Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de prendre la parole ce soir sur le projet de loi C‑23, Loi concernant les lieux, personnes et événements d’importance historique nationale ou d’intérêt national, les ressources archéologiques et le patrimoine culturel et naturel. Bien entendu, c'est un projet de loi que nous appuyons, principalement parce qu'il contribuerait à mettre en œuvre l'appel à l'action no 79 de la Commission de vérité et réconciliation.
Tout d'abord, je tiens à souligner deux des principaux objectifs de ce projet de loi. Premièrement, il ajouterait à la Commission des lieux et monuments historiques trois membres représentant les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Deuxièmement, il exigerait que Parcs Canada tienne compte des connaissances autochtones dans la désignation et la commémoration des lieux historiques. Bien entendu, la participation et le leadership des Autochtones à ce chapitre sont d'une importance cruciale à l'heure où nous reconnaissons les conséquences de la colonisation et où nous commençons à reconnaître pleinement la signification et l'importance de l'histoire des Autochtones au pays.
Je parlais plus tôt avec mon collègue et ami, le député d'Esquimalt—Saanich—Sooke. Il a souligné que la circonscription qu'il représente n'a pas un seul lieu historique national autochtone, et ce, malgré une présence autochtone de longue date. Cet échange m'a poussé à consulter la liste des lieux historiques nationaux en Colombie‑Britannique, et j'ai été renversé de constater qu'il y avait en quelque sorte l'embarras du choix. J'ai pensé d'abord lire le nom de certains des lieux historiques nationaux vraiment remarquables dans Skeena—Bulkley Valley, qui englobe le Nord‑Ouest de la Colombie‑Britannique, les splendides côtes nord et centrale ainsi que l'archipel Haida Gwaii. Sur les 15 lieux, je crois qu'il n'y en a que cinq qui ne sont pas autochtones. C'est vraiment remarquable.
Cinq des lieux historiques nationaux du Nord‑Ouest de la Colombie‑Britannique se trouvent dans l'archipel Haida Gwaii, dont un grand nombre dans la réserve de parc national Gwaii Haanas et sur le site du patrimoine haïda. Je ne vais pas m'aventurer à prononcer correctement le nom de certains de ces villages anciens qui ont été protégés par les Haïdas en partenariat avec le gouvernement fédéral. Je nommerai seulement le village de Skedans, que j'ai eu l'immense privilège de visiter l'été passé en compagnie du chef héréditaire haïda, Guujaaw, qui est issu d'une longue lignée de chefs dans l'archipel Haida Gwaii. L'ancien premier ministre de la Colombie‑Britannique, John Horgan, était aussi présent cette journée-là.
Par une magnifique journée d'été, nous sommes montés à bord d'un bateau pour nous rendre à Skedans, que l'on appelle aussi Ḵ’uuna. Nous nous sommes promenés parmi des arbres anciens et nous avons vu des totems datant de plusieurs centaines d'années. Ils étaient recouverts de mousse, beaucoup étaient inclinés et d'autres se décomposaient dans le sol. Nous avons vu les fouilles du site où se dressaient autrefois de majestueuses longues maisons, ce qui m'a amené à réfléchir à cette longue histoire. J'ai ainsi pris conscience de l'une des grandes valeurs de la désignation des sites historiques nationaux liés à l'histoire autochtone. Pour les nouveaux arrivants comme moi et ma famille, c'est l'occasion de réfléchir à la durée de l'occupation de ces terres et de ces eaux par les Autochtones.
La collectivité dans laquelle je vis actuellement a été fondée en 1913 avec l'arrivée du chemin de fer. Sur la côte nord de la Colombie-Britannique, on trouve des sites archéologiques dont les habitations remontent à 14 000 ans. C'est remarquable.
Bien sûr, il existe d'autres lieux historiques nationaux dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique qui méritent notre attention. Le canyon de Kitselas se trouve juste à l'extérieur de la collectivité de Terrace, où la nation de Kitselas a élu domicile. La majestueuse rivière Skeena s'engouffre dans une fissure de la roche, et j'ai eu l'occasion, l'été dernier, de la traverser en solitaire dans mon petit canot, ce qui, pour être honnête, a été une expérience un peu effrayante. Les Kitselas, qui vivaient sur le site du village de Gitaus, étaient autrefois les péagistes de la rivière Skeena. Lorsque d'autres nations remontaient la rivière, les Kitselas prélevaient un droit de passage dans cet étroit canyon. C'est un endroit vraiment fantastique.
La Colline Battle Hill des Gitwangaks est un lieu historique national situé près du village de Gitwangak. Il s'agit d'une forteresse historique sur une colline où le peuple gitwangak, qui fait partie de la nation gitxsan, se défendait contre les intrus. Il y en a tellement que je pourrais facilement passer tout mon temps de parole à lire la liste des sites historiques.
