Monsieur le Président, c’est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd’hui à propos du projet de loi C‑21, la toute dernière tentative des libéraux—néo-démocrates de faire des propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi des boucs émissaires et de faire croire au Canadien moyen qu’ils s’efforcent de renforcer la sécurité publique alors qu’ils ne font absolument rien de tel.
En examinant l’équilibre du programme du gouvernement en matière de sécurité publique et de justice, on constate que les libéraux semblent satisfaits de miner ces deux ministères et les institutions essentielles qui les soutiennent. Ils le font pour prendre une posture vertueuse et accumuler du capital politique au détriment de la société toute entière.
C’est profondément décevant, mais guère surprenant. Le gouvernement est peu enclin à proposer des solutions politiques de fond et très enclin à donner des conférences de presse et à présenter ce qu'on appelle des faits alternatifs.
Aujourd’hui, d’autres détails ont été révélés sur l’ingérence du gouvernement et du premier ministre dans l’enquête sur les tragiques meurtres de masse commis en Nouvelle-Écosse, dans le but de fabriquer un récit qui correspondrait à leurs objectifs politiques. C’est nécessaire parce que cela touche aux fondements sur lesquels reposent de grands pans de la politique des libéraux sur les armes à feu, y compris des parties du projet de loi C‑21, celui dont nous débattons actuellement.
Le journal Halifax Examiner a rapporté hier que « [l]a commissaire de la GRC, Brenda Lucki, “a promis” au ministre de la Sécurité publique [de l’époque] et au Cabinet du premier ministre de mettre à profit la tuerie des 18 et 19 avril 2020 pour favoriser l'adoption d'une loi sur le contrôle des armes à feu” ».
Je précise que l’ancien ministre de la Sécurité publique en question, c’est l'actuel ministre de la Protection civile.
L’article indique clairement que le Cabinet du premier ministre et l'actuel ministre de la Protection civile ont fait pression sur la commissaire pour qu’elle rende publiques des informations qui les aideraient sur le plan politique, au détriment de l’enquête en cours et au risque de la compromettre.
Le ministre de la Protection civile étant un ancien chef de police, on s'attendrait à mieux de sa part. Cependant, c’est peut-être de cette manière qu’il a toujours fonctionné. C’est un comportement habituel pour le premier ministre: il se place en premier, le Parti libéral en deuxième, ses donateurs et ses amis initiés en troisième, et ensuite, s’il a le temps et la possibilité de faire une très bonne photo, il essaiera éventuellement de faire quelque chose qui aide réellement quelques Canadiens.
Voici un exemple des deux premiers cas. Le premier ministre était prêt à s’ingérer dans l’enquête policière en cours pour essayer d’en tirer un avantage politique. Autrefois, une telle chose était inimaginable, mais compte tenu du bilan du premier ministre dans le dossier SNC‑Lavalin, cela correspond tout à fait au personnage. La manière dont une personne agit dans un cas est la manière dont elle agit toujours.
Je veux lire une partie de cet article parce que c'est important et que cela mérite d’être entendu dans cette enceinte. Le surintendant Darren Campbell, de la Nouvelle-Écosse, a écrit ceci à propos d’une réunion avec la commissaire Lucki:
La commissaire était manifestement bouleversée. Elle n’a pas élevé la voix, mais son choix de mots était révélateur de son mécontentement général à l’égard de notre travail. La commissaire nous a accusés (moi) de lui avoir manqué de respect en ne suivant pas ses instructions. Je demeure perplexe à cet égard. La commissaire a dit qu'elle avait ordonné au service des communications de demander à la Division H (nous) d'inclure des renseignements précis sur les armes à feu utilisées par [le meurtrier] [...] J’ai toutefois dit que nous ne pouvions pas le faire, car cela compromettrait les efforts en cours pour faire avancer la partie américaine de l’affaire ainsi que les volets canadiens de l’enquête. Ce sont les faits, et je maintiens ce que j'ai dit.
C'est le superintendant Campbell qui a écrit cela.
J'ajouterais que tous les policiers ont sur eux un carnet pour consigner des éléments de preuve. J'ai toujours mes carnets de l'époque où j'étais policier, dans les années 1990, au cas où j'aurais besoin de me rappeler de faits concernant des événements survenus alors que j'étais de service.
L'article poursuit en disant:
M. Campbell souligne que la commissaire Lucki en avait long à dire et s'est dite « triste et déçue » qu'il n'ait pas fourni ces détails aux médias. Le superintendant poursuit:
La commissaire a déclaré qu’elle avait promis au ministre de la Sécurité publique et au Cabinet du premier ministre que la GRC (nous) divulguerait cette information. J’ai essayé d’expliquer qu’il n’y avait aucune intention de manquer de respect à qui que ce soit, mais que nous ne pouvions pas divulguer cette information pour le moment. La commissaire a ensuite déclaré que nous ne comprenions pas, que c'était lié à un projet de loi à venir sur le contrôle des armes à feu qui protégerait davantage les policiers et le public. Elle était très mécontente et, à un moment donné, le sous-commissaire (Brian) Brennan a tenté de calmer le jeu, mais en vain. Certaines personnes dans la salle ont fondu en larmes et étaient très émues à la suite de ces réprimandes dénigrantes.
