Monsieur le Président, je pense que tout Canadien, surtout un Canadien d’origine irlandaise, s’engage sur une pente glissante s’il veut essayer de rendre hommage à un homme qui a prononcé l’éloge funèbre de deux présidents américains. Brian Mulroney a accompli de grandes choses. Quand l’on s’arrête à l’ampleur des projets et à la sévérité des enjeux auxquels cet homme s’est attaqué, je ne peux m’empêcher de penser aux pauvres conseillers qui, à chaque réunion, avaient la tâche de lui exposer les risques.
Parce que nous savons tous à quel point M. Mulroney aimait le Canada, il est impossible de concevoir qu’il n’avait jamais peur. Cet homme avait tant à perdre avec chacune de ses décisions, mais il était courageux. Il a pris des risques. Il a joué gros. Il avait confiance en lui et en son entourage. Il avait foi dans les Canadiens. Il avait foi en notre pays et, le plus souvent, il a remporté de grandes victoires pour notre pays.
Lorsqu’on lui a posé une question au sujet de la plateforme pétrolière Hibernia au large des côtes de Terre‑Neuve, soulignant les énormes sommes d’argent public que le gouvernement fédéral y avait consacrées, M. Mulroney répondait: « Si la certitude des résultats et l’élimination des risques avaient été nécessaires avant d’agir, sir John A. Macdonald ne serait jamais allé de l’avant pour jeter les fondations qui unissent le Canada. »
On dit qu'il est né au Québec, mais cela ne nous a jamais empêchés, nous qui sommes de la côte est du pays, de le revendiquer comme l'un des nôtres. Il était lui aussi un diplômé, un fils de la Nouvelle-Écosse et le fondateur de l'industrie pétrolière et gazière extracôtière de Terre-Neuve-et-Labrador.
C'est dans une salle de bal bondée de St. John's, le 11 février 1985, que M. Mulroney a signé l'Accord atlantique avec le premier ministre provincial Brian Peckford. Il est difficile d'exprimer tout ce que cet accord signifie pour les gens de ma région. Il reconnaissait ce que nous, gens de Terre-Neuve-et-Labrador, avons apporté à ce pays; il reconnaissait que les profits provenant des ressources au large de nos côtes devraient profiter d'abord et avant tout aux habitants de notre province. Il a mis fin à des années de conflit entre les gouvernements fédéral et provincial au sujet des droits extracôtiers et a donné aux investisseurs la stabilité dont ils avaient besoin pour bâtir une industrie énergétique remarquable.
M. Mulroney avait ses détracteurs, mais il n'a jamais reculé. « Je n'ai pas peur d'infliger la prospérité à Terre-Neuve-et-Labrador », a-t-il dit, une déclaration qui est devenue célèbre. À ce jour, l'Accord, comme nous l'appelons, est semblable à la Charte des droits et libertés, sauf qu'il vise la prospérité, et nous avons prospéré.
J'ai eu la chance de me trouver dans le bureau du premier ministre Brian Tobin quand a été extrait le premier baril de pétrole, en 1997, une douzaine d'années après la signature de l'Accord atlantique. Voilà le genre de vision à long terme que Brian Mulroney avait, que John Crosbie avait, et qu'il faut avoir dans ce poste.
Ce fut un moment si important de l'histoire de ma province, mais ce dénouement n'a jamais été une chose certaine. Ce fut un combat, un combat pour notre avenir économique, un combat pour les droits des provinces de la Confédération et un combat contre ceux qui doutaient de nous, qui doutaient que Terre‑Neuve‑et‑Labrador était capable d'avoir et de concrétiser une telle ambition. M. Mulroney n'a jamais douté de nous.
En 1990, il a offert pour 830 millions de dollars de subventions fédérales et pour plus de 1 milliard de dollars de garanties de prêts pour concrétiser l'aménagement de cette plateforme. Puis, en 1993, lorsque le retrait de Gulf Canada a compromis un projet partiellement aménagé, M. Mulroney est intervenu avec une part de 8,5 %. Aujourd'hui, cette plateforme demeure le témoignage de sa foi en nous.
M. Mulroney a toujours cru aux travailleurs de ma province. Pendant la pandémie, il a demandé au gouvernement fédéral et à moi-même, en tant que ministre des Ressources naturelles de l'époque, de soutenir l'industrie alors qu'elle subissait les conséquences des fermetures à l'échelle mondiale. « Échouer n'est pas une option », a-t-il dit, et il avait raison. Nous avons versé près de 400 millions de dollars à la province pour soutenir les travailleurs et pour réduire les émissions de l'industrie, puis nous avons débloqué 5,2 milliards de dollars supplémentaires pour le projet Muskrat Falls.
