Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui au sujet de cette question importante. Le Canada ressent présentement les effets de la crise climatique. Il y a à peine quelques semaines, le gouvernement de l'Alberta a annoncé que la saison des feux de forêt avait déjà commencé. On a fait cette annonce en février. De toute ma vie, je n'aurais jamais pensé que des feux de forêt commenceraient en plein hiver. Pourtant, pour ceux qui surveillent la situation, ce n'est pas très étonnant. À cause de la hausse des températures, l'Ouest canadien est aux prises avec une sécheresse pluriannuelle. La crise climatique est déjà commencée.
Depuis 2019, la société civile peut utiliser un outil important, la Loi sur l'évaluation d'impact, pour militer en faveur de mesures rigoureuses de protection environnementale. Grâce à cette loi, on a réalisé des gains importants. Par exemple, on a reporté l'expansion de la mine de charbon Vista, dans le centre de l'Alberta, parce que des militants se sont battus avec acharnement pour que le projet fasse l'objet d'une évaluation environnementale et qu'on réponde à plusieurs préoccupations des citoyens. Tous les projets dans le Cercle de feu, en Ontario, ont fait l'objet d'une évaluation régionale. Lorsqu'on pense aux écosystèmes fragiles qui existent dans ces régions, c'est important.
La Loi sur l'évaluation d'impact présente de nombreux avantages qu'on ne peut pas ignorer. Malgré ces avantages, nous pouvons également constater que la loi comporte de nombreux problèmes. Voilà pourquoi le NPD a voté contre le projet de loi des libéraux en 2019. L'une de mes plus grandes préoccupations concernant la Loi sur l'évaluation d'impact est que les délais fixés par le gouvernement pour les consultations publiques sont inadéquats. Les projets d'extraction ont souvent lieu à proximité des communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis, et ils ont toutes sortes d'importantes répercussions sur ces communautés. Ces répercussions peuvent inclure un accès plus difficile aux produits médicinaux traditionnels, des effets sur la capacité à chasser, à pêcher et à faire de la cueillette, les effets de la pollution sur la santé et les impacts sociaux des changements démographiques causés par l'arrivée de nouveaux travailleurs dans les communautés.
Une consultation sérieuse des communautés touchées est un élément essentiel de la mise en œuvre de la réconciliation. Dans sa forme actuelle, la Loi sur l'évaluation d'impact impose des délais aux consultations autochtones. À mon avis, cela n'est pas conforme à l'esprit de la réconciliation. Les gouvernements et les communautés autochtones devraient disposer du temps dont ils ont besoin pour examiner les répercussions des projets qui les concernent. Si une centrale nucléaire ou un oléoduc était construit près de chez nous, ne souhaiterions-nous pas examiner toutes les répercussions possibles avant de donner notre aval? Est-il juste d'exiger un court délai pour de tels projets lorsqu'ils ont des conséquences si graves pour les communautés?
À mon avis, lorsque la Loi sur l'évaluation d'impact a été modifiée, nous aurions pu tenir des consultations plus sérieuses avec les communautés, partenaires et nations autochtones, inuites et métisses. Une option consisterait à modifier le Règlement sur les renseignements et la gestion des délais afin de permettre à l'Agence d'évaluation d'impact d'arrêter l'horloge à la demande des peuples autochtones et de travailler avec les autorités autochtones pour que leurs lois et décisions soient reconnues.
Une autre option consisterait à donner la priorité aux règlements sur les ententes de collaboration avec les Autochtones qui reconnaissent officiellement les champs de compétences des nations et des groupes autochtones et qui respectent leur pouvoir décisionnel tout au long des évaluations et des décisions. Tous les paliers de gouvernement ont l'obligation d'offrir aux peuples autochtones des possibilités de consultation véritable. Il y a des projets qui font l'objet d'une évaluation environnementale et qui menacent la santé, la culture, le patrimoine et les moyens de subsistance des peuples autochtones. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les délais actuels permettent d'aborder tout cela, surtout si l'on tient compte des besoins diversifiés des différentes nations du pays. Nous devons veiller à ce qu'il y ait une consultation appropriée et une véritable collaboration pour améliorer la situation des communautés.
En fin de compte, les libéraux n'ont pas accordé la priorité à la réconciliation avec les peuples autochtones lorsqu'ils ont rédigé cette mesure législative. Il y a des modifications que mon collègue aurait pu présenter pour corriger ce problème important. Les libéraux aiment faire de grands discours sur la nécessité de s'opposer aux géants des hydrocarbures, mais, ultimement, les lois qu'ils proposent sont truffées d'échappatoires et d'exceptions en faveur du secteur pétrolier et gazier. C'est le cas de tous les projets de loi qu'ils présentent. Parallèlement, les conservateurs semblent prisonniers d'une réalité totalement différente, incapables de reconnaître que nous vivons une crise climatique, et encore moins d'élaborer un plan pour y remédier. Il n'est pas surprenant que, lors du débat d'aujourd'hui, nous ayons entendu des députés se chahuter de part et d'autre pour se disputer à savoir qui des conservateurs ou des libéraux a construit le plus de pipelines.
