Madame la Présidente, c'est pour moi un privilège d'intervenir aujourd'hui au sujet du projet de loi C‑232. Je remercie le porte-parole, le député d'Edmonton Griesbach, de ses réflexions et son intervention à ce sujet. Je félicite aussi le député d'Ottawa-Sud d'avoir proposé cette indispensable mesure législative. Je me souviens avec plaisir des années où j'ai travaillé avec lui à l'Association parlementaire Canada—États‑Unis.
Je prends la parole depuis Windsor, en Ontario, qui se trouve à environ 15 minutes en voiture des États‑Unis, et de la ville de Dearborn, au Michigan, qui compte la plus importante communauté arabe à l'extérieur du Moyen‑Orient. Cela fait partie de notre patrimoine depuis des centaines d'années et j'en suis très fier.
Il importe également de noter que le projet de loi, en désignant le mois d'avril comme Mois du patrimoine arabe, s'alignerait sur une mesure similaire adoptée aux États‑Unis en 2021. Ce projet de loi n'était pas en vigueur cette année, mais espérons qu'il le sera l'année prochaine. Au fil du temps, j'ai appris que les choses les plus simples et les plus claires peuvent se heurter à des complications à Ottawa. Cela dit, cette mesure législative bénéficie d'un vaste appui de la part de la population générale et des parlementaires.
La cause est noble: il ne fait aucun doute que la population arabe, non seulement à Windsor, mais également partout au Canada et ailleurs dans le monde, a apporté une contribution importante et qu'elle continue de le faire malgré des difficultés récentes liées à l'islamophobie et à d'autres types de questions délicates au fil des ans. La communauté mérite cette marque de reconnaissance, surtout lorsqu'on tient compte de ses apports économiques, sociaux et culturels qui s'observent toujours dans nos quartiers.
Lorsque je pense à la relance de l'industrie automobile avec les véhicules électriques, il y a eu de bonnes nouvelles annoncées à Windsor-Ouest récemment. Nous sommes enfin rendus à lutter pour la reprise d'une industrie où, à un certain moment, nous occupions le deuxième rang mondial du secteur de l'assemblage. Notre position a dégringolé, mais nous commençons à obtenir des usines de batteries et des projets de modernisation.
En ce moment, de nombreux Canadiens d'origine arabe participent à cette industrie, ce qui est vraiment intéressant. En effet, au début des années 1900, ils ont contribué à bâtir l'industrie automobile dans cette collectivité et dans l'ensemble du pays. Nous avons vu des vagues d'arrivées sur un certain nombre d'années, et je suis très fier qu'il y ait beaucoup de jeunes, mais aussi des gens bien établis, qui apportent une contribution très importante à l'industrie.
Lorsque je visite des mosquées ou d'autres endroits comme des églises, j'entends des histoires de la population arabe. J'entends des récits de gens qui travaillent dans les domaines de l'ingénierie, de la conception et du développement, de la fabrication d'outils, de matrices et de moules, de la fabrication d'équipement d'origine et dans toutes sortes de domaines très intéressants pour les jeunes.
Souvent, ils traversent la frontière entre le Canada et les États‑Unis, et ils ont parfois fait l'objet de profilage racial sous divers présidents. À mon bureau, nous avons dû régulièrement nous pencher sur ces problèmes. Par ailleurs, la population arabe a contribué à la reconstruction de l'industrie de Detroit, ce qui est palpitant.
Dans ma collectivité, on est en train de réaménager la rue Wyandotte Est. Il a été phénoménal de voir la population arabe se mobiliser. Il y a des épiceries, des salons de coiffure, des boutiques de mode et d'autres types d'établissements qui ont rajeuni le coin et lui ont donné une image excitante. C'est un signe de grande fierté.
Jusqu'à récemment, je partageais un bureau avec un homme nommé Alan, qui est originaire de l'Irak et a repris ses activités ici. Malheureusement, nous avons dû quitter ce bureau de circonscription pour emménager dans un nouveau local. Alan a déménagé lui aussi, mais, à bien des égards, nous sommes devenus comme des membres de la même famille.
Nous examinons les questions de représentation. J'ai entendu des remarques négatives lorsque j'ai fait du porte‑à‑porte. J'ai alors rappelé aux gens tenant ces propos que lorsqu'ils doivent se rendre à l'hôpital pour voir un médecin, ou qu'ils ont besoin de l'aide de policiers ou de pompiers, ils ne posent pas de questions sur le lieu d'origine de ces personnes, mais plutôt sur la façon dont elles les aideront.
La participation de la communauté arabe au marché du travail a été très diversifiée. Cette communauté est dirigée par des pionniers dont les contributions se sont fait sentir à l'échelle internationale.
