Monsieur le Président, chaque fois que je prends la parole, je le fais avec plaisir. Je me trouve réellement chanceux, et même honoré, d'être à la Chambre et de pouvoir représenter mes concitoyens. Nous avons le pouvoir, comme parlementaire, d'apporter des solutions et de prendre des décisions pour améliorer notre pays, le Canada, et de le faire prospérer. Je dois souvent prendre la parole sur des sujets chauds de l'actualité, mais je suis toujours reconnaissant de la chance que j'ai de dénoncer ce que je trouve injuste et de débattre de questions importantes. Toutefois, j'aimerais mieux parler d'un autre sujet que celui d'aujourd'hui.
Bien sûr, c'est avec de grandes préoccupations que je vais faire ce discours. J'ai été très inquiet, ces derniers jours. Je continue de l'être. Je ne dors pas toujours bien parce que j'imagine toujours que les citoyens de ma région vivent dans la peur de perdre leur maison et de voir leur ville être décimée entièrement. J'espère que nous n'en arriverons pas là. Bien sûr, je parle ici de la situation des feux de forêt qui ont lieu un peu partout au Canada, des feux d'une violence incommensurable, qui, depuis plusieurs semaines déjà, sont le sujet chaud dans l'actualité.
Jamais le gouvernement du Canada n'a vu d'incendies forestiers aussi tôt dans la saison, et ce sont loin d'être les derniers. Ces multiples feux créent un effet sans précédent. Si cette triste cadence se maintient, le record du nombre de feux jamais enregistré au pays pourrait très bien être dépassé. Toute la population canadienne s'inquiète de ces feux de forêt, mais aussi de ce qu'on en retiendra et de ce qui en restera. Les feux font rage partout au pays et cette situation est critique.
J'aimerais parler plus particulièrement des régions du Québec, comme le Saguenay—Lac‑Saint‑Jean et l'Abitibi, qui subissent actuellement les effets les plus graves des feux de forêt. Un article montrait que l'Abitibi—Témiscamingue est la région la plus touchée au Québec. La deuxième région la plus touchée est la mienne, le Saguenay—Lac‑Saint‑Jean. La majorité des feux sont dans la circonscription de mon collègue de Lac-Saint-Jean. Je peux assurer à la Chambre que nous oublions les couleurs politiques dans ces moments-là. Nous sommes tous dans le même bateau et nous devons nous serrer les coudes pour traverser cette crise.
J'aimerais commencer mon discours en rappelant le bilan régional pour le Saguenay—Lac‑Saint‑Jean. Actuellement, 4 feux sont maîtrisés, 2 sont contenus, 2 sont nouveaux et 22 sont hors de contrôle. Évidemment, c'est dans cette dernière statistique que le bât blesse: 22 feux sont de hors contrôle.
Ce qui me touche droit au cœur, c'est de voir des images de ma belle région qui est en feu. C'est de voir des communautés évacuées à contrecœur. Je pense notamment à la communauté autochtone Oujé‑Bougoumou, qui voit son village être menacé et qui a dû trouver refuge à Chicoutimi. Je tiens à rassurer la députée de cette communauté, ma collègue d'Abitibi—Baie-James—Nunavik—Eeyou: ses citoyens sont bien pris en charge par la Ville de Saguenay. L'heure est à la solidarité, et les gens du Saguenay—Lac‑Saint‑Jean répondent présents.
J'ai toujours su que nous étions tissés très serrés au Saguenay—Lac‑Saint‑Jean, et c'est lors de telles situations que nous pouvons vraiment le prouver. Encore ce matin, on mentionnait dans un article que des citoyens de la ville de Saguenay se sont présentés en très grand nombre aux différents centres d'hébergement avec des denrées et que d'autres se sont offerts comme bénévoles pour prêter main-forte. C'est exactement pour des raisons comme celles-là que je suis fier de représenter mes concitoyens. Nous sommes du bon monde, au Saguenay. Nous sommes accueillants et aidants, et cela nous permet de nous réconforter dans de pareilles situations.
Le Cégep de Chicoutimi a ouvert ses portes pour la communauté autochtone dont je viens de parler. Il est très difficile de quitter son domicile en ne sachant pas quand on pourra y retourner, mais plusieurs endroits ont été désignés afin de bien accueillir les sinistrés. Il y a le Cégep de Chicoutimi, l'Université du Québec à Chicoutimi, le Centre Georges‑Vézina et le Pavillon de l'agriculture. Je tiens d'ailleurs à féliciter la Ville de Saguenay d'avoir rapidement pris en charge la situation et d'avoir offert des services dans les plus brefs délais. Les responsables ont été informés qu'ils devaient trouver 1 000 places pour des sinistrés, et ils les ont trouvées en deux temps, trois mouvements.
