Madame la Présidente, c’est un honneur de prendre la parole au Parlement. En venant ici, j’ai presque dû jouer des coudes pour me frayer un chemin à travers la longue file de conservateurs munis de leur téléphone, se prenant eux-mêmes en vidéo pour annoncer qu’ils étaient au Parlement aujourd’hui, qu’ils allaient souffler de toute leur force pour que la Chambre s'effondre ce soir, puis enfiler en demandant aux gens de bien vouloir envoyer de l’argent à leur adresse le plus rapidement possible.
Une élection générale fédérale coûte 630 millions de dollars. Lorsque nos concitoyens, que les Canadiens se font dire que le député de Carleton, le chef de l’opposition officielle, va coûter 630 millions de dollars aux contribuables canadiens en déclenchant des élections parce que la situation est tellement désespérée que les gens doivent réagir, on s’attendrait assurément à ce que, puisque l'heure est aussi grave, celui-ci soit présent pour faire le travail.
Lundi dernier, nous avons eu neuf votes de confiance. Pour la gouverne des gens qui suivent les conservateurs sur TikTok, voici une petite explication: un vote de confiance déclenche des élections. Or, nous avons vu tous les consciencieux conservateurs d’arrière-ban voter en accordant leur confiance au gouvernement. Aujourd’hui, trois jours plus tard, c’est la stratégie du gros méchant loup qui souffle pour que la Chambre s'effondre, puisqu'il y aura neuf votes de censure ce soir.
Étant donné la gravité de la situation et le fait que l'on plongerait alors le pays dans des élections, j’espère vraiment que le député qui habite à Stornoway sera présent pour diriger ses troupes, car je suis inquiet.
On m’a accusé d’avoir affirmé des choses sur son bagage professionnel, notamment qu’il aurait travaillé à Dairy Queen. Je suis prêt à me rétracter, car nous ne savons pas s’il a vraiment travaillé à Dairy Queen. J’ai essayé de trouver ce qu'il faisait avant de devenir cet espèce d'animal politique chronique. Certains disent qu'il a été camelot, d’autres qu’il travaillait à Dairy Queen. Il ne semble pas qu’il ait réellement fait les deux. Toutefois, s’il a effectivement travaillé à Dairy Queen, je suis sûr qu’on lui a appris qu’il devait éviter l'absentéisme, car se présenter au travail, c'est quand même essentiel pour occuper un emploi.
Lorsque j’étais plus jeune et que je m'efforçais de mettre du pain sur la table pour mes deux filles en bas âge en travaillant sur des chantiers de construction, on me disait que si je n’étais pas prêt à travailler, avec tous mes outils, à 7 h 30 le matin, il était inutile de me pointer le bout du nez. Comme je devais payer le loyer à la fin du mois, j’ai appris à me présenter au travail. J'en parle parce qu'on constate une tendance avec ce député.
Je me rappelle quand il a déclaré qu’il garderait la parole à la Chambre jusqu’à ce que le budget soit rejeté. C’était extraordinaire. Tous les petits premiers de classe conservateurs, ceux qui radotent toujours la rengaine du jour, l’entouraient. Ils allaient rester à la Chambre jusqu’à ce qu’il provoque des élections en faisant tomber le gouvernement. Puis, au bout de deux heures environ, il a manqué d'inspiration parce qu'il était à court de slogans. Lorsqu'un programme électoral peut se résumer sur l'autocollant d'un pare-chocs, même le député qui habite à Stornoway finit par manquer de jus, alors après deux heures, lui qui avait cru déclencher des élections, il a abandonné et il est rentré chez lui.
Je me rappelle qu’avant Noël, il a dit qu’il allait nous contraindre à voter jusqu’à Noël. Nous nous sommes présentés et nous avons attendu, mais cela ne s’est jamais produit. Encore une fois, je ne sais pas s’il était en train de savourer des canapés et des mojitos avec Jenni Byrne, la lobbyiste de Loblaws, et son équipe — qui font apparemment du lobbyisme auprès du gouvernement fédéral par l’intermédiaire de Forecheck Strategies —, mais nous ne l’avons pas vu. Tous les pauvres bougres sont restés ici pendant deux nuits à faire le dur travail de voter contre le gouvernement.
Contre quoi ont-ils voté? Ils ont voté contre le soutien à l’Ukraine. C'est d'ailleurs la seule fois où le député a été présent: il s’est présenté pour voter contre l’Ukraine. Il fallait que son vote contre l’Ukraine soit consigné au compte rendu, autrement, Tucker Carlson n’aurait pas été content. Ils ont voté contre l’eau potable dans les réserves. Ils voulaient que cela figure au compte rendu. Ils se sont présentés pour voter contre une ligne nationale antisuicide parce qu’ils entendaient forcer la tenue d’élections. Je me suis senti mal pour mes collègues du Parti conservateur qui ont consciencieusement veillé toute la nuit alors que le député de Carleton dégustait des canapés dans des soirées de financement. Nous n’avons pas voté jusqu’à Noël, mais il entendait faire tomber le gouvernement.
