Madame la Présidente, c’est tout à fait pertinent. Je suis bien conscient que chaque fois qu’un député de ce côté-ci et même du Bloc québécois, d’ailleurs, commence à dire des choses que le député n’aime pas, il invoque le Règlement simplement pour perturber l’interaction. C’est dommage. S’il n’aime pas ce que j’ai à dire, tant pis.
Je veux me concentrer aussi sur quelques autres éléments essentiels dans ce débat sur le retour à un système hybride à l’automne.
Ce qui n’est pas pris en compte, et je sais que madame la Présidente en est parfaitement consciente, c’est qu’il y a eu une augmentation des blessures chez nos interprètes. Nous avons reçu de nombreux rapports au cours des dernières années selon lesquelles le nombre de blessures a été multiplié par neuf chez les personnes qui travaillent si fort pour assurer ici une interprétation de classe mondiale, et quand je dis « de classe mondiale », je veux dire qu’elle n’a pas son pareil ailleurs dans le monde.
Nous constatons une augmentation des accidents de travail. On nous dit que ces accidents vont se poursuivre tant que nous continuerons à avoir un système hybride ici à la Chambre et en comité. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement et le NPD proposent de mettre en péril la santé et la sécurité de nos interprètes, d’autant plus que des avertissements et des signaux d’alarme ont été lancés.
Nous assistons à une diminution du nombre d’interprètes, et ces accidents de travail n'y sont absolument pas étrangers. Cette situation met en péril la composante bilingue de notre Parlement pour nous tous, en particulier pour les francophones ici présents et pour les auditeurs francophones, et elle remet en question l’avenir du bilinguisme et la capacité des interprètes à relayer ce qui se dit aux Canadiens francophones. Je pense que nous devons en tenir compte sérieusement alors que nous envisageons de passer à cette formule de Parlement hybride.
Il n’y a rien d’étonnant pour la Chambre que nous voulions signaler aux Canadiens que nous revenons à une certaine normalité, mais il n’y a aucune raison, aucune donnée scientifique, aucune preuve et aucun raisonnement qui expliquent pourquoi nous nous penchons sur la question dans les dernières heures de cette session parlementaire, tout cela parce que le leader du gouvernement à la Chambre et le leader du NPD à la Chambre ne veulent pas revenir à la normale. C’est la seule raison. Ils veulent poursuivre le déclin de la pertinence de cette institution en permettant aux ministres et aux députés de ne pas être présents. C’est triste.
Je porte ce bracelet à mon poignet. Il dit: « Nous nous souviendrons. » Je l’ai déjà dit ici, parce que je pense souvent aux vies qui ont été perdues et aux familles qui ont été décimées par la guerre. Ceux qui ont défendu notre pays dans des pays lointains pour nous permettre à tous d’avoir le privilège de siéger dans notre symbole de la démocratie ne se sont pas battus pour que nous puissions siéger par Zoom. Ils ne se sont pas battus pour que les ministres puissent échapper à toute responsabilité. Ils ne se sont pas battus pour assister au déclin de notre démocratie. Ils se sont battus pour renforcer notre démocratie et garantir qu’elle soit viable pour les années à venir, mais ce que le gouvernement propose limite et diminue notre institution démocratique.
Je sais que le gouvernement prétendra le contraire, mais nous l’avons vu. Nous avons constaté un manque de reddition de comptes et de transparence. Nous avons vu le gouvernement se défiler en utilisant ces outils. Nous l’avons constaté avec le projet de loi C‑11. Nous avons vu le chaos qui s’est installé au comité pendant que la présidente était installée dans son salon et qu’elle essayait de composer avec un projet de loi complexe et substantiel comprenant des centaines d’amendements.
Mais c’est fait, c’est terminé. Le glas de ce mode de fonctionnement a sonné. À l’époque, il a servi à quelque chose, mais il ne sert plus à rien quand aucune autre assemblée législative provinciale ou territoriale, au Canada ou ailleurs dans le monde, n’utilise de système hybride. C’est terminé. On n’en parle plus.
Dans le temps qu’il me reste, je propose, avec l’appui du député de Fundy Royal, que la motion soit modifiée:
a) au paragraphe i), par substitution, aux mots suivants les mots « soit adoptée », de ce qui suit: « ou adoptée avec dissidence, pourvu qu’une demande de vote par appel nominal ait préséance et soit suivie d’une indication que la motion est adoptée avec dissidence »;
b) au paragraphe p), (i) par adjonction, après le mot « vidéoconférence », de ce qui suit: « pourvu que les députés participant à distance soient au Canada »; (ii) par adjonction, après les mots « utilisation des ressources de la Chambre soit établie », de ce qui suit: « sous réserve des dispositions du paragraphe j) de l’ordre adopté le lundi 16 mai 2022 »; (iii) par adjonction, après l'alinéa (vi), de ce qui suit: « (vii) toute délibération d’un comité portant sur une motion relative à l’exercice de son pouvoir de convoquer des personnes et d’exiger la production de documents et de dossiers n'ayant pas donné lieu à une décision devra être interrompue, selon la première occurrence, après quatre heures de débat ou une semaine de séance après que la motion ait été proposée, et toutes les questions nécessaires pour disposer de la motion soient alors mises aux voix immédiatement et successivement, sans autre débat ni amendement »;
c) au paragraphe q), (i) par substitution, aux mots de l'alinéa (ii), de ce qui suit: « les membres participant à distance se trouvent au Canada et soient comptés pour fins de quorum »; (ii) par adjonction, après l'alinéa (v), de ce qui suit: « (vi) toute délibération d’un comité portant sur une motion relative à l’exercice de son pouvoir de convoquer des personnes et d’exiger la production de documents et de dossiers n'ayant pas donné lieu à une décision devra être interrompue, selon la première occurrence, après quatre heures de débat ou une semaine de séance après que la motion ait été proposée, et toutes les questions nécessaires pour disposer de la motion soient alors mises aux voix immédiatement et successivement, sans autre débat ni amendement. »