Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de Surrey-Centre.
Comme toujours, je suis heureux d’avoir l’occasion de prendre la parole à la Chambre au nom de mes concitoyens de Winnipeg-Centre-Sud. Il est opportun que j’aie l’occasion de parler de ce projet de loi parce que la semaine dernière, au cours de notre semaine de relâche, j’ai visité la garderie Splash Early Learning Centre dans ma circonscription. J’ai eu l’occasion de faire une visite guidée de l’établissement. J’ai constaté qu’il y avait des choses vraiment intéressantes et innovantes qui s’y faisaient, et j’y reviendrai plus tard dans mon intervention.
Comme mon collègue de Winnipeg-Nord l’a mentionné à plusieurs reprises aujourd’hui à la Chambre, notre province, le Manitoba, a mis en place des garderies à 10 $ par jour dans le cadre d’un investissement de 30 milliards de dollars sur cinq ans dont bénéficieront les familles, les enfants et, en fin de compte, les éducateurs de nos systèmes d’enseignement public et privé partout au pays.
Un système qui donne aux familles de tout le Canada accès à des services d'éducation préscolaire et de garde des jeunes enfants de qualité, abordables et inclusifs est essentiel, peu importe l’endroit où elles vivent. Comme on l’a dit à maintes reprises dans cette enceinte, la garde d’enfants n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Les parents devraient avoir la possibilité de construire à la fois une famille et une carrière, et les enfants méritent le meilleur départ possible dans la vie. Comme les députés le savent, j’ai passé une bonne partie de ma carrière comme enseignant et directeur d’école et, si je me fie à mon expérience de travail auprès des jeunes et des familles, il ne fait aucun doute que lorsqu’ils ont accès à des services de garde d’enfants et à des possibilités d’éducation préscolaire, nous en voyons les avantages plus tard dans leur parcours scolaire.
Le projet de loi C-35, dont nous débattons actuellement, renforcerait l’engagement à long terme du gouvernement du Canada à l'égard des services d’éducation préscolaire et de garde des jeunes enfants. Il le ferait en énonçant l’objectif, la vision et les principes fédéraux d’un réseau pancanadien. Le projet de loi C-35 consacrerait également notre engagement à fournir un financement soutenu et continu aux provinces, aux territoires et aux peuples autochtones. En outre, le projet de loi C-35 renforcerait l’obligation de rendre compte en présentant au Parlement des rapports réguliers sur les progrès accomplis dans la mise en place d’un réseau de services d’éducation préscolaire et de garde des jeunes enfants. Enfin, le projet de loi C-35 établirait dans la loi le Conseil consultatif national sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants.
Je dirai que l’un des éléments les plus importants et les plus cruciaux de ce projet de loi figure parmi les derniers que j’ai mentionnés. Il s’agit en particulier de la nécessité pour le Parlement de rendre compte des progrès réalisés dans le cadre des accords conclus dans l’ensemble du pays et du Conseil consultatif national sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants. Je pense qu’il est essentiel que l’apport des experts de tout le Canada soit pris en compte.
L'apprentissage et la garde des jeunes enfants sont des besoins essentiels. Le système d'apprentissage et de garde des jeunes enfants va stimuler la croissance économique. Il va accroître la participation des mères au marché du travail. Il va garantir qu'aucun parent n'aura plus jamais à choisir entre retourner au travail ou rester à la maison pour s'occuper des enfants.
Pour atteindre ces objectifs, il faut mettre en place des mécanismes qui vont assurer un bon fonctionnement du système d'apprentissage et de garde d'enfants. Un de ces mécanismes est sans aucun doute le Conseil consultatif national sur l'apprentissage et la garde des jeunes enfants.
Le Conseil consultatif national sur l'apprentissage et la garde des jeunes enfants est un conseil qui jouera un rôle important pour fournir des avis d'experts tiers et ainsi complémenter l'expertise fédérale pour concevoir le système. Le Conseil servira de tribune de consultation sur les enjeux et les défis auxquels le système d'apprentissage et de garde des jeunes enfants à l'échelle du Canada pourrait faire face. Le Conseil représentera le secteur de l'apprentissage et de la garde des jeunes enfants. Les membres reflèteront la diversité géographique, culturelle et linguistique du Canada.
Je suis content que mes collègues du Bloc québécois et mes collègues des autres partis qui viennent de la province du Québec soient ici. Je pense que le Québec a un modèle exceptionnel.
Comme mon collègue de Winnipeg-Nord le mentionnait il y a quelques minutes, nous pouvons tirer plusieurs leçons du modèle québécois, qui a eu plusieurs exemples de succès au cours des dernières décennies.
