En résumé, d'après ce que je comprends, c'est que le Parlement hybride, tel qu'on le vit actuellement — il aurait pu être différent —, et tel qu'on va le vivre à partir de vendredi matin nécessite beaucoup d'heures d'interprétation.
Dans le temps, il n'y avait pas de réunion de comité les lundis matin et il n'y avait pas de réunion de comité du tout les vendredis. On se concentrait sur les quelques jours de la semaine où il y en avait. Maintenant, vous me dites qu'il est difficile de recruter des interprètes et que vous devez utiliser vos propres ressources pour corriger les examens, ce qui crée un cercle vicieux. En tant qu'unilingue francophone, quand je vois ce qui se passe et que j'entends ce que vous dites, je ne suis pas du tout rassurée quand je pense au mois de septembre.
Si les ressources du Bureau de la traduction n'augmentent pas en septembre, cela équivaudra à avoir décidé ensemble qu'il est acceptable que des activités et des comités parlementaires n'aient pas lieu, parce que votre bureau est incapable de recruter, de former et d'accréditer les interprètes dont nous avons besoin pour faire notre travail. C'est cela qui m'impressionne.
Vous aurez beau faire votre possible, vous et l'Administration, on arrive au même constat: en septembre, il n'y aura pas plus de 160 heures d'interprétation par semaine, ce qui équivaut à 57 événements. C'est ce que vous nous dites dans votre lettre et dans votre témoignage. Alors, dès que le gouvernement, quel qu'il soit, augmentera les heures de travail au Parlement, on devra réduire les heures de travail en comité. Sincèrement, messieurs Laporte et McDonald, je trouve cela inacceptable.
Quelle solution nous reste-t-il, monsieur McDonald? C'est celle d'augmenter le nombre d'heures de participation en personne, et ce, malgré la motion qui va être adoptée aujourd'hui sous le coup d'un bâillon. Le leadership politique des whips et des leaders de chaque parti est en jeu, parce que nous devrons discipliner les députés de nos partis afin qu'ils siègent en personne et demander à votre équipe, monsieur MacDonald d'encourager les témoins à participer le plus souvent en personne.
Tout cela aura pour objectif de limiter les blessures des interprètes. M. Aubé nous dit qu'on a fait des études avec des audiologistes et des experts, et nous savons que l'Administration de la Chambre a fait beaucoup d'efforts et que vous en avez tous fait. Malgré tout cela, il reste que les interprètes se blessent. Or, quand ils se blessent, peu importe la raison ou le lieu, cela signifie qu'il y a moins d'interprètes pour servir les parlementaires. Vos effectifs ne sont pas suffisants, et cela m'inquiète.
Malgré cet état de fait, qui est documenté depuis deux ans, nous allons nous heurter à un mur, en septembre. Je vous souhaite, monsieur Laporte, que la prédiction du syndicat ou de l'association des interprètes ne soit pas juste, parce qu'elle s'attend à ce que des interprètes se désistent et n'acceptent pas de signer votre nouveau contrat, qui leur demande de choisir entre quatre et six heures, parce qu'ils voudront se protéger.
Ayant travaillé dans le domaine de la gestion des ressources humaines, j'ai compris que, pour retenir son personnel, il fallait appliquer un principe de précaution. Dans ce cas-ci, il s'agit de préserver nos ressources, que sont les interprètes. Pour que les députés aient accès aux deux langues officielles, il faut des interprètes en santé et en grand nombre.
En terminant, sincèrement, j'ai le sentiment que la question des ressources d'interprétation et de la santé et sécurité des interprètes n'intéresse pas beaucoup de parlementaires. Parfois, j'en parle et des députés ou d'autres personnes ne mettent pas leur oreillette. Je parle en français, et 85 % de ce qui se passe ici se passe en anglais. J'ai donc besoin de l'interprétation. Pourtant, je pense être quelqu'un d'intéressant qui a beaucoup de choses à dire. Je ne sais pas si le whip libéral partage mon opinion. Les gens pourraient donc mettre leur oreillette pour m'entendre, mais ils ne le font pas toujours.
Personnellement, je souhaite qu'un miracle se produise en juin pour que, en septembre, on puisse augmenter les ressources en interprétation.
Je souhaite aussi que mes collègues autour de la table, qui sont très passionnés par le sujet, puissent discipliner les députés de leur parti afin que le moins de gens possible assistent aux réunions de manière virtuelle. Cela permettrait de protéger vos ressources, monsieur Laporte.