Monsieur le Président, aujourd'hui, le 23 juin, et demain, les Québécoises et les Québécois se rassemblent pour se célébrer. Évidemment, j'invite tout le monde à célébrer fièrement notre fête nationale. Les grands rassemblements à Québec et à Montréal se tiennent ce soir.
Dans ma circonscription, on célébrera ce soir à Joliette, Saint-Charles-Borromée, Notre-Dame-des-Prairies, Rawdon, Crabtree, Saint-Michel-des-Saints et Sainte-Marcelline.
Après deux années de pandémie, ce jour de fête nationale est particulièrement bien désigné pour renouer avec le plaisir de célébrer ensemble fièrement notre amour du Québec et celui de notre langue nationale.
Rassembleuse et inspirante, la 188e édition de la fête se tiendra sur le thème « Notre langue aux mille accents », qui évoque l'immense richesse que constitue notre belle langue nationale pour la culture et l'identité québécoises. Le Québec est une société dynamique, novatrice et ouverte sur l'avenir. Cet épanouissement de notre nation, nous le souhaitons en français. À ce sujet, je veux reprendre ici les mots de Michel Tremblay publiés aujourd'hui dans le Journal de Montréal:
J’ai cherché un nouvel argument pour prévenir contre le danger que court la langue française au Québec. Il me semblait que tout avait été dit et redit. Puis me sont revenus en tête les derniers vers du Vaisseau d’or d’Émile Nelligan: « Qu’est devenu mon cœur, navire déserté? Hélas, il a sombré dans l’abîme du rêve. » Il ne faut pas laisser la langue française sombrer dans l’abîme du rêve, il faut la faire fleurir, il faut la faire régner!
Je désire aussi prendre quelques instants pour reprendre cette fois-ci Gilles Vigneault, aussi publié par le Journal de Montréal:
Langage est un pays nomade et sédentaire!
Les mots... ses habitants, font le tour de la terre.
Si tu les reconnais, si ces mots sont les tiens,
Ils sont ton passeport... ce pays t’appartient!
Le pays de chacun est une étrange chose
Qui dort de longs hivers comme au jardin, la rose. Puis s’éveille au printemps quand j’allais l’oublier
Composant un jardin nombreux et singulier
Il est tout à la fois: maison, jardin, navire,
L’océan, la fontaine et l’arbre et le papier.
À peine ces mots-là sortis de l’encrier,
J’entends le vent qui chante. Une voile qui vire
M’invite à préparer le voyage au long cours...
Que proposent les mots sur la planète entière
Dans l’espace et le temps, sans souci des frontières...
Faut-il partir de nuit? À la pointe du jour?
La nuit fait un miroir de la moindre fenêtre
Et me fait voir les mots par lesquels me connaître.
À l’aube... on se croit bien attendu quelque part. Lutèce, Athènes, Rome... était-ce mon histoire?
Le mot LANGAGE, immense et profond territoire, Me dira d’où je viens, où je vais... et je pars!
Avant de citer ces deux géants, il y a quelques instants, j’ai dit « on célébrera » dans ma circonscription, parce que « on » exclut la personne qui parle. Ce soir, nous allons vraisemblablement être encore en train de siéger à la Chambre.
Pourtant, au Québec, il est d’usage que les élus locaux, nationaux et fédéraux soient présents lors de ces festivités. C’est un moment privilégié pour rencontrer les citoyennes et les citoyens que nous représentons. Ce ne sera pas possible pour moi cette année. Ce ne sera pas possible pour nous après deux années de pandémie. C’est que nous avons demandé au gouvernement de terminer plus tôt cet après-midi, en reprenant l’horaire du vendredi, mais il a refusé. Le leader du gouvernement a bêtement fermé la porte à cet accommodement. Tout cela pour discuter de la présente motion.