Je reconnais que des défis demeurent, comme c’est le cas au début de tout programme. Bien sûr, les garderies à 10 $ par jour sont un élément essentiel. Le coût est essentiel pour que les familles puissent avoir accès à ce service indispensable. Cependant, nous devons aussi continuer à nous concentrer sur certains des autres défis auxquels notre système est confronté, et je le reconnais.
Il s’agirait notamment de veiller à ce que nous disposions d’un nombre suffisant d’éducateurs de la petite enfance, qu’ils soient bien payés et que le travail soit assorti d’incitatifs, comme des avantages sociaux, afin que ces éducateurs ne soient pas happés par le système pour devenir, par exemple, des assistants en éducation.
Cela suppose également de travailler avec nos collèges et nos universités. Je suis vraiment heureux d’apprendre, lorsque je parle avec des éducateurs de la petite enfance, des établissements postsecondaires et des familles sur le terrain dans ma circonscription de Winnipeg-Centre-Sud au Manitoba, que cela commence à se faire, mais il ne fait aucun doute qu’il y a encore moyen d’en faire plus.
L’une des possibilités vraiment intéressantes qui s’offrent à nous est celle des partenariats qui peuvent naître entre les centres d’apprentissage de la petite enfance et d’autres infrastructures locales, comme j’ai pu le constater la semaine dernière. Comme je l’ai dit, j’ai visité le centre d’apprentissage de la petite enfance Splash. Dans ce cas particulier, et je pense que nous devrions peut-être en parler au-delà des lignes de partis et à la grandeur du pays, j’ai trouvé vraiment intéressant qu’au sein d’une église de ma circonscription, on commençait à constater que la congrégation diminuait au fil du temps pour diverses raisons.
Les responsables de la congrégation ont décidé d’investir dans la rénovation d’une grande partie de l’espace qu’elle occupait et, une fois les travaux terminés, de louer ces locaux au centre d’apprentissage de la petite enfance. C’est exactement ce qui s’est passé. Ainsi, la congrégation, en l’occurrence une église de ma circonscription, a pu générer davantage de revenus, qu’elle aurait perdus sinon, tout en veillant à ce que nous puissions contribuer au bien-être des jeunes de notre circonscription en aménageant les locaux dont ils ont besoin pour bénéficier d’un service de garde de qualité.
Je ne suis pas sûr de bien comprendre certains arguments que j’ai entendus de la part de mes collègues d’en face. Comme je l’ai dit, je viens du domaine de l’enseignement. J’ai notamment travaillé plusieurs années dans le nord-ouest de Winnipeg. C’est une partie de la ville qui compte de nombreux nouveaux arrivants au Canada, une population autochtone importante, un grand nombre de membres de notre collectivité qui sont généralement privés de leurs droits et qui souffrent en raison d’une série de barrières et d’obstacles, tant historiques que contemporains, et de difficultés d’accès aux systèmes.
Je pense que c’est une véritable source d’inspiration. Je pense que c’est vraiment bénéfique. Je pense qu’à l’avenir, lorsque nous reviendrons sur les investissements réalisés par le gouvernement du Canada et les lois que nous avons adoptées en matière d’éducation de la petite enfance, ils seront considérés comme certains des plus importants et des plus bénéfiques de toute notre histoire.
Comme je l’ai dit, au moment où les élèves arrivent aux dernières années du primaire et au début du secondaire, des niveaux où j’ai passé la majeure partie de ma carrière d'enseignant, les avantages de l’accès à l’éducation de la petite enfance sont très évidents. Ce ne sont pas seulement les avantages pour les enfants qui sont de la plus haute importance dans le contexte de cette conversation, mais aussi ce que cela apporte à la main-d’œuvre.
Nous savons que, grâce à l'augmentation des choix et de l'abordabilité des services, le nombre de femmes qui ont intégré le marché du travail a connu une croissance historique. Cela a donné au pays plus de moteurs économiques, une plus grande participation à l'économie et plus d'équité et d'égalité sur l'ensemble de son territoire.
Pour conclure mes observations au sujet de l'important et historique projet de loi à l'étude aujourd'hui, je veux souligner que l'une des critiques qui semble venir de certains collègues d'en face concerne le fait qu'il y aurait des gens qui ont les moyens d'envoyer leurs enfants dans les garderies. Cela semble être leur inquiétude alors que, de l'autre côté, ils n'arrêtent pas de dire qu'il y a une crise de l'abordabilité au Canada. Nous répondons à la crise de l'abordabilité de différentes façons. Une des meilleures façons, c'est d'assurer l'accès à des services de garde d'enfants de qualité et économiques au Canada.