Madame la Présidente, je remercie ma collègue de Kelowna—Lake Country pour son travail sur cet important projet de loi.
Le projet de loi C-283 vise essentiellement à faire en sorte que les toxicomanes reçoivent l'aide dont ils ont besoin. Il vise également à assurer la tranquillité d'esprit de leurs proches. Les toxicomanes sont la mère, le père, la sœur, le frère, le fils, la fille ou l'ami de quelqu'un.
J'interviens ce soir non seulement en tant que parlementaire, mais aussi en tant que père. Heather et moi sommes les fiers parents de cinq enfants adultes. Il n'y a rien que nous ne ferions pas pour assurer leur bien-être, leur tranquillité d'esprit et leur sécurité. Je suis tellement fier de chacun d'entre eux.
Ma famille lutte contre la dépendance aux opioïdes depuis 20 ans. Nous compatissons avec toutes les familles canadiennes qui ont été confrontées à la toxicomanie. Heather et moi ne sommes pas seuls. Les familles canadiennes ne sont pas seules. Ceux qui nous écoutent en ce moment, qui luttent contre la toxicomanie, ne sont pas seuls. En fait, je ne crois pas qu'il y ait une seule personne dans cette assemblée qui n'ait pas été touchée, d'une manière ou d'une autre, par la cocaïne, la méthamphétamine en cristaux, l'héroïne, le fentanyl ou d'autres opioïdes.
On a dit qu'avoir un enfant, c'est comme de laisser notre cœur sortir de notre corps. Partout au pays, des mères et des pères se font réveiller en sursaut au milieu de la nuit par le bruit de la fermeture à glissière d'un blouson, par un plancher qui craque ou par une porte qui s'ouvre. Voilà tous des sons que connaissent les parents d'un fils ou d'une fille qui sort pour aller consommer de la drogue.
Ces situations pavent la voie à des nuits blanches où l'on se demande si notre enfant rentrera sain et sauf à la maison. De telles craintes durent toute la vie. Je suis de tout cœur avec ceux qui souffrent de toxicomanie et avec leurs familles qui supportent le poids du stress et de l'inquiétude qui accompagnent la prise en charge d'un être cher souffrant de toxicomanie. Le chemin de la guérison, dont j'ai l'expérience professionnelle et personnelle, est à la fois très long et difficile.
Avant d'aller plus loin, je voudrais faire une distinction importante à l'intention de tous les députés.
Ceux qui souffrent de toxicomanie méritent notre compassion et nos soins. Ceux qui enfreignent la loi de façon répétée ou qui n'ont aucun égard pour la sécurité de ceux qui les entourent méritent d'être arrêtés et pris en charge par notre système judiciaire. Ceux qui sont reconnus coupables de crimes devraient aller en prison, où ils pourront demander et obtenir l'aide dont ils ont besoin. C'est précisément là où notre système ne fonctionne pas, et c'est là où le projet de loi peut améliorer les choses dans la vie des Canadiens.
Il est inutile d'envoyer une personne dépendante en prison sans lui donner accès aux programmes et services dont elle a besoin pour se rétablir. C'est en s'attaquant de manière significative à la cause principale de leur crime, la dépendance, que l'on mettra fin à la récidive et que l'on permettra à de nombreuses familles canadiennes de guérir. Le fait de traiter la dépendance lorsqu'une personne est condamnée pour un crime ou lorsque la dépendance en est la cause est précisément le domaine dans lequel cette loi peut véritablement changer les choses.
L'approche adoptée par le Canada pour lutter contre la consommation de drogues, la dépendance et les crimes qui y sont associés n'a pas été couronnée de succès, et mes concitoyens s'inquiètent du fait que le gouvernement est déconnecté de ce qui se passe sur le terrain partout au Canada. Les Canadiens sont préoccupés par les décisions législatives qui sont prises sur des questions relatives à la prostitution, aux armes à feu et aux crimes liés à la drogue. Mes collègues au comité de la justice ne le savent que trop bien.
Il n'est pas nécessaire de regarder bien loin dans ma circonscription, Kootenay—Columbia, pour le constater en temps réel. La ville de Cranbrook était autrefois une ville de montagne tranquille. Aujourd'hui, elle abrite un village de tentes, avec une population de sans-abri qui explose et une criminalité en hausse. Les criminels s'en prennent à d'autres sans-abri, à nos jeunes, à nos familles et à nos entreprises. Les histoires d'entraide ont été remplacées dans les journaux par des histoires d'intimidation, de vol, de vandalisme, d'agressions physiques et de fusillades. Les jeunes ont peur de se rendre au travail par crainte d'un danger physique et les enfants ne peuvent plus laisser libre cours à leur sens de l'aventure dans certains quartiers de la ville.
Ce problème vient des politiques provinciales et fédérales et il n'y a pas un seul conseil municipal au Canada qui pourrait le régler. Les dirigeants des municipalités en Colombie‑Britannique, notamment à Vancouver, ont demandé au gouvernement d'agir en ce qui a trait à la toxicomanie et au récidivisme qui y est associé parce que des criminels sont libérés sans que rien n'ait été fait ou, pire encore, sans que quelque chose ait été prévu pour régler leur problème de toxicomanie au moment de la détermination de la peine.