Le Fort St. James est un poste historique de la Compagnie de la Baie d'Hudson situé sur les berges du lac Stuart, endroit où j'ai eu l'occasion d'emmener mes deux filles lorsqu'elles étaient très jeunes. Le lieu de la première traversée de l'Amérique du Nord par Mackenzie en 1793 est classé en tant que lieu historique national à Bella Coola. La piste Chilkoot s'étend de la circonscription de Skeena—Bulkley Valley jusqu'en Alaska. Tous ces sites sont importants et méritent d'être protégés.
Il y a beaucoup d'autres sites historiques dans le Nord-Ouest de la Colombie‑Britannique, en particulier des sites historiques autochtones, qui, à mon avis, sont dignes d'intérêt. Nous espérons que, s'il est adopté, ce projet de loi permettra au gouvernement fédéral, en collaboration avec les Autochtones, de chercher et de désigner des sites supplémentaires, ainsi que de veiller à ce que le savoir autochtone soit dûment reconnu et transmis par l'intermédiaire de ces sites.
Les deux mesures que j'ai mentionnées sont l'ajout de membres à la commission et l'exigence que Parcs Canada tienne bien compte des connaissances autochtones. Ce sont des choses importantes, mais au-delà de la désignation de nouveaux lieux et de la transmission des connaissances à ces occasions, nous devons fournir des ressources et un financement adéquats aux lieux historiques nationaux afin que cette histoire soit préservée pour les générations futures. C'est là que le gouvernement fédéral a beaucoup de travail à faire.
Je signale que de nombreuses études ont souligné le besoin de financement supplémentaire pour les lieux historiques nationaux. En 2017, le Comité permanent de l'environnement et du développement durable a publié un rapport dans lequel il a recommandé d'augmenter le financement annuel du Programme national de partage des frais pour les lieux patrimoniaux à au moins 10 millions de dollars par an. Cependant, il n'y a que 2 millions de dollars pour le cycle de financement de 2023‑2024.
Cela m'amène à un lieu historique national dont je voudrais parler dans les quelques minutes qu'il me reste, à savoir la conserverie North Pacific. Il s'agit d'une conserverie de saumon historique située sur la berge de la rivière Skeena, près du district de Port Edward. Elle a ouvert ses portes en 1889, il y a plus de 125 ans, et est restée en activité jusqu'en 1981. Elle appartient au district de Port Edward, très petite municipalité, et est gérée par une société sans but lucratif. Il s'agit de la dernière conserverie de saumon intacte sur la côte Ouest. C'est un lieu historique vraiment remarquable.
À la conserverie North Pacific, j'ai rencontré Knut Bjorndal, le maire de Port Edward, ainsi que Heather Hadland-Dudoward, la directrice de la conserverie, et Mona Izumi, la présidente du conseil d'administration. Ils ont discuté de la nécessité d'augmenter le financement des opérations et de la rénovation. La conserverie North Pacific compte 27 bâtiments. Ils représentent un pan unique de l'histoire des travailleurs d'origine autochtone, chinoise, japonaise et européenne qui travaillaient là, au bord de la rivière Skeena, à transformer du saumon sauvage. Elle rappelle l'époque où le saumon sauvage remontait la rivière Skeena en abondance. Nous devons protéger cet endroit et nous avons besoin de ressources supplémentaires pour le faire, pour financer à la fois les activités et la rénovation des bâtiments, qui risquent de tomber dans la rivière ou de se délabrer davantage.
Cette année, plus de 20 bateaux de croisière s'arrêteront tout près, à Prince Rupert. La conserverie est l'un des principaux attraits touristiques de la côte Nord. Si nous n'y consacrons pas les sommes nécessaires, si le gouvernement ne reconnaît pas la valeur historique de l'endroit et ne fournit pas un financement adéquat à la petite société à but non lucratif et à la minuscule localité qui détiennent et gèrent ce site, il est fort probable qu'il n'atteindra pas son plein potentiel à titre de destination touristique. Dans ce cas, de futures générations de visiteurs n'auront pas la chance de réfléchir à l'histoire qu'il représente. Plus grave encore, l'endroit pourrait se délabrer sérieusement et des parties de ce volet de notre histoire pourraient disparaître à jamais.
J'ai rencontré le maire Bjorndal il y a quelques jours. Je lui ai dit que si j'avais l'occasion de plaider sa cause à la Chambre des communes et d'exhorter le gouvernement fédéral à financer la conserverie North Pacific, ce lieu historique sans pareil, je le ferais.