Madame la Présidente, c'est toujours un grand honneur de prendre la parole à la Chambre au nom de gens de ma circonscription, South Shore—St. Margarets.
Aujourd'hui, nous débattons du projet de loi C‑8, Loi portant exécution de certaines dispositions de la mise à jour économique et budgétaire déposée au Parlement le 14 décembre 2021 et mettant en œuvre d’autres mesures, à l'étape du rapport. Autrement dit, nous débattons de nouvelles dépenses gouvernementales sur la COVID‑19. Examinons les dépenses liées à la COVID qui sont prévues jusqu'à maintenant par le NPD et le Parti libéral dans le projet de loi. Dans sa mise à jour économique de l'automne, le gouvernement a ajouté 70 milliards de dollars de nouvelles dépenses, et ces dépenses s'ajoutent à cela. Les 70 milliards de dollars que j'ai mentionnés n'incluent même pas les promesses électorales des libéraux, ce qui représentera des dizaines de milliards de plus si, et j'insiste sur le mot « si », le gouvernement néo-démocrate—libéral respecte ses promesses électorales et se montre à la hauteur de sa coalition. Le projet de loi ajouterait 70 milliards de dollars à ce que nous avons vu dans les comptes publics, soit une dette de 1,4 billion de dollars que les contribuables canadiens doivent maintenant assumer. Pensons-y: 70 milliards de dollars supplémentaires, en plus des 1,4 billion de dollars qui ont déjà été ajoutés jusqu'à maintenant.
On dit qu'il faut connaître l'histoire pour ne pas la répéter. Je suppose que le gouvernement actuel ne connaît pas l'histoire, car s'il la connaissait, il verrait que le fils répète les erreurs du père. Pour comprendre l'incidence de ce projet de loi et de ces dépenses sur l'économie, jetons un coup d'œil à ce que le père a fait. Cela nous indiquera ce à quoi le pays devra faire face dans les années à venir en raison de la mauvaise gestion financière du père et du fils.
Lors des élections fédérales de 1968, Pierre Trudeau a rassuré les Canadiens en leur disant qu'un gouvernement libéral n'augmenterait ni les impôts ni les dépenses, car le gouvernement n'est pas le père Noël. Qu'est-ce que cela a donné?
Lorsque Pierre Trudeau est devenu premier ministre, les dépenses réelles du gouvernement sont passées de 17 % à 24,3 % du PIB. En d'autres termes, la part du gouvernement fédéral dans l'économie a augmenté de 42 % à cette époque. Tous les postes de dépenses du gouvernement fédéral ont augmenté sous Trudeau père, sauf les dépenses en défense, qu'il a réduites de moitié pour ce qui est de leur pourcentage du budget. Lorsque Pierre Trudeau est arrivé au pouvoir, nous dépensions plus pour la défense nationale que pour le service de la dette du pays. Lorsqu'il a quitté le pouvoir en 1984, pour chaque dollar consacré à la défense, nous dépensions trois dollars uniquement pour payer les intérêts sur la dette nationale.
Comment a-t-il fait? Il a créé 114 agences et commissions, en plus de sept nouveaux ministères gouvernementaux, pour un total de 464 sociétés d'État ayant 213 filiales. Le déficit annuel a grimpé à près de 40 milliards de dollars. Cette somme ne semble pas tellement déraisonnable, étant donné les dépenses que nous avons vues dernièrement à la Chambre. Cependant, ces 40 milliards de dollars représentaient le déficit sur un budget de base, c'est-à-dire un budget annuel du gouvernement du Canada de 100 milliards de dollars.
Si j'en parle, c'est parce que je connais le dicton, « tel père, tel fils ». Pierre Trudeau a déjà dit, « nous allons instaurer le socialisme ici ». Et bien, c'est ce qu'il a fait, et son fils vient de l'officialiser.
Les gens qui ont grandi dans les années 1930, comme Pierre Trudeau, ont été témoins du New Deal du président Roosevelt, un programme de dépenses massives d'infrastructure visant à sortir les États-Unis de la crise des années 1930. Ils pensaient que cette approche permettrait de sortir le Canada de la « stagflation » des années 1970 qui, pour ceux qui ne s'en souviennent pas, combinait une forte inflation à un taux de chômage élevé et à une stagnation de la demande dans l'économie. Ce fut désastreux.
La situation est devenue si grave que Pierre Trudeau a fini par imposer le contrôle des prix et des salaires. Il a déclaré « Zap! Vous êtes gelés », et il a gelé tous les salaires et les prix. Lorsque ce contrôle socialiste des prix et des salaires a été levé, il y a eu un déluge de demandes de hausses salariales, et je ne parle pas des rajustements de prix. Lorsque Pierre Trudeau a quitté le pouvoir, 38 ¢ sur chaque dollar perçu en taxes et en impôts par le gouvernement du Canada étaient consacrés au remboursement des intérêts, et seulement des intérêts, sur la dette. Le remboursement des intérêts sur la dette accumulée par Pierre Trudeau était le programme gouvernemental qui monopolisait le plus de ressources. En 1984, le gouvernement a dépensé davantage pour rembourser les intérêts sur la dette que pour les programmes en matière de défense et de santé combinés. Les politiques de dépenses massives de Trudeau ont mené à une hausse rapide des taux d'intérêt afin de tenter de réduire l'inflation. Toutes ces dépenses gouvernementales n'ont fait qu'empirer les choses.