Lundi soir, une occasion sans précédent s'est présentée de faire tomber le gouvernement, et il a voté derrière le rideau. C'est ce soir-là que nous avons procédé à un vote historique en faveur de la paix à Gaza, un vote qui a été reconnu dans le monde entier. En effet, de nombreux autres pays suivent aujourd'hui l'exemple du Canada parce que les néo-démocrates ont agi ce soir-là. Nous avons montré ce que cela signifie de venir travailler tous les jours et de s'efforcer de trouver compromis sur la nécessité de faire face à la mort horrible d'enfants innocents à Gaza. Nous avons montré ce que cela signifie de dire que les attaques terroristes du Hamas doivent être condamnées et que le peuple d'Israël a le droit de vivre en paix, mais qu'en raison de l'assassinat systématique de journalistes, de travailleurs humanitaires et d'enfants, le gouvernement Netanyahou ne peut plus recevoir des armes. Les néo-démocrates ont agi, et cela a été historique.
Une fois de plus, je conseillerais au député, qui met probablement de la crème glacée et des noix sur un flotteur à la banane de Dairy Queen, que s'il veut diriger ce pays, il devrait se montrer et se tenir debout lors de ces moments historiques. Il n'a pas le droit de se retirer à Stornoway, de prendre des canapés et de laisser les pauvres hères de l'arrière-ban faire le gros du travail. Lundi soir, il a eu une bonne occasion et il l'a manquée.
En ce qui concerne les slogans d’autocollants pour pare-chocs des conservateurs, il faut maintenant en mettre trois ou quatre côte à côte. Aujourd'hui, le député se présente de nouveau, et c'est à ce moment-là qu'il dit vouloir abolir la taxe et forcer la tenue d'élections. Il met en jeu 630 millions de dollars. Sera-t-il présent ce soir?
En 2021, lorsque les libéraux ont décidé de déclencher des élections, les gens nous ont dit de nous remettre au travail. Ils voulaient que nous travaillions ici et que nous fassions quelque chose. Ils m'ont demandé ce que j'allais faire si je retournais au Parlement. J'ai répondu que nous allions obtenir un système national de soins dentaires, parce que c’est ce que les gens nous ont dit vouloir pendant la campagne électorale. J'ai dit que nous allions nous battre pour obtenir un régime national d'assurance-médicaments s'ils nous donnaient la capacité de demander des comptes aux libéraux.
Nous obligerons les libéraux à rendre des comptes, c’est notre rôle. C’est pour cela que nous sommes ici, fidèles au poste. C’est simple à comprendre. Les Canadiens travaillent fort, et eux aussi sont fidèles au poste. Ils comprennent bien tout cela. Ce ne sont pas des imbéciles. Le député qui habite dans une résidence de 19 pièces, avec son propre cuisinier, nous parle d’une taxe sur le carbone qui a des répercussions sur les prix de la nourriture. Les Canadiens savent bien que l’augmentation des prix de la nourriture est due à la cupidité de Loblaws. Le député n’a jamais, au grand jamais, mentionné le nom de Loblaws, et pour cause. Les Canadiens doivent savoir que Jenni Byrne, sa directrice de campagne, était lobbyiste pour Loblaws.
Hier soir, j’ai reçu un message d’un travailleur qui me dit qu’il parcourt chaque jour de 50 à 100 km avec son camion pour se rendre à la mine où il travaille. Il voulait se renseigner au sujet de la taxe sur le carbone, car il avait constaté que le prix de l’essence avait augmenté de 20 cents du jour au lendemain. Je lui ai dit que c’était une arnaque. Il m’a alors demandé de lui dire à combien s’élevait la taxe sur le carbone. Quand je lui ai dit que c’était 3 cents le litre, il m’a alors demandé à quoi correspondaient les 17 cents restants. Je lui ai dit que cela allait à Rich Kruger, le PDG de Suncor, qui avait déclaré à ses investisseurs, en pleine crise climatique, qu’il fallait faire encore plus d’argent.
L’an dernier, l’industrie pétrolière a fait un chiffre d’affaires de 78 milliards de dollars au Canada, et le locataire de Stornaway n’en parle jamais. Pas un seul conservateur de l’Alberta ne parle de la sécheresse terrible qui sévit depuis quatre ans chez nous. Le réservoir d’Oldman River est presque vide. Quand j’étais à Edmonton en janvier, il n’y avait presque pas de neige au sol et il faisait plus de zéro. Nous n’entendons jamais un conservateur parler de la saison des incendies de forêt qui, à cause de la catastrophe climatique, a commencé en février dans le nord de l’Alberta. Les conservateurs sont des climatosceptiques, et il y a une raison à cela. S’ils admettaient que la planète est en feu et que les enfants ne peuvent pas aller jouer dehors à cause des émissions de gaz carbonique provenant de l'exploitation pétrolière et gazière, ils seraient alors obligés d’avoir un plan. Et s’ils n'ont pas de plan, c’est parce qu’ils ne peuvent pas le réduire à un slogan provocateur.
Je terminerai sur une simple constatation: le député de Stornaway a dit qu’il allait diriger le pays, précipiter une élection, ramener le bon sens chez nous et abolir le baratin, mais cela ne l’empêche pas de se défiler pour se rendre à une nouvelle collecte de fonds ce soir, alors qu’il devrait être présent dans cette enceinte pour faire son travail.