La vérité est que, lorsqu'il s'agit de plaider en faveur d'une protection de l'environnement rigoureuse, le NPD est le seul parti prêt à s'attaquer de front aux plus grands pollueurs. Nous sommes le seul parti fédéral à avoir réclamé une taxe sur les bénéfices exceptionnels de l'industrie pétrolière et gazière. En pleine période de crise du coût de la vie, les plus gros pollueurs du pays devraient payer leur juste part, et non pas exploiter les gens.
Nous avons également demandé un plafonnement plus rigoureux des émissions provenant des hydrocarbures afin d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. Nous avons poussé le gouvernement à faire avancer la loi sur les emplois durables, afin qu'elle soit mise en œuvre le plus rapidement possible. La transition vers une économie propre ne peut pas laisser les travailleurs en plan. En adoptant des politiques audacieuses et progressistes qui soutiennent la collectivité au lieu de satisfaire l'industrie des combustibles fossiles, nous pouvons créer un avenir durable pour tous.
La Loi sur l'évaluation d'impact est un outil important pour assurer la propreté de l'air, de l'eau et de l'environnement ainsi que pour assurer un environnement et des milieux de vie sains. La réalité, c'est que le chef du Parti conservateur actuel a dit que, si son parti formait le gouvernement, il éliminerait complètement ce cadre législatif. Les députés de son parti croient que les sociétés pétrolières et gazières peuvent réaliser des projets sans évaluation environnementale. Je rappelle à mes collègues qu'il s'agit de la même industrie qui a sciemment contaminé les eaux près de l'endroit où vivent la Première Nation des Chipewyans d'Athabasca et d'autres communautés des Premières Nations et communautés métisses du Nord de l'Alberta lorsque les eaux des bassins de résidus de Suncor situés à Kearl se sont infiltrées dans l'environnement. Il est odieux et indéfendable de laisser cette industrie sans surveillance.
Nous ne pouvons pas non plus faire fi du fait que les gaz à effet de serre ne tiennent pas compte des frontières provinciales. Nous devons continuer de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, et un élément clé des dispositions initiales de la Loi sur l'évaluation d'impact est la reconnaissance de l'impact des gaz à effet de serre sur notre environnement. Lorsqu'il s'agit de modifier la Loi sur l'évaluation d'impact, nous devons veiller à ce que cette pièce importante du casse-tête soit maintenue en place. Il est essentiel que les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral continuent de tenir compte des effets des gaz à effet de serre dans tous les projets, et pas seulement ceux qui font l'objet d'une évaluation environnementale.
Nous vivons une crise climatique. En tant que décideurs, nous devons aux générations futures de continuer de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de lutter contre la pollution et d'en tenir compte dans toutes les évaluations environnementales. Nous ne pouvons pas nous permettre d'en faire abstraction.
L’augmentation des températures mondiales a d’immenses répercussions sur notre pays, qui se font sentir dans nos collectivités et notre économie. On entend souvent dire que la lutte contre les changements climatiques coûte cher, mais il serait encore plus coûteux de ne pas en tenir compte. La lutte contre les feux de forêt coûte au gouvernement fédéral 1 milliard de dollars chaque année, et ce chiffre devrait augmenter à mesure que la saison des feux de forêt s'allonge et s'intensifie, sans parler du coût des feux de forêt pour le système de santé.
On ne saurait trop insister sur l'urgence de cette cause. Les changements climatiques ne sont pas une menace lointaine, mais une réalité actuelle. Nous avons été témoins des conséquences dévastatrices des feux de forêt ravageurs et des vagues de chaleur qui ont tué des centaines de personnes en Colombie‑Britannique. Les répercussions sur la vie humaine et les moyens de subsistance sont tout aussi profondes, et les groupes marginalisés sont les plus touchés par les injustices environnementales.
Face à ces défis, l'espoir réside dans l'adoption de politiques audacieuses et progressistes, où la prospérité économique et la gérance de l'environnement vont de pair. C'est maintenant qu'il faut agir, et le NPD est prêt à mener la charge. Alors que nous envisageons de modifier la Loi sur l'évaluation d'impact, j'exhorte mes collègues à tenir compte des répercussions et des coûts indéniables de la crise climatique, ainsi que des possibilités qui existent pour la combattre.
Il est important de veiller à demander des comptes au gouvernement libéral, non seulement pour les injustices qu’il continue de perpétuer contre les communautés autochtones, mais aussi pour son inaction lorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité des collectivités.
Je tiens à remercier le député d'avoir lancé cette discussion. J'exhorte tous mes collègues à considérer ce projet de loi de façon responsable.