La famille Jamil a fondé à Windsor l'entreprise Holiday Juice qui a finalement été rachetée par une multinationale. Nous sommes ici tout près de la frontière, près du passage frontalier le plus achalandé en Amérique du Nord. J'aimerais aussi mentionner les propriétaires d'un petit hôtel, le Blue Bell Motel, qui a été ouvert par Alex Abraham, un homme qui a mené bien des développements et des contributions dans la région. Sans oublier le Dr George, un pionnier des années 1930, un médecin de famille qui s'est impliqué dans la communauté. J'ai aussi parlé plus tôt de mon ami Alan. Je ne voudrais pas oublier de mentionner M. Brissony, un coiffeur bien connu de la région qui est devenu conseiller municipal et préfet aux premiers stades du développement de la région.
Dans notre collectivité, nous avons des gens qui viennent du Maroc, de la Tunisie, de l'Algérie, de la Libye, de l'Égypte, du Soudan et du Liban. Je tiens à saluer au passage l'antichambre des néo-démocrates et Anthony Shalloum qui fait partie de l'équipe et qui a des origines libanaises. Dans notre collectivité, d'autres personnes viennent de la Palestine, de la Jordanie, de la Syrie, de l'Irak, du Koweït, du Yémen, de l'Arabie saoudite, d'Oman, du Bahreïn, du Qatar et des Émirats arabes unis. Nous apprenons à les connaître et à célébrer ce patrimoine.
En plus de ces groupes et organismes, les gens de ma communauté fondent des groupes interconfessionnels auxquels ils participent. Ces groupes représentent les catholiques orthodoxes, les protestants, les chiites et les sunnites et sont tous interreliés. Lorsqu'une tragédie frappe une personne ou une famille, ou lorsque certains sont victimes de discrimination ou doivent faire face à divers problèmes graves, la communauté se mobilise et s'unit pour s'entraider.
Juste avant la pandémie de COVID, je collaborais avec ces gens pour soutenir les Ouïghours en Chine et dénoncer le génocide et la discrimination à leur endroit. Encore une fois, ces efforts étaient menés par nos associations locales. Maintenant que les restrictions se relâchent peu à peu, la communauté recommence à s'impliquer. Il n'est pas rare que la mosquée, des organismes ou des groupes interconfessionnels s'unissent pour amasser des fonds lorsque surviennent des tragédies dans le monde, par exemple pour aider les victimes d'un tremblement de terre ou d'une autre catastrophe naturelle. C'est dans l'ADN de Windsor et du comté d'Essex, mais cela se manifeste à l'échelle mondiale.
C'est ce qui est vraiment important dans ce projet de loi. Il nous rassemble comme d'autres très bonnes mesures l'ont fait dans le passé, surtout celles qui avaient trait aux différents autres mois qui ont été désignés, par exemple le Mois de l'histoire des Noirs. C'est l'une des choses sur lesquelles nous pouvons bâtir, parce qu'il s'y trouve un élément éducatif, en plus des célébrations nécessaires pour unir les collectivités et montrer que nous pouvons réellement apprendre et comprendre d'où nous venons. Certaines personnes ne comprennent pas que, même si nous avons connu de beaux moments, il y a eu certains défis dans le passé. Il faut donc le reconnaître, répondre à ces défis et célébrer ce que nous pouvons encore accomplir.
C'est pour cette raison que j'ai parlé de la force de ce qui se produit au niveau des microcommunautés, comme celle de la rue Wyandotte, dont j'ai parlé plus tôt et où de grands efforts de revitalisation sont déployés. Il y a également eu des annonces intéressantes dans le secteur automobile. La revitalisation en cours est très diversifiée.
Pour conclure, je dirai ceci: l'un des problèmes que nous connaissons à l'heure actuelle, ce sont nos relations avec les États‑Unis, et ce, pour de nombreuses raisons complexes. En dehors de la politique et des politiciens, les liens qui unissent les citoyens de part et d'autre de la frontière, pour que nos relations commerciales, sociales et culturelles soient efficaces, se manifestent particulièrement au sein de nos populations arabes. Ce sont des familles unies, qui savent se serrer les coudes. Il s'agit de renforcer nos régions ensemble, ce qui nous rendra plus forts sur le plan social, économique et culturel. C'est quelque chose de spécial et d'unique.
Enfin, je dirai encore une fois que je suis très proche de la plus grande population arabe en dehors du Moyen‑Orient. À Windsor, nous nous plaisons à dire que Detroit est en fait une banlieue de notre ville. La réalité, c'est que c'est une région fortement peuplée, mais que nos liens sont solides et évidents. Ces gens sont extrêmement fiers d'être canadiens, mais ils sont également très fiers des liens étroits qu'entretiennent leurs familles.