Monsieur le Président, je veux commencer mon discours en vous remerciant et en remerciant tous les députés à la Chambre des communes de m'accorder un peu de latitude alors que je prononce mes derniers mots ici, à la Chambre des communes.
D'abord, j'aimerais remercier tous les habitants d'Elmwood—Transcona qui ont rendu possible ma présence à la Chambre des communes pendant huit ans et demi. Je remercie toutes les personnes qui ont appuyé mon élection, ainsi que toutes les personnes qui m'ont fourni de la rétroaction au fil des ans, y compris, voire particulièrement, pour exprimer leur désaccord, du moins quand la rétroaction était constructive. Comme le savent les députés, nous faisons de notre mieux pour répondre à chaque personne qui communique avec nous, mais même lorsque c'est impossible, entendre l'opinion des gens et lire leurs lettres contribue à éclairer notre position et enrichit notre apport à la Chambre des communes. J'ai eu la chance de bénéficier de la sagesse de nombreuses personnes dans ma circonscription au cours des huit dernières années et demie et je les en remercie énormément.
Je tiens à remercier mon épouse, Janelle, qui est sur la Colline du Parlement aujourd'hui à l'occasion de ma dernière intervention. Les sacrifices qu'elle a faits pour me permettre d'être ici sont incroyables. N'eût été son dur travail à la maison pour m'appuyer et soutenir notre famille, je n'aurais jamais pu servir ainsi les gens d'Elmwood—Transcona. Je suis extrêmement reconnaissant envers Janelle pour tout ce travail. Elle mérite des applaudissements et beaucoup plus.
Mes fils, Robert et Noah, sont ici aujourd'hui, ainsi que ma mère Brenda. Je les remercie de tout le soutien qu'ils m'ont apporté et il en va de même pour toute ma famille, mes sœurs Rebecca, Jessica et Tessa, et mon défunt père Bill, qui était un grand ami et un mentor.
J'ai eu la chance, au fil des ans, de pouvoir compter sur une excellente équipe de collaborateurs. Les gens ici savent que nous ne pouvons pas faire ce travail sans un soutien important et varié. Je suis chanceux; de nombreuses personnes ont travaillé pour moi à divers titres au fil des ans. Je m'en voudrais de ne pas mentionner les deux plus anciens membres de mon personnel. Ariel a travaillé avec moi ici, à Ottawa, et dans ma circonscription sur le plan de l'organisation, a fait un travail fantastique et est passée à des fonctions plus prestigieuses. Paul, qui travaille dans mon bureau de circonscription, m'a soutenu là-bas et a aidé à encadrer de nombreux nouveaux membres du personnel dans ce bureau.
Ce fut un véritable honneur de siéger à la Chambre au sein d'un merveilleux caucus néo-démocrate. Je pourrais passer beaucoup de temps à parler des multiples façons dont mes collègues ont amélioré mes réflexions sur de nombreuses questions et m’ont soutenu dans des entreprises politiques et personnelles difficiles. Je tiens à saluer rapidement la députée de North Island—Powell River, une whip vraiment extraordinaire. Les gens doivent savoir que le whip n'est pas toujours un élément négatif et que les façons de faire de cette whip-là, en particulier, ont eu beaucoup d'importance pour moi et pour l'ensemble de notre caucus.
Je suis également fier d'avoir servi sous la direction d'un chef, le député de Burnaby‑Sud, qui ne ménage aucun effort pour faire passer les besoins et les intérêts de la population en premier. Il se concentre sur les besoins des travailleurs qui, de plus en plus, se rendent au travail chaque jour en ayant l'impression que leur situation se dégrade au lieu de s'améliorer. Il se concentre sur les besoins des aînés qui ont travaillé toute leur vie et qui constatent que leur chèque de pension ne suffit plus. Il se consacre aux besoins des gens qui, pour toutes sortes de raisons, ne sont pas en mesure de travailler et qui méritent néanmoins de vivre dans la dignité et en sécurité, ce que nous devrions être en mesure de leur offrir dans un pays comme le Canada.
Ce ne sont pas des paroles en l'air. Je dis cela parce qu'au cours des quatre dernières années environ, le NPD a contribué à faire adopter une série de mesures à la Chambre. Je pense à l'aide apportée aux particuliers et aux petites entreprises pour surmonter les obstacles de la pandémie. Je pense à l'incroyable expansion des garderies à laquelle nous assistons d'un bout à l'autre du Canada. Je pense aux soins dentaires que des millions de Canadiens pourront recevoir pour la première fois. Je pense à l'accès aux médicaments sur ordonnance, en particulier les médicaments contre le diabète et les contraceptifs, qui seront offerts dans tout le pays.
