Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui pour parler, encore une fois, de l’important sujet du changement climatique. Malheureusement pour les conservateurs, je crois que nous avons eu sept motions à propos de la taxe sur le carbone, mais pas une seule au sujet du problème du changement climatique.
Nous savons que même si nous avions stabilisé le changement climatique en 2015, les coûts qui y sont associés auraient déjà enlevé 25 milliards de dollars à la croissance du PIB au Canada. Par conséquent, le coût économique de l’inaction en matière de changement climatique est très important.
Nous pouvons parler du coût économique toute la journée, mais nous devons aussi parler d’autres coûts directs comme les incendies et les inondations. Nous devons parler du coût des soins de santé, de l’augmentation des problèmes pulmonaires et des problèmes d’asthme. Nous devons parler des conséquences des incendies en ce qui concerne la fumée et la qualité de l’eau potable, car des toxines sont libérées dans l’atmosphère et se retrouvent dans notre eau potable.
À toutes ces choses, s'ajoutent les pertes réelles subies par les familles et les particuliers.
En 2021, un énorme dôme de chaleur s’est abattu sur la Colombie‑Britannique et sur tout l’Ouest canadien. Au cours de la semaine du 25 juin au 1er juillet 2021, le bureau du coroner de la Colombie‑Britannique a estimé qu’il y avait eu 619 décès liés à la chaleur. En effet, 619 familles ont perdu des êtres chers à la suite d’un événement que la Columbia Climate School de l’Université Columbia a étudié très attentivement et a carrément attribué au changement climatique. L'établissement attribue le dôme de chaleur à deux facteurs: la perturbation du courant-jet, d'une part, et le réchauffement des océans et du sol, d'autre part.
Selon la Columbia Climate School de l’université Columbia, au lieu de s'attendre à ce qu’un dôme de chaleur se produise tous les 100 ou 200 ans, il faut désormais nous attendre à ce genre d’événement tous les 10 ans.
Pendant cette semaine-là, le village de Lytton a établi un nouveau record de température au Canada: 49,6 degrés Celsius. Le lendemain, après avoir établi ce record, un incendie de forêt a balayé la ville, tuant deux personnes et détruisant toute la ville de Lytton. Plus de 200 maisons ont été détruites.
Nous pouvons citer de grandes statistiques associées au changement climatique, mais lorsque nous regardons réellement ce qui arrive aux gens, aux familles et aux collectivités et ce qui arrivera de plus en plus souvent à mesure que le changement climatique progresse, il semble malvenu de passer tout notre temps à parler d’une taxe sur le carbone, et ce pour deux excellentes raisons. La première est, encore une fois, que les répercussions les plus importantes du changement climatique coûteront bien plus cher que n'importe quelle taxe sur le carbone liée au climat. Je n’ai même pas parlé de choses comme la baisse du rendement agricole et la perte des pêcheries qui se profilent à l’horizon, toutes ces choses que nous voyons venir en raison du changement climatique.
J’ai oublié de dire au début, madame la Présidente, que je vais partager mon temps de parole avec la députée de Vancouver-Est. Je m’en excuse.
Lorsque nous parlons de la motion conservatrice aujourd’hui, les conservateurs continuent de répéter et de ramener leur slogan, que j’hésite le répéter moi-même et qui parle du triplement de quelque chose.
De fait, nous le savons, rien n’a vraiment triplé. En fait, nous savons que les familles devront faire face à des coûts croissants en raison des incendies et des coûts liés à la chaleur et qu'elles devront aussi faire face à une augmentation des primes d’assurance pour leur habitation, car les compagnies d’assurance essaient de récupérer leurs pertes attribuables à ces catastrophes climatiques.
En fait, si on se penche sur l’augmentation de la taxe sur le carbone, qui est conçue pour réduire nos émissions et qui s’est avérée être l’un des moyens les plus efficaces pour y parvenir, il faut savoir que le 1er avril de cette année, la taxe passera de 50 à 65 $ la tonne. Je ne vois pas dans quelle méthode de calcul cela correspond à une multiplication par trois.
Si l’on considère la hausse de la taxe sur le litre d’essence, elle passera de 11 à 14 ¢ le litre. Là encore, il n’y a pas de multiplication par trois. De plus, c’est bien moins que les profits démesurés que les compagnies pétrolières réalisent à nos dépens pendant cette crise climatique.
Se concentrer sur la taxe sur le carbone semble, au mieux, mal orienté, surtout lorsque plus de la moitié des familles au Canada ne sont pas touchées par la taxe sur le carbone pour de choses comme le chauffage domestique.
En Colombie‑Britannique, nous avons un régime différent. Par conséquent, retirer la taxe sur le carbone du chauffage domestique ne réduirait en rien les coûts pour les Britanno‑Colombiens ou les Québécois, qui ont également un autre régime.