L'article indique clairement que ce n'est pas la seule façon dont le gouvernement s’est ingéré dans l'enquête et la divulgation de l'information, c'est-à-dire en faisant pression sur la commissaire pour qu'elle enfreigne les protocoles établis.
L'article reprend également les propos de Mme Lia Scanlan, directrice des communications de la GRC, selon laquelle la commissaire a cité une donnée sur le nombre de personnes en cause qu’ils n’avaient même pas. Mme Scanlan a affirmé que la commissaire avait agi tout simplement sous le coup d’une pression politique. Pour elle, la situation était entièrement attribuable à l’intervention du ministre et du premier ministre. Elle a affirmé que la commissaire n’avait pas opposé de résistance.
Telle est l’opinion de la directrice des communications de la GRC, Mme Scanlan. Il est très préoccupant que la commissaire ne se soit pas opposée à cette demande du gouvernement, mais il est même totalement inacceptable qu'elle ait été placée dans une situation où elle aurait dû le faire. Elle sait peut-être trop bien ce qui arrive aux femmes qui tiennent tête au premier ministre et à ses sous-fifres.
C'est donc sur cette base que le projet de loi C‑21 a été élaboré: des pressions politiques et une ingérence dans les affaires de la GRC, de la mésinformation sur les auteurs de la violence armée et de l’opportunisme politique pur et simple. Le projet de loi a également été annoncé dans la foulée d'une tragédie américaine. Le discours politique américain a alors été transposé délibérément dans les politiques canadiennes. Le premier ministre semble être confus quant à l'incidence qu’aurait une telle loi canadienne sur la société américaine, une incidence qui serait pratiquement nulle.
À moins qu'il n'annonce son intention de se présenter à la présidence des États-Unis, il devrait commencer à s'attaquer aux problèmes auxquels les Canadiens sont confrontés, et non aux problèmes américains transposés ici, au Canada.
Les régimes de lutte contre les armes à feu du Canada et des États-Unis sont complètement différents. Il a été clairement établi que le tueur du Texas n’aurait pas pu se procurer une arme à feu au Canada. Dans la plupart des États américains, un Américain de 21 ans sans casier judiciaire peut acheter une arme à feu et, dans presque tous les États, la porter. Dans environ la moitié de ces États, le port d'une arme dissimulée par les Américains de 21 ans et plus est autorisé et ne fait pas l'objet d'une réglementation serrée. Or, ce n'est pas comme cela que les choses fonctionnent au Canada.
Je suis un propriétaire d'armes à feu respectueux de la loi. Au Canada, les gens doivent suivre un cours sur la sécurité des armes à feu, demander un permis et se soumettre à une vérification des antécédents, non seulement lors de la demande initiale, mais à chaque nouvelle demande tous les cinq ans, dans le cadre de laquelle la GRC peut communiquer avec d'anciens partenaires conjugaux. Après les quelques mois que prend le processus de vérification, ils pourront peut-être aller acheter une arme à feu. Ils auront alors à se conformer à des lois strictes en matière d'entreposage et de transport sécuritaires. Voilà la réalité au Canada. Chaque jour, ma capacité à continuer de posséder ou de détenir légalement des armes à feu est vérifiée dans la base de données du Centre d'information de la police canadienne.
Ce serait formidable si le gouvernement consacrait autant de temps à faire le suivi des personnes à qui il est interdit de posséder ou d'acquérir des armes à feu, à exercer un contrôle aux frontières, à fournir aux forces de l’ordre aux frontières les outils et l’équipement dont elles ont besoin. Ce serait merveilleux s'il consacrait autant de temps dans cette enceinte à se concentrer sur les criminels qui commettent des actes criminels, ceux qui utilisent des armes à feu dans les centres urbains, dans les communautés et dans les régions rurales et qui ne respectent ni la loi ni la vie humaine.
Ce n’est pas ce que font les 2,1 millions de propriétaires d’armes à feu canadiens respectueux des lois. En fait, les données le démontrent clairement. Les personnes blessées ou tuées par une arme à feu au pays l'ont été, dans la vaste majorité des cas, par une personne qui ne détient pas de permis de possession d’armes à feu.
Au Canada, toutes les armes à feu sont illégales, sauf celles qui appartiennent à des personnes qui détiennent un permis de possession d’arme. Nos lois en matière d’armes à feu sont les meilleures au monde et notre bilan se compare avantageusement à celui de n’importe quel autre pays.
Il est honteux que le gouvernement importe la politique américaine au Canada pour faire de la mésinformation auprès des électeurs canadiens et qu’il prive de leurs droits des citoyens canadiens respectueux des lois.