En dépit de tout ce qu'il a fait pour les citoyens de notre pays, il avait encore beaucoup de temps à consacrer au Terre‑Neuvien que je suis. Dans les jours, les semaines et les mois à venir, nous serons nombreux à raconter à quel point cet homme a touché la vie de tant de gens parce qu'il les comprenait. C'est là le fondement de sa grandeur. Je remercie M. Mulroney pour tout ce qu'il a fait ce jour-là pour moi, pour ma province et pour mon pays. Je remercie Mila, Caroline, Ben, Mark et Nicolas d'avoir partagé avec nous tous un mari, un père et un grand-père aussi merveilleux.
J'admirais tant son ambition, son humanité et son amour de la patrie. Il avait la foi et il croyait. Il a pris à cœur les mots du grand Seamus Heaney: « Marche dans les airs malgré ton bon jugement. »
Qu'il repose en paix.
Mr. Speaker, it is hazardous stuff, I think, for any Canadian to attempt to pay tribute to a man who eulogized two U.S. presidents, particularly a Canadian of Irish descent. Brian Mulroney did big things. When we remember the scale and the stakes of what this man took on, I think of the poor advisers in each meeting whose job it was to remind him of the risks.
When we consider how deeply Mr. Mulroney loved this country, we cannot imagine he was fearless. The man had so much to lose with every decision that he made, but he was courageous. He took chances. He made gambles. He was confident in himself. He was confident in the people around him. He was confident in Canadians. He was confident in this country and, more often than not, he won big for this country.
When he was asked about the Hibernia oil platform off the coast of Newfoundland and the enormous amount of federal money he put behind it, Mr. Mulroney said, “If certainty of results and the elimination of risks had been required in advance, Sir John A. Macdonald would never have proceeded with the great endeavors which bound Canada together.”
People say he was born in Quebec, but that has never stopped those of us out east from claiming him as one of our own. He was a fellow ex-grad, a son of Nova Scotia and the founder of Newfoundland and Labrador's offshore.
It was in a crowded hotel ballroom in St. John's on February 11, 1985, that Mr. Mulroney signed the Atlantic accord with Premier Brian Peckford. It is hard to state what that accord means to people out my way. It recognized what we, as Newfoundlanders and Labradorians, brought to this country, that the profits reaped from the resources off our shores should benefit the people of our province, first and foremost. It ended years of conflict between the federal and provincial governments over offshore rights and gave investors the stability that they needed to build a stellar energy industry.
Mr. Mulroney had his critics, but he refused to buckle. “I am not afraid to inflict prosperity on Newfoundland and Labrador”, he famously said. To this day, the accord, as we call it, is like the Charter of Rights and Freedoms but for prosperity, and we have prospered.
I was lucky enough to be in Premier Brian Tobin's office for first oil, and that was in 1997, a dozen years after the Atlantic accord was signed. That is the long-term vision that Brian Mulroney had, that John Crosbie had, that one needs to have in this job.
That was such an important moment in the history of my province, but that moment was never a certainty. It was a fight. It was a fight for our economic future. It was a fight for the rights of provinces in this Confederation and a fight against those who doubted us, who doubted that Newfoundland and Labrador was capable of such ambition and capable of fulfilling that ambition. He never doubted us.
Back in 1990, he put up $830 million in federal grants and over $1 billion more in loan guarantees to get that platform built. Then again, in 1993, with a partially built project at risk when Gulf Canada pulled out, Mulroney stepped in with an 8.5% share. Today that platform still stands as a testament to his faith, his faith in us.
Mr. Mulroney always believed in the workers of my province. During COVID, he called on the federal government and on me as natural resources minister at the time to support the industry when it was reeling from the impacts of a global shutdown. “Failure is not an option”, he said, and he was right. We delivered almost $400 million to the province to support workers and to lower emissions in the industry, and then we came through with another $5.2 billion for Muskrat Falls.
In the midst of everything he did for the people of our country, he still had so much time for this particular Newfoundlander. There are many of us who will tell stories in the coming days, weeks and months ahead of how this man touched individual lives because he understood people. That was the thread running through his greatness. I thank Mr. Mulroney for everything that he did for me on that day, for my province and for my country. I thank Mila, Caroline, Ben, Mark and Nicolas for sharing such a wonderful husband, father and grandfather with all of us.
I admired him so much for his ambition, for his humanity, for his love of country. He had faith and he believed. He took to heart the words of the great Seamus Heaney, “Walk on air against your better judgement.”
May he rest in peace.