Au début des années 1980, les banques offraient des prêts hypothécaires résidentiels à des taux d'intérêt annuels de 21 %. En 1984, lorsque Brian Mulroney est arrivé au pouvoir et que je me suis joint au gouvernement en tant que jeune membre du personnel, nous avons dû mettre un frein à ce cycle de dépenses et de déficits qui tuait l'économie et les emplois. En 1987, la gestion de M. Mulroney avait permis de ramener la situation du gouvernement en excédent de fonctionnement. Il avait inversé les déficits structurels créés par les libéraux. Les déficits encourus après 1987 ont été entièrement dus au remboursement des intérêts sur la dette de Pierre Trudeau.
Le gouvernement est resté en excédent de fonctionnement sous divers premiers ministres jusqu'à l'arrivée du gouvernement libéral actuel. Le gouvernement Mulroney a contrôlé les dépenses et fondamentalement restructuré l'économie grâce à une nouvelle façon d'aborder la situation économique de l'époque. Il a procédé à des changements fondamentaux, comme la restructuration complète du secteur canadien des services financiers; la signature de la toute première entente de libre-échange au monde; le remplacement de la taxe de 13,5 % sur les ventes des fabricants par la taxe de 7 % sur les produits et services; l'élimination du Programme énergétique national et de l'Agence d'examen de l'investissement étranger, qui était extrêmement nuisible aux emplois; et oui, la privatisation de 23 sociétés de la Couronne — y compris Air Canada — à laquelle j'ai été fier de participer.
Le gouvernement Chrétien avait poursuivi le travail en faisant de plus amples compressions budgétaires, mais il avait adopté une approche différente. Il avait intégré la caisse de l'assurance-chômage — alors une enveloppe distincte — au Trésor. Puis, il avait maintenu les cotisations à un niveau artificiellement élevé pour engranger des surplus, dont le pays n'avait pas besoin pour payer les prestations d'assurance-emploi, et il les avait utilisés pour rembourser la dette. Enfin, le gouvernement Chrétien avait réduit de 50 % les dépenses du gouvernement au titre des soins de santé.
Les gouvernements qui ont été portés au pouvoir par la suite ont mis plus de 25 ans à venir à bout de la dette accumulée en raison des dépenses désastreuses de l'administration Trudeau, mais le père était relativement inoffensif en comparaison du fils. En six ans, le gouvernement dirigé par Trudeau fils a fait grimper la dette publique du Canada à des sommets inégalés par un gouvernement depuis la fondation de notre pays en 1867. Pourtant, en 2015, ce même fils avait promis de petits déficits liés à des mesures de relance et un retour à l'équilibre budgétaire au plus tard en 2019. Comme son père l'avait fait en 1968, quand il avait dit qu'il n'augmenterait pas les dépenses, le fils a fait la même promesse en 2015. On connaît maintenant la suite.
Pendant sa première ronde de dépenses liées à la COVID, le gouvernement a envoyé 600 millions de dollars à des jeunes du secondaire qui vivaient chez leurs parents. Il a aussi envoyé des Prestations canadiennes d'urgence d'une valeur totale de 11,8 milliards de dollars à des jeunes de 15 à 24 ans vivant chez leurs parents et 7 milliards de dollars à des conjoints faisant partie d'un ménage dont le revenu dépassait les 100 000 $. Il a aussi consacré 110 milliards de dollars à la Subvention salariale d'urgence du Canada. Certaines études ont permis de déterminer que des entreprises en difficulté avaient reçu des prestations, de toute évidence, mais que beaucoup d'entreprises étaient assez solides pour s'en tirer seules; 24 % de ces sommes sont allées à des entreprises dont les revenus ont augmenté pendant la pandémie, et 49 %, à des entreprises dont les profits ont augmenté pendant la pandémie.
Ces dépenses de plus de 600 milliards de dollars en deux ans et les trois milliards de dollars d'argent frais imprimés chaque semaine ont mené à l'inflation structurelle que nous voyons actuellement, qui atteint près de 6 %. D'ici un an ou deux, nous verrons l'amorce d'une inflation salariale puisque les entreprises, syndiquées ou non, déterminent généralement les augmentations de salaire des employés en fonction de l'inflation. Les sociétés cotées en bourse augmenteront le salaire des employés de tous les niveaux, puisque les consultants et le conseil des ressources humaines diront que ces augmentations sont nécessaires pour que leurs employés n'aillent pas travailler chez un concurrent. À cela s'ajouteront les demandes visant à rajuster les conventions collectives en fonction de l'indice des prix à la consommation, et tout cela entraînera une inflation salariale. Nous n'avons encore rien vu. L'inflation salariale exacerbera encore l'inflation du prix des biens, puisqu'il y aura plus d'argent dans le marché pour acheter des biens limités, ce qui stimulera l'inflation.
Tous ces programmes gouvernementaux universels liés à la COVID ont eu pour conséquence d'injecter dans l'économie de l'argent à un niveau qui n'était pas nécessaire, tout comme les nouveaux programmes sociaux mis en place, alors que le gouvernement ne finance pas adéquatement les soins de santé, aggraveront le déficit structurel du pays. Le gouvernement n'a aucun plan pour réduire l'empreinte du gouvernement sur l'économie, ce qui signifie que nous nous dirigeons vers une période de stagnation comme celle des années 1970.
Je ne peux pas appuyer le projet de loi C-8 et le budget déposé récemment, parce qu'ils empireront radicalement les finances du Canada. Dans leur pacte, les néo-démocrates et les libéraux n'ont pas tenu compte des leçons tirées du pacte qu'ils avaient dans les années 1970. L'histoire se répète. Tel père, tel fils.