Je vais dire poliment que c’est un tour de passe-passe avec les chiffres. Nous savons actuellement que huit ménages sur dix récupèrent plus dans leurs remboursements que ce qu’ils paient en taxe sur le carbone. Les conservateurs aiment citer un rapport du Bureau du directeur parlementaire du budget, qui parle de 2030 et de ce qui pourrait arriver dans sept ou huit ans. Encore une fois, parler de triplement et utiliser des chiffres comme ceux qui sont cités ici est, au mieux, inexact.
Qu’a dit le NPD au sujet de choses comme le coût du chauffage domestique? En cette période d’inflation, c’est certes une grande préoccupation. Je me souviens qu'une fois où cette motion a été présentée, nous avons demandé aux conservateurs d’accepter un amendement pour appuyer le retrait de la TPS sur le chauffage domestique pour tous les ménages au Canada, et ils ont refusé. Ils étaient tellement concentrés sur la taxe sur le carbone qu’ils ont refusé une mesure qui aurait aidé tous les ménages canadiens à faire face à la fois aux coûts, en particulier du chauffage domestique, ainsi qu'à la réduction généralisée de leurs revenus et à la difficulté de joindre les deux bouts à la fin du mois.
Dans le discours d'introduction qu'il a prononcé aujourd'hui au sujet de la motion à l'étude, le chef de l’opposition a parlé d'énergie nucléaire. J'ai aussi entendu d'autres députés, dont des députés libéraux, parler de l'énergie nucléaire comme si elle offrait une solution aux changements climatiques. Le député de Carleton a affirmé que ce serait une bonne façon de réduire les émissions. Regardons de plus près cette vision rétrograde et dépassée du monde.
L'énergie nucléaire coûte beaucoup trop cher et exige une mise en œuvre beaucoup trop longue pour offrir quelque solution que ce soit à la crise des émissions que nous vivons actuellement. Alors qu'il faut réduire les émissions immédiatement, planifier et construire une nouvelle centrale nucléaire nécessite plus de 10 ans, en moyenne, du début à la fin. En fait, si l'on tient compte des retards que connaissent les projets de construction, il faudrait maintenant 15 ans, environ, avant qu'une nouvelle centrale nucléaire soit en activité. Il serait alors beaucoup trop tard pour intervenir afin de régler la crise climatique qui sévit actuellement. Imaginons qu'on décide quand même de construire des centrales nucléaires. Combien en coûtera-t-il de développer l'énergie nucléaire plutôt que des sources d'énergie renouvelable?
Actuellement, le coût total calculé à partir des meilleurs chiffres que j’ai pu trouver pour l’énergie solaire et éolienne, y compris le coût du stockage et le coût des réseaux qui doivent être construits, s’élève à environ 2 000 $ par kilowattheure de production pour les énergies renouvelables. Ce chiffre a chuté de 69 % au cours de la dernière décennie. La technologie s’améliore et, grâce aux économies d’échelle, le coût des énergies renouvelables continue de baisser chaque année.
Au cours des dix dernières années, le coût du nucléaire a, en revanche, augmenté de 25 % sur la même période. Rien n’indique que ce coût va baisser. Dans le cas des projets d’énergie nucléaire à grande échelle, le coût est estimé à plus de 10 000 $ par kilowattheure. C’est cinq fois le coût des énergies renouvelables. C’est cinq fois plus d’énergie que l’on pourrait produire pour le même investissement avec les énergies renouvelables plutôt qu’avec le nucléaire, et bien sûr, cela pourrait être fait maintenant plutôt que dans 10 ou 15 ans.
Certaines personnes aiment parler de la nouvelle technologie nucléaire, à savoir les réacteurs nucléaires à petite échelle. Or, le coût de ces derniers est estimé à 16 000 $ par kilowattheure. C’est 16 % de plus qu’un projet à grande échelle et huit fois plus que les énergies renouvelables. Par conséquent, quelle que soit la façon de calculer et de comparer, même en faisant preuve de beaucoup d'imagination, il est insensé de considérer l’énergie nucléaire comme une solution à la crise climatique. Nous devons plutôt discuter des énergies renouvelables.
Par ailleurs, je m'intéresse depuis que je suis député aux caractéristiques des emplois dans le secteur de l’énergie renouvelable et je constate qu'ils font appel en grande partie aux compétences que possèdent déjà les travailleurs de l’industrie actuelle de l'énergie dans des endroits comme l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve. Nous devons nous concentrer sur les investissements dans les énergies renouvelables qui créent des emplois assez bien rémunérés pour faire vivre une famille.
Nous ne pouvons pas vraiment demander aux familles de travailleurs ordinaires de payer le coût de cette transition avec leur emploi et leur maison. Nous devons nous assurer que ces nouveaux emplois dans les énergies renouvelables, ces emplois durables, seront offerts aux travailleurs tandis que nous avançons vers un avenir où, espérons-le, nous pourrons éviter la catastrophe climatique qui se profile à l’horizon.