Monsieur le Président, lorsque nous abordons le sujet de l'exploitation des ressources et ce projet de loi, tous les Canadiens souhaitent, à mon avis, que nous trouvions le juste équilibre. Ils s'attendent à ce que nous tenions compte de nos responsabilités de bons gardiens de l'environnement et de protecteurs de la planète, non seulement pour notre génération, mais aussi pour les générations futures. C'est une priorité absolue pour tous les Canadiens, mais en particulier pour les gens de ma région, c'est-à-dire le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador. Nous aimerions léguer une planète plus propre et plus verte aux générations futures, et nous voulons exploiter nos ressources de manière responsable.
Les gens que je représente, les habitants de ma région et, à mon avis, tous les habitants des provinces de l'Atlantique souhaitent un avenir économique viable pour eux-mêmes, leur famille, leur localité et l'ensemble du Canada atlantique afin que nous et les générations futures puissions récolter les bénéfices de ce dur labeur et de ce développement. Il est vraiment essentiel d'atteindre le juste équilibre.
Ce qui me préoccupe, avec ce projet de loi, c'est qu'il remettrait beaucoup trop de pouvoirs entre les mains de trop peu de gens, ce qui pourrait nuire à la mise en valeur de ressources essentielles à notre pays, y compris sur le plan énergétique, ou à notre sécurité alimentaire, et ainsi à notre avenir en tant que pays où il est possible d'investir et de faire des affaires en toute sécurité. Si nous ne faisons pas les choses comme il se doit et que nous remettons ce genre de contrôle entre les mains d'un très petit nombre de personnes, les conséquences pourraient être désastreuses pour le développement économique des provinces de l'Atlantique et du Canada dans son ensemble.
Nous avons soulevé des préoccupations très légitimes et nous voulons que le gouvernement les examine attentivement. Il est souhaitable que le projet de loi soit amendé et corrigé afin que le développement se fasse de façon responsable et dans le respect de l'environnement. C'est un objectif que nous partageons tous. Parallèlement, nous ne voulons pas que ce projet de loi freine ceux qui veulent bâtir l'avenir économique du Canada. Nous voulons nous assurer de tirer parti des ressources extraordinaires de tout le pays, d'un océan à l'autre, y compris au Canada atlantique, une région qui a un potentiel incroyable de développement pour son secteur des ressources.
Ce n'est pas le moment de faire obstacle aux investissements; il faut trouver des façons d'accroître les investissements dans notre région.
Le Canada atlantique veut contribuer à l'avenir économique de notre pays comme jamais auparavant. Je vais m'arrêter ici un instant pour souligner un point souvent oublié.
Nous débattons de questions pour lesquelles le gouvernement présente des mesures législatives et les adopte en fonction d'une idéologie, de pensées et de conceptions philosophiques, aussi bien intentionnés soient-ils. Cependant, ce n'est un secret pour personne que l'unité nationale est en jeu. Sous la direction du gouvernement et du premier ministre, les régions ont trop souvent été dressées les unes contre les autres de sorte que certaines régions se sont senties aliénées, laissées pour compte ou peut-être tenues pour acquises. En fait, nous savons que c'est le cas.
Au nom des Canadiens de l'Atlantique, j'adore le Canada et toutes ses régions. Nous avons eu de la chance dans les provinces de l'Atlantique, directement et indirectement grâce au secteur des ressources de l'Ouest canadien. Au nom des habitants de la côte Est, je remercie les provinces et nos amis de l'Ouest. Ils ont permis l'exploitation de nos ressources. Ils ont permis que les fonds, les recettes et les revenus provenant des activités d'extraction et de ces ressources soient distribués dans tout le pays, à des régions et des provinces comme la mienne.
Nous avons profité de ces paiements de transfert, et je m'en voudrais de ne pas remercier l'Ouest canadien et les régions du pays qui exploitent leurs ressources naturelles et qui ont permis le transfert des revenus à nos autres provinces afin que nous puissions avoir de bonnes écoles et de bons hôpitaux, construire des routes et nous développer.