Le gouvernement propose de reconduire le Parlement hybride d’une année, comme si cet enjeu était pressant et comme si nous n'étions pas capable de discuter de cela à notre retour à la fin de l’été. Non, ce gouvernement et son leader têtus ont choisi de priver les députés du Québec de pouvoir célébrer avec les gens de leur circonscription notre fête nationale. Voici une illustration concrète de l’estime que portent les libéraux au Québec. Voici comment on reconnaît la nation québécoise au Canada. Nous nous en souviendrons.
Tout au long du printemps, le gouvernement a multiplié les bâillons pour adopter rapidement les projets de loi. La Chambre n’avait pas besoin de siéger jusqu’à tard ce soir. Or, le gouvernement et son leader manquent de sensibilité à l’égard de ma nation. C’est pourquoi je choisis ici de donner des noms d’oiseaux à ce gouvernement, c’est tout ce qu’il mérite: vilain merle, faucon, bécasse, vieux hibou, pie, butor, rossignol, buse, manchot, coq, dindon et vautour. J’arrête ici même s’il mérite que je continue.
Cette insensibilité n’est pas étrangère au fait que cette session ait été marquée par un choc des valeurs entre le gouvernement fédéral et le Québec, ainsi que par l’ineptie d’un Parti libéral peinant à assurer le fonctionnement de base de l’État. Le premier ministre a officialisé son intention de s’attaquer à la loi 21 du Québec sur la laïcité de l’État, ainsi qu’à la loi 96 du Québec sur la protection du français.
Il a déposé un projet de loi sur les langues officielles qui ne protège pas le français au Québec, mais bien le droit d’angliciser les milieux de travail fédéraux. Il a cautionné l’effritement du poids politique de la nation québécoise au Parlement canadien.
Dans tous les dossiers, ce gouvernement incarne un choc des valeurs entre le Canada et le Québec. Au Bloc québécois, nous allons poursuivre notre travail plus que jamais essentiel de défendre et promouvoir les intérêts du Québec.
La session a également été le théâtre d’une démonstration d’incompétence fédérale. Si gouverner, c’est prévoir, la crise des passeports trace le portrait d’un caucus ministériel usé, qui peine à assurer les services de base aux Québécois.
Le nombre de ministres libéraux ayant terminé la session sur la sellette en raison de bévues gênantes est inquiétant. C’est un gouvernement incapable d’être proactif, qui préfère les coups d’éclat devant les caméras à la saine gestion quotidienne des affaires de l’État.
De plus, au sujet des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ainsi que sur la demande des corps policiers de la mise en œuvre de la Loi sur les mesures d’urgence, les libéraux semblent avoir sciemment menti aux Québécois et aux Canadiens.
Nous avons porté la demande de pouvoirs accrus pour le Québec en immigration devant un gouvernement réfractaire.
Nous avons constaté la résistance des partis fédéraux à la laïcité de l’État, lorsque nous avons proposé d’abolir la prière à la Chambre.
Nous avons soulevé le débat sur l’imposition de critères idéologiques au financement de la recherche scientifique, réflexion à laquelle le gouvernement s’est refusé.
Le Bloc québécois a porté l’inquiétude des Québécois en matière de violence par arme à feu, notamment en déposant le projet de loi C‑279 pour créer une liste des organisations criminelles, devant un gouvernement fédéral laxiste relativement au trafic d’armes et au crime organisé.
Nous nous sommes également portés à la défense de l’environnement devant un Parlement canadien qui, en pleine crise climatique, est en faveur du projet pétrolier Bay du Nord.
Nous avons également poursuivi notre combat pour l’augmentation du financement des soins de santé et pour l’abolition des deux classes d’aînés en bonifiant la pension de la Sécurité de la vieillesse de toutes les personnes âgées de 65 ans et plus.
Si les libéraux voulaient convaincre les Québécois qu’ils ont tout à gagner à s’occuper eux‑mêmes de l’ensemble de leurs affaires publiques, ils ne s’y prendraient pas autrement. Ils ont utilisé la majorité artificielle dont ils se sont dotés avec le NPD pour se dresser contre le Québec. Les Québécoises et les Québécois en prennent acte. Nous nous en souviendrons.