Madame la Présidente, j'aimerais d'abord mentionner que je partagerai mon temps de parole avec le député de Joliette.
Encore une fois, on présente une motion visant à prolonger les travaux parlementaires en format hybride. Il faut comprendre une chose: le Parlement hybride n'est pas une panacée. Plusieurs problèmes y sont liés. C'était censé être temporaire, et j'espère que c'est encore le cas.
Premièrement, il y a les problèmes d'interprétation. Il est souvent arrivé que l'interprétation ne fonctionne pas ou que les interprètes tombent malades pour des raisons diverses. C'est extrêmement exigeant pour les ressources humaines. Nous devons en être conscients.
Deuxièmement, il y a la reddition de compte. Le gouvernement se cache derrière un fonctionnement en deux dimensions. Il est toujours plus facile pour les ministres de cacher leur incompétence derrière les écrans que de le faire en personne. C'est un peu moins gênant. C'est l'une des raisons pour lesquelles le Parti libéral aime beaucoup le Parlement hybride. C'est une façon de ne pas rendre de comptes. Comme on le sait, ce gouvernement n'aime pas le Parlement. Il n'aime pas discuter ni négocier. Il aime imposer sa loi.
Le gouvernement était minoritaire. Grâce au NPD, il est devenu majoritaire, et, grâce au leader du gouvernement à la Chambre des communes, il est maintenant autoritaire. On ne négocie plus. Pourtant, la prolongation du Parlement hybride devrait être négociée par une entente commune ou un consensus. On change la façon de gérer le Parlement. Ce n'est pas rien. Je ne me trompe pas en disant que cela a changé.
La démocratie exige que les ministres et les députés soient présents. On peut ainsi faire davantage de travaux parlementaires en discutant notamment de dossiers en cours ou de futurs comités. On a les moyens de le faire lorsqu'on est en présentiel. C'est un gouvernement qui se sauve. En voyant toutes les crises que ce gouvernement fait subir aux Québécois et aux Canadiens, on comprend pourquoi il se sauve. C'est un gouvernement incompétent, rien de moins.
Avant-hier, le 21 juin, nous avons eu des problèmes justement liés au Parlement hybride. Cela montre à quel point c'est fragile. Alors qu'au Bloc québécois, nous voulons pouvoir être capables de poursuivre les travaux parlementaires dans un contexte de pandémie, nous aurions aimé discuter plus longuement de la prolongation du Parlement hybride, et non pas nous la faire imposer comme c'est le cas aujourd'hui. Il n'y avait pas urgence d'agir.
Nous savons finalement, et nous l'espérons, que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre se penchera sur la prolongation du Parlement hybride pour savoir quelle sera la suite des choses. Il faut savoir et constater que cela ne va pas si bien. Certaines choses sont problématiques.
Quelle est la position des autres partis?
Comme je l'ai dit, les libéraux ne veulent pas de Parlement. Ils ne veulent pas discuter. Cela fait donc leur affaire. La position du gouvernement est la suivante: moins de présence au Parlement et davantage de réponses en virtuel, ce qui est beaucoup plus facile. Si nous les laissions aller, le Parlement ne fonctionnerait qu'en mode hybride jusqu'à la fin des temps.
Pourquoi parlons-nous de Parlement hybride?
Nous en parlons à cause de la pandémie. Pourtant, quand on demande aux néo-démocrates pourquoi ils veulent un Parlement hybride, ils ne nous parlent pas de la pandémie. Ils nous disent qu'il s'agit d'une conciliation travail-famille et d'une façon de diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
Le gouvernement du NPD — puisque le NPD fait maintenant partie du gouvernement — a donné son accord au projet de Bay du Nord et à l'augmentation des subventions au pipeline Trans Mountain. Ensuite, les néo-démocrates viennent nous dire qu'il faut diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
La vérité, comme le disait le leader à la Chambre de l'opposition officielle, c'est que les néo-démocrates veulent rester chez eux, parce qu'ils habitent loin et que prendre l'avion fait mal aux oreilles. Voilà quelle est leur position. Ils aiment participer, mais à distance.