Je pense aux droits des travailleurs, qui bénéficient désormais de 10 jours de maladie payés, ce qui est une première, et à la loi antibriseurs de grève qui fait son chemin au Parlement. Je pense aux conditions rattachées aux crédits d'impôt à l'investissement pour la nouvelle économie de l'énergie, qui exigeront que les travailleurs reçoivent les salaires syndicaux en vigueur et que des apprentis soient embauchés, afin que l'investissement dans la nouvelle économie de l'énergie ne laisse pas les travailleurs de côté.
Je pense aux moments où nous avons forcé le gouvernement à doubler le remboursement de la TPS pour aider les gens qui en avaient besoin au plus fort de l'inflation, sans commettre l'erreur d'exacerber l'inflation.
Je pense à la défense des droits et des titres autochtones menée ici par le NPD et aux plus de 8 milliards de dollars pour le logement autochtone que nous avons réussi à obtenir. Je pense à ma collègue de Winnipeg‑Centre, qui est à l'origine de l'initiative de la robe rouge.
Je pense au travail que nous avons accompli pour obtenir la mise en œuvre rapide de la prestation canadienne pour les personnes handicapées, et à l'appel que nous avons lancé en faveur d'une réforme de l'assurance-emploi qui rende enfin justice aux travailleurs. Nous savons que c'est possible. Nous avons vu des progrès pendant la pandémie, mais il faut que cela se produise maintenant, tout en regardant vers l'avenir avec des choses comme un revenu de base garanti afin de permettre à tous les Canadiens de vivre plus facilement dans la dignité.
Nous avons refusé de laisser le cynisme du premier ministre concernant la réforme électorale mettre fin au débat sur la représentation proportionnelle et la modification du système de vote sur la Colline du Parlement. Je suis fier d'avoir contribué aux efforts pour garder ce débat en vie.
Nous nous sommes battus pour reprendre une partie des profits excessifs que les banques et les compagnies d'assurance avaient engrangés pendant la pandémie et pour faire passer de façon permanente le taux d'imposition des sociétés de 15 % à 16,5 %.
Nous avons insisté pour que les PDG des grandes entreprises rendent des comptes au sujet du rôle que les profits exagérés des entreprises ont joué dans la hausse de l'inflation, une chose dont on n'entend pas souvent parler ici, sauf quand les néo-démocrates prennent la parole.
La liste des réalisations ne s'arrête pas là, mais je sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps. Je suis optimiste et confiant et j'ai bon espoir que la prochaine personne qui représentera Elmwood—Transcona aura encore plein de choses à dire et à faire au sujet d'importantes questions du genre.
À mon avis, le fil conducteur de toutes ces questions n’est pas seulement le désir, mais aussi l’obligation morale d’habiliter chaque personne à prendre en main sa destinée, tout en étant pleinement conscient du fait que nous sommes tous étroitement liés. Si je le souligne, c’est parce que je suis parfois tenté par le rêve de m’installer dans la nature pour y mener une vie tranquille. C’est peut-être une option viable et attrayante pour certains, mais pour la plupart d’entre nous, les impératifs économiques, la technologie et les répercussions inévitables des changements climatiques nous poussent les uns vers les autres. Il en découle l’exigence d'exercer notre indépendance dans un espace négocié avec les autres. C’est pourquoi je crois que l’exercice approprié de la liberté individuelle, pour que tout le monde puisse en profiter, est fondamentalement un projet coopératif et non concurrentiel.
La concurrence a sa place dans l’économie, tout comme elle a sa place en politique. Toutefois, si nous perdons de vue l’aspect fondamentalement coopératif, nos instincts concurrentiels peuvent souvent faire plus de mal que de bien. Ce n’est pas une idée nouvelle; elle anime notre mouvement politique depuis le début. Elle est au cœur de l’image de marque unique du socialisme démocratique des Prairies, une initiative lancée par des dirigeants politiques canadiens de renom comme J. S. Woodsworth et Tommy Douglas, dont je suis fier de faire partie.
