Of course the Bloc Québécois supports a bill that prohibits the export of plastic waste for final disposal. Exported plastics destined for recycling should be properly sorted and labelled and definitely traceable. They should not be used for fuel in foreign countries, nor should they ever end up in the environment.
However, it would be utterly dishonest to not push this a bit further. As important as it is to prohibit the export of waste, we need to re-examine how we produce things in the first place, especially certain single-use products. Let me make this perfectly clear. We need to rethink the life cycle of materials in our economy. If the government really wants to take action on this issue and walk the green talk, it should transfer funds unconditionally—there can be no conditions whatsoever—to the provinces that, like Quebec, are already implementing a circular economy strategy and extended producer responsibility.
The federal government must act now to give Quebec recycling companies the means to recycle more complex plastic products. It appears that the limitation of Bill C-204 is that it does not go far enough. It does not address the fundamental problem, which, I believe, is how we produce things in general to ensure that we reduce our waste.
There is a very real and urgent need to reduce our production and consumption of single-use plastics. When I said that we need to rethink how materials circulate, it is important to understand that we need to transition to a circular economy. As a formality, let us take a little look back at what the circular economy is all about.
In short, it is a way to produce, trade and consume goods and services by optimizing the use of resources at all stages of the life cycle of goods and services. In a circular logic, the goal is therefore to reduce the environmental footprint while contributing to the well-being of individuals and communities. The circular economy has two main objectives: to rethink our methods of production and consumption in order to use fewer resources, and to protect the ecosystems that generate them.
How can we optimize resources that are already circulating in our societies?
There are three steps: using the products more frequently, extending the lifespan of the products and their components and giving new life to resources.
The circular economy proposes a number of strategies and business models that optimize the use of resources as long as we give priority to the shortest and most local routes. Whether from an economic, social or environmental perspective, the circular economy has many advantages and positive spinoffs. It makes it possible to create wealth by giving value to our raw materials, keeping our raw materials here, promoting the local economy and establishing successful companies.
The circular economy acts as a lever of economic growth by promoting the development of new business models and environmentally friendly technologies and products. That is a sustainable solution to reduce greenhouse gas emissions and the environmental impacts of production and transportation.
In short, giving value to our raw materials at every step of their life cycle is a win-win situation. One person's waste can be transformed into useful material for others. For example, in Quebec, glass powder can replace up to 30% of the cement used in concrete thereby reducing greenhouse gas emissions by 20% and providing a great use for recycled glass.
Quebec has already committed, through RECYC-QUÉBEC and its recycling companies, to implement a production, exchange and consumption system based on the circular economy model. The federal government must provide more money to Quebec and the provinces to encourage them to do more. These initiatives are beneficial at all levels.
It is a cycle. We need to produce less and transform our waste into new products. We need to give them a second life here in Quebec and Canada instead of sending them overseas to be disposed of. The government has some responsibility here.
One way to produce less waste is to produce less single-use plastic.
This Liberal government had promised to ban single-use plastics, but that promise was deferred because of the pandemic. However, this pandemic has shown we must act urgently, as it has led to increased use of single-use plastics, despite the government's promise to ban then in 2021.
The list of COVID-19 plastic products, such as surgical masks, gloves, visors, disinfecting wipes and cutlery for takeout meals, has reversed the trend towards banning synthetic polymers.
In June 2019, Ottawa announced a plan to ban single-use plastic products in 2021. The ban unfortunately covers just six products: plastic bags, straws, stir sticks, six-pack rings, cutlery and food packaging made from hard-to-recycle plastics. That is all well and good, but there are a number of other products missing from the list. We are still far from the goal of achieving zero plastic waste by 2030.
I have to say that the Liberals' environmental initiatives are utterly inconsistent. The Prime Minister had the gall to announce millions of dollars to help protect biodiversity around the world only to authorize, just a few hours later, 40 exploratory drilling projects in a United Nations-recognized ecologically or biologically significant marine area.
To make matters worse, Ottawa also chose to expedite project approvals by abolishing the environmental assessment process in place up until now. Ironically, this is happening at the start of what the United Nations has named the decade of ocean science for sustainable development and at a time when there is a collective awareness dawning that 2021 is the year when we must not miss the boat on environmental protection. With announcements such as these, I can say that my planet is suffering.
This year, the current government has completely missed the boat when it comes to the environment. It had the opportunity to initiate a true green shift by making massive investments in the energy transition away from oil with money allocated for the economic recovery. It did not do so. It has understood nothing. The current health crisis and the environmental crisis are not mutually exclusive. Our government's failure to take action on the environment over the past decades and this pandemic are intertwined. We must recognize this and take action now.
The pandemic, just like increasingly mild winters, is a sign that nature is changing. This week, in the month of January, the temperature was -3°C in the Gaspé. Not only is there a connection between COVID-19 and nature, but the political decisions we are making connect them more closely. Failure to take action on the environmental front will lead to a world where potential epidemics will be part of day-to-day life. The issue is how will our societies manage these threats.
The problem is that this government is inconsistent. On the one hand, it is promising to plant two billion trees in 10 years; on the other, it is investing billions of dollars to expand the Trans Mountain pipeline. It wants to fight climate change, but continues to invest millions of dollars in oil projects. In March 2020, this very government stated with a straight face that the pipeline was consistent with the plan to fight climate change in Canada. This Liberal government does not see the environmental disconnect between expanding the oil industry and meeting greenhouse gas reduction targets. I am not making this up.
Non-recyclable plastic ends up in our waterways, decomposes, and ends up in our air and our food. This poses serious threats to human health. We have to think about the long-term impact of an excessive amount of plastic.
Until now, the government has rejected the idea of banning the export of plastic waste. It has opted for exporting plastic to be recycled. However, in June 2019, before being elected, the Liberal member for Laurier—Sainte-Marie said he was concerned about exporting plastic. He said the following:
In some cases, it is recycled, but not the way we might think. We know that China will use some of that plastic as fuel to meet its high energy needs instead of using other types of fuel.
The government's argument that we must not prevent materials from being recycled abroad does not hold water. The hon. member for Laurier—Sainte-Marie has acknowledged that the current situation is akin to shipping our problems elsewhere. We can and, more importantly, we must do better. I sincerely hope that he will be able to convince his government of this.