La réalité, c'est que, quand on est élu député, on a des comptes à rendre, on a des responsabilités et on a des devoirs envers ses concitoyens. Siéger au Parlement est le premier de ces devoirs. Se sauver derrière un écran ne fera pas en sorte qu'on travaille mieux. Personne ici n'y croit, mais telle est la position du gouvernement du NPD.
Le Bloc québécois pense que le mode virtuel ne doit pas être la norme, mais l’exception, dans un contexte de COVID‑19. Il faut que les gens puissent utiliser le virtuel s’ils ont le virus ou s'ils ont fréquenté une personne qui l’a attrapé. Le mode virtuel doit servir juste pour ces cas-là. Alors, comment expliquer que, depuis deux ans, nous n’avons à peu près pas vu plusieurs députés? Ont-ils la COVID éternelle? Ont-ils plongé dans une petite piscine remplie de COVID? Est-ce qu'ils ont découvert deux virus avec qui ils se promènent en permanence parce qu'ils s'en sont fait des amis? C'est cela, la réalité. Je ne nommerai personne, car on les connaît et, surtout, on sait quel parti fait cela.
Si on veut que cela devienne une conciliation travail-famille, si on veut brûler moins de gaz à effet de serre, ce sera au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre d'en discuter et de se prononcer sur la permanence d'un Parlement hybride.
À ce sujet, sur la façon dont pensent les députés du NPD, la COVID‑19 ou la pandémie n'est pas la vraie raison. Ils veulent un Parlement hybride pour toujours, et nous ne sommes pas d'accord sur cela.
Pourquoi en parler un 23 juin, alors que nous avons collaboré avec le gouvernement depuis plus de deux semaines pour que nous puissions justement être libérés aujourd'hui?Rappelons que le Parlement a voté pour la reconnaissance de la nation québécoise. J'annonce aux députés qu'aujourd'hui et demain auront lieu les festivités de la Saint‑Jean‑Baptiste, et nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes obligés de siéger, alors que ce n’est à peu près jamais le cas. Je crois que c'est arrivé quatre fois au cours des 40 dernières années.
Nous avions demandé au leader du gouvernement de reporter cette discussion à l'automne, et ce, pour trois raisons. D'abord, c'est ce qu'on fait depuis le début. C'est en début de session qu'on détermine la façon de fonctionner. Ensuite, il n'y a pas d'urgence, car nous retournons dans nos circonscriptions respectives. Enfin, cela va permettre de mieux colliger l'information.
Les libéraux ont dit plus tôt qu'on est en pandémie et qu'on ne sait pas comment la situation va évoluer. Raison de plus d'attendre et de colliger l'information pendant trois mois de manière à prendre des décisions plus éclairées, mais là, on parle de prolonger le Parlement hybride pendant un an. Aurait-on eu besoin d'un an ou de six mois? Peut-être qu'au mois de septembre nous aurions eu plus de réponses à nos questions, des réponses plus intelligentes. Manifestement, ce ne sont pas les réponses intelligentes qui enthousiasment les libéraux. On le voit avec le dossier des passeports, entre autres choses.
Nous avions donc proposé de reporter la discussion à l'automne aussi parce que nous avons des problèmes avec le Parlement hybride. Comme je l'ai dit plus tôt, nous trouvons que c'est une entrave à la démocratie et que ce ne doit pas être la norme. Je tiens à le répéter, car c'est important. Ce doit être une exception.
Il y a un fait historique que j'aimerais mentionner. Je sais que le député de Kingston et les Îles s'amuse à faire la liste de ceux qui votent et de ceux qui ne votent pas. Il ne s'occupe pas de son parti, mais, peu importe. Quand les députés du Bloc québécois n'étaient pas présents à la Chambre c'était parce que la plupart du temps, sauf exception, ils avaient attrapé la COVID‑19 ou côtoyé une personne l'ayant eue. Le mode virtuel pour nous était l'exception. De notre côté, nous essayons de faire preuve d'exemplarité. Pour nous, ce ne sont pas simplement des paroles, mais des gestes. Le fait de reconnaître la nation québécoise ne peut pas être juste des paroles. Il faut des gestes. Encore une fois, on a vu que le gouvernement parlait, mais n'agissait pas.
Pour toutes ces raisons, le Bloc québécois votera contre la motion.