Souvent, quand on parle de liberté, la discussion tourne autour de questions qui concernent le gouvernement. Ce sont des débats appropriés. L'intervention du gouvernement peut mal tourner et, parfois, elle est exactement la mauvaise solution à un problème. Cependant, il y a d'autres moments où elle constitue soit la meilleure, soit la seule solution. Les gens raisonnables peuvent ne pas s'entendre sur la mesure dans laquelle l'intervention du gouvernement est appropriée dans une situation donnée, mais les sociaux-démocrates canadiens ont toujours été conscients que le pouvoir ne se limite pas au gouvernement. Il réside dans les nombreux endroits où les gens s'identifient les uns aux autres et dans les nombreuses façons dont ils le font, et certaines de ces relations très importantes sont de nature économique. Lorsque les gens n'ont pas de sécurité économique, ils perdent le pouvoir de dicter le cours de leur vie. On peut avoir toutes les libertés qu'on veut sur papier, mais sans pouvoir économique, on ne peut pas les exercer.
C'est pourquoi les néo‑démocrates tiennent à demander des comptes non seulement aux gouvernements, mais aussi aux PDG et aux lobbyistes, qui exercent un immense pouvoir économique. C'est pourquoi nous croyons qu'il est si important que les gouvernements et les investisseurs respectent les droits et les titres autochtones et que les peuples autochtones soient habilités à gérer leurs propres affaires. C'est pourquoi nous tenons à éradiquer le racisme systémique, la discrimination fondée sur le sexe, l'homophobie et le capacitisme au sein des institutions. C'est pourquoi nous nous opposons à ce qu'on permette à une petite élite commerciale de sacrifier la santé de la planète au nom de ses gains à court terme. Si nous échouons sur ces questions, nous enlevons à des personnes le pouvoir de décider de leur avenir pour que d'autres aient davantage de moyens d'obtenir des privilèges qui portent atteinte à la liberté et à la dignité d'autrui.
Nous croyons qu'en respectant les droits et libertés des autres, aussi divers soient-ils, nous pouvons négocier un meilleur avenir pour tous. Nous ne prétendons pas qu'il s'agit d'une tâche facile et nous reconnaissons que cela impliquerait de demander à certains des plus riches d'entre nous de modérer leurs attentes en matière de luxe et de plaisirs, mais nous ne leur demandons pas du tout de vivre dans de mauvaises conditions.
Le système actuel force bien des gens à vivre dans la pauvreté et la faim pour que quelques-uns puissent vivre dans le grand luxe. Que cette situation dure depuis longtemps ne la rend pas pour autant acceptable. La persistance de ce système témoigne du pouvoir réel qui s'exerce en dehors du système démocratique, mais en travaillant ensemble, nous pouvons nous servir du système démocratique pour atténuer ce problème afin que tout le monde obtienne sa juste part.
Notre engagement à l'égard de la démocratie économique est la raison pour laquelle les néo-démocrates sont en faveur d'un processus de négociation collective robuste, du mouvement des coopératives de crédit, du respect des droits et des titres des Autochtones, des coopératives de toutes sortes, du recours à des sociétés d'État dans certains domaines, d'une réglementation rigoureuse des marchés privés qui ont tendance à favoriser les oligopoles, ainsi que d'autres outils permettant de faire en sorte que de petits groupes de personnes qui échappent au contrôle démocratique ne puissent pas imposer la façon dont la plupart des gens gagnent leur vie ou ont accès à des biens et services essentiels.
Il y a bien des façons de faire les choses, et le Parlement est l'endroit où on peut en débattre. En effet, c'est un endroit où des gens peuvent non seulement exprimer leur désaccord, bien entendu, mais aussi trouver un terrain d'entente. C'est pourquoi nous ne pouvons pas concevoir que, dans un système parlementaire, le rôle de l'opposition consiste simplement à exprimer son opposition sans discernement.
J'espère que, pendant le temps que j'ai passé ici comme membre d'une équipe dévouée aux intérêts des gens, nous avons pu démontrer comment il est possible de faire le bon travail de l'opposition en exigeant des comptes des personnes au pouvoir tout en faisant tout ce qui est en notre pouvoir pour collaborer et faire avancer des dossiers qui comptent pour les gens, même si on ne s'entend pas toujours sur d'autres points importants.
Une fois de plus, je remercie le Président de m'avoir accordé une certaine latitude, tant sur le plan du sujet que de la durée de mon discours, afin que mes paroles soient consignées une dernière fois au compte-rendu.