En plus de cela, nous avons pu compter sur des partenaires précieux, comme la Croix‑Rouge qui a fourni des lits de camp.
Évidemment, je dois absolument mentionner l'évacuation complète de Chibougameau avant-hier. Deux incendies dans le secteur, soit un qui touche 50 000 hectares et l'autre 12 000 hectares, ont forcé l'évacuation de milliers d'habitants. Ces feux sont à 20 kilomètres de Chibougameau. Les citoyens ont appris mardi soir qu'ils n'avaient que quelques minutes pour faire leurs valises et quitter la ville. On parle d'une ville de 7 500 résidants qui ont eu 15 minutes pour partir vers leur terre d'accueil temporaire, qui est actuellement Roberval.
J'ai été en communication hier matin avec le maire de Roberval, M. Serge Bergeron, pour prendre les nouvelles du terrain. En passant, le maire fait un travail extraordinaire et contrôle la situation présentement. II a mentionné que 450 personnes évacuées sont à l'aréna Benoît‑Levesque présentement. Des navettes font des allers-retours de l'aréna vers différents lieux comme les pharmacies pour que les citoyens aient accès à leurs médicaments. Même les supermarchés se mettent de la partie. Ils envoient de la nourriture dans des refuges par camion de livraison. Également, la base de Bagotville est prête à accueillir des citoyens. Si Chapais doit être évacué, la ville de Saint‑Félicien sera prête. Quand je dis qu'on est solidaires au Saguenay‑Lac‑Saint‑Jean, on a une réputation qui n'est plus à faire.
La SOPFEU fait tout en ses moyens pour stopper l'hémorragie et sauver la ville de Chibougameau. En partenariat avec Chantiers Chibougameau, la SOPFEU est en train de construire une tranchée autour de la ville pour la protéger le plus possible.
Je ne peux pas passer sous silence la situation dans ma circonscription, Chicoutimi-Le Fjord, car le travail fait a été exceptionnel. Deux feux sont maîtrisés par le bon travail des pompiers forestiers et la SOPFEU. Le premier feu qui a été déclaré dans ma circonscription était celui de Ferland‑et‑Boilleau, qui, comme par hasard, s'est produit au lendemain des célébrations du 60e anniversaire de la coop forestière. C'est une coïncidence. Cette petite municipalité est entourée d'arbres, ce qui a mis les habitants particulièrement à risque. Il y a 40 maisons qui ont dû être évacuées, car la situation était devenue trop dangereuse. On parle de familles qui se sont retrouvées à la rue pendant plusieurs jours. C'était tout un stress pour les parents et pour les enfants.
Le deuxième gros feu qui a eu lieu était à Rivière‑Éternité, dans le secteur de la montagne à Adrien, il y a quelques jours. Encore une fois, les forêts de cette petite municipalité ont été la proie des flammes. Une trentaine de résidants ont été évacués. En plus de cela, l'école primaire Marie‑Médiatrice a dû fermer pour toute la journée par mesure de sécurité et pour plusieurs jours. Quatre avions-citernes, ainsi que des pompiers forestiers ont combattu le feu pendant plusieurs heures. Le feu étant à flanc de montagne, cela n'a pas été facile à maîtriser, mais aujourd'hui ces municipalités peuvent dormir tranquilles.
Heureusement, dans tous les incendies forestiers qui ont lieu présentement, aucune perte humaine n'a été signalée. C'est notamment à cause de I'excellent travail des pompiers forestiers et de la prévention des intervenants du milieu. Je tiens à souligner leur bravoure et leurs efforts incontestables. Également, je remercie évidemment la SOPFEU, qui a pour mission de protéger la forêt et les infrastructures. Je tiens également à remercier tout le personnel qui prête main-forte aux sinistrés et qui fait en sorte que les citoyens se sentent en sécurité malgré les conditions. Je remercie les bénévoles et les autorités civiles qui coordonnent les efforts; je remercie les policiers et les travailleurs forestiers. Ils sont essentiels et indispensables en temps de crise.
Non seulement les incendies font du ravage dans la faune et la flore, mais ils laissent également des dégâts dans I'air. La qualité de l'air, dans une bonne partie de la province, sera affectée. Plusieurs écoles doivent notamment fermer leurs portes, car la situation est critique.
Je tiens à rappeler à la Chambre et à nos chers concitoyens de partout au pays l'importance de ne pas aller inutilement en forêt. Il faut être conscient du danger et se serrer les coudes en ces temps pas faciles.