Toutefois, même si je crois fermement en tout cela, il est d'une importance vitale que nous, Canadiens de l'Atlantique, ayons aussi la possibilité d'exploiter nos propres ressources naturelles, de prospérer en tant que région et d'améliorer les finances des familles. Il est injuste de freiner une région comme le Canada atlantique, alors qu'elle a un potentiel infini, en mettant en place des mesures prohibitives et une surréglementation du secteur ou en concentrant trop de pouvoir entre les mains de trop peu de personnes qui pourraient, selon les caprices d'un ministre, faire cesser les activités de tout un secteur de l'économie.
Ce projet de loi envoie des signaux d'avertissement évidents. J'encourage la Chambre à regarder ce qu'il y a au-delà du brouhaha et des beaux discours pour bien voir les faits. On entend tout un tapage qui dit qu'il faut protéger la planète et améliorer la santé des océans, que nous allons réduire les émissions de carbone et faire toutes sortes de choses. Voilà ce que j'appelle le brouhaha.
Quand on va au-delà du brouhaha et du bavardage, on constate que le Canada se classe au 57e rang sur 63 pays. Nous n'atteignons pas nos cibles, malgré notre étalage de vertu environnementaliste. Nous n'atteignons pas ces objectifs, malgré les beaux discours enlevants. Nous parlons de planter des milliards d'arbres, mais nous n'en plantons que quelques-uns.
Il est temps de regarder au-delà du brouhaha. Les Canadiens s'attendent à ce que nous arrêtions tout ce bavardage, ce placotage et ces beaux discours et à ce que nous fassions le nécessaire pour obtenir des résultats concrets et atteignables qui auront un effet positif sur notre pays et sur le monde.
Ce qui se passe, en fait, c’est que nous n’atteignons pas ces objectifs, mais que nous punissons les secteurs qui ont contribué à la prospérité du Canada jusqu’à présent. Ce sont les faits.
Selon la rhétorique qui a cours, nous atteignons ces objectifs et nous nous en sortons très bien, mais ce que disent les faits, c’est que sur 63 pays, nous nous arrivons au 57e rang. Les faits sont têtus. Ils ont démontré, en ce qui concerne l’environnement et l’économie, que le gouvernement fait beaucoup de tapage, mais n’obtient aucun résultat. Or, les Canadiens veulent des résultats concrets.
Je pense qu'une gestion saine et responsable de l’environnement n'est pas incompatible avec la prospérité économique et l'exploitation des ressources naturelles, qui doit être responsable, elle aussi. Nous pouvons faire les deux en même temps. L’énergie canadienne est la meilleure au monde, et nous n’avons pas à nous en excuser. Nous devons la défendre. C’est l’énergie extraite de la manière la plus responsable qui soit sur la planète. Pourquoi la remplaçons-nous par de l’énergie provenant de pays qui sont loin d’avoir les mêmes réglementations environnementales que nous?
Cela n’a aucun sens ni sur le plan environnemental, ni sur le plan énergétique, ni sur le plan économique. Il faut trouver un juste équilibre. Le projet de loi ne nous aidera pas beaucoup à y parvenir. Nous devons le revoir. Il y a tellement de tapage qu’on perd de vue les faits. Toutefois, les Canadiens sont perspicaces. Ils vont au-delà de la rhétorique destinée à les convaincre et veulent savoir ce que le gouvernement fait concrètement pour permettre au Canada de prospérer à l’avenir.
Nous parlons de transition juste. Le gouvernement adore en parler, mais vers quoi la transition juste nous mène-t-elle? Ce n’est pas une transition juste que de faire passer des pans entiers de la population de la prospérité à la pauvreté. Ce n’est pas juste: c’est une transition injuste vers la pauvreté. Nous avons besoin d’une véritable transition qui consiste en un renforcement économique accompagné de mesures écologiquement responsables. Nous sommes capables d'y arriver. Le Canada a fait ses preuves dans ce domaine et il peut y être un chef de file.
Certains progrès dans le secteur canadien des ressources naturelles me paraissent assez encourageants. Notre pays dispose de quelques-unes des meilleures technologies propres. Nous réalisons des projets d'exploitation des ressources qui sont parmi les plus respectueux de l’environnement au monde. Notre pays est à l'avant-garde. Nous ne devons plus être relégués au second plan. Nous devons cesser de dénigrer notre secteur de l’énergie et notre secteur des ressources naturelles. Nous ne devons plus entraver notre développement.
