Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité.
C'est vraiment une journée magnifique.
Je vous sais gré de me donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui afin de continuer de répondre à vos questions sur l'EVCI.
Permettez-moi de vous rappeler que je suis Mike Duheme, sous-commissaire à la Police fédérale de la GRC, dont relèvent les mesures visant à préserver la sécurité nationale du Canada.
Depuis quelques mois, mes représentants et moi suivons les travaux de votre Comité et nous vous félicitons de faire appel à une grande diversité d'experts compétents en la matière, ainsi qu'aux fournisseurs de services et professionnels clés qui doivent faire partie de la solution. Ces personnes vous ont transmis beaucoup de renseignements, dont certains vous ont peut-être parfois fait douter de la capacité du Canada à lutter efficacement contre la menace grandissante que représentent les éléments EVCI.
La plupart des préoccupations qui ont été soulevées sont fondées. Nous savons que la menace que représente l’EVCI est complexe, qu’elle évolue rapidement et qu’elle est de plus en plus nourrie par la désinformation et des discours hostiles sur une multitude de sujets de mécontentement, entre autres les mesures sanitaires visant à freiner la propagation de la COVID‑19. La désinformation et les discours hargneux sèment la méfiance envers les institutions gouvernementales, comme la police, ils renforcent la capacité des groupes extrémistes de recruter de nouveaux membres et ils suscitent de plus en plus d’hostilité.
Pour vous, comme pour la majorité des Canadiens, cette hostilité s’est manifestée dans l’actualité et dans les médias sociaux. Mais pour de nombreux agents de la GRC et partenaires du domaine de l’application de la loi, elle s’est manifestée dans des confrontations bien réelles, notamment durant l’occupation d’Ottawa et les nombreux blocages à la frontière.
Depuis le début de la pandémie, la GRC a observé une augmentation marquée du nombre de gestes associés à l'extrémisme violent à caractère idéologique, ou EVCI, dont la majorité est perpétrée par des individus qui ne sont pas clairement affiliés à un groupe et qui sont motivés par des idéologies très individualisées qui les poussent à inciter ou à adhérer à la violence.
Lors de ma dernière comparution, je vous ai décrit l'ampleur et la portée du problème auquel la GRC est confrontée. Aujourd'hui, ma comparution portera sur les mesures que la GRC prend en ce sens. Avant de répondre à cette question, il est important de préciser que le programme de la Police fédérale n'est qu'une partie de la solution. Nos mesures de répression doivent être le point de départ d'une intervention pangouvernementale. Notre intervention collective doit surtout être axée sur la prévention et sur des mesures qui peuvent être prises avant que les frustrations ne se transforment en haine et en violence.
De plus, il est important de se rappeler que la Police fédérale de la GRC est précisément responsable de lutter contre la menace envers la sécurité du Canada qui correspond à la définition de l'article 2 de la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité. Ce sont les services de police compétents qui ont la responsabilité d'enquêter sur les crimes haineux, dont la plupart des cas font partie.
Cela dit, depuis un an environ, la GRC prend des mesures concrètes pour mettre de l'ordre dans ce dossier. Nous avons d'abord discuté avec nos enquêteurs sur le terrain qui font partie de différents groupes axés sur la sécurité nationale, parce que ce sont eux qui luttent contre l'EVCI en première ligne. Nous avons ensuite rencontré des équipes de soutien de la direction générale qui aident les agents sur le terrain et leur fournissent des renseignements. Dans les deux cas, nous avons décelé des lacunes bien réelles et des difficultés auxquelles nous sommes confrontés lorsque nous tentons d'identifier des auteurs potentiels de gestes relevant de l'EVCI et de prendre des mesures pour les empêcher de passer aux actes.
Par la suite, la GRC a élaboré une stratégie exhaustive qui vise à combler ces lacunes et à résoudre les difficultés au cours des trois prochaines années. Il faudra revoir plusieurs éléments, depuis la formation que nos agents reçoivent jusqu'à l'affectation des ressources, afin qu'elles soient mieux adaptées à la menace actuelle. Il faudra aussi repenser la façon dont nous communiquons de l'information à nos partenaires clés et faire en sorte que les ressources de la Police fédérale fournissent à nos agents les outils dont ils ont besoin pour lutter, de façon efficace et efficiente, contre la menace que représente l'EVCI.
Comme toute stratégie de vaste portée qui vise des problèmes complexes, la stratégie de la GRC consiste à miser sur la prévention plutôt qu’à agir surtout en réaction aux événements. Cela améliorera nos liens avec nos partenaires clés dans les communautés et les organismes locaux d’application de la loi, ce qui nous permettra de cerner les menaces avant qu’elles deviennent des menaces à la sécurité nationale. Pour ce faire, nous améliorerons nos processus de mise en commun de l’information et renforcerons notre propre capacité de renseignement, particulièrement en ligne. Nous serons ainsi mieux à même d’identifier les individus et les groupes qui représentent une menace avant qu’ils soient motivés à commettre des actes de violence.
De plus, lorsque la GRC repérera une menace liée à l’EVCI, elle continuera d’utiliser tous les outils à sa disposition pour prévenir les menaces imminentes à la sécurité nationale, par exemple les engagements à ne pas troubler l’ordre public, le système d’inscription, la révocation du passeport et la liste d’interdiction de vol en application de la Loi sur la sûreté des déplacements aériens. Mais il ne faut pas se leurrer. Comme vous l’ont affirmé plusieurs représentants universitaires...