Le caucus des maires des grandes villes de Colombie‑Britannique a mentionné au gouvernement fédéral que la santé mentale et le traitement de la toxicomanie devaient être des priorités. Plus tôt cette année, le procureur général de la Colombie‑Britannique a reconnu que le nombre de causes pour lesquelles son bureau avait décidé de ne pas porter d'accusations avait augmenté et il a mis la faute sur le gouvernement fédéral. Il a pointé du doigt le projet de loi C‑75, qui porte sur le principe de retenue pour les policiers et pour les tribunaux de manière à privilégier la libération à la première occasion plutôt que la détention. Sur le terrain, cela équivaut concrètement à donner la préséance aux besoins de l'accusé plutôt qu'à ceux de la victime.
Certains sont mal à l'aise de qualifier des gens de multirécidivistes, mais je tiens à apporter des éclaircissements. Les personnes reconnues coupables de 50, 75 ou 100 infractions ou plus ont un lourd casier judiciaire et elles sont passées trop souvent par la porte tournante de notre système de justice fondée sur la capture et la remise en liberté. Il faut que cela cesse.
Les lois sont censées protéger les citoyens respectueux des lois ainsi que ceux qui protègent et qui servent les Canadiens. Remettre un contrevenant en liberté dans la société où il causera du tort ou enfreindra la loi pour la 78e fois n'est pas une solution qui fonctionne et, bien franchement, c'est une insulte pour les victimes. Toutefois, si les contrevenants étaient envoyés dans des établissements de traitement désignés au lieu d'être renvoyés dans la société, où ils causent d'autres torts, ou en prison, où ils s'endurcissent, nous aurions l'occasion de nous attaquer aux racines de la criminalité.
Les Canadiens demandent de l'aide. Aujourd'hui, nous offrons des solutions concrètes à des problèmes concrets qui amélioreront les choses en aidant les toxicomanes à composer avec une souffrance réelle. Les problèmes de santé mentale et de toxicomanie sont peut-être le plus grand défi de notre époque, et je sais que tous les députés veulent en faire davantage pour les personnes aux prises avec ces problèmes.
Le projet de loi C‑283 représente une occasion de le faire. Il propose une solution différente, soit le traitement de la toxicomanie pendant l'incarcération, ce qui implique que le détenu qui purge sa peine doit suivre un programme de réadaptation. Au fond, il s'agit de traiter la toxicomanie dans le but d'endiguer le crime ou, en d'autres termes, de s'attaquer à la cause profonde du problème. Cette démarche constitue une solution positive favorisant la réadaptation, ce qui permet aux individus d'apporter une contribution positive au sein de nos collectivités.
Le projet de loi modifierait le Code criminel du Canada afin d'appuyer un processus de détermination de la peine à deux volets, dont la durée serait la même dans les deux cas. Toutefois, l'individu serait appelé, face à un juge, à choisir entre le système actuel ou un établissement de traitement désigné. Le projet de loi n'offre pas aux criminels un laissez-passer pour éviter la prison, mais plutôt des passerelles entre le système correctionnel et les établissements de traitement pour ceux qui purgent une peine en raison d'une toxicomanie et qui choisissent la voie de la guérison.
Les taux de toxicomanie augmentent en Colombie‑Britannique et dans l'ensemble du pays. De nombreuses personnes entrent dans le système correctionnel alors qu'elles seraient peut-être mieux servies si on leur donnait l'occasion de régler la cause première de leurs activités criminelles. Le but d'un centre de traitement des dépendances est d'offrir à la personne l'accès à un programme de traitement de sa toxicomanie ainsi qu'à tout autre service connexe qui répondra à ses besoins. Une personne pourrait être condamnée à purger sa peine dans un établissement désigné si des éléments de preuve confirment chez elle la présence d'un cycle comportemental répétitif indiquant l'usage problématique de substances.
Cela nous amène à la perte tragique et évitable de l'agente Shaelyn Yang, qui, tristement, a été tuée alors qu'elle aidait courageusement ceux qui souffrent de problèmes de santé mentale et de dépendance. Des maires de multiples villes de Colombie‑Britannique, dont Burnaby, ont dénoncé publiquement le système de justice fondé sur la capture et la remise en liberté.
La semaine dernière, le chef de l’opposition officielle a demandé au premier ministre quels changements il serait prêt à apporter à ses politiques pour mettre fin à cette vague de criminalité. Je dirais aux députés que ce projet de loi fait partie intégrante de l'éventail d'outils nécessaire pour lutter contre les dépendances. Nous ne pouvons pas revenir en arrière et prévenir la perte insensée de l'agente Shaelyn Yang, mais nous pouvons agir pour prévenir d'autres meurtres. J'invite tous mes collègues à se joindre à moi pour appuyer ce projet de loi.
Le projet de loi validerait les préoccupations légitimes et continues des familles, des collectivités et des communautés autochtones et commencerait à s'y attaquer. De plus, il servirait d'outil important pour aborder la santé mentale générale et le bien-être des participants, dans le but de contribuer à un meilleur avenir pour les jeunes Canadiens qui luttent contre la toxicomanie. Les gens qui luttent contre la toxicomanie méritent d'être traités et de se rétablir.
La prévention efficace du crime commence avec les jeunes et doit se poursuivre tout au long de leur vie. Les programmes d'éducation peuvent avoir du succès s'ils sont donnés au bon moment.
Pendant que nous examinons le projet de loi C‑283, je demande à chacun d'entre nous de le regarder avec les yeux de l'agente Shaelyn Yang et de rendre justice aux victimes, aux victimes de la toxicomanie, aux victimes du crime et aux familles, à ceux qui ont perdu un proche. Enfin, j'espère que nous pourrons examiner le projet de loi du point de vue d'une mère, d'un père, d'une sœur, d'un frère et d'un ami qui souhaitent désespérément que leurs proches obtiennent de l'aide avant qu'il ne soit trop tard.