Nous devons plutôt commencer à mettre en valeur le secteur de l'énergie, le secteur des ressources naturelles et les bonnes pratiques environnementales du Canada. Il faut faire connaître les excellents résultats que le Canada obtient dans le secteur des ressources naturelles. Pourquoi cherchons-nous à rabaisser le secteur énergétique canadien alors que nous devrions en vanter les qualités? Nous sommes tous pour les solutions données plus tôt. Nous voulons mener la transition dans les secteurs où il est possible de le faire. Nous sommes pour l'énergie éolienne, l'énergie nucléaire, l'énergie solaire et même pour l'énergie marémotrice.
Au moment même où le gouvernement parle de transition, nous abandonnons des projets d'énergie renouvelable au potentiel incroyable. La lourdeur réglementaire et les mauvaises priorités en sont la cause.
Un projet d'énergie marémotrice durable était sur le point de voir le jour en Nouvelle‑Écosse. Les libéraux y ont mis un terme. Pourquoi? Parce que ce projet se heurtait à une réglementation si lourde qu'il n'était plus économiquement viable. Il n'était donc plus logique d'en poursuivre la réalisation. En quoi cela est-il bon pour la planète, sachant que nous étions sur le point d'innover et qu'il s'agissait du seul projet d'énergie marémotrice en Amérique du Nord? Notre pays a choisi de mettre fin à ce projet. Nous parlons de notre désir à tous de sauver la planète et de la transition vers une économie verte, mais nous abandonnons des projets qui sont viables.
En voici un autre exemple. En Nouvelle‑Écosse, une usine avait un projet visant à utiliser ses déchets pour fabriquer des produits biodégradables. Ce projet a été abandonné. Pourquoi? Parce qu'il aurait fallu 20 ans pour obtenir les autorisations nécessaires à sa réalisation.
Nous faisons fuir les investisseurs dans le secteur des énergies renouvelables et des ressources, et nous n'investissons pas dans les domaines les plus prometteurs d'un point de vue économique et écologique pour notre pays.
Nous aurions beaucoup d'atouts à faire valoir. Une autre de nos préoccupations à l'égard du projet de loi C‑49 concerne nos partenaires et amis autochtones. Il est question, dans le projet de loi, de la façon dont les régies seraient habilitées à parler avec nos dirigeants autochtones, mais jamais de l'obligation et de l'importance primordiale absolue pour l'État de traiter directement avec nos amis autochtones pour lancer ces projets. L’histoire nous a certainement appris une leçon, à savoir qu’il faut entamer des discussions avec nos amis autochtones au début du processus pour ces projets et veiller à ce qu’ils soient des partenaires égaux et bienvenus dans les discussions avec nous concernant ces domaines d’innovation et de production. Nous pouvons accomplir de grandes choses pour le Canada parce que, comme nous le disent les dirigeants autochtones de partout au pays, ils veulent travailler en partenariat avec nous dans ce dossier. Ils désirent participer aux discussions sur tous ces types de projets. Ils souhaitent prospérer sur le plan économique, tout en faisant du bien à l'environnement. Sollicitons leur apport dès le départ et assurons-nous qu'un projet de loi comme celui-ci leur fait une place de choix et ordonne à l'État de traiter directement avec eux plutôt qu'avec les régies. Ne considérons pas cette question comme secondaire, mais mettons-la plutôt parmi les priorités.
Je conclurai mes observations en disant simplement que nous avons l'occasion de positionner le Canada de manière à ce qu'il soit le plus sûr sur le plan énergétique et l'un des plus puissants moteurs économiques du monde, tout en étant l'un des pays les plus respectueux de l'environnement de la planète. Il est temps de bien faire les choses. Cessons de dénigrer l'exploitation des ressources au Canada et de contrecarrer les projets d'exploitation dans toutes les régions du pays, y compris le Canada atlantique. Faisons-en une priorité et agissons en conséquence. Nous avons une occasion en or. Trouvons un juste équilibre. Corrigeons ce projet de loi. Si nous le faisons, nous rendrons service à tout le monde, mais, si nous ne le corrigeons pas, nous n'aurons d'autre choix que de nous y opposer pour que notre pays